Forum - Récidive

Astarté | 21/02/09 10:03

« Le grand sommeil, tu ne peux y prétendre.
- Vous n'avez pas le choix, je suis ici et pour la troisième fois, mais cette fois-ci, rien ne pourra me ramener !, elle plonge la main dans son sac et en sort un coeur ensanglanté.
Des rires moqueurs fusent tout autour de la sorcière, elle cherche du regard qui peut se moquer de son geste, des souffrances endurées pour tenter d'accéder au chemin. Les rires cessent et la voix reprend : Crois-tu que ceci t'était utile jusqu'à présent ? Crois-tu que parce que nous t'avons rendu une enveloppe faite de chair, ce palpitant te relie au monde des vivants ?
La brume s'écarte soudainement et en une seconde, le masque hideux se fige devant Astarté qui n'a pas le temps de reculer. Une main décharnée, aux doigts longs tels la lame d'une dague enveloppe le coeur et s'en saisit puis dans un bruit abominable, l'écrase comme s'il s'agissait d'un fruit trop mûr.
Dans l'instant, une autre main repousse le revers de la bure derrière laquelle Astarté a pris l'habitude de dissimuler son apparence. La chemise usée est arrachée laissant apparaître la poitrine blanche : Regarde, murmure-t-il, le mal est réparé.
Elle baisse les yeux. La chair est nette, le sein en place et rien ne semble indiquer qu'une lame s'y était plantée avec acharnement pour en sortir le coeur. La première larme qui glisse sur sa joue vient mourir sur le sol, les suivantes mouillent son visage alors que son esprit balaye les souvenirs cruels : le bûcher, son exil, sa non vie, surtout cette promesse, celle qui la retient prisonnière d'un monde qu'elle redoute.

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Des vagues, le bruit reconnaissable des vagues qui se brisent sur la terre. Astarté ouvre les yeux. Un ciel parsemé de nuages effilés, le sable. Elle est revenue... encore une fois.
Une botte la pousse sans ménagement et des visages emplis de curiosité s'interposent entre elle et le ciel : C'est quand même bizarre, non ? Un autre répond : Les voies du seigneur sont impénétrables mon fils.

Astarté se relève. Elle est toute petite au milieu de ces hommes. D'un regard, elle compte quelques soldats, un homme à l'air perfide, -probablement un espion pense-t-elle, et un religieux. Celui-ci est paré de ses atours dont la panse généreuse rappelle à Astarté combien elle déteste les religieux et leurs mensonges garantissant ainsi de profiter des moindres richesses, qu'elles soient de métal ou de nourriture, souvent obtenues par félonie. C'est ce dernier qui prend les devants : Mademoiselle, nous sommes heureux de vous voir sur pieds. Il est vrai que nous attendions de connaître vos intentions diplomatiques, il parle sans réussir à dégager son regard des seins de la sorcière qui se dépêche alors de rabattre la bure pour la fermer.
- Où nous sommes-nous échoués ?
- Échoués ??? Voyons, dame, nous avons accosté comme vous l'avez exigé et commencé les constructions. Celui qui vient de répondre est grand, la peau burinée par des heures de labeur au soleil. Son visage aux traits durs, porte des cicatrices probablement souvenirs d'anciens combats, une large épée est solidement fixée à une ceinture de cuir. Nous suivez-vous ? Nous devons retourner au royaume.
Elle acquiesce d'un mouvement de tête et prend la suite de la troupe. Ainsi ils l'ont renvoyée. Ainsi elle va devoir recommencer. Au moins a-t-elle la satisfaction de ne pas être entourée de ces harpies qui peuplent parfois ses armées.
Peut-être trouvera-t-elle son salut sur ces terres, ses recherches continuent ici.