Forum - Une histoire d'avantage

Index des forums > Rôle Play > Une histoire d'avantage

Raguël | 21/02/09 23:05

La pluie venait de cesser il y a peu, laissant ainsi une atmosphère de calme et de sérénité dans ces bois mystérieux. Bois mystérieux qui donnaient lieu à moult légendes. Certains disaient que ceux-ci étaient hantés par des fantômes qui s'amusaient à effrayer quiconque voulait franchir l'enceinte de cette forêt. D'autres disaient que ce domaine appartenait à un certain Gladalfakian, mage des ténèbres revenut ici pour essayer de réincarner quelques esprits. Ou bien, on disait simplement que dans cette forêt, les arbres bougeaient tout seul et s'amusaient à désorienter quiconque venait perturber leur sieste. On avait même entendu dire que cette forêt était reliée à un monde parallèle et qu'il n'était pas rare d'apercevoir des êtres difformes se balader tranquillement dans ces bois.

Cette fois-ci, ce n'était ni des fantômes, ni des mages, ni des arbres, ni un univers parallèle, ni un terrible canard en short, mais c'était bel et bien un démon mineur qui avait attiré cette troupe de cinq personnes dans ces bois. Ce groupe était composé : d'un elfe de taille moyenne, des yeux d'émeraudes profondes qui lui donnaient un air mystérieux, posés sur un visage fin et élégant qui était couvert par la capuche de son long manteau d'un brun clair. Il tenait à la main un bâton taillé dans un bois très spécial qu'on ne trouvait que dans des bois situés à deux cent cinquante lieues d'ici, autant dire que cela faisait un sacré voyage pour se procurer un bois si précieux. Les autres membres du groupes étaient tous des humains, mais parmi ces quatre, on pouvait voir se former deux groupes : l'un composait d'une personne au crane dégarni et court sur pattes portant des lunettes rondes, trainant derrière lui une charrette emplie de différentes babioles ; et l'autre, composé donc des trois personnes restantes. À vrai dire, les confondre ne fut point difficile, ils portaient tous une armure de plaques, dans leur dos étaient positionnées deux épées à lame courbée, ainsi qu'un arc et un carquois empli de flèches qui semblaient de noble facture et enfin, à leur fourreau il portait tous une épée d'une longueur d'environ trois bon pieds. Le groupe de cinq personnes s'arrêta donc un moment pour une courte pause. Ce fut un des guerriers qui prit la parole :

« Diantre ! Que la main d'Arkanlala maudisse cette satanée pluie qui a fait rouiller nos nobles armures.
_ Ben avec la pluie ça devait arriver, dit l'un des deux autres.
_ Noble elfe, êtes-vous sûr de ne pas avoir su qu'il allait pleuvoir, demanda le troisième.
_ Vous savez, je fais pas la pluie et le beau temps...
_ Mais, ne communiquez-vous pas avec la nature, noble descendant des peuples sylvestres, répliqua alors le premier.
_ Je communique avec certains animaux et certaines plantes, mais je suis désolé, je ne parle pas au nuage et je ne suis pas devin pour savoir le temps qu'il va faire...
_ Si vous voulez, j'ai d'excellents appareils pour savoir s'il fera beau ou mauvais, déclara le petit homme, voyant là une occasion de vendre sa marchandise.
_ De la camelote, répliqua sèchement un des guerriers.
_ Oui, mais de la camelote à très bas prix, insista l'homme.
_ Sans vous offenser noble marchant, cela reste tout de même de la camelote », répliqua un autre.

C'en suivit de longues minutes où le marchand essayait de vanter les différents produits qui constituaient sa marchandise. Il essaya même de vendre du fer rouillé, mais attention, du fer qui avait appartenu à la noble épée d'Arkanlala. Les guerriers, ayant entendu prononcer le nom du dieu qu'ils vénéraient, se dépêchèrent de mettre tous leurs bien en commun pour acheter cette relique soit disant sacrée. Crédules et naïfs qu'ils étaient, ils avaient totalement oublié que leur dieu ne se battait pas avec une épée, mais avec une lance qui pourfendait et éradiquer n'importe quel adversaire.

Notre groupe continua donc fièrement son périple dans ces bois mystérieux, guidé par l'elfe qui devait les conduire à l'antre du démon qu'ils devaient combattre au nom de leur dieu. Ces trois guerriers se rendirent enfin compte que pour faciliter leur mouvement, ils devaient abandonner leurs armures qui étaient inutiles. Ils se retrouvèrent donc en caleçon et en bottes... Il n'y avait pas à dire, leur estime venait d'en prendre coup, mais ils ne s'en rendirent pas compte, en nobles guerriers qu'ils étaient.

Ils avançaient donc dans cette forêt qui, au fur et à mesure qu'ils avançaient, devenait de plus en plus sombre. Les quelques animaux qui avait bruité leur périple par moment s'étaient tus et seul le bruit des pas de nos compagnons, hormis l'elfe, empêchait un silence parfait. Néanmoins, cette atmosphère devenait de plus en plus inquiétante et commençait à effrayer quelque peu le marchand, qui n'avait ni le courage et la volonté de nos nobles chevaliers. Il s'arrêta donc un moment et déclara : « Ami elfe, êtes-vous sûr que nous avons pris le bon chemin... je sens comme des yeux qui nous observent ». L'elfe s'arrêta net et se retourna, foudroyant du regard le marchand, pointant son bâton envers sa direction : « Osez-vous mettre en doute mes connaissances sur cette forêt ? Je la connais comme ma poche. Tiens, si vous n'êtes pas sûr, j'ai fait une carte et vais vous montrer où nous nous trouvons actuellement - cherchant dans sa poche à l'intérieur de son manteau, il en tira quelques objets qui l'étonnèrent lui-même, mais il ne trouva pas de carte -, bon je n'ai pas dû la prendre, mais je la connais cette forêt... ». Voyant que le marchand l'avait tout de même vexé, il ne préféra ajouter aucun mot, même si le fait que l'elfe ne semblait pas connaître sa propre poche, l'inquiéta tout de même très fortement.

Ils reprirent donc leur route, avançant de plus en plus dans cet amas d'arbres feuillus. Au bout de quelques heures, ils arrivèrent à un endroit de la forêt où les rayons solaires n'arrivaient plus à passer à travers les feuilles des arbres. Les ténèbres avaient comme englouti cette partie, certainement la plus profonde de la forêt. L'elfe continua d'avancer, comme si ceci n'était rien, bien qu'à vrai dire, cela l'inquiétait un peu, ce coin sombre. Il n'était jamais passé par là avant, pourtant il était sûr d'avoir suivi le bon chemin. Il essayait de se remémorer le parcours qu'ils avaient fait, mais il ne voyait vraiment pas où il avait pu se tromper... Peut-être étaient-ils pris dans quelconque sortilège d'illusion, dans ce cas, il aurait bien du détecter de la magie, bien que sa connaissance sur cette dernière ne soit pas développé, il devrait normalement arriver à sentir un soupçon de magie...

Il arrêta le groupe un instant et leur dit de se reposer un bref instant, le temps qu'il aille surveiller leurs arrières, pour ensuite repartir. Il revint quelques minutes plus tard, mais il y avait une différence avec tout à l'heure. Il marchait d'un pas plus ferme, plus convaincu, dans le sens où devait se trouver l'antre du démon, comme s'il avait retrouvé le chemin. Comme s'il avait eu un éclair de génie, comme si la sagesse suprême des anciens l'avait percutée de plein fouet, lui donnant par ainsi une connaissance beaucoup plus grande.

Ce fut donc après encore une heure de marche qu'ils arrivèrent devant la tanière du démon. La lumière solaire était alors plus forte qu'il y a une heure auparavant, mais pas assez forte pour qu'elle éclaire l'entrée de la tanière. Parlons-en d'ailleurs, de cette tanière. Elle faisait comme une grotte au beau milieu des arbres. Elle était d'une roche très sombre et parsemée par-ci par-là de quelques joyaux. Bien entendu, ces joyaux, bien que certainement d'une grande valeur, ne pouvaient certainement pas s'extraire de la roche... Une fumée épaisse et blanchâtre rampait pour sortir de cet antre caverneux. On pouvait voir comme quelques éclairs rougeâtres qui zébraient par moment, les murs intérieurs de cette cavité. Après que tous purent l'examiner, l'elfe regarda de son regard perfide les trois chevaliers, puis déclara :

_ Ça fera trente pièces d'or, plus dix pour la prime du risque encouru, une petite taxe de cinq pièces d'or pour avoir souillé de vos pieds la terre des habitants de c'est lieu... Ah oui ! Il y a encore une surcharge de vingt pièces d'or, cette fois-ci parce qu'en plus, je vous ai emmené un marchand et que vous avez fait affaire avec lui. Donc le montant s'élève à ... soixante-quinze pièces d'or, à payer maintenant, la maison ne fait pas crédit.
_ Noble elfe, permettez-nous de vous dire que ceci est horriblement cher !
_ Les affaires sont les affaires... Ah oui, tant que j'y pense, ça marche aussi pour vous marchand.
_ Quoi ?!?
_ Ah ben, il n'y a pas de raison pour qu'eux paient et vous non.
_ Tout à fait, dit le premier.
_ Il a parfaitement raison, déclara le deuxième.
_ Entièrement d'accord, renchérit le troisième.
_ Mais ça fait plus de la moitié de ce que j'ai gagné, c'est pas rentable ! »

Après avoir rouspété maintes et maintes fois, le marchand se décida enfin à payer ce qu'il devait, à son grand désarroi. Pour les trois guerriers, ils durent vendre leur botte en cuir ainsi que la plupart de leur équipement, ne leur laissant que leurs épées au fourreau, ce qui fit par contre, le bonheur du marchand, qui renfloua tout de suite ses caisses (surtout qu'il pourrait ensuite revendre le tout trois fois plus cher). Les trois guerriers se regardèrent mutuellement, ils étaient tous trois en caleçon et en chaussettes. Munis de leur simple épée, qu'ils dégainèrent en même temps et armés de leur courage, ainsi que de leur insouciance, ils chargèrent tout droit dans l'antre.

Il ne fallut pas attendre longtemps pour que les deux personnes qui étaient restées devant l'antre, puissent entendre un cri strident, suivit d'un fracas de lame, puis d'un hurlement féroce et enfin, plus aucun bruit. Avaient-ils tué ce démon ? Certainement pas, ils avaient dû se faire tuer, certes vaillamment et en gardant leur honneur. Mais bon, à quoi peut servir l'honneur quand nous sommes morts ? À pas grand chose... Le marchand avait le sourire aux lèvre et regarda l'elfe :

« C'est un plaisir que de travailler avec vous, vous m'avez fait un sacré chiffre d'affaire en une journée avec ces trois naïfs.
_ Tout le plaisir est pour moi.
_ En même temps, vous y gagnez pas mal...
_ Plus que vous ne le pensez.
_ Comment ça ?
_ Vous allez très vite comprendre. »

Eh en effet, il comprit très vite. Trois flèches vinrent se planter à ses pieds, puis trois elfes sortirent de l'obscurité. Ils étaient de taille plutôt grande, une cape brune comme le manteau de notre autre ami du peuple sylvestre et, ce même regard d'émeraude chez ces trois elfes. Le marchand comprit très vite qu'il était tombé dans un piège, il implora donc leur pitié et qu'ils pouvaient donc prendre toutes ses marchandises et tout son or, pourvu qu'ils ne le tuassent pas. Il s'agenouilla même, voyant que ses mots n'avaient pas changé la donne et que les arcs de nos trois elfes étaient bandés, prêt à tirer. Il se mit à sangloter, implorant encore leur pitié, mais ce fut trop de jérémiades à leur goût et ils tirèrent à l'unisson, les flèches se plantèrent dans l'abdomen du pauvre marchand. Ils descendirent de leurs arbres et vinrent rejoindre leur compagnon qui les attendait. L'un deux déclara :

« Bien joué Raguël ! C'était du bon boulot !
_ Désolé de nous avoir retardés.
_ Ça arrive à tout le monde de se tromper...
_ En plus tu les as entubé de dix pièces d'or ! s'exclama un autre.
_ En effet, ils ne s'en sont même pas rendu compte.
_ Vous croyez qu'on pourra vendre les yeux du marchand au marché noir ? demanda un autre en ricanant.

Et eux quatre se mirent à rire à l'unisson, contents de leur journée qui s'était annoncée très lucrative. Ils cherchèrent si dans la charrette du marchand il ne pouvait pas trouver une quelconque boisson pour fêter ça. Ils durent se contenter d'une potion qui s'avérait être en réalité du jus de pomme et trinquèrent, sous l'astre de la nuit qui avait remplacé celui du jour, et qui pour cette nuit avait revêt une forme parfaitement ronde, dans ce ciel où une myriade d'étoiles brillaient.

Edité par Raguël le 01/05/09 à 23:44

Index des forums > Rôle Play