Forum - Convoquée.

Eigoel Nahb | 26/02/09 21:31

Quelques jours avant celui-ci...

Ils étaient six. Six têtes chauves alignées derrière une grande table de chêne massif. Leurs trônes étaient également fait de bois, sculptés, aux motifs abstraits pour tout étranger qui ne serait pas invité en ces lieux, quelle que soit la race à laquelle il appartient.
Six hommes, grisonnants sous leur capuche. A la lueur des bougies posées sur la table, on pouvait admirer les quelques arabesques sur leurs joues, leur menton et leur front dégarni ; visibles jusqu'à la frontière de leur capuchon, tantôt rouges, tantôt argentées, ou encore bleues. Ils étaient silencieux, calme, on les aurait cru rêveur. Mais ils attendaient. Patiemment.
Deux coups résonnèrent contre la porte d'entrée, laissant un écho lugubre se propager dans la pièce ronde. Un des hommes permit qu'on entre. Un soldat vêtu de cuir ouvrit la porte. Son visage et ses bras étaient également recouverts de volutes bleues, et la jeune femme qui le suivait était elle aussi décorée de tous ces symboles.
L'homme d'arme referma la porte en sortant, et Eigoel s'avança en direction des six ancêtres. Elle leur adressa un signe de tête courtois, ils lui rendirent, et prit place sur un tabouret à quelques centimètres de la table.
Les anciens la toisèrent, un long moment, avant de se concerter discrètement entre eux.
Eigoel observa le manège quelques secondes, puis finit par briser ce faux silence :

-Vous m'avez convoqué ?

Le vieil homme aux tatouages argentés, le plus âgé sans doute, fit taire les messes basses de ses collègues, et répondit :

-C'est exact Eigoel. Nous aimerions nous entretenir d'une chose très sérieuse avec toi. Il jeta un regard entendu à ses voisins avant de poursuivre. Voilà... Quelques personnes on rapportés à nos vieilles oreilles quelques uns de tes agissements, qui nous déplaisent fortement.
-C'est-à-dire ? Se permit Eigoel, méfiante.
-Les éléments ne sont pas une farce, nous pensions que tu l'avais compris. Il soupira, ses confrères croisèrent les bras. Tu ne peux pas les distraire afin d'avoir la paix. Payer des élémentaristes pour...
-Vous m'avez fait venir pour ça ?? Coupa sèchement l'humaine.
-C'est une entorse grave à notre règlement, chaque élémentariste a sa tâche. La tienne est certes plus ardue, mais tu ne peux y réchapper. Dit calmement le vieux aux tatouages rouges.
-Je ne peux pas toujours être à leur écoute, j'ai d'autres responsabilités !
-Mais tu ne devrais pas en avoir ! Lança l'ancien assit le plus à droite. Pourquoi crois-tu que nous autres élémentaristes restons en forêt, et nous contentons d'une vie simple ? Parce que les éléments sont pires que des enfants, ils demandent une attention particulière et permanente.
-Cette voie ne m'intéresse pas ! Reprit Eigoel. Comment avez-vous apprit tout cela ?

Un des ancêtres sembla ravi que la jeune femme pose cette question. Il sortit d'une poche de sa bure de grosse laine un parchemin enroulé sur lui-même. Il l'ouvrit, s'éclaircit la gorge et prit la parole :

-Cette lettre nous vient d'un des hommes que tu as engagé. Laisse moi te faire la lecture... Hum.
Bla....blablabla... Ah ! C'est ici : ...assure que la dénommée Eigoel Nahb, fille de Merloel Nahb et de mère inconnue, détourne son devoir, que celui de satisfaire nos Eléments Sacrés. Grâce à de nombreux sacs d'or et à quelques traîtres de notre peuple, elle parvint à dévier l'attention que les Eléments Adorés lui portaient. En effet, elle appelait à sa rescousse de nombreux élémentaristes secondaires, dont moi, chargé de l'enquête et témoin du crime, qu'elle payait grassement en or. Ainsi, elle pouvait vaquer à ses nombreuses occupations dans l'indifférence totale envers nos lois. Je suis d'avis de dire qu'elle mets notre communauté en danger, et que bla...blabla... Après il donne son point de vue, ce n'est pas intéressant.

Le vieil homme posa la lettre sur la table, tous les six fixaient Eigoel qui les regardait, un à un. L'ambiance était lourde et glacée.

-Donc ? Questionna la femme au bout de quelques instants, toujours assise sur son siège.

Les anciens se regardèrent. Ils n'eurent nul besoin d'échanger un mot pour se mettre d'accord. Le plus vieux aux tatouages argentés se frictionna les mains, avant de planter son regard gris dans celui de l'humaine.

-Vous devez partir en isolement. En exil si vous préférez, et consacrer tout votre corps, et toute votre âme aux Eléments Saints, afin de vous faire pardonner d'eux. A moins qu'ils ne décident de vous foudroyer sur place après tant d'offense.
-Si les éléments devaient me punir, ils l'auraient fait depuis longtemps déjà. Dit Eigoel.

L'homme à l'extrémité gauche de la rangée se leva et frappa du plat de la main contre la table.

-Cessez ! Cessez cette arrogance ! Vous partirez comme nous venons de vous l'expliquer, c'est un ordre du conseil !

Il toussota, fatigué par son grand âge et la montée d'adrénaline qu'il venait de recevoir dans les veines. Quand il se rassit, ce fut au tour de l'humaine de se lever. Un sourire inquiétant modelait ses lèvres. Elle s'approcha de la table.

-Ecoutez bien. Je vais me retourner, passer cette porte, et rentrer chez moi. Je n'irai pas en exil et je continuerais à payer tous ceux qui voudront bien distraire les éléments à ma place. Le premier qui l'ouvre, je lui fais passer mon glaive au travers du corps.

Les six restèrent médusés. Leurs yeux reflétaient une certaine hésitation, de l'embarras même. Ils avaient conscience que la pièce était construite de manière à ce qu'aucun bruit ne s'en échappe, afin de tenir tous les secrets à l'écart des curieux. Ils connaissaient Eigoel, mais pas assez pour juger si elle tiendrait sa parole. Les secondes semblèrent interminables. La jeune femme se redressa et commença à se retourner.

-Tu n'échapperas point à l'exil ! Osa le porteur des tatouages rouges en se levant de son trône.

L'humaine tint sa promesse. Elle dégaina une des lames dans son dos, pivota sur ses pieds, et lança son glaive de toutes ses forces. Le vieillard n'eut que le temps d'ouvrir de grands yeux hébétés, avant que le fer ne lui traverse la poitrine, et le cloue à son siège. Ses plus proches voisins clignèrent convulsivement de l'oeil, ahuris et écoeurés d'un tel spectacle. Eigoel fut la seule à ce moment précis maîtresse de ses mouvements. Les ancêtres paniqués commencèrent à se disperser, mais deux en perdirent leur tête, qui roulèrent sur la table vernie.
Un quatrième se retrouva la gorge tranchée. Les deux derniers n'avaient pas fait la moitié du chemin entre leurs sièges et la porte que leur front percuta de manière assez brusque le sol dallé. Le silence à peine dérangé retomba. La sang ruisselait de la table jusqu'au sol, se frayant un passage entre les dalles et rejoignant la marre naissante aux crânes des feu vieillards.
Eigoel toisa la scène quelques secondes. Puis, elle essuya sa lame grâce au froc d'un des morts avant de rengainer.
Elle quitta la pièce, croisant le soldat qui gardait l'entrée de la salle du conseil.

-Ils risquent de discuter un long moment... Lui dit-elle.

Le gardien acquiesça et lui souhaita un bon retour.
Eigoel sourit, et rentra.

Edité par Eigoel Nahb le 26/02/09 à 21:32

Lancwen de Sigil | 27/02/09 09:28

ah oui, tuer tous les membres d'un conseil, ca devrait pas plaire à tout le monde...