Forum - Vous avez l'Eure, s'il vous plaît?
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Noir-feu | 21/05/09 21:33
C'était une vieille histoire. De celles que jamais l'on aurait pensé qu'elle soit capable de ressortir du placard poussiéreux dans lequel elle avait été soigneusement consignée. Mais il fallait se rendre à l'évidence, elle était là et, dans l'esprit du Dragon Noir germait déjà un rythme, naissaient quelques trames impalpables et diaphanes. A dire vrai, il n'avait pas le choix ou, plus exactement, ne considérait pas qu'un choix différent puisse être envisagé. Le guerrier soupira profondément, assis, avachi, plutôt, sur un trône d'argent ciselé. Il était ébranlé, et bien que cela lui répugne de l'avouer, il en tirait presque un plaisir sauvage, comme si enfin quelque chose allait le sortir de sa torpeur. Son regard parcourut distraitement la salle, marquant un bref arrêt sur chacune des vingt et une armes décorant les murs de basalte massif. La plupart des gens l'ignoraient sans doute, mais le Dragon possédait un trésor à faire pâlir d'envie plus d'un empereur, non pas un vulgaire amas d'or et de pierreries, (signalons au passage que l'image rémanente du Dragon dormant sur son tas d'or est une pure allégation d'envieux qui ne sont parvenus à occire ledit dragon) mais une collection d'objets rares, retenus parce qu'ils possédaient ce petit quelque chose de plus qui vous attire l'attention, que ce soit de par leur pureté ou le grand art mis en oeuvre. Mais surtout, aux yeux du Dragon Noir, chacune des armes suspendue dans cette salle reflétait le génie d'un artisan, sa capacité à magnifier les dons de la terre, chacune avait son histoire, parfois longue et intense, parfois aussi brève qu'une bière devant un Nain.
Revenant aux événements récents, Noir-Feu se leva avec sa vivacité coutumière, maugréant dans son absence totale de pilosité faciale. La vieille histoire se nommait Ambre, une splendide jeune fille d'une centaine de lunes, son regard d'un vert printanier était envoûtant, d'une profondeur qui avait surpris le Seigneur d'Obsidienne. Ses longs cheveux noirs semblaient attirer à eux la lumière, qui ne pouvait que plonger dans ses yeux si clairs. Il avait fallu une minute au Dragon pour réaliser qu'il était tranquillement en train de se faire envoûter, ce qui l'avait fait éclater de rire. Par le roc et le feu, comment résister aux splendeurs de la Vie? Seule une droiture absolue envers les rares êtres proches de lui mettaient une barrière, dans ces instants, une barrière infranchissable. Quand son regard s'était à nouveau porté sur la jeune femme, elle avait reculé d'un pas, pâlissant légèrement. La conversation avait été houleuse...
-Qui est-tu? Et que me veux-tu? Je suis venu ici pour avoir la paix...
-Ne me parles pas de paix! Tu n'as jamais su ce que ça voulait dire!!! s'écria Ambre.
-Ah? Parce que tu me connais, sans doute?
-Oui.
-Et?
-Et j'ai besoin de toi. Tu dois m'aider!
-Je dois?
-Oui! Tu dois! Tu peux au moins faire ça pour moi! A moins que cela ne t'arrache les tripes de porter aide à ta fille "adoptive"? demanda-t'elle d'une voix doucereuse.
Le Dragon avait sursauté, puis plongé son regard incandescent dans celui de l'insolente, pour se heurter aussitôt à un mur mental dressé à la hâte, qu'il se retint d'enfoncer, préférant, une fois n'est pas coutume, agir plus en douceur.
-Ma fille adoptive, hein...
Il détailla les traits de la jeune fille, qui soupira d'agacement devant tant de manières, prenant à dessein une pose provocante. Un sourire en coin avait marqué le visage de Noir-Feu quand il avait enfin réalisé qu'elle disait vrai. Il se leva, descendit les trois marches qui le séparaient d'elle, puis pris doucement son bras, l'emmenant dans une pièce moins formelle.
-Je ne pensais pas te revoir un jour.
-Je sais. Tu as tout fait pour que ça n'arrive pas. Personne ne savait où tu étais...
-Je suis là où mes pas me guident. Tu disais avoir besoin de mon aide. Je t'écoute...
-Oui. Je veux que tu retrouves mon fiancé!
-QUOI?!?! Tu as un fiancé?!?
-T'avais qu'à être là, tu aurais su avant.
-Hum...oui. Bon...et? Ou est-il?
-Je n'en sais rien.
-Ah. Il a disparu quand, et comment? Tu es sûre qu'il ne s'est pas trouvé une autre donzelle?
-DONZELLE?!?!?!? Vieux Schnock! Tu pourrais au moins prendre au sérieux ce que je te dis!
-Moui, mais en fait, tu ne dis pas grand chose concernant ton fiancé...du genre: son nom, où et comment il a disparu, ce genre de choses...
Il avait fallu un bon moment au Dragon pour avoir toute l'histoire, qui en définitive se résumait à un savant en quête d'ingrédients s'étant perdu. Ce dernier, dit-elle était à deux doigts de mettre au point la première version d'or loge, ce qui permettrait d'avoir l'Eure. Aux questions concernant la nature de cet or, et ce qu'était l'Eure, elle répondit qu'elle n'en savait rien, mais que cela devait être une sorte de pierre philosophale. Son fiancé, Lord Loger, avait été vu pour la dernière fois dans les bas quartiers d'un port voisin, son enquête lui avait permis d'apprendre qu'il avait embarqué sur un navire à destination d'Euradhil. Elle avait voulu s'y rendre aussitôt, mais des voyageurs lui avaient fait part d'une guerre imminente, aussi avait-elle décidé de chercher de l'aide.
Ils avaient parlé toute la nuit, puis Ambre était repartie chez elle. Noir-Feu fit rapidement un paquetage réduit pour le voyage, puis se mit en route à destination du port. Agir. Il le fallait. Trop de questions se bousculaient dans son esprit, l'une d'elles plus que les autres. Comment se pouvait-il qu'il n'ait pas reconnu, voire senti arriver sa Fille, à qui il avait octroyé le Don Noir? Voilà ce qui le troublait profondément. A vrai dire, il n'avait pour ainsi dire aperçu aucun signe Dragonnique chez la jeune femme, ce qui était pour le moins surprenant. C'est sans avoir la moindre ébauche de réponse qu'il se présenta à la capitainerie, demandant un navire pour Euradhil.
-Oulà, mon bon monsieur, c'est qu'c'est la guerre, par là-bas!
-Il paraît, oui. D'un autre côté, ai-je l'air d'une damoiselle aux longues couettes?
-Euh...non. Non. Pardon, M'sieur.
-...
-Bien...euh..pour Euradhil, il y a un départ demain matin. Je vous réserve une place?
-Non. Tu appelles le capitaine, et tu lui dis qu'il part à la prochaine marée.
-C'est que...il ne va pas aimer.
-Il aimera encore moins voir sa coquille de noix flamber dans les ors du couchant. Je l'attendrais sur son bateau.
Le fonctionnaire, perdu comme tout fonctionnaire qui se respecte devant l'imprévu, entreprit de consulter fièvreusement le Manuel du Parfait Guichetier Portuaire.
Chapitre vingt deux, verset quatre: "Mater les troubles-paix."
1-Enfermez-vous dans une pièce soigneusement barricadée munie d'une fenêtre donnant sur la Garde Civile.
2-Remplissez la demande d'intervention de la milice en trois exemplaires, tout formulaire imparfaitement rempli sera renvoyé à l'expéditeur à ses frais.
3-Remplissez la demande d'octroi pour obtenir un pigeon voyageur en trois exemplaires. Faites-là valider par le Service des dépenses internes de sécurité, selon le chapitre cent vingt-huit, verset dix-huit.
4-Vérifiez que la situation n'a pas évolué, selon nos experts, quatre-vingt pour cent des contestataires ont renoncé à ce stade. Si ce n'est pas le cas, adressez un rapport de circonstance à votre supérieur hiérarchique.
Et ainsi, la liste s'allongeait, interminable. Tant et si bien, que notre fonctionnaire pâlissant entreprit la seule opération logique dans ces circonstances: Ne Rien Faire. Sur le bateau, quatre vigoureux marins avaient trouvé adéquat de prendre un bain pour accueillir leur hôte, leurs hurlements conjugués finirent par ameuter le capitaine, un gros homme courtaud et rougeaud, qui commit l'erreur de vouloir jeter par dessus-bord l'insolent visiteur. Une poigne d'acier le colla contre une cloison, qui explosa sous l'impact. Manquant rapidement d'air, les deux pieds à une coudée du sol, le pauvre homme se rendit vite à la raison, il lui fallait lever l'ancre sans tarder.
Le voyage se déroula sans encombres, peu de mots furent prononcés, on s'en doute. Lorsque Noir-Feu débarqua au milieu d'une foule de petits personnages filiformes, tout l'équipage poussa un soupir de soulagement, et leur empressement à hisser la voilure fit perler une larme attendrie dans l'oeil du capitaine.
Sur la plage, les choses se déroulaient beaucoup moins bien. La multitude de petits êtres sautillaient autour du guerrier en criant:
-T'as l'Eure?
-C'est quelle Eure, s'te plaît?
-T'as vu l'Eure?
-C'est à c't'Eure là qu't'arrive?
-C'est pas une Eure pour les honnêtes gens, ça!
-Filons comme des aiguilles, il n'a pas l'Eure!
Sur cette dernière et surprenante réplique, ils disparurent tous, laissant sur la plage un Dragon Noir pour le moins abasourdi. Se secouant, il se mit en marche, pénétrant dans la jungle en mouvement perpétuel, espérant trouver à temps ce satané "fiancé". Par la Sainte Eau de Feu, Euradhil, ça risquait d'être toute une aventure!
Althâr Anthâar | 25/05/09 12:29
Celimbrimbor | 25/05/09 19:43
Noir-feu | 27/05/09 13:01
Le guerrier commençait à en avoir assez. Cela faisait des heures qu'il progressait dans cette forêt aux allures tropicales, repoussant lianes et branchages à grand peine, et depuis un bon moment déjà, il se sentait observé. Malgré ses sens affutés, il ne parvenait pas à localiser cette présence, et bien que nul sentiment de danger ne le taraude, il n'aimait pas ça. Parvenant enfin à un espace dégagé d'environ vingt pieds de diamètre, il résolut de se reposer quelques instants, et de se redonner du coeur à l'ouvrage au moyen d'une rasade d'eau de feu. Avisant un rocher de bon aloi, il s'assit, soupirant profondément. Il débouchait tranquillement sa flasque lorsqu'une voix tranchante se fit entendre:
-Pas un geste, l'homme. Dix flèches sont prêtes à mettre un terme à ta vie. Alors tu déposes bien gentiment tes armes, et tu mets les mains derrière la nuque sans te lever.
Noir-Feu se figea un bref instant, puis, lentement, porta le breuvage à ses lèvres et en avala une gorgée. Une flèche vint se planter entre ses deux pieds, s'enfonçant profondément dans le sol. La longue hampe garnie de plumes vertes disait assez que l'arc capable de tirer tel projectile devait être redoutable, aussi le guerrier déposa-t'il sans geste brusque sa précieuse gourde, avant de lever les yeux à la recherche de ceux qui l'entouraient.
-Je n'ai nulle arme à déposer. Je viens en paix. Êtes-vous couards au point de craindre un solitaire alors que vous êtes dix?
Quelques branches remuèrent, un Elfe de grande taille sortit lentement des fourrés, son arc à double courbure tendu. Il était vêtu de brun et de vert, sa tunique resserrée à la taille par une ceinture était d'une facture inconnue au guerrier, semblant faite de fibres végétales entrelacées avec un art consommé. Une courte épée et un poignard complétaient son équipement, et son regard calme témoignait qu'il devait savoir s'en servir.
-Tu n'es pas le bienvenu, humain. Nous sommes en guerre. Je dois te conduire à notre Reine, elle décidera ce qu'il convient de faire de toi. Suis-moi, et pas d'idioties, tu es à un cheveu de la mort.
-La mort est mon destrier depuis plus longtemps que tu ne peux t'en souvenir, l'Elfe. Mais soit, je te suivrais.
L'Elfe jaugea le guerrier un instant, puis haussa les épaules en répétant:
-Pas d'idioties...
Il se retourna et s'enfonça avec une facilité écoeurante dans la jungle, s'arrêtant régulièrement pour attendre Noir-Feu qui jurait sourdement, marmonnant qu'il n'avait rien d'un Elfe des bois, et que l'on ne l'y reprendrait plus. La marche dura plusieures heures, harassante dans la touffeur de la masse végétale puis, avec soudaineté, le Dragon réalisa qu'il était entouré d'une foule hostile de soldats Elfes qui le dévisageaient avec suspicion, presque invisibles dans les frondaisons. Son guide s'arrêta, lui faisant signe d'en faire autant. Il obtempéra, laissant son regard soigneusement dépourvu d'intention croiser celui de chaque personne présente. Deux d'entre eux s'avancèrent dans l'intention visible de le fouiller, ce qui fit discrètement sourire Noir-Feu. Rapidement, ils firent signe à son guide que tout était en ordre. L'Elfe fronça les sourcils, ne comprenant pas que l'on puisse ainsi errer dans la jungle sans avoir au moins de quoi se défendre. Cette absence d'armement lui paraissait bien plus suspecte que d'avoir trouvé un ou deux poignards cachés,aussi fit-il signe à deux archers de les suivre, puis d'un geste, intima au guerrier l'ordre de se remettre en route. Comme ils entraient dans une zone moins dense, le dragon avisa au loin un étrange pic jaillissant de terre de plusieurs centaines de mètres, semblable à ces menhirs qu'il avait vu dans la forêt de Dana, mais en infiniment plus grand. Le rythme de progression s'accéléra, seule la mauvaise volonté manifeste de Noir-Feu empêchant les Elfes de courir.
La nuit était tombée depuis longtemps quand ils parvinrent en vue du rocher. Sa base était comme ceinte de trois anneaux de flammes, illuminant les environs dégagés de toute végétation sur une bonne distance. En s'approchant, Noir-Feu réalisa qu'une ville entourait de ses trois enceintes le monolithe, d'innombrables torches brûlaient sur les remparts, donnant cette impression de murs de feu. Son guide hulula étrangement, et les portes massives s'ouvrirent sans un bruit devant eux. Aussitôt, une escouade de gardes entoura le guerrier, l'un d'eux lui tendit un bandeau.
-Mets ça sur les yeux. Ne l'enlève pas avant que je te l'aie dit.
-Non.
-Ne nous oblige pas à être désagréables. Nous sommes trop nombreux pour toi. Cela ne durera pas.
-Bien...
Dès qu'il eut mis le bandeau, une main le saisit à chaque épaule, le guidant dans la ville. Ils durent faire de nombreux tours et détours, car le Dragon était totalement désorienté quand ils s'arrêtèrent enfin. Lorsque son voile lui fut enfin retiré, Noir-Feu, qui s'apprêtait à invectiver ses "gardiens", se statufia devant la vision qui l'assaillit, les mots se bloquèrent dans sa gorge.
Edité par Noir-feu le 01/06/09 à 16:37
Noir-feu | 09/06/09 02:24
-Tu ne comprends pas, n'est-ce pas?
La jeune fille, assise sur une marche de pierre grisâtre, semble se fondre dans cette nuance particulière associée à la tristesse. Dans son dos, deux ailes consumées témoignent que quelque chose de grave s'est produit. Le Dragon grogne sourdement, avançant d'un pas sans plus se soucier des gardes. Ces derniers tentent d'arrêter l'impétueux visiteur, mais un signe d'Ambre les fige sur place. Elle soupire, profondément, une larme perlant timidement au coin de son oeil. D'une voix qu'elle tente de rendre neutre, elle murmure:
-Je ne savais pas...
Noir-Feu, un peu désemparé, s'assied près d'elle, son regard examinant pensivement sa fille adoptive. Le silence se prolonge, longtemps.
-Tu ne savais pas quoi?
-Le Don...je croyais pouvoir le donner facilement...je l'ai tué...et moi...
Ambre fond en larmes, serrant les mâchoires pour retenir le flot d'angoisse qui la submerge.
-Qui as-tu tué?
-Mon fiancé...je n'arrivais pas à contrôler cette force. Il voulait m'aider, alors j'ai essayé de lui donner mon Sang, comme tu l'avais fait pour moi...mais j'étais trop jeune, je ne me souvenais pas bien...
-Mmm...et que s'est-il passé?
-Il s'est embrasé comme une brindille...j'ai essayé de l'éteindre, mais...c'est moi qui ai pris feu aussi...je me suis jetée dans la mer. Je voulais mourir...
-Mais...pourquoi ne pas m'en avoir parlé de suite? Pourquoi avoir inventé cette histoire de fiancé perdu?
La jeune femme relève son regard dans celui du Dragon Noir, le soutient quelques secondes, puis baisse la tête, marmonnant indiciblement.
-Je pensais que tu refuserais de m'aider...tu m'as abandonnée...tu nous as abandonnées...je voulais que tu viennes ici, parce que je pensais pouvoir te convaincre, une fois que tu aurais fait le voyage...
-Mmm...c'est pour cela que ton histoire n'était pas très claire...Mais dis-moi, quelles sont ces histoires d'Eure, et d'or des loges?
-les Eures sont des sortes de divinités. L'Or des Loges sert à leur rendre hommage, c'est un lieu de culte, en quelque sorte. Sur cette terre, le peuple des Min-Huts les adorent. Ils sont organisés en tribus de soixante êtres, qui vénèrent chacun une Eure particulière. Mais je m'en fiche! Aide-moi!!!! Aide-moi....je t'en prie....je ne veux pas vivre ainsi...
-Je ne vois pas bien quelle aide tu attends de moi...je ne peux pas ramener ton fiancé du royaume des morts. Et si je le pouvais, je ne le ferais pas. Ceux qui reviennent ne sont plus les mêmes, ils ont perdu la Flamme Primordiale.
-J'espérais...enfin...non, pas vraiment...mais...pour ce qui reste de mes ailes...peux-tu faire quelque chose? Je ne veux plus de ces bouts d'os inutile dans mon dos! Je ne veux plus rien avoir à faire avec les Dragons! Plus jamais! Reprends ce "Don"!!!
-Tu devrais prendre le temps d'y réfléchir tranquilement. Et commencer par quitter cette terre, avant que cette cité ne soit mise à feu et à sang...
Un garde s'avance, prenant la parole d'une voix douce.
-Seigneur...nos éclaireurs ont signalé hier une forte armée de nains et d'orcs qui s'approchent...il n'est plus temps, j'en ai peur....
-Pouvez-vous les retenir?
-Oui, Sire, mais pas plus d'une ou deux lunes, j'en ai peur. Si trois seigneurs viennent sur nous, notre défense ne tiendra pas très longtemps, et nous n'aurons plus les moyens de riposter.
Le Dragon Noir garde le silence un moment, réfléchissant à toute vitesse, puis il fixe Ambre.
-Tu n'as aucune raison de le faire. Mais m'accordes-tu ta confiance, et pleins pouvoirs quand à la suite des événements?
-Comme tu le dis, je ne vois pas pourquoi je ferais cela....
-Parce que tu as besoin de mon aide. Et que je peux peut-être encore éviter un carnage ici...Mais décides-toi vite.
Ambre fixe douloureusement le guerrier, puis aquiesce, la gorge nouée. Noir-Feu lui sourit tristement, puis se tourne vers le garde:
-Avant que la nuit ne soit tombée, je veux une carte de ces terres, avec les positions et le nombre d'hommes de chaque corps d'armée, ami ou ennemi. Je veux aussi que la totalité des femmes et enfants, vieillards et impotents soient prêts à partir, sans bagages. Je veux aussi que l'entier de notre armée soit prête à marcher sur nos adversaires. Détruisez tout ce qui pourrait servir à nos ennemis. Vous avez peu de temps, hâtez-vous!
Le garde jette un coup d'oeil gêné à Ambre, qui lui fait un signe las d'obtempérer. Le garde salue, puis court transmettre les ordres donnés. Le Dragon Noir se retourne vers sa fille, la prend doucement par le bras pour la relever.
-Nous avons très peu de temps. Je vais t'emmener en lieu sûr. Puis je reviendrais dégager tes sujets de ce traquenard. Quand cela sera fait, nous verrons ce que nous pouvons envisager pour toi. Cela te convient-il?
Un pâle sourire apparaît sur les traits tirés de la jeune femme, qui hoche la tête en signe d'assentiment. Noir-Feu lui presse gentiment l'épaule, s'écarte de quelques pas, puis prend sa forme reptilienne, invitant d'un grondement sa fille à se hisser sur son dos. Une fois cette dernière installée, le Chevaucheur d'orages prend son envol d'un battement d'ailes puissant, puis ruse avec les vents pour accroître sa vitesse au maximum, le temps est compté, et il se demande s'il arrivera à temps, malgré l'extrême vélocité dont il est capable.
La nuit est tombée depuis longtemps quand il atterit brutalement au milieu de la grand place de la cité d'Euradhil. Les soldats Elfes, inquiets, poussent quelques faibles hourras en voyant le Dragon revenir. Ce dernier n'attend pas une seconde pour reprendre forme humaine, s'adressant à celui qui semble être le commandant de l'armée.
-Tout est prêt?
-Oui, Messire. Mais...
-Plus tard. Que les non-combattants se hâtent de rejoindre le plateau désertique situé au nord d'ici. Mes Frères viendront les chercher. Maintenant, montrez-moi un peu où se trouvent les cités de nos assaillants.
Déployant une large carte, le commandant entreprend de résumer la situation au Dragon, qui sourit durement.
-Bien. Nous allons ôter l'envie de guerroyer à l'orc. Que l'armée se mette en marche, nous anéantirons au moins l'un de ces chiens avant de devoir quitter cette île!
La nuit fut longue, très longue. La forteresse de l'Orc fut rasée sans mal, puis Noir-Feu fit courir l'armée durant une bonne partie de la nuit, les ramenant à leur cité. Les attaquants, qui avaient mis à bas une bonne partie de la ville et éclusé bien des fûts, prirent peur en voyant arriver cette armée dont ils ignoraient la taille, aussi se retirèrent-ils d'urgence, laissant quelques bâtiments intacts. Les Elfes en profitèrent pour dormir quelques courts instants, mais furent réveillés à l'aube par un rugissement qui leur fit penser que toutes les Eures criaient en même temps. Sans leur laisser une seconde de répit, Noir-Feu les fit se mettre en ordre de marche, puis avancer en direction du sud. Le commandant vint le voir, inquiet.
-Seigneur, où allons-nous? Pourquoi ne défendons-nous pas notre cité?
-Cette cité n'a aucune importance. Nous pourrions peut-être la tenir quelques lunes, en nous barricadant comme des pleutres, mais mourir pour défendre un tas de pierres, voilà qui ne me sied pas. Alors nous allons mettre à bas un seigneur, cette nuit. Non pas l'un de nos assaillants, mais le dernier gros poisson de ces eaux. J'ai quelques amis qui parcourent cette terre, ils la pacifieront sans peine, pour peu que vous combattiez avec bravoure ce soir.
-Bien...mais...et...nous?
-Bonne question. Vous avez le choix: trouver une autre terre pour y fonder un nouveau royaume, rester ici et vous joindre à l'un des seigneurs restant, ou encore venir avec moi, j'aurais de quoi vous employer.
-Je pense que c'est là un choix honnête. J'en parlerais à mes troupes après la bataille de ce soir...
-Bien. Maintenant, accélérez la cadence, nous avons du chemin à parcourir avant la nuit. Il s'agit de ne pas être en retard...
Le royaume visé fut détruit entièrement, malgré une solide défense, et la cité d'Ambre fut rasée par un Seigneur dont les terres brûlaient déjà, mais cela, il ne le découvrirait qu'une fois rentré chez lui. Le Dragon était satisfait. Presque aucune perte dans son armée, des attaquants qui avaient dû être fort surpris de ne rencontrer aucune défense et qui, persuadés d'avoir vaincu, s'en retournaient chez eux en chantant, pour découvrir que leurs terres n'étaient plus. Et qui réaliseraient alors que les amis du Dragon étaient dorénavant assurés de la victoire. C'était l'une de ces défaites qui ont un goût de triomphe, plus savoureux qu'une victoire sans éclat. Cependant, le Seigneur d'Obsidienne savait bien que tout cela n'était pas une fin. Sa fille l'attendait sur Deuxièmecercledhil, et quelque chose lui disait que le futur allait être salement orageux.
Edité par Noir-feu le 09/06/09 à 02:26
Drak Rider | 11/06/09 17:51
Bon peut-être que personne ne trouve que ton récit mais moi je le trouve super bien.
Donc je te refélicite mon frère 



