Forum - Lorsque tout bascule....

Viviane la fée | 08/01/07 18:31

Lorsqu'il sort de chez lui, tout est normal : le soleil est à sa place, le bouquet d'arbres où il a l'habitude de chasser s'agite doucement dans la petite brise marine et quelques nuages en profitent pour se battre en duel dans un ciel bleu délavé. Bref, tout est normal, quoi...
Pourtant, un pressentiment venu d'on ne sait où lui embrouille l'esprit. Quelque chose d'indéfini, un malaise certain, une petite pensée méchante qui distille son venin et l'empêche de profiter à fond de cette journée printanière. Sur ses gardes, il se dirige vers les arbres en se faufilant derrière les rochers qui encombrent ce bout de plaine. Tout en marchant, il surveille ses arrières, inquiet sans savoir pourquoi. S'il ne tenait qu'à lui, il serait resté pépère à la maison, à s'occuper comme il a coutume de le faire pendant les longues nuits d'hiver, au coin du feu à somnoler, mais quand le garde-manger est vide, il faut bien le remplir ! Et pour ça, il faut sortir...
La traversée de ce bout de lande lui semble plus longue que d'habitude. Encore une centaine de pas et il sera en sécurité sous la frondaison des arbres : il n'aura plus qu'à y grimper pour s'y trouver en sécurité. Cinquante pas. Sans savoir pourquoi ni comment, il se met à courir. L'instinct ou le sixième sens, sans doute. Trente pas. Vingt pas, ouf, il va y arriver ! Hélas, non.
C'est cet instant précis que l'enfer se déchaîne ! Il voit surgir devant lui, du couvert des arbres, des montagnes de chair et d'acier ! Des orcs ! Il reconnaît facilement ces êtres qui l'ont toujours terrorisé, il se sent si petit en face d'eux, pire qu'un nain ! Et puis leurs cris, à vriller les tympans les plus aguerris... Dans une clameur sauvage, l'armée monstrueuse s'ébranle dans sa direction, le sol tremble, l'horizon vacille, le soleil effrayé décide d'aller se coucher plus tôt que de coutume...
- J'ai rien fait ! pensa-t-il, pourquoi tant de haine ?
Il fait courageusement demi-tour sur ses petites jambes et se met à sprinter de toutes ses forces vers son abri en se disant que le salut viendra dans la fuite et qu'il peut bien attendre de savoir pourquoi les Orcs lui en veulent. Ses poumons sont vite en feu et il regrette amèrement de les avoir quelque peu obstrués avec toutes ces pipes qu'il a fumées au coin de sa cheminée...
Il distingue l'entrée de sa maison, il est presque sauvé, mais tout se noie dans un brouillard opaque : sa demeure est vite masquée par une autre muraille hérissée de piques et de lames acérées ! Des humains !! Une marée de soldats d'un bout à l'autre de la plaine ! Et lui au milieu de tout ça !
- Maman, gémit-il, maman.....
Avec un enthousiasme incroyable, protégés par leurs boucliers en acier, les Humains se mettent à leur tour en branle en hurlant de toutes leurs forces, et foncent vers les Orcs qu'il sent tout près derrière lui...
Dans un ultime réflexe de terreur, il se laisse tomber par terre, met ses deux mains sur son crâne et tente de prier en attendant que les deux armées le piétinent.

Edité par Viviane la fée le 08/01/07 à 19:43