Forum - Ordradhil - Quelques Corbeaux.

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Fanfan | 15/06/09 00:16

Fanfan se tenait debout les bras croisés sur le sommet d'une colline. Andrasta pendait à son ceinturon et il contemplait le champ de bataille activé en contrebas. Les danseurs de guerre virevoltaient, les flèches pleuvaient et les arnaqueurs s'en donnaient à coeur joie. En regardant ses arnaqueurs il se dit qu'en effet cette bataille était une belle arnaque.

- C'est pas spécialement joli ce que tu fais. --dit un petit bout de femme assise en tailleur à quelques pas de lui.--
- C'est pas spécialement joli d'être mercenaire...
- Ouais mais quand même, t'es pas le seul embarqué dans ce bateau !
- De qui tu parles ? Des marchands ? De simples employeurs à qui j'ai loué mes services, ce ne sont pas eux qui ont des leçons à me donner sur l'honnêteté. Et si je fais ça c'est bien pour leur montrer qu'ils devraient avoir un peu plus d'ambition... Ou de méfiance.
- Et ton client ?
- Ce sont les risques du métier. Se fier ou ne pas se fier, telle est la grande question du monde. Je crois que la paranoïa reste le meilleur moyen de survie.

La jeune femme resta muette. Pas à dire, certaines choses changent. L'elf se retourna vers elle, posant son regard sur sa frimousse pour la première fois depuis le début du carnage. Son regard était assez dur, un peu mélancolique. Pas de temps à perdre parfois avec des fadaises.

Trois corbeaux vinrent se poser derrière Fanfan. Ces maudites bestioles regardaient l'elf avec dégoût et gratitude. Le plus gros croassa mais l'elf ne lui répondit pas. Il savait déjà qu'il allait se faire allumer. Il descendit lentement de la colline vers le coeur du combat. Sa compagne le regardait descendre, sans bouger, pas besoin de s'embarquer dans d'autres conneries. L'elf dégaina sa lame qui n'avait pas servie depuis trop longtemps. Il commença à courir vers le centre de la mêlée, les corbeaux sur ses talons. La lame virevolta, quelques gouttes de sang vinrent le toucher. Une colère noire lui faisait serrer les dents. Il entama avec les danseurs de guerre à ses côtés la chorégraphie mortelle qu'il apprît étant gamin. Machinalement. Tout n'est que rouages.

La nuit. Sombre et délicate, mère de tous les rêves mais aussi des cauchemars. C'est en retournant dans ses terres d'ombres que l'elf se réveilla en sursaut. Il était désormais sur le pont du Korrigan, un lourd manteau de cuir sur les épaules. De la fumée s'échappait de sa pipe. Les songes s'absorbent dans la houle. Quelques singes de mer couinaient pour déchirer le silence.

- Et maintenant on fait quoi ?
- On attend les coups qui vont venir. De toute façon on mettra bientôt les voiles. Il ne fait pas bon de s'attarder toujours dans les mêmes erreurs sans prendre le temps de considérer les leçons.
- Où on va ?
- Vraisemblablement dans ce qui ressemble le plus à l'enfer. Gardes-toi juste de ne pas prendre un mauvais coup. Tu as toujours l'étendard ?
- Ouais. Il est dans la cale.
- Prends en soin. Les croisades nécessitent des symboles.

Le silence intermittent repris. Pas le temps de soupirer, le spleen ne sert désormais plus à rien. Il avait les yeux fixés vers le large. Les expériences comptent toutes dans une vie. Celle-ci le conduirait à la suivante. Vers le nord. Encore une fois vers le nord.

Une liasse de papier dans les mains, Fanfan donnait ses instructions aux corbeaux. Chacun devait apporter un feuillet à quelconques destinataires. Pas de surprise dans ces missives, peut être un certain dégoût des races parcourant Daifen, juste un simple litanie de fourberie et d'intrigues. Fourberas bien qui fourberas le dernier. Les corbeaux envolés par le hublot ouvert, son regard se perdit sur le mur lui faisant face. Le globe tourna sur son axe quand la porte s'ouvrit en grinçant.

- Maudit poète.
- J'aurais préféré poète maudit, mais soit.
- Pourquoi est on obligés de repartir encore une fois ?
- La vie n'est elle pas un éternel voyage ? Et puis rien ne t'oblige à me suivre.

Le bout de femme s'assit en tailleur, comme à son habitude, sur la couchette de la mince cabine. Elle se mordait la lèvre inférieure. Ses yeux avaient tourné du vert profond à un noir... Plumage corbeau. Un silence s'installa, puis au bout d'un quart d'heure hors du temps elle repris la parole.

- Joues moi un morceau avant de m'endormir.
- A défaut de jouer du pipeau, je préfère jouer de la flûte.
- Aller arrête de dire n'importes quoi, ton aigreur me fatigue.

Elle lui fit un petit sourire en coin, amusé, esseulé, savante de son pouvoir et de ses lacunes. Il empoigna son instrument et l'accorda, avant de commencer un morceau, doux, mélancolique... Reposant en ces temps de misères. La jeune femme s'allongea et ferma les yeux. Si elle pouvait rêver, qu'elle le fasse avant des temps plus tourmentés.
L'elf reposa son instrument peu après s'être assuré qu'elle dormait à point fermé. Il se rassit et s'absorba à nouveau dans la contemplation du mur. Il relit encore des négociations malsaines, retourna à son mur. Il prit un volume dans sa bibliothèque et commença un tome de tragédie en allumant sa pipe. La nuit serait longue à entendre le retour des corbacs.

Noir-feu | 15/06/09 08:03

Un beau texte, j'aime beaucoup.

Bart Abba | 15/06/09 10:12

Ekcellent ! :)
KLAP! KLAP! KLAP! :b :b :b

Edité par Bart Abba le 15/06/09 à 10:12

Vorm L'initié | 15/06/09 12:55

J'aime moins bizarrement...

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