Forum - [Sorcièredhil] La mystérieuse Aybabtu
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Mareive | 22/06/09 16:57

La brume était si épaisse qu'elle parvenait à couvrir l'odeur saline de la nuit portuaire. Malgré l'obscurité qui dissimulait les navires à la vue de passants, les craquements du bois mouillé trahissaient leur présence sur les rades avoisinantes. Il régnait sur ses quais une odeur de varech, de bière bon marché et de senteurs marines. Un endroit propice aux départs...
Elle s'avançait d'un pas rapide sur les planches vermoulues du quai principal, couvert d'algues vertes et de crustacés incrustés. Ni sa jeunesse, ni sa féminité ne la prédisposait à rester ici trop longtemps : malgré les deux larges silhouettes qui veillaient sur elle et ne la quittait pas d'un pas, elle préférait se hâter. De toute façon, le lieu du rendez-vous était proche désormais... Elle distinguait la lanterne scintiller dans les volutes épaisses de la brume indolente.
Une bourse change de main, une porte s'ouvre, et la voila dans la place. Un troquet infâme et crasseux, comme il en existe des milliers dans des milliers de ports anonymes. S'y côtoyaient marins et filles de joie, contrebandiers et jeune bourgeois venant humer la fragrance épicée du risque, le temps d'une unique soirée. Le sang qui maculait le sol devant le comptoir attestait que ceux d'entre eux venu s'encanailler en avaient eu pour leur argent, ce soir. La jeune elfe tâcha d'afficher un visage fermé et déterminé, afin de dissuader tout bagarreur : mieux valait éviter au maximum les ennuis.
Il ne lui fallut pas longtemps pour trouver son interlocuteur. Habillé de robes de soie, il dépareillait dans cet endroit. Une face d'érudit et des fines mains maniant la plume, rien à voir avec les pognes rugueuses des dockers qui hantaient l'endroit. Sans doute avait-il du démontrer ses talents, car tous le laissaient en paix. Peut-être que le sang au comptoir était-il son oeuvre... La jeune elfe s'installa à sa table, ses deux gardes du corps toujours derrière elle. L'homme releva le nez de son parchemin et lui sourit :
« Bonsoir, demoiselle Mareive. »
Mareive fit glisser une seconde bourse pleine d'or ; pour ce soir, l'argent semblait être son unique langage. L'homme la soupesa, en estimant le contenu. Satisfait, il reprit la parole.
« Je n'ai pas ce que vous cherchez, damoiselle. Ces incantations ont malheureusement disparu des terres de Daifen, si bien qu'elles sont désormais introuvables. Je crains que votre quête ne se termine bien vite.
- Ce n'est pas si ancien que cela. Mes parents savait jadis invoquer les élémentaires.
- Certes, mais certains changements majeurs ne demandent guère de temps pour se produire. L'appel élémentaire est devenu subitement impossible, il y a quelques centaines de lune de cela. Puis, peu à peu, tous ceux qui avaient tout de même consigné ces invocations ont disparu les un après les autres. La rumeur commença à courir que ces secrets étaient désormais maudits, et seraient bientôt inaccessibles à tous. En plus d'être stériles, ces sortilèges se firent rares. Les quelques bibliothèques qui s'obstinèrent à en conserver un exemplaire subirent des... incidents de toutes sortes. »
Mareive fit une moue de mécontentement. Tout ceci ne l'avançait pas beaucoup, et ne valait certes pas les 100 pièces d'or qui étaient encore sur la table. D'un geste vif, elle mit la main sur la bourse. Le mage surprit son geste et se hâta de poursuivre.
« Cependant... »
Mareive suspendit son geste et regarda son interlocuteur dans les yeux, l'invitant à poursuivre en vitesse s'il voulait être payé.
« Cependant, certains personnes conservent encore ces incantations devenues interdites. Neuf femmes, ayant fuit le continent de Salemdhil où les traquaient les inquisiteurs. On les appelle les neuf soeurs ou encore les cousines impies. Elles se réfugièrent sur Sorcièredhil, où elles ne furent plus inquiétées et purent reprendre leurs rites proscrits. Elles étaient elles aussi à la recherche d'une incantation bien précise, une qui continue encore aujourd'hui à leur échapper et pour laquelle elles donneraient tout. »
La jeune elfe médita ces dernières paroles. Manifestement, l'homme venait de mériter ses pièces d'or... si tout cela était vrai. Elle avait entendu parler de la fuite des neuf soeurs, mais avait toujours cru qu'elles n'étaient que légendes. Quant à leur propre quête d'incantation, elle ignorait tout à ce sujet. Sans doute lui serait-il nécessaire d'en apprendre plus.
« Parlez-moi de ce sortilèges que recherchent les sorcières... Quel est-il ?
- Une incantation très puissante, le rite ultime de la conquête et de la victoire. On dit que cet mystérieux sortilège, l'aybabtu, fait ployer le fort et asservit le maître. La formule est connue de tous, mais nul ne parvient à en obtenir le moindre effet magique. De l'échec nait la frustration, et la frustration mène à la colère. Et Sorcièredhil est terre de colère. »
L'homme se leva alors et, sans un mot de plus, prit congés. Déboussolée par cette réaction, Mareive tenta de le retenir :
« Attendez, ne partez pas ! Quelle est cette formule ! Dites le moi. »
Sans répondre, l'homme effectua un geste complexe et étrange, puis disparu subitement comme s'il n'avait jamais été là...
« Attendez !!! »
Mais la supplique était vaine, son informateur était déjà ailleurs, hors de sa portée. Dépitée, Mareive s'apprêtait à quitter les lieux lorsqu'elle s'aperçu que la bourse était restée sur la table. Elle s'en empara d'un geste rageur, mais s'aperçu alors qu'elle était molle et légère. Le sorcier s'en était apparemment approprié le contenu à son insu, à un moment ou à un autre de la conversation. Pourtant, la poche de tissu n'était pas vide pour autant : Mareive sentait qu'elle contenait quelque chose de mou et de fin. Elle l'ouvrit en hâte, révélant un parchemin. Avec un seul mot. Incompréhensible.
« Serait-ce l'incantation dont il m'a parlé ? »
Se disant qu'il faudrait maintenant appareiller pour Sorcièredhil, Mareive contemplait avec perplexité le mot qui s'étalait, large et mystérieux, sur ce si dérisoire morceau de parchemin.
« Oliourbèzarbilongtouheusse »
(à suivre)
Noir-feu | 22/06/09 18:57
Celimbrimbor | 23/06/09 12:01
Pépé Narvalho | 23/07/09 18:54
Je confirme : le récit est tres chouette. Ne pas le lire aurait été une erreur (que j'ai failli commettre).
Malheureusement on dirait que la suite se fait attendre.
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Pépé Narvalho, Bouleute du Firmir
Comte Harbour | 23/07/09 19:40
je confirme. mercià pepe narvalho pour l'avertissement !! rater ce passage est une faute ! prions pour qu'attendre la suite ne devienne un supplice...
Charengo | 24/07/09 09:31
Dixi le Sombre | 24/07/09 09:56
Lludd | 24/07/09 16:09
Rejoint la bibliothèque de Pendel-Aven à la recherche d'informations sur les élémentaires






