Forum - Chroniques du grand nord - chapitre 1
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Lekka | 02/09/09 10:46
-Mais personne n'emprunte plus cette route ! C'est bien trop dangereux !
Ha ça oui, il le lui avait bien dit, mais cette jeune femme était folle, ça aurait bien été le cadet de ses soucis si elle n'avait pas non plus été riche. Bon sang, jamais il n'avait su dire non à un bon gros paquet d'or, surtout en pépites, il n'en avait jamais vu autant, et il s'en mordait les doigts à présent. Le froid était cinglant, et plus son attelage avançait, pire c'était. Cette saleté de vent le glaçait jusque dans les os, et pourtant il portait déjà deux épaisseurs de fourrures. Il ficha plus profondément encore, si c'était possible, sa tête à l'intérieur de sa capuche et tira sur les rênes, même le cuir paraissait aussi solide que le roc.
Il fallait bien reconnaitre que les montures étaient solides, elle s'en était assurée avant le départ, ces chevaux étaient taillés pour les conditions de froids extrêmes. Il n'avait aucune idée de l'endroit ou elle avait bien pu se les procurer, mais il ne se serait pas lancé dans une pareille route des hautes cimes sans eux. Quelle idée vraiment ! Cette vieille route avait certainement été utile dans les temps reculés, mais maintenant tout le monde utilisait les ouvrages nains pour traverser la montagne ! Qui plus est seule, mais non ! Elle était arrivée un beau jour, avec ses chevaux et sa cinquantaine de chèvres et avait voulue connaître le meilleur conducteur d'attelage de la ville. Et voilà où sa grande gueule l'avait mené : droit dans ce traquenard pendant que mademoiselle dormait paisiblement dans la charrette ! Sincèrement, il ne savait pas comment elle faisait, et de toute façon elle ne lui aurait pas répondu, c'était tout juste s'il avait vu son visage d'ailleurs, harnachée comme elle était dans son long manteau et sa capuche.
Heureusement pour ce qui était de discuter, il s'en remettait à ses chiens. Comment aurait-il pu guider un troupeau dans cette route sinueuse tout seul ? Non, il connaissait son travail, et du bétail il en avait emmené à destination, seulement aujourd'hui il commençait à croire que tout ceci n'en valait pas la peine. Il devait plisser les yeux pour voir comment ses foutues chèvres se débrouillaient devant. Il entendait les aboiements des chiens qui encadraient le troupeau, et il secoua la tête dans un signe d'approbation, ils faisaient bien leur travail, ils avaient passés leurs vies à ça, et un sourire se dessina sur ses lèvres gercées qui se transforma immédiatement en rictus de douleur. Non vraiment, il allait falloir trouver un endroit où se reposer.
Car il était hors de question de progresser à la nuit tombée, sans mentionner le fait que sans soleil la température descendait en flèche, c'était surtout par crainte des prédateurs nocturnes qu'il voulait s'arrêter. Les Worgs, ces énormes loups des glaces, avaient l'appétit vorace et leur troupeau était comme une invitation au carnage pour ces bêtes.
-Il y un abri plus loin sur la route...
Il en aurait sursauté s'il n'avait pas les membres si engourdis d'êtres restés dans la même position durant les dernières heures. Elle était apparue de l'arrière de la charrette, entrouvrant les fourrures qui servaient de minces remparts face au monde extérieur, pour venir s'asseoir à ses cotés. Même si proche il n'en percevait rien, ce profil qui s'offrait à lui était celui d'une capuche qui demeurait de fort belle facture malgré les traces évidentes de détérioration. Seules quelques mèches de cheveux retombaient plus bas que le tissu, seuls témoins de la présence d'un visage derrière l'habit. Elles étaient d'une couleur de feu, au milieu de ce paysage glacé elles se démarquaient d'autant plus, comme de faibles braises sur la neige. Il détacha son regard de cette silhouette pour se reporter sur la route qui peinait à s'ouvrir devant eux.
-Un abri ? Un vrai avec service de chambre ?
Il cachait son espoir d'embellie derrière un mur de cynisme, après tout c'était elle qui avait insisté pour prendre cette route et même si son bon sens lui criait de l'ignorer, il ne pouvait occulter son envie de se reposer loin de cet enfer blanc. Il en avait même moins froid depuis qu'elle était à ses cotés, il secoua la tête de devenir aussi sentimental et siffla entre ses doigts pour indiquer à ses chiens qu'il souhaitait un rapport. Ils aboyèrent dans le relatif calme ambiant, des aboiements à demi étouffés par le souffle du vent et le martèlement régulier d'un troupeau qui avance. Il se détendît légèrement et força un peu l'allure de l'attelage, si abri il y avait, chaque seconde de moins dans ce blizzard serait la bienvenue...
