Forum - Dussidhil - La destinée d'Azim
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Duc Boragus | 19/09/09 01:22
Le visage de Boragus, aussi pâle que l'astre lunaire qui le nimbait de lumière, contemplait, sans la moindre émotion apparente, le spectacle du carnage en contrebas. Debout en une posture roide, les bras croisés, il projetait son ombre glaciale sur le royaume ruiné de son ennemi. Il y avait bien longtemps que son coeur froid ne battait plus au diapason de la moindre émotion humaine, mais la légère crispation de ses lèvres carmines dénotaient ce qui se rapprochait le plus chez lui de la satisfaction. Il savourait d'un air contemplatif la vision cauchemardesque d'une nuée de harpies lacérant une multitude de druides et guides et ravageant tout ce qui ressemblait de près ou de loin à des constructions.
Se détachant de l'obscurité de l'arrière-plan, un anonyme conseiller s'avança prudemment jusqu'à Boragus. Milles signes imperceptibles, de la sueur qui imprégnait son front aux battements accélérés de son coeur, trahissaient le malaise que lui inspiraît son maître. Sans se retourner, Boragus lui lança d'une voix neutre :
-J'espère que le motif de votre dérangement en vaudra la peine et vous permettra de sauver votre tête.
Déglutissant péniblement, le conseiller prit une grande inspiration avant de répondre :
-C'est aux sujets des dernières instructions que vous avez envoyées à vos généraux, mon Duc... si je puis me permettre, je ne suis pas certain que se montrer aussi ... exemplaire soit véritablement nécessaire. Nous avons conquis cette contrée, est-il vraiment besoin de prendre des mesures aussi ... draconiennes ?
Bien qu'il ne respirait plus depuis des éons, Boragus poussa un léger soupir. Un mépris condescendant l'emporta sur le caprice de meurtre, et au lieu de tuer d'un geste le conseiller, il se retourna vers lui pour lui répondre d'une voix empreinte de son habituelle politesse :
-Bien que je n'aie nul compte à vous rendre, je vais néanmoins vous expliciter la raison de ma décision, qui, il est vrai, contraste avec le pragmatisme auquel je vous ai habitué. Sachez que tout ce qui existe jusqu'à n'importe lequel des horizons qui nous encerclent, du plus obscur conscrit au plus resplendissant des manoirs, tout cela n'est là que pour mon bon plaisir. Je n'ai pas conquis dans le sang dix royaumes sur ce continent pour une quelconque cause absurde ou pour satisfaire une pathétique pulsion humaine comme la gloire ou l'ambition. Je n'ai fait tout cela que par pur caprice, afin de me distraire uniquement. Et à présent que ces dix royaumes sont miens, je m'en lasserai très vite, comme on se lasse d'un jouet, et je les abandonnerai à leur déliquescence pour aller chercher d'autres défis en d'autres contrées.
Marquant une pause, Boragus se retourne vers le spectacle du combat, qui touchait à sa fin. Reprenant la parole, mais sans daigner accorder un regard à son conseiller, il poursuivit :
-Mais ce onzième royaume, lui, ne m'est pas indifférent comme les autres. Car il est le siège d'un seigneur pour lequel je ressens quelque chose qui s'apparente à du ... mécontentement, disons. C'est pourquoi je tiens à lui faire part de façon aussi éloquente la nature de mes sentiments pour lui.
Se retournant alors de nouveau vers le conseiller, mais arborant sur un visage qui n'avait plus rien d'humain une haine hideuse qui déformait ses traits, il siffla d'une voix glaciale, qui fit frissonner l'humain jusqu'à la moëlle des os :
-Je confirme donc tous les ordres que je vous ai précédemment transmis. Incendiez jusqu'à la dernière des cahutes qui se trouvent à l'intérieur de ces frontières ! Suppliciez jusqu'au dernier être vivant, fût-il un nourrisson vagissant, qui n'arbore pas notre blason ! Puis éteignez le feu avec le torrent de sang que vous aurez fait ainsi couler ! Et lorsque tout ne sera plus que larmes et cendres, faites saler les terres afin que nul ne puisse, durant des éons, faire pousser le moindre brin d'herbe en ces lieux. Je veux que cette contrée soit à jamais un monument commémorant la défaite que j'ai infligé à Azim Alakbar en cette nuit !
Aussi soulagé de pouvoir s'éloigner que surpris d'être encore en vie, le conseiller se retira promptement.
Edité par Duc Boragus le 19/09/09 à 01:30
Pépé Narvalho | 19/09/09 08:30
Brrr... ca fait froid dans le dos.
Belle écriture.
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Pépé Narvalho, Bouleute du Firmir
Edité par Pépé Narvalho le 19/09/09 à 08:31
Brignolet | 19/09/09 14:55

D'ailleur Duc, j'ai pu voir avec plaisir que le continent sur lequel j'ai été battu de manière sèche est pratiquement sous votre domination.
Je vous félicite donc et regrette de ne pas avoir eu un plus grand impact sur vos chance de succès.
Bien à vous
Brignolet, ancien allié .
Celimbrimbor | 20/09/09 12:20
Lansig Roivas | 21/09/09 09:20
Joli recit, bien qu'un peu court; une si douce plume mériterait de plus long textes.
Lansig Roivas.

