Forum - La quête des Légendes : Interlude

Celimbrimbor | 19/12/09 15:38

Les quatre sphères tournoyaient à l'unisson sur une plaine verdoyante couverte de soleil. Elles ne rayonnaient plus, ni ne pulsaient, d'ailleurs. Leurs couleurs se mêlaient en une unique, tant leur ronde était rapide. Nul oeil ne pouvait discerner les individus qui formaient cette somme chatoyante. A présent qu'elles étaient réunis en un seul cercle elles chantaient une chanson qui n'avait plus été murmuré depuis les premiers jours des multivers, quand le Tout avait décidé que tout serait. Ou était-ce dans le futur ? Celimbrimbor ne savait plus.

Étendu dans l'herbe grasse, il souriait joyeusement. Sous son dos, la terre lui donnait sa force. Le vent le caressait violemment dans l'air, et le feu le réchauffait. L'eau ondoyait plus loin en un son froissé. L'elfe se baignait dans ces courants d'énergie avec délice. Il se ressourçait, aurait-on pu dire. L'air lui avait fait du dégât. Celimbrimbor ne s'était pas attendu à ce que l'élément réussît à le priver de Magie l'espace d'une seconde. Seconde qui avait failli être fatale, quand le vent avait frappé, fort et dur. Comme toujours, cependant, le mage avait prévalu. Il avait rouvert la porte avec fracas et s'était vengé, même privé d'un oeil, même privé d'un bras, malgré la douleur. Ce n'était qu'après avoir vaincu son ennemi qu'il s'était aperçu qu'un autre tour lui avait été joué.

Alors il avait laissé passer plusieurs lunes, à s'immerger près des pouvoirs. Il avait dû reconstituer son être depuis ses origines premières. Il avait revu des souvenirs associés à cet oeil, à ce bras. Sale tour que celui-ci, avait-il pensé. Mais cela ne l'arrêterait pas. Et aujourd'hui, il était guéri et le quatre sphères étaient à lui. Il se leva doucement et posa les yeux sur la danse virevoltante. Cela n'allait pas être agréable.

Le mage tordit l'espace, le temps et son être d'un sort colossal qui draina une bonne part de son énergie immédiate. Il n'en avait cure. Il était Magie, il ne commettrait plus deux fois la même erreur. Il guida les sphères de cristal vers le trou qui s'était ouvert dans son abdomen. Il n'allait vraiment pas aimer cela. Il ferma les yeux pour se concentrer d'avantage et manipuler la Magie de meilleure façon. Une seule erreur pouvait signifier la fin, pour ce qu'il en savait. Il entrait dans la région que nul livre n'avait défricher avant lui. Une exaltation étrange l'envahit. Les sphères étaient en lui, il ferma son abdomen et commença à les assimiler.

Cela dura une seconde, une heure, une éternité ? Qu'importe. A la fin, le mage était debout, le visage tordu dans un étrange rictus de douleur triomphant.

Il était vivant. Vivant et un nouveau pouvoir coulait en lui. Il percevait l'univers d'une manière totalement nouvelle. Avait-il été aveugle jusque là ? Un sourire amer déchira ses lèvres. Tel était donc le prix à payer. Cependant il fallait aller plus loin. Il se hissa à ces nouveaux plans de conscience qui lui étaient accessible et trouva ce qu'il cherchait. La création inanimée était à sa portée. Il sourit et créa, en tordant les énergies adéquates, un joyau, un verre d'eau, une perle ou un rubis. Il créa, créa, rompant toutes les règles de conservation qu'il avait lui-même édicté, un temps passé -ou était-ce à venir ?- comme absolue dans la magie. Il créa pendant des heures, sans pouvoir s'arrêter, comme un enfant avec un nouveau jouet.

Puis il s'interrompit.

Très bien. Il avait eu raison. Mais il manquait encore quelque chose. Ce n'était pas cette création qu'il cherchait. Ce n'est pas cela qu'il souhaitait. Un sourire tors lui barra le visage. Il se souvenait de la leçon de la Terre.

Et bien soit, si c'était le chemin.

Il s'assura que sa mise était impeccable, que ses artefacts guerriers étaient à dispositions dans un plan assez proche et prépara, pour la première fois depuis des années, ses sortilèges de guerre les plus puissants. Alliés à ses nouveaux pouvoirs, ils devenaient terrifiants. Mais serait-ce suffisant ? Il lui faudrait arracher cette sphère des mains les plus squelettiques des multivers, si les représentations folklorique étaient justes.

Celimbrimbor haussa les épaules d'un air distrait. Seule l'expérience le dirait. Assez tergiversé. La Mort ne savait pas encore qu'il l'attendait. L'elfe allait lui faire une bonne surprise. Il était temps de vérifier si on ne pouvait jamais revenir de ce prétendu voyage sans retour.

Il sourit d'un air carnassier, fit trois pas dans l'herbe chaude et se souffla comme une bougie.