Forum - RP} La terre aspirée II

Duc De L'uto | 22/12/09 12:10

Personne ne le croirait. Pire, personne ne l'écouterait. Edwindo Nephën n'était pas seulement le vieillard bizarre, le vieux druide qui connaissait les mauvais secrets, le dingue raconteur de contes étranges aux soirs de fêtes. Toutes ces visions de paysans abrutis. C'était aussi le seul humain de la région que les Thro-Draks avaient croisé sans lui faire le moindre mal. Cela constituait une raison suffisante pour l'éviter.

Peut-être pourrait-il leur mentir ? Leur faire croire que les Thro-Draks arrivaient ? Qu'il savait quelque chose de concret ? Il y aurait tout de même une chance pour qu'ils entendent et partent. Une toute petite chance. Mais ce serait remplacer un mal par un autre. Il irait plutôt voir le seul qui prêterait attention à ses mises en garde. Ensuite, adviendra que pourra, ce ne serait plus son affaire, il aurait joué son rôle.

Oh non... Il sentait au fond de lui que son rôle ne s'arrêterait pas là. Ca allait être long. Long et pénible.

Mais d'abord, aller trouver Jhoan.

***

Le Duc posa le pied sur le navire et sut qu'il allait enfin pouvoir partir. Des jours de négociations pour trouver à lui et ses troupes des moyens de navigation avaient épuisé jusqu'à la plus fine parcelle de sa patiente. On allait retrouver un ou deux morts, et quelques éclopés, sur les quais de cette ville pourrie.

Le bateau n'était en fait qu'un minuscule voilier. Le pilote, un elfe à priori complètement dingue, avait tout de suite plu au Duc. Oh, il finirait par le balancer à la flotte, à la longue, mais il se montrait bien plus coopératif que les autres désormais cul-de-jattes. Et plus distrayant. A midi, ils étaient partis. Un voilier pour le Duc, son bras droit et quelques gardes, et trois autres pour des petites flopées de nains de plus.

Aux-devants, sur la proue, le Duc ouvrit finalement sa missive. Elle lui avait été assignée le matin même, mais il avait préféré attendre d'avoir résolu l'affaire du transport avant de s'y intéresser. Il n'aurait pas du. Elle était bigrement... enthousiasmante. Aussi un sourire mauvais se dessina-t-il sur le visage du nain. Ce bon vieux sourire à refiler des cauchemars à une goule...

***

« Dinéïne, allez, lève-toi ! Il faut partir ! »

Gändin la secouait doucement, quoiqu'avec une certain hâte. Il regardait par la fenêtre fréquemment, affichait un visage épuisé. Il semblait dépenser son ultime énergie à faire réagir la jeune femme. Cette dernière avait le regard perdu dans un vide profond. Ses yeux gris étaient noyés de larmes coulant le long de ses joues.

Son jeune cousin se redressa finalement pour parcourir la petite maison rapidement, amassant aux quatre coins des objets utiles ou des bouts de nourriture.

« Dinéïne ! Bouge ! On est pas en sécurité ! Allez ! »

D'une bourrade à l'épaule, le gamin réussit enfin à obtenir une réaction. Dinéïne leva la tête et le regarda un moment. Et puis, après une minute de regards échangés, elle s'essuya le visage et se leva avec l'aide de la main qu'il lui tendait.

« Alors papa est mort ?
- On va pas tarder à le rejoindre si on reste là ! »

***

Fendël recompta les pièces d'or, au creux de sa main. En réalité, seules quatre étaient d'or, le reste était d'argent. Il soupira intérieurement, sans rien laisser échapper de son visage de marbre. Ca ne suffirait pas à partir d'ici. Pourtant, le temps pressait... Vite, vite, il fallait quitter ce continent maudit.

Fendël rangea l'or et repartit en quête d'un bourgeois à débourser.