Forum - Aerendir
Index des forums > Rôle Play > Aerendir
Tala | 05/02/10 09:32
Lune 908
Nous étions sur le navire depuis quelques heures. Nous sommes parties toutes les deux, afin de nous évader un instant des murs de Pendel Heaven. Linaewen ressent la même chose que moi.
Il m'est étrange de penser qu'une elfe, un être qui paraît si parfait, puisse ressentir les même sentiments que moi, simple humaine, maudite à jamais, partageant la vie, l'esprit, et le corps, de mon ami défunt, mon loup.
Pourtant, j'ai remarqué depuis quelques lunes déjà la mélancolie envahir la gracieux visage de la Dame. Cela m'a rappellé les légendes de mon enfance, celles où les elfes s'enferment peu à peu dans cette tristesse, et s'y noient, perdant peu à peu leur pureté et leur éclat. C'est pourquoi aujourd'hui, nous sommes parties toutes deux, sous un soleil hivernal. Notre destin nous appellait.
Ayant du mal à chevaucher, j'ai proposé à mon amie une petite escapade en bateau. J'ai vu dans son regard que cette perspective l'enchantait, et nous nous en sommes donc allées.
La mer étendait sous nos pieds son eau bleue, parfait reflet d'un ciel dégagé de couleur azur. Je sens encore sur mes joues la glaciale morsure du vent froid, éternel compagnon d'un hiver rigoureux.
Bercée par la traversée paisible, mes paupières se fermaient peu à peu. C'est alors que Linaewen me hêla. Prise dans ma langueur, je la rejoignis lentement à l'arrière du navire. Et alors, mes yeux s'ouvrirent en un regard hébété !...
Devant nous, se dressait une île majestueuse ! Le mot, encore en cet instant, me semble d'ailleurs bien faible ! L'île semblait être un écrin de verdure, dans l'océan azuré ! Nous fûmes immédiatement, et irrésistiblement attirée vers cette vision fabuleuse. Et plus notre navire approchait, plus notre ébahissement allait en grandissant : posé sur cet écrin, tronaît un véritable joyau ! Un cité, une immense cité, ciselée à même la roche de l'île, traversée par des rivières étincellantes, qui allaient se jeter en contrebas, rejoignant l'océan !
Nous accostames sans tarder, émerveillées par tant de splendeur !
L'île avait quelque chose de magique, et mon instinct, à ce moment, reprit le dessus : il régnait en ce lieu un silence d'outre-tombe, et même les oiseaux semblaient avoir déserté l'endroit... D'un coup d'oeil, je vis que mon amie s'était égelement figée un bref instant, les traits méfiants. Nous nous trouvions sur un ancien débarcadère : en témoignait quelques panneaux, envahis de verdure... Un chemin pavé remontait vers la falaise, conduisant tout droit à l'ancienne citadelle.
Nous nous engageâmes sur cette route, l'oreille aux aguêts, surprises de constater la désertion d'un tel endroit. Pourtant, nulle âme qui vive. Nul odeur. L'endroit semblait vidé depuis longtemps.
La citadelle s'offrit enfin à nous, après quelques minutes d'ascension au travers des ruelles abandonnées. Nous nous retrouvâmes sur une place immense, au milieu de laquelle, une magnifique fontaine continuait à déverser son eau cristalline. Une vue à couper le souffle s'étendait devant nous : l'immensité de l'océan, étincellant des mille reflets de l'astre solaire ! L'horizon était si vaste, que nous aperçevions au loin, l'ombre de la terre de Daifen. L'île était d'une magnificience inégalable !
Pourtant, nul habitant. Ça et là, les pavés se soulevaient, et les toits souffraient d'un manque d'entretien. Des herbes folles jonchaient le sol.
Alors que nous contemplions, emplies d'admiration, le lieu où nous nous trouvions, nous entendîmes des pas, légers mais trainants, derrière nous.
Nous nous rentournâmes à l'unisson, et vîmes un elfe... Du moins ce qu'il en restait! Jamais je n'avais vu elfe si flétri ! Sa beauté, son éternelle vie, semblait l'avoir quitté ! L'elfe qui se tenait là était visiblement très âgé, en témoignaient les rides qui sillonnait son visage autrefois si raffiné.
Je restais paralysée de stupeur devant cet image, alors que Linaewen, dont la compassion reprit le dessus, s'approcha de lui sans attendre, et l'invita à s'asseoir au bord de la fontaine.
Les yeux du vieil elfe pétillaient, comme si devant lui, un miracle se produisait. Il tenta de parler, mais le son resta en travers de sa gorge. Le pauvre n'avait pas du parler depuis si longtemps, que même sa voix semblait s'être éteinte ! Il bût une gorgée d'eau à portée, puis pu émettre un son. Il se racla la gorge, et enfin, pu parler, d'une voix à peine audible, mais qui pourtant, n'avait rien perdu du son tintant elfique :
- "Mes enfants ! Enfin mon salut se présente à la porte !"
Levant les yeux vers le ciel, il continua, parlant seul :
-" Oh ! Ondines bienfaisantes ! Enfin, vous me libérez ! Léviathan protecteur ! Enfin, tu laisses pénétrer en ce lieu des voyageurs ! Comme je t'en remercie ! L'heure du pardon a donc sonné ! De nouveau, tu t'éveilles en protecteur de notre refuge ! De nouveau, tu souhaites que les Nãras peuplent cette terre d'abondance ! Oh Léviathan, que ne saurais-je te remercier de cet inestomable présent !"
Baissant les yeux vers nous, nous fixant d'un regard emplit d'un profond bonheur :
-" Libératrices ! Vous voilà donc ! Une elfe, bien entendu ! Une elfe, de nouveau, pour faire renaître ce refuge des Vagabonds ! Et... Un esprit animal ! Pour dompter les forces obscures ! Léviathan a si bien choisi ! Le temps m'est compté à présent !"
Un sourire béat lui étira les lèvres à ses mots, et ils poursuivit sans nous laisser le temps de le questionner :
-" Enfin, mon heure est arrivée ! Oh Dames, je pars en paix ! Je vois dans vos yeux que vous serez les dignes représentantes de mon île ! Ma bien aimé Aerendir ! La cité des Nãras ! Je vous en conjure, rendez lui sa beauté d'autrefois ! Et ne refaîtes pas les mêmes erreurs que nous... Maudits nous avons été ! Aujourd'hui, par votre venue, me voilà libéré ! Les Esprits Gardiens d'Aerendir vous ont choisi, faîtes leur honneur !"
Le souffle court, le vieil elfe n'eut que le temps de nous lancer un dernier regard implorant, avant de s'éteindre, un sourire paisible sur les lèvres....
Lune 914
Nous restâmes là un long moment, empreintes de la voix du vieillard. Le crépuscule pointait, quand nous reprimes nos esprits.... Je ne peux prétendre décrire alors le ressenti de mon amie, mais pour ma part, je ne savais qu'une chose : ce lieu m'appelait, et je ressentai le besoin de m'y installer. Les paroles de l'elfe... j'avais besoin d'en savoir plus. Alors que je reprenais le navire en direction de Pendel, je savais que je reviendrai ici. Le temps de faire mes adieux à mes frères d'armes d'un jour...
En cette lune, nous sommes toutes deux revenues en Aerendir, animée de la volonté profonde de faire revivre ces terres ! Nous avons découverts des écrits, sans doute ceux du vieil elfe. Nous n'avons pas encore eu le temps de les lire, mais il semble qu'ils relatent l'histoire de l'île. Il me tarde de m'y plonger ! Mais pour le moment, l'heure est à la restauration...
-------------------------------
Lien vers Aerendir : [Lien HTTP]
Edité par Tala le 05/02/10 à 09:37
Vormonta | 05/02/10 18:23
Beau récit, et bonne chance à vous deux pour vos nouvelles aventures à Aerendir.
Paserbe | 05/02/10 21:54
Fraternellement,
Paserbe, Enfant de Dana.
Elfe de Lune.
Barde.
Edité par Paserbe le 03/03/10 à 19:51



