Forum - La quête des légendes : La Mort, Interlude, Coffee and cigarettes.

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Celimbrimbor | 07/02/10 01:27


La pièce était plongée dans des ténèbres brillantes de clarté. Un nuage étrange, flottant au milieu de la table, répandait sa lueur étonnante dans l'obscurité ambiante sans qu'aucune des deux entités assises ne s'en étonnât. Dans la nuée, des images s'agitaient, mettant en scène un elfe en train de franchir un pont, avec une lassitude étonnante. Un sentiment désagréable sourdait de ce spectacle, comme si, plutôt que quelque chose étant déjà arrivé, il se déroulait en ce moment même, en temps direct, ou pire, que cela devait arriver et que cela arriverait. Comme si quelqu'un jouait avec le temps et s'amusait à torturer le personnage au milieu.

La salle était grande, spacieuse et vide. Les murs nus ne montraient aucune porte. En fait, d'une certaine façon, il n'y avait pas de murs autour, ni de plafond. Et à bien y regarder, pas de plancher non plus. Un observateur mentalement équilibré ne le serait pas rester longtemps. La seule chose à laquelle un esprit pouvait se raccrocher était la petit table au milieu de la pièce, les deux chaises et les deux figures assises. Même alors, cependant, il y avait des chances qu'il eût vacillé à observer les deux êtres immobiles et mouvants, aux contours incertains, flous et pourtant incroyablement clairs. Sans être définis, voire définissables, ils apparaissaient pourtant avec une certitude absolue et définitive. Ils existaient sans exister. Et n'étaient pas le moins du monde gênés par l'absence de plancher sur lequel la table reposait. Comme s'ils savaient quelque chose que multivers ignorait. Par exemple que la cuiller n'existait pas. Ce genre de choses.

Les deux spectateurs ne desserraient pas les dents et semblaient n'avoir pas prononcé un mot depuis qu'ils s'étaient retrouvés dans la petite salle. Ils se contentaient de regarder fixement les images animées, sans esquisser un geste, sans esquisser une respiration. Tous les deux reposaient sur des chaises peu confortable, qui avait été conçu, semblait-il, par quelqu'un qui aurait intégré parfaitement le concept de chaise sans en avoir jamais vu une. N'importe qui, cependant, après avoir été assis dessus ce qu'il s'approchait d'une éternité si, comme le poète l'écrivit, celle-ci se lovait dans une seconde ou, présentement, deux bonnes heures de silence, se serait aperçu de combien elles étaient désagréables. Cependant cela suppose de posséder une notion, même infime, de confort.

Or c'était un idéal dont leur créateur était singulièrement dépourvu. Installé, immobile, sa lourde capuche noire rabattue dissimulant son visage à tous les yeux sauf ceux de son interlocuteur muet, il remuait parfois des doigts osseux en une mélodie lente frappée sur la table. Son regard ne quittait pas le nuage, contemplant le personnage avec une intensité profonde.

En face de lui, l'autre gardait ses yeux rivés sur son voisin de table, un léger sourire ironique et sans fond affiché sur ses lèvres fines. Seul ce détail était véritablement perceptible. Le reste n'était que changeant. Comme si il essayait d'être tout -y compris le multivers et l'anti multivers- à la fois et y réussissait de façon étrange. Vêtu d'un costume noir comme la robe de son vis-à-vis, il ne pouvait être décrit que par les termes sage, ou antique, ou tous les mots à la fois, en superlatif et dans toutes les langues. Il fut le premier à rompre le silence, d'une voix qui les contenait toute sans en fixer aucune.

« Il possède les quatre éléments, fit-il doucement. Il n'en manque plus qu'un. N'est-il pas opiniâtre ? »

Le silence, ce vieil ami, s'installa de nouveau dans la pièce. Mais le regard de l'autre avait changé. Toujours profond -en pouvait-il être autrement- il s'était fait réflexif également.

« Il a réussi à triompher du jardin. Et de Dublis. Encore que je ne suis pas certain que l'on puisse appeler cela « triompher ». Sa voix était toujours insaisissable, comme provenant de tous les coins du multivers et des autres. Même les autres n'ont pas été si dur avec lui.
IL CHERCHE QUELQUE CHOSE D'INTERDIT.
-Que tu vas pourtant lui donner quand il arrivera jusqu'ici.
IL N'Y ARRIVERA PAS. ILS N'Y ARRIVENT JAMAIS.
-Tu mens. C'est surtout le retour qu'ils ont beaucoup de mal à gérer. Tu te souviens d'Orphée ?
NE DÉTOURNE PAS LA CONVERSATION. JE NE ME RENDRAIS PAS A TON PETIT PROTÉGÉ.
-Au contraire. Il se fit plus définitif, encore, si cela était possible. Tu lui donneras exactement ce qu'il est venu chercher en ses lieux.
IL N'Y ARRIVERA PAS.
-Il y arrivera. Et sans aide, encore. Il mérite ton respect.
IL M'A TROP DÉFIÉ.
-Il a défié le monde entier. Moi y compris. Et il est encore vivant. Cela seul est incroyable.
IL POSSÈDE DÉJÀ PLUS DE POUVOIR QUE QUICONQUE.
-Jaloux ?
QUE FERA-T-IL DE CE SUPPLÉMENT ? TU CONNAIS LES RÈGLES.
-Précisément, même, je les ai écrite, ne l'oublie pas. Il y avait quelque chose dans ce ton qui ne pouvait qu'effrayer.
TU VEUX FAIRE PENCHER LA BALANCE.
-Il y a des limites aux insultes que j'accepte d'entendre. Même de ta part.
IL FERA PENCHER LA BALANCE. DANS UN SENS, OU DANS L'AUTRE. LA NEUTRALITÉ DU MULTIVERS SERA COMPROMISE.
-La neutralité du multivers est déjà compromise, mon vieil ami. Le Néant perce un peu partout, de façon diverse. La neutralité du multivers n'existe pas. Un vague mensonge. La neutralité, c'est toi, mon vieil ami, toi et personne d'autre.
TU VEUX CONTREBALANCER LE NÉANT ALORS.
-Non. Pas avec lui, en tout cas. Je lui en ai déjà trop demandé.
ALORS POURQUOI ? POURQUOI CRÉER UN ÊTRE TEL QUE LUI ?
-Parce que je le veux.
IL FERA PENCHER LA BALANCE.
-Il ne le fera pas. Il sera un arbitre. Comme toi, d'une certaine manière, mais d'une autre façon.
ARBITRE ?
-Un arbitre, oui. Il veillera.
IL S'IMPLIQUERA. ILS S'IMPLIQUENT TOUJOURS. LES HUMAINS SONT COMME CA.
-Pas lui.
COMMENT PEUX-TU EN ÊTRE SI SÛR ?TU TRICHES AVEC L'AVENIR.
-Non, rien de cela.
COMMENT ALORS ?
-Une chose simple : c'est moi qui l'ai formé. »

La voix s'éteignit en écho longs et langoureux. Le Tout n'avait plus aucune raison de demeurer ici. Il avait convaincu son interlocuteur. Qui, après tout, n'avait pas le choix. Il était rare qu'il se déplaçât en personne, encore plus rare pour demander quelque chose.

Ses doigts osseux croisés sous son menton squelettique, La Mort réfléchissait doucement. Dans les images animées, Celimbrimbor approchait chaque seconde un peu plus.

Il secoua la tête et sembla cligner des yeux de ses orbites vides. L'elfe serait bientôt là, il s'agissait de le recevoir.

Rat De Labo | 07/02/10 10:04

je suis de plus en plus fan :)

Le Rat, démon clanique et seigneur du cauchemar.
"La récompense des grands hommes, c'est que, longtemps après leur mort, on n'est pas bien sûr qu'ils soient morts."

Akromax D'aydindril | 08/02/10 10:25

Humf... Que l'optique d'un Titanodhil où ces récits étaient quotidiens me manque...

Camarade Celim', je devrai mettre au point un plan machiavélique pour vous faire raconter des récits plus rapidement... :o

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Akromax D'Aydindril von Drekenof... Le comte.
- "Puis-je entrer ?"

Sanaga | 08/02/10 20:41

La Mort l'aura pas! La Mort l'aura pas, hein?

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De Legier Vovlloir Longve Repentance.

Celimbrimbor | 08/02/10 21:15

Les paris sont ouverts. :D

Merci pour les compliments. Par contre, si vous voulez des textes, la meilleure façon d'en avoir est encore de les écrire. A vos plus!

En plus, y a un truc tout bon pour ça, regardez!!

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Sombrebarbe | 23/02/10 21:08

Quel talent !
Quel maitrise de l'oxymore !
Bravo !

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En mon âme troublée, raisonne un appel...

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