Forum - La quête des Légendes : La Mort, seconde partie, La chute du faucon noir.
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Celimbrimbor | 08/02/10 23:14

Il suffit de passer le pont. La chanson le voulait ainsi, il semblerait qu'elle ait raison. Il suffit de passer le pont et voici que tout disparaît. Je me retourne prestement, mais déjà plus de pont, plus de rivière, plus de chemin et toujours plus de Dublis, évidemment. L'inverse aurait été trop facile. Plus rien qu'une longue étendue noire, obscure, sans limites, sans lumière, vide. Et moi au milieu. Enfin, si le vide peut avoir un milieu. Après tout, n'importe quel point de ce vide est un milieu. Donc, je suis au milieu. Je secoue la tête. Décidemment, quel vieil imbécile. Perdu quelque part, la Mort au bout jouant avec moi et je pense à de pareilles bêtises. J'hésite à tirer mes armes et prendre le contrôle de cet espace. Un rapide coup d'oeil tout à l'heure, quand tout a changé, m'a révélé que j'en avais le pouvoir. Que je pouvais faire advenir ce que je souhaitais où je le souhaitais.
Cependant, je ne pense pas que cela soit nécessaire. Non pas que la dépense d'énergie soit trop grande, mais, par pure politesse envers mon hôte, il serait imbécile de le faire. Après tout, je ne viens pas pour tuer. Pas cette fois. J'en ai assez de tracer un chemin de sang, et de suivre une voie où ne restent que des entrailles dispersées un peu partout après mon passage. Je viens prévaloir, et cela fait toute la différence. Prévaloir sur l'entité contre personne n'a jamais prévalu, jamais de cette façon. Orgueilleux.
Ceci dit, à présent, quelle route suivre ? Quel sentier arpenter ? Pour vérifier que mes sens ne me jouent pas de tour, je créé une source lumineuse au-dessus de moi avant de la faire promener à droite et à gauche. Effectivement, pas de limites. Du moins, pas en vue. Et ma vue porte très loin. Le sol est noir, les confins, partout où je pose mon regard, sont obscurs. Pas un signe ni une indication. Pas de début, pas de fin. Pas d'espoir non plus peut-être.. Je ne compte pas m'éterniser ici de toute façon. J'ai décidé. J'avance, tout droit, en comptant les pas. Je vais devoir agir, finalement. Un, deux, trois, quatre...
Un son. Bien trop familier. Celui d'un sort qui se déclenche. Ou qui s'interrompt. La magie fonctionne ici, et je ne suis pas le seul à savoir m'en servir, ou à le faire. Voilà qui, étrangement, me rassure. Ce qui m'inquiète, par contre, c'est que je chute. Je tombe. Il n'y a plus de sol depuis le son. Je n'aime pas cela. Mes sens me disent qu'il n'y a pas de sol en bas. Qu'il n'y a pas d'"en bas", en fait. C'est gênant. Et il n'y a plus de "haut", non plus. En même temps, il n'y en a jamais eut je crois. Seulement la convention arbitraire que j'ai désigné ainsi quand j'ai senti le sol sous mes pieds. Finalement, il était bien pratique, ce sol laid et vide.
En attendant, je tombe. Ou je flotte. Je n'en sais rien. Reste que c'est divertissant. Un moment seulement, un très court moment. Comparé à l'éternité qui se déroule... Dès lors, cela en est lassant. Je me lasse vite de tout. Particulièrement quand je suis à court de patience. Et je suis précisément à court de patience. Réfléchir. Réfléchir, vite ou lentement, peu m'importe, mais réfléchir. Pas de sol. Une chute pour l'éternité. Très peu pour moi. Première chose à faire : ralentir. Il faut que la lueur qui m'accompagne puisse me rattraper, et me montrer ce qui m'est caché. Si quelque chose m'est cachée. La lointaine lueur qu'elle me donne est ridicule en cette situation. Donc, contrer la gravité. Rien de bien difficile. Moins que de s'abaisser à voler, ce qui ne servirait à rien ici. Voila, c'est fait. Maintenant, si un sol à l'excellente idée d'apparaître brusquement sous mes pieds, et bien, je ne m'écraserai pas lamentablement dessus. Ma lueur me rejoint, et ne me montre... Rien. A quoi bon, alors, la maintenir ? Extinction des feux, et chute. Encore et toujours, chute. Mes sens vont partout, le regard fouillant chaque recoin. Rien. Rien. Rien pendant... Pendant... Je ne me suis même pas posé la question du temps. Le temps... Il est étrange que j'ai pu ainsi l'oublier. Combien de temps a passé depuis que je me suis réveillé. Combien d'heures ? Combien de minutes ? Rageant de ne le savoir pas. Et je chute toujours. Une jolie torture que celle-ci : plus de notion de temps, plus de notion d'espace. Pas de vent pour me dire si je monte ou si je tombe.
Désormais, je flotte. En tombant, ou en montant, mais je flotte dans l'immensité. Sensation grisante, au demeurant, et pourtant désagréable en même temps. Attendre alors ? La force qui régit ce lieu me fera bien un signe quelconque au bout d'un moment. Du moins je l'espère. Mais, après tout, les forces sont là pour cela : pour agir quand rien n'arrive. Je ferme les yeux et réfléchis. Des images de mon histoire me reviennent en mémoire. L'obscurité qui m'avait assaillie le jour où mon maître m'a crevé les yeux, l'impuissance que j'ai ressenti face à Kehan quand nous luttions contre lui. La liberté totale des steppes d'Aria... Une minute, ou des siècles depuis ce temps là ? Question sans réponse. A l'instar de : où vais-je ? Qui tire les ficelles ? Je sais qui je suis, et ce que je peux. Cela me suffit. Enfin, pour le moment. Alors j'attends. Il me faut plus d'éléments pour réagir. Et après tout, la passivité dans l'action, c'est déjà l'action. Pour passer le temps, je vérifie des sorts divers, je m'assure que je me souviens de tout. Je revois les arbres de ma forêt natale. Et j'attends encore. Le temps passe. Peut-être. Je n'ai plus aucun repère temporel. C'est agaçant, troublant, enivrant... Je rouvre les yeux. Il faut remédier à cela. Je murmure un mot, et des flammes, vacillantes, apparaissent tout autour de moi. Voila. Le temps est compté à présent. A chaque flamme qui s'éteint, c'est une heure qui se passe. A la centième, je bougerai. D'ici là, attendre. Je ferme les yeux.
Je rouvre les yeux. Plus de chandelles. J'ai du dormir un peu finalement. Une centaine d'heures ne passent pas sur un simple souvenir. Ou alors, finalement, le temps s'écoule vite. Ou encore, et cela est bien plus inquiétant, mon sort n'est pas aussi fiable qu'avant. Je préfère parier sur la première solution. La magie est tout ce qu'il me reste, j'ose encore croire qu'elle est toujours efficace. J'abandonne ma posture de scribe et me grandis. Je flotte toujours dans le noir. Cela suffit à présent. Alors je rugis, et avec moi rugit mon pouvoir. Je le lance à l'assaut de cette immensité, rageur, furieux, déchaîné. Dans une course effrénée, il vole partout, cherchant des limites, une sortie. Mon cri résonne. Mon pouvoir me revient. J'ai créé des limites. Je n'ai plus qu'à avoir le sol. Je plie les genoux pour amortir le choc. Voila. J'ai tout. La sortie est juste là-bas, à quelques dizaines de mètres. Précisément là où je l'ai décidé. Où va-t-elle me mener ? Sur l'endroit de mon choix, très loin, très très loin d'ici, ou sur celui privilégié par la puissance qui contrôle cet endroit. Je marche à pas rapide, et pose ma main sur la poignée. Il est temps. J'appuis. Je pousse. Je tire. Raté. Je ne me souviens pas avoir demandé une porte fermée. Qu'importe. J'appose ma main contre la serrure, y insuffle un peu de pouvoir. J'ouvre.
Thibald De Bograntsia | 09/02/10 08:26
Lancwen de Sigil | 09/02/10 15:32
toujours aussi bon, le suspense est intense, la Mort a-t-elle un petit chez soi bien douillet?
Sombrebarbe | 23/02/10 21:12
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En mon âme troublée, raisonne un appel...


