Forum - La Dernière Marche.

Le Cavalier Pâle | 23/01/07 18:55

J'avance.

Les pas de mon cheval pâle comme la mort laissent une marque indéfinissable sur le sol, bientôt recouverte par l'Enfer qui me suit.

Tout droit.

Les paysages que je traverse sont immémoriaux, et parfois gravés dans l'esprit des hommes. Je prends bien garde, d'ailleurs, à y laisser une empreinte immortelle. Après tout, je leur dois bien ça. Non pas que je ne prenne aucun plaisir à faire ce pour quoi je suis fais, cela ne voudrait rien dire, mais parfois, je sélectionne mes sujets et leur offre, pas forcément ce qu'ils veulent, mais la seule chose que je sois en mesure de leur offrir.

Au milieu des hommes.

D'ailleurs, ils me révèrent pour cela, entre autre, et me craignent pour la même raison. Je trouve cela... délicieux, même si je ne m'en suis jamais amusé. Je ne suis pas prévu pour cela. Cela ne fait pas partie de mes attributions. Comment, malgré moi, beaucoup d'autres choses.

Inconnu.

Par exemple, je ne saurai aimer. Non pas que je ne le veuille, mais j'en suis incapable. Femmes, hommes, enfants, vieillards, aucun ne trouve à résonner en mon être. Ils sont. Et voilà tout. Devant moi, tôt ou tard, forcément, et après ? Certes, il en fut que j'ai sauvé. Mais si peu. Et surtout pas par ce qu'ils appellent amour, oh, non... Cela aurait été trop facile. Non, c'était un plan, le mien, le notre, plutôt, le leur, le sien, le seul qui vaille. Le seul qui avance, lentement, mais qui avance.

Invisible.

Dur labeur, plus ou moins, mais, étrangement, nous n'en avons jamais été dérangés. Nous sommes, je l'ai dit déjà, sans doute, fait pour cela. C'est un travail de fourmi que nous avons accompli, mais il est nécessaire. Ce qui me fait enrager, du moins, ce qui me ferait enrager si j'étais capable de ressentir autre émotion qu'une vague froideur de caveau, c'est qu'à la fin, nous ne serons pas maîtres. Mais même cela, en fait, à bien y réfléchir, et depuis le temps que j'arpente le monde, j'ai pu le faire, n'importe pas. Nous ne sommes pas faits pour régner. Nous sommes faits pour aller, et annoncer par notre passage l'inévitable.

Sans émotions.

Je suis en retard. Non, en fait, je suis en recul, derrière mes frères, mais cela est tout à fait normal. Je récolte les fruits de leur travail, et admire l'avancée du plan. Après tout, j'en connais la teneur, légèrement plus qu'eux. Suffisamment pour apprécier nos actes. Suffisamment pour parfois donner des conseils. Qui sont souvent des ordres. Qui les feraient enrager, si nous n'étions pas ce que nous sommes.

Mortel.

Quoiqu'il en soit, l'heure est aux retrouvailles. Nous avons marchés sur tant de chemins différents, que nous ne sommes point vu depuis le début, et nos communications sont toujours par la pensée, ou par d'autres moyens, mais jamais de visu. L'engrenage, depuis le jour premier, n'a jamais été enraillé par le moindre grain de sable.

Et voici que le dernier cavalier entre en scène.

Seregon Halldrim | 24/01/07 00:35

Joli texte. On admire le style de l'écriture, bravo