Forum - [Aladhilcommaladhil] La Gamine

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Kei Kishimoto | 19/08/17 18:23

La Gamine est en train de rêver : un sourire éclaire son visage sale, derrière ses paupières closes un soleil luit et illumine sa nuit d'une joie immense. Elle rêve qu'elle est avec sa maman. Cette image suffit à faire battre son coeur et à réchauffer ses membres glacés. Autour de sa paillasse, la nuit est sombre. Pourtant les sentinelles veillent et bien leur en prend : l'attaque a lieu au petit matin, sans prévenir. Un léger bruit métallique suivi d'une injure alerte le garde de la palissade ouest : sans hésiter, il souffle dans son cor, réveillant tout le campement.
Les orcs sont instanténément debout : le plus gros de la troupe se rue à la rencontre des ennemis qui ont forcé l'entrée défendue par une unité de six orcs. La mêlée est tout de suite confuse : les épées ennemies taillent dans le vif, les massues écrasent des crânes au hasard, les lances perforent des ventres mal protégés. Les cris qui, au début de l'assaut, ont retenti hauts et clairs dans la nuit, se sont maintenant estompés pour ne laisser place qu'à des halètements et des gémissements de douleur.
Une main secoue son épaule. Sa maman disparaît au détours d'un chêne et la Gamine se réveille, recroquevillée sous sa couverture :
- Debout ! hurle le cuisinier en chef, un humain fait prisonnier, comme elle lors de la dernière campagne de Keï Kishimoto, la commandante en chef des orcs et quasiment dernière représentante d'un ordre moribond, l'Eclipse Noire.
Elle se dresse, maintenant bien réveillée.
- Vite, dans le chariot ! lui ordonne son maître, le responsable de la cantine ambulante, chargé de restaurer la horde Kishimoto.
Sans hésiter, elle enfile ses chausses, saisit sa couverture et se précipite vers le chariot qui leur sert à la fois de mode de transport et d'endroit pour stocker les carcasses des moutons fraîchement abattus dont raffolent les orcs. Elle jaillit comme une flèche de la tente principale mais sa course est brutalement stoppée lorsqu'elle percute les jambes d'un guerrier solidement planté devant ladite tente. Sous le choc, elle tombe à la renverse, lâche sa couverture et reste sur le sol, les bras en croix, les yeux écarquillés par la peur. Le guerrier humain la domine de toute sa stature, une épée rougit par le sang dans une main, un bouclier dans une autre. Il la dévisage puis, ne la jugeant pas digne d'intérêt, lève son bras armé au-dessus d'elle : la Gamine regarde avec effroi la lame qui est prête à retomber sur elle. En un éclair, elle se dit qu'elle va mourir et que sa vie aura vraiment été courte, qu'elle n'aura pas retrouvé sa mère. Une étincelle lumineuse sur la maille de fer qui recouvre la poitrine de l'humain attire son regard et elle voit distinctement le bras commencer à redescendre. Elle ferme les yeux en espérant qu'elle n'aura pas trop mal.
Le temps se fige. Un sifflement. Un cri de douleur. Elle rouvre les yeux.
L'humain a lâché son épée, et hurle à la fois de rage et de douleur : une flèche lui traverse l'avant-bras de part en part. Il tente en vain de la briser.
- Par ici la Gamine, dépêche-toi !
Sans hésiter, elle bondit sur ses pieds, sa couverture toujours dans la main, et elle court vers la voix. Un bras la saisit et la hisse sur un cheval. Une odeur légèrement parfumée envahit ses narines tandis que la chaleur d'un corps réchauffe son dos. Keï Kishimoto regarde fixement le guerrier humain qu'elle vient de blesser. Dans ses yeux bleus brille une étincelle de colère :
- Va dire à ton chef que ce n'est pas joli de s'en prendre aux enfants. La prochaine fois, qu'il vienne lui-même s'il a des couilles. On s'expliquera.
Puis elle éperonne sa monture et disparaît en emportant la Gamine avec elle.
Un cor retentit dans la nuit, annonçant la retraite :
Le guerrier blessé l'entend. Il ramasse son épée et disparait à son tour dans l'obscurité, dépité de devoir se replier, honteux d'avoir été désarmé et ridiculisé par une femme.

Depuis la Tour, Elle regarde vers le nord. Ses mains délicates sont jointes devant Elle. Une brise légère filtre par sa fenêtre. Le souffle d'air agite ses cheveux soyeux couleur de nuit. Des larmes comme des diamants scintillent sur la courbe gracieuse de ses joues.*
Déçue, Elle est déçue. Pour Elle, c'étaient des amis. Elle se fustigerait bien pour avoir été si naïve. Elle devrait bien savoir que les amis sur ces terres sont très rares.
Le soleil fait briller les neiges éternelles sur les sommets qui entourent la citadelle de l'Eclipse où elle a trouvé refuge. La vue d'une beauté à couper le souffle lui procure un peu d'espoir.
Derrière Elle, allongée dans un vrai lit, sa couverture toujours à la main, la Gamine dort du sommeil du juste.

* La Compagnie Noire - Glen Cook p. 299

Edité par Kei Kishimoto le 19/08/17 à 18:28

Gamine | 22/08/17 10:13

C'est pas parce que je suis petite que je ne réfléchis pas. Je sais que j'ai eu beaucoup de chance de tomber sur elle : ça aurait pu être pire !
A la cuisine, les conditions de vie n'étaient pas trop difficiles à partir du moment où tous ces orcs affamés trouvaient dans leurs assiettes de quoi se remplir la panse. Et quand je parle d'assiettes, je suis très au-dessous de la vérité : celles-ci ne leur servent qu'à déposer les os et autres restes des carcasses de mouton dont ils sont friands. Mais cette attaque inattendue a au moins eu le mérite de me permettre de la rencontrer de plus près et je dois dire que j'ai découvert une personne très sensible et très seule. Au début, j'ai cru qu'elle allait me renvoyer d'où je venais, à savoir son armée et la cantine. A quoi pouvais-je bien lui être utile ?
Ses ennemis sont revenus dévaster son royaume mais elle avait pris ses précautions et envoyé son armée ainsi que quatre coffres remplis de pièces d'or chez un guerrier qu'elle apprécie beaucoup et qu'elle respecte. Elle n'a pas paru prendre ombrage de cette attaque même si ses yeux ont étincelé quand elle a lu le rapport :
- Trois contre un, c'est tout à fait dans le style de ces petits guerriers de pacotille, m'a-t-elle dit, tu vois, à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire, a-t-elle rajouté.
Assise sur une chaise en train d'essayer de lire le rapport par dessus son épaule, je n'ai rien ajouté à cela. Mais j'ai frissonné lorsque j'ai aperçu cette lueur au fond de ses yeux. Et puis elle m'a dit :
- Maintenant, je vais t'entraîner. Je veux que tu saches te battre pour pouvoir te défendre face à de tels individus.
J'avoue que sur le moment, je n'ai pas compris. Sur le moment. parce qu'après, j'ai su. Elle m'a emmenée dans une grande salle, m'a équipée de protections en cuir sur la poitrine et mis un casque un peu trop grand. Elle a choisi pour moi une dague à la pointe émoussée et m'a dit :
- En garde. Bats-toi Gamine.
Alors j'ai foncé. Si tel est le marché, je ferai tout pour rester avec elle. La dague en l'air, j'ai cru que j'allais la toucher mais elle s'est esquivée au dernier moment et je me suis retrouvée sur le dos, désarmée sans savoir comment.
- Allez, debout, remue-toi !
Les assauts se sont répété avec à chaque fois le même résultat, jusqu'au moment où j'ai commencé à étudier ses feintes pour les mémoriser et les mettre moi-même en pratique.
Ce premier entrainement a duré une bonne heure. Il y en a eu un autre l'après-midi même. Je n'ai pas protesté malgré mon corps douloureux et mes jambes lourdes.
Le soir, lorsque je me suis couchée, j'ai immédiatement sombré dans un sommeil sans rêve.

Les jours se sont succédé sans relâche. Je me suis aguerrie et je pense que, malgré mon jeune âge, je suis en mesure de me défendre toute seule. J'ai une petite chambre rien qu'à moi, attenante à la sienne. J'assiste à tous les entretiens qu'elle a avec ses lieutenants, je suis témoin des stratégies qu'elle met en oeuvre dans ses batailles. Il faut dire que je sais me faire discrète, et puis je suis très silencieuse : j'ai perdu l'usage de la parole très jeune, au cours d'événements que je raconterai peut-être un jour. Du coup, je sais lire sur les lèvres et je sais écrire, d'où ce témoignage que vous êtes en train de lire.
Nous allons bientôt repartir en campagne. Là, sur le terrain, je vais véritablement apprendre à me battre. Et j'écrirai ses exploits, car elle le mérite, je lui dois bien ça.

La Gamine, lune 1703

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