Forum - [RP] Frewomandhil #3 : Fécondité

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Chiméra Klesh | 14/10/06 00:00

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L’homme noir se tenait au centre de la clairière, à en croire les villageois. Nuls autres qu’eux-mêmes ne semblaient pouvoir le voir, mais cela ne signifiait sans doute pas qu’il n’était pas là. Les villageois avaient pour habitude de sacrifier leurs enfants à l’homme noir : c’était exactement ce qu’il attendait d’eux, et ils s’y pliaient de bonne grâce. Cette nuit, c’était le tour de cette fillette aux yeux noisette : ses parents eux même l’amenaient à l’autel sacrificiel où elle allait mourir lentement, à petit feux, des heures durant. Les parents avaient le sourire aux lèvres, ignorant les pleurs angoissés de leur enfant. Le fruit de leurs entrailles fécondes.

Sans doute auraient-ils connu les pires malédictions de la part de l’homme noir s’ils ne consentaient pas à lui livrer l’âme et la vie de cette enfant. Mais cela ne leur serait hélas d’aucun secours car ce sacrifice fut aussi la cause de leur chute, une chute immédiate, brutale et sanglante : la mort venue du ciel sous la forme de diaboliques créatures emplumées. Leur maîtresse leur avait demandé d’exécuter ces pécheurs, qu’ils expient pour le sang injustement versé de leurs enfants : elle menait elle-même ses sœurs harpies au combat, mais son centre d’intérêt était la fillette, et non l’ivresse des tueries qu’elle laissa de bon cœur à ses sœurs.

Au bout de quelques minutes à peine, les villageois étaient massacrés jusqu’au dernier. S’il était effectivement là, l’homme noir ne fit pas un geste pour les sauver : sans doute avait-il sa part d’âmes moissonnées dans ce carnage. Ainsi vont les choses sur Sympathieforthedevdhil. La maîtresse des harpies se pencha alors sur l’unique survivante, la fillette dont le petit corps tremblait sous l’effet de la peur et de la fièvre. « Le poison la ronge, se dit alors Chiméra en l’observant. Je n’ai plus beaucoup de temps pour agir, il faut que je me décide. » Mais elle savait que sa décision était déjà prise, tandis que ses serres se portaient au fragment de cristal qu’elle portait en pendentif …

Chiméra ouvrit les yeux …
Il n’était plus temps de se remémorer les souvenirs de jadis, même si peuvent s’y trouver les graines fertiles d’un présent aujourd’hui incertain. Plutôt que de ressasser le passé, il fallait qu’elle informe les deux amazones de ses récentes découvertes concernant l’archimage Karzoak. Fallait-il envoyer un songe ? Non : l’oniromancienne aurait besoin de toute sa concentration pour les jours à venir et de plus rien ne lui garantissait que Lyakys et Unalia étaient endormies, même à cette heure de la nuit. Faisant appel aux méthodes éprouvées, la dryade invoqua un élémentaire d’air pour qu’il porte son message aux deux jeunes femmes.

Effectivement, Lyakys et Unalia ne dormaient pas !

Le coup de botte d’Unalia fit voler deux dents du maraud, dont le cou pivota dans un craquement sonore. Dans son dos, Lyakys faisait voler son épée, entaillant cruellement les mains des malandrins qui se voyaient contraints de lâcher leurs armes. Désormais, ils ne riaient plus devant les poitrines rebondies et dénudées des deux jeunes femmes : ils savaient en leur for intérieur qu’il allait leur falloir renoncer à la partie fine qu’ils envisageaient encore quelques minutes auparavant et que l’enjeu était désormais leur survie. La lame de Lyakys transperça un torse de plus, dans un immonde gargouillis carmin. Plaquées dos à dos, entités symbiotiques combattantes, les deux femmes toujours en mouvement regardaient leurs assaillants autour d’elles : ils n’étaient plus que trois, six étant déjà étendus au sol. Les trois derniers décidèrent alors de laisser leur comparses là où ils étaient : ils tournèrent les talons et s’enfuirent à toutes jambes, fuyant les deux diablesses déchaînées et les laissant maîtresses des lieux.

« En reste-t-il un de vivant, qu’on puisse l’interroger ?
- Hélas, Lyakys, je crois que tu as trop bien œuvré et que tous ont trépassé. Il ne nous reste qu’à monter voir ce qu’il y a à l’étage, si nous voulons en savoir plus.
- Un instant ! Reste sur tes gardes, un élémentaire vient de se glisser dans la pièce, dans le coin près de la grosse armoire. »

Elles s’aperçurent alors qu’elles n’avaient pas affaire à un ennemi mais à un messager de leur maîtresse. Dès qu’elles lui en donnèrent l’ordre, la créature magique leur rapporta les paroles de Chiméra Klesh.

« Voici quelques éléments susceptibles de faire progresser votre enquête. Karzoak était un oniromancien, tout comme moi : sa magie était celle des rêves. Cette psyché est donc un objet qui m’intéresse au plus haut point. Je vais dès aujourd’hui quitter ma forteresse et me rendre en ville, où je louerais une chambre d’auberge. Me trouvant en proximité immédiate avec la population, j’aurais davantage de chances de retrouver cet homme que vous avez entrevu chez le cartographe et de traquer le fil de ses songes. Cela va cependant sans doute s’avérer difficile et je m’attends à devoir y consacrer des jours, si ce n’est des semaines. Si vous cherchez à me joindre, parcourez les auberges de la ville.
De votre côté, tâchez de voir si vous parvenez à mettre la main sur des informations concernant la descendance du mage. J’ai appris que, lorsqu’il a disparu, sa compagne était enceinte de lui. Elle était aussi une de ses disciples, manifestement la plus douée. L’histoire ne semble pas avoir gardé grand trace d’elle : jaloux, les autres disciples du mage semblent l’avoir écartée du pouvoir lorsqu’ils ont instauré la Magiocratie de Kaadaâr. Cette jalousie est sans doute la raison pour laquelle la magie a été interdite aux femmes.
Si la grande Histoire a perdu toute trace de cette femme qui portait en son ventre l’enfant de Karzoak, peut-être la petite histoire en sait-elle plus … À vous de jouer ! »

L’élémentaire se tu et disparu sans autre forme de procès, signifiant ainsi aux deux jeunes femmes que sa tâche ici était achevée. Les deux amazones purent alors revenir à leur situation actuelle : elles montèrent l’escalier qui menait à l’étage de la taverne miteuse qu’elles avaient investie. Un couloir sordide, flanquée de portes derrière lesquelles on devinait des présences, par les bruits étouffés qui en provenaient. Unalia ouvrit l’une des portes à la volée tandis que Lyakys entrait d’un roulé boulé, lame au clair et garde haute.

« Par Eleusis !
- Combien sont-elles, entassées ici …? »

Des femmes, fort peu vêtues et portant sur les chairs des marques de coups. Ce qu’on lisait dans leurs yeux trahissait cependant d’autres marques, sans nul doute bien plus profondes. Elles semblaient terrifiées, se tenant le plus loin possible de la porte, comme si chacune d’entre elles voulait se fondre dans les murs de la pièce sordide. Lyakys baissa son arme, comprenant à qui elles avaient affaire.

« Des filles de joie … »

Le mot sonnait étrange et laissait dans sa bouche un goût amer, tant la joie semblait étrangère à cet endroit qui transpirait le vice, la terreur et la souffrance. Les femmes semblaient elles aussi prendre la mesure de la situation : ce n’était pas un client violent et ivre de sexe qui venait d’entrer dans leur gourbi, mais deux femmes émancipées, deux femmes qui pourraient les mener à la liberté. Les plus audacieuses d’entre elles quittaient déjà cette pièce qui avait été leur prison durant tant d’années, affrontant la lumière du jour pour la première fois depuis fort longtemps. D’autres remerciaient les deux amazones en pleurant de gratitude. Mais Lyakys et Unalia ne s’attardèrent pas dans cette pièce, non seulement car l’étage n’avait pas encore été sécurisé mais surtout parce que cet endroit leur donnait la nausée. Une nausée et une haine virulente contre les hommes qui avaient osé infliger ce répugnant esclavage à ces femmes, les privant de leur identité et faisant d’elles pire que de simples objets. Des objets qu’on enferme et qu’on possède.

Et pourtant, la porte suivante leur révéla bien pire ! Derrière cette porte qui puait la mort et la décomposition, elles apprirent ce que ces hommes faisaient à celles de leur captive qui tombaient enceintes.

* * * * *

Chiméra ne savait pas encore que la tranquillité des faubourgs prendrait fin à peine quelques heures après qu’elle se soit installée dans l’auberge : une affaire de trafic de femmes et de réseaux de prostitution éclata, suite au démantèlement d’une maison de passe de la guilde noire par deux folles furieuses. La réaction molle de la milice et des autorités permit de deviner que les officiels de la ville étaient au courant depuis longtemps de l’existence de cet endroit ; le témoignage des captives permit même de savoir qu’ils bénéficiaient eux aussi des services de ce réseau clandestin. La découverte du charnier fut l’étincelle qui embrasa cette situation déjà explosive. Les rues furent envahies d’émeutes où des femmes furieuses s’opposaient à la milice de la ville, les soldats bardés d’acier qui, le visage rouge sous l’effet de la colère, s’époumonaient contre elles avec moult gestes menaçants, comme au pied de cette auberge. Malgré la fureur, les femmes laissèrent passer la troupe armée aux armures de jaspe qui arriva au trot : les troupes d’élite des magiocrates ! Dans un silence tendu, elles les regardèrent entrer dans l’auberge, les armes à la main. Elles ne les virent pas monter les escaliers et frapper vigoureusement à la porte d’une chambre du premier étage.

De l’autre côté de la porte, Chiméra pesta : elle n’avait même pas eu le temps de se rendormir ! Si la rune la protégeait du bruit de la rue, elle ne pouvait rien contre les coups sourds donnés sur sa porte, ni contre les soldats qui entèrent brutalement dans la chambre, les armes à la main.

« Madame ! Veuillez nous suivre. Vous êtes en état d’arrestation ! »

Chiméra regarda les gardes, incrédule. Ignorant les regards des soudards qui se portaient sous ses formes, hélas trop exposées par les vêtements qu’elle portait pour pratiquer l’oniromancie, Chiméra s’adressa au sergent :

« Et que me reprochez vous, guerrier ?
- Pratique de la magie, madame. La magie est interdite aux femmes. Veuillez nous suivre.
- Il en est hors de question ! Je suis seigneur de Daifen, membre de l’Ordre de la Chimère et affiliée au Corps du Lion, messieurs ! Je ne suis point une donzelle qu’on effarouche et encore moins une à qui on donne des ordres. Surtout lorsque le crépuscule arrive ! »

Irrités par le ton de la dryade, les gardes convergèrent vers elle. Chiméra se plaça alors dos à la fenêtre, afin que les derniers rayons du soleil touchent sa peau nue. Lorsque l’odieuse transformation se fit, les gardes étaient tout proche et mettaient déjà la main sur elle.

Pas un ne survécu …

(à suivre)

Consul Celimbrimbor | 14/10/06 00:00

Dno>Carnage, carnage et carnage... pas commode la dryade.

Behaine | 15/10/06 00:00

(dno) Bien écrit, j'aime beaucoup :)

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