Forum - Pipiloudhil, tout est bien qui finit bien :D

Kez Maefele | 28/06/07 08:22

Debout sur le gaillard d'arrière de son navire amiral, la Mignardise, Kez Maefele contemplait le port de Pipiloudhil les Bains alors que sa flotte appareillait vers de nouvelles terres à conquérir.

Les gens bruns fouettaient les esclaves des bancs de nage de la quinquérème pour forcer l'allure vers le grand large.

Les aruspices de sa cour étaient encore occupés à déterminer quelle serait la destination de la flotte et les simagrées qu'ils se croyaient obligés de déployer pour justifier leur verdict commençaient à lasser le Kieu. Ce dernier se demandait combien de nouvelles victimes il leur faudrait pour parvenir à une décision, non que le sort des rameurs le préoccupât outre mesure, mais il détestait voir les devins jouer avec la nourriture et il se posa furtivement la question de savoir s'il n'allait pas les obliger à finir les restes de leur « lectures » pour leur apprendre à ne pas gâcher.

Une fois les voiles frappées des amoiries du Noir Radiant déployées la quinquérème et sa flotte suiveuse prirent leur vitesse de croisière et Kez Maefele laissa porter ses pensées par le rythme du navire fendant les vagues.

Il se revit, projeté sur ce monde qu'il ne connaissait pas. Il se revit, confronté à l'Homme Noir, messager des Dieux Anciens. Il se revit entrer dans cette Taverne qui semblait à la réflexion être le seul lieu sûr de cette planète. Il se revit demandant son chemin, cherchant quelque repère et réalisant que rien de ce qu'il connaissait ou avait connu ne lui serait utile en ces lieux, lui qui avait pris une retraite si méritée se voyait à nouveau plongé dans la tourmente...

Il se revit, embarquant un équipage hétéroclite et famélique lors de sa première campagne, le déroulement de la conquête, l'enchaînement des batailles, les victoires, les carnages... Il se revit contraint à des alliances contre nature dues au rejet de son physique d'emprunt par les Seigneurs bien pensants du crû, puis la rencontre avec le Seigneur Baldogrim qui avait su passer outre, mais qui guidé par sa droiture et sa probité, avait décidé de ne pas poursuivre une association qui s'annonçait prometteuse.

Une pensée en amenant une autre, il sourit intérieurement à l'image des Seigneurs Bollos occupés à compter sur les doigts qui leur restaient le montant des dédommagements qu'ils allaient immanquablement réclamer pour l'éviction de leurs représentants sur ce continent et l'inconfort de leur traversée de retour, enduits de goudron et de plumes comme tout bon faisant qui se respecte.

Un éclair de satisfaction le traversa lorsque son regard se porta sur les trois caraques chargées à plein des victimes des affrontements de la dernière campagne. La cargaison de corps rejoindrait les entrepôts côtiers de la société « Diététique et Traiteur Maefele(TM) » dont les laboratoires chapeautés en son absence par ses aides cuisiniers se chargeraient de transformer la matière première en « plateaux repas de campagne (TM) » aux parfums qu'il avait développés lui-même : Compotée de Nain aux airelles© ; Nain à la broche© ; Civet d'Elfe aux cèpes© ; Tartare d'Elfe© ; Orc en gelée aux groseilles© ; Orc farci aux endives© ; Boulette d'Humain à la daifénienne© sans oublier son plus grand succès les Grignottines Apéritives assorties© qui rencontraient le succès que l'on sait en Taverne depuis de nombreuses lunes maintenant.
Toutes ces spécialités, une fois conditionnées seraient ensuite acheminées dans les entrepôts centraux de la Guilde des Marchands, ses associés en matière de distribution, pour être diffusées sur l'ensemble de Daifen.

Ce qui avait débuté sous forme d'artisanat visant à trouver une utilité aux importuns qui s'aventuraient sur son domaine avait pris des proportions inimaginables et il lui fallait maintenant recruter de nouveaux « collaborateurs » pour le conditionnement. Fort heureusement la nature même de Daifen le mettait à l'abri d'une pénurie de matière première. Si l'or avait été un but en lui-même Kez Maefele aurait déjà dépassé ses plus folles espérances.

Son humeur se rembrunit aussitôt à la pensée de sa véritable quête.

Sa rédemption ; La levée des malédictions qui pesaient sur lui et son retour à la vraie mort ou à la véritable vie passaient par l'accomplissement de la volonté de l'Homme Noir, Messager des Dieux Anciens, celui-là même qui l'avait précipité dans cet abîme de violence... Qu'à cela ne tienne, il en serait ainsi.

Las, il se tourna à nouveau vers les Devins qui lançaient des oeillades de plus en plus fréquentes et nerveuses dans sa direction. Il réprima un soupir et exécuta une série de mouvements rapides des doigts griffus dissimulés dans les longues manches de la robe de bure qui l'enveloppait, ce qui eut pour résultat de faire disparaître le Devin en Chef du concile et de le rematérialiser face à son maître, suspendu en l'air, au dessus des flots.

-Alors Madhammirma ? La voix du Kieu n'était qu'un murmure mais vibrait d'une impatience trop longtemps contenue.
-Nous approchons du but Seigneur, encore quelques minutes, un seul esclave supplémentaire et...
-Non ! Kez Maefele détourna son regard de Madhammirma le Devin qui devint blême de terreur. Vous avez assez joué comme cela, Dis-moi Madhammirma, comment se nomme ton premier assistant déjà ? Tu sais, celui dont tu me vantais tant les mérites le mois dernier, celui que tu voulais échanger contre cet artefact divinatoire.
-Habibendum ?
-C'est cela, Habibendum, est-il prêt à me servir ? tu as eu largement le temps de compléter sa formation, il me semble
-Monseigneur, il est très prometteur mais il manque de l'expérience nécessaire à un service irréprochable pour Votre Seigneurie, de plus, je ne lui ai pas encore transmis toutes les arcanes des rites de divination de l'Ordre et...
-Suffit Madhammirma ! Je ne vais pas te tuer, enfin, pas maintenant, c'est-à-dire, pas si tu me donnes un cap à suivre dans les trois minutes qui te restent. Sur ce le devin se retrouva à nouveau au milieu de ses assistants qui firent tous mine de se plonger à nouveau dans la lecture du chapitre orc de leur étude. Chacun, Madhammirma en tête, prenant bien soin de ne surtout pas regarder en direction de la silhouette enflammée qui demeurait immobile sur le gaillard d'arrière.

Kez Maefele Thauwer, Sorcier Guerrier du Noir Radiant, fils de Kez Keussé, Fils de Kez Kiya, Fils de Fär le Barde Ailé, jeta un rapide coup d'oeil aux deux élémentaire de mort qui se tenaient derrière lui. Il confia un parchemin au premier, destiné au Seigneur Baldogrim, qui assurait celui-ci de ce que tous les habitants de son royaume de Pipiloudhil bénéficieraient d'un sauf conduit permanent et qu'ils étaient libres de choisir leur mode d'administration aussi longtemps qu'ils ne prendraient pas les armes contre leur nouveau Seigneur, l'élémentaire se vit ensuite confier l'étendard personnel de Baldogrim, que le Kieu avait pris soin de préserver, puis il prit son envol silencieux vers le domaine principal du seigneur nain.

Habibendum, qui était arrivé jusqu'à l'échelle du gaillard d'arrière toussota alors légèrement pour signaler sa présence. Bien qu'il employât toutes ses ressources pour rester de marbre il respirait la terreur à plusieurs mètres.

Selon le rite instauré par son Maître il s'inclina, présenta la tablette de bois sur laquelle avait été gravé au fer rouge le nom du continent qui verrait l'arrivée prochaine de La Mignardise et de la flotte puis il se retira comme il était venu, en silence, après que le Kieu eût acquiescé.

Le second élémentaire reçut un parchemin au contenu beaucoup moins plaisant que le premier, adressé aux autorités du port de destination, son texte était laconique : « Moi, Kez Maefele Thauwer, Seigneur de Daifen, j'accosterai en votre grève dans trois nuits. Vous me porterez assistance en toute chose ou serez détruits. »

L'élémentaire prit à son tour son envol et fut rejoint par une vingtaine de harpies qui portaient chacune un espion. Ces derniers s'égaieraient sur le continent afin de reconnaître les lieux et les fiefs existants.

Et vogue la galère se dit Kez Maefele en rentrant dans ses quartiers pour finir son civet d'elfe aux cèpes avant qu'il ne refroidisse complètement...

Edité par Kez Maefele le 28/06/07 à 08:23

Arkel | 01/07/07 18:52

Le registre de l'Historien était ouvert sur la rustique table de bois.
La plume encore humide reposait sur une page blanche.
Quelques inscriptions s'étalaient sur l'autre page.

"Kez Maefele : Seigneur Mystérieux, croisé sur Pipiloudhil. Inconnu jusqu'ici dans mes registres, mais à suivre de près. Chef de guerre talentueux et interlocuteur de choix. Fera encore parler de lui."

Edité par Arkel le 02/07/07 à 09:36

Bart Abba | 02/07/07 09:21

Ekcellent ! Bravo !

Viviane la fée | 03/07/07 07:16

Viviane sourit et pense tout haut :
- J'ai apprécié de croiser la route de ce mystérieux Kez Maefele. Qui aurait pu penser que nous mènerions cette pacification à son terme ?
Elle se relonge dans sa lecture...

Edité par Viviane la fée le 03/07/07 à 07:16