Forum - [RP] Frewomandhil #2 : Nudités
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Chiméra Klesh | 09/10/06 00:00
Il avait une voix larmoyante et mielleuse à la fois, mélange qui s’avérait des plus déplaisant. Quand à son instrument, les sonorités qu’il exhibait impudiquement ressemblaient à quelque chose de proche au crissement d’une serre de harpie sur une ardoise. Exaspérée, Chiméra se tourna vers le barde et lui intima vivement de faire silence. À se demander pourquoi elle l’avait invité à venir animer sa forteresse.
Une fois le musicien engoncé dans un silence offusqué, la dryade se tourna à nouveau vers les parchemins calcinés posés sur son bureau. Face à elle, les deux jeunes adeptes qui les avaient ramenés attendaient sans mot dire. D’après le récit qui venait de lui être narré, elles avaient récupéré ces parchemins trois lunes plus tôt chez un cartographe assassiné. Elles avaient certes fait état de tout cela dès leur retour, mais l’installation du Royaume sur les Récifs avait accaparé l’esprit et les journées de l’oniromancienne, sans oublier ses multiples voyages dans l’antre des Chimériens où elle tenait régulièrement séance avec ses frères d’arme.
Trois lunes. Contemplant les parchemins, Chiméra se maudit silencieusement : trois lunes de perdues sans même qu’elle s’en aperçoive, juste parce qu’elle n’avait pas pris la peine de s’y intéresser.
« Que savez-vous de la Psyché de Karzoak ? » demanda-t-elle aux deux adeptes.
Les deux jeunes femmes se regardèrent en silence, intriguées. Lyakys se lança à l’eau :
« Une psyché est un miroir inclinable de forme allongé. Nous ne savons hélas rien de plus, ma Dame.
- Le nom de Karzoak vous est inconnu, par contre. J’ai eu l’occasion d’entendre ce nom de manière très occasionnelle, en parcourant les rêves des habitants de ce continent. Karzoak était un archimage qui vivait il y a 6 siècles de cela. Les gouverneurs qui règnent sur ces terres sont d’ailleurs les descendants de ses disciples. Ce sont eux qui ont instauré la Magiocratie de Kaadaâr et qui ont interdit à toute femme de pratiquer la magie, les chassant ainsi de toute la vie politique. Karzoak quant à lui semble réputé pour sa sagesse et sa puissance. Il est supposé avoir mystérieusement disparu, un beau jour : il se trouvait dans son laboratoire, une pièce fermée dont personne ne l’a vu sortir. On ignore encore ce qui s’est passé ce jour là et ce qu’il est devenu. »
Les deux jeunes femmes écoutaient en silence, surprises pas autant de révélation de la part de leur maîtresse qui faisait les cents pas dans la pièce. Cette dernière s’arrêta et les regarda dans les yeux.
« Karzoak était un homme : il était donc peu probable qu’il ai besoin d’une psyché dans sa vie quotidienne. Cette psyché doit certainement avoir quelque chose de spécial et je veux savoir quoi, même si on peut supposer qu’elle est enchantée ou ensorcelée. Un homme a été payé et a été tué pour cette psyché ! Lyakys, Unalia : à partir de cette minute, vous quittez le rang des adeptes. Vous voila devenues des amazones. Une fois que vous aurez effectué les rituels de purification et que vous aurez revêtu les toges de votre rang, vous repartirez pour les terres avoisinantes. Je vous charge de me ramener toute information pertinente sur la Psyché de Karzoak et sur ceux qui la recherchent activement. »
Les deux adeptes devenues amazone prirent congés de leur Dame, non sans emporter avec elle le document destiné à l’intendante et attestant de leur promotion. Chiméra quant à elle se tournait à nouveau vers la gangue de satin capitonnée qui lui servait de couche quand elle devant pratiquer ses rituels oniromantiques : il lui fallait en savoir plus sur cette psyché !
L’intendante parcourut rapidement du regard le document rédigé par la dryade, puis reporta son regard sur les deux jeunes femmes qui venait de le lui apporter. Elle n’était point surprise : elle savait pertinemment que ces deux là faisaient partie des rares protégées de Dame Chiméra. Même si la soudaineté de cette promotion l’intriguait, elle ne souhaitait pas discuter les ordres et ordonna aux jeunes femmes de se déshabiller avant de se rendre dans les thermes.
Les toges furent vite ôtées, consignées par l’intendante afin d’être réattribuées à de futures adeptes. Les deux jeunes femmes s’avancèrent dans la pièce aux murs et colonnades de marbre : c’était une vaste pièce inondée d’eau de mer, artificiellement réchauffées par quelques élémentaires de feu. Tout autour d’elle, sur la margelle qui faisait le tour de la pièce, des prêtresses s’avançaient en silence. La plupart restaient à pied sec, mais deux d’entre elle s’avancèrent dans l’eau pour oindre Lyakys et Unalia des huiles consacrées. Malgré la chaleur de l’eau, elles ne purent s’empêcher de frissonner au contact des paumes des prêtresses. Devant leur timide tentative de cacher leurs seins de leurs mains, l’une des prêtresses sourit.
« Mieux vaudrait t’habituer dès maintenant à la nudité, ma petite. La nudité sera désormais ton uniforme, ton armure et ton arme. Elle est celle qui distingue les vraies guerrières des adeptes, qui ont encore besoin de se cacher pour se protéger du monde comme le fœtus se cache dans le ventre de sa mère. Elle te protégera en te laissant plus libre de tes mouvements que tu ne l’as jamais été. Enfin, elle distraira tes mâles adversaires pendant les secondes qui te seront nécessaire pour les tuer. »
Les deux jeunes guerrières devraient en effet désormais apprendre à se passer de vêtements, si ce n’est le mince pagne qui leur permettrait de soustraire leur entrejambe aux regards trop avides des mâles. Elles auraient à s’approprier cette nudité. Pour toute autre femme, la nudité est faiblesse et vulnérabilité : elle révèle des femmes ce qu’elles ont de plus gracieux, de plus précieux et de plus intime, mais les expose totalement aux brutalités des hommes qui les voient ainsi. Loin de celle des amazones, cette autre forme de nudité est de celle dont sont tissés les cauchemars, celle qui fait que l’on reste pelotonnée dans un coin, sans pouvoir bouger, celle qui fait que tout autre geste est ridicule et dangereux. Celle où on ne peut plus penser, à peine respirer : celle dans laquelle on ne peut qu’avoir peur !
Par ce bain rituel et purificateur, c’est à cette nudité là que les deux jeunes femmes disaient adieu. De proies, Lyakys et Unalia devenaient prédatrices. Elles devenaient des amazones.
Même endormie, il ne faut être nue. Chiméra dormait, drapée dans sa robe d’oniromancienne, le sigle de la Chimère de ses vêtements protégeant la nudité de son corps contre tous ceux qui n’étaient de toute façon pas dans la pièce. Ses rêves bondissaient de songe en songe, disséquant les espoirs les plus secrets et les craintes inavouées des habitants du continent. Traquant sans relâche des aveux ensommeillés concernant la Psyché de l’enchanteur.
Quelque part, dans une maison d’un faubourg de la ville proche du Royaume sur les récifs, dormait Malider l’historien. Il rêvait de son enfance à la ferme, et à cette jeune gamine rousse que jamais il ne pu impressionner, pauvre enfant chétif qu’il était. Il n’avait certes pas la lourde musculature de son frère, de huit ans son aîné, qui était perpétuellement dévoré des yeux par la rouquine. Il savait où son rêve le menait, sans pouvoir y échapper : c’était un rêve qu’il faisait souvent, même s’il s’agissait plus d’un souvenir que d’un rêve. La grange, les deux corps nus dans la paille et les longs gémissements de la fille faisant écho aux râles bestiaux de son frère.
Pourtant cette nuit là, la fin du songe lui fut épargnée. La gamine tourna son regard vers lui et lui prit doucement la main. Malider n’en croyait pas ses yeux, le souffle coupé. Il ne remarqua pas que le regard de la gamine était très différent de d’habitude. Un regard plein de malice, mais le regard d’une adulte déterminée.
« Et si nous allions espionner ton frère pour lui jouer un tour ? »
Incapable de dire un mot, le jeune Malider suivit la gamine, sans lui lâcher la main. Quelque part, loin de la terre des songes, un vieil historien se retournait dans son lit, priant inconsciemment de ne jamais se réveiller. La gamine le mena à une fenêtre, où ils regardaient le grand frère pratiquer des rituels magiques devant un miroir.
« Étrange, se dit Malider avec sa conscience d’adulte. Mon frère n’a jamais été magicien : il a toujours été fermier ! »
Mais il savait qu plus profond de son rêve qu’en dépit de ce que voyait ses yeux, ce n’était pas son frère qui se tenait devant lui mais l’archimage Karzoak. Avant qu’il ait eu le temps de se demander pourquoi son frère était devenu l’archimage Karzoak, il se tourna vers la gamine rousse, impatient de l’impressionner enfin :
« C’est l’archimage Karzoak, celui des légendes. Il est revenu de parmi les morts.
- Parle moi de lui, Malider. Raconte moi tout … Et parle moi de ce miroir qui se trouve juste devant lui. »
Se sentant fondre de plaisir et de désir sous l’intensité du regard de ce qu’il croyait être une gamine rousse, Malider ne se fit pas prier.
Il mis son âme à nu et lui raconta tout.
(à suivre)
Tbo Der Entmanner | 10/10/06 00:00
[Dno] Joli! La plume ne cessera jamais d'émerveiller par le style.
