Forum - Chroniques anciennes des adeptes d'Elladyl
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Orféor Le Noir | 17/08/07 00:27
La Route du Néant
(Partie 1/7)
Nous avons emprunté la route d'Elladyl, dépassant la citadelle du dernier lien pour tenter de comprendre quelle est cette force qui annihile nos terres. Nos armées ne peuvent lutter contre ces guerriers d'ombre qui apparaissent soudainement jusqu'au coeur de nos oeuvres les plus gardées.
Non sans mal, nous avons traversé le grand chaos, deux d'entre-nous ont dû rebrousser chemin, leurs esprits ne pouvant affronter le mælström du centre de ces forces cosmiques. Mais nous voilà au terme de la route, face à ce qui semble être un vide si absolu que nous ne pouvons le concevoir.
Bien que le temps n'ait pas ici le même cours que sur nos terres, nous avons le sentiment que de longs siècles se sont écoulés depuis notre arrivée, mais pas un de nous ne semble avoir vieilli, cet endroit est vraiment étrange. Nous avons tenté de bâtir une voie dans ce vide, mais nos efforts se sont jusqu'à présent tous soldés par des échecs, parfois retentissants.
Enfin ! Nous avons trouvé une méthode pour avancer sans trop de risques dans ce que nous nommons maintenant le Néant. Nous avons constaté que certaines pierres permettaient de créer un lien vers nos terres, grâce à ce lien, il est possible de maintenir une certaine stabilité, qui reste cependant fort précaire. Nous étions douze au départ, quatre déjà sont repartis, mais il faut dire que ces lieux sont vraiment difficiles à appréhender. Nous bâtissons, jour après jour, notre oeuvre avance et semble pouvoir durer indéfiniment, grâce à l'absence de lien temporel avec nos mondes.
Naelyna a disparu, nous pensons qu'elle a fait une erreur de calcul, et sommes très inquiets. Il semblerait qu'une faille se soit créée, et nous ne parvenons pas à la refermer. Nous ne pouvons la laisser errer à jamais dans le Néant, il nous faut aller la chercher. Mais nul d'entre-nous n'a envie d'être le premier à se risquer dans une dimension que nous ne connaissons pas, et dont nous sommes presque sûrs de ne pas revenir.
Gargarvelem s'est engagé dans la faille, et nous l'attendons, anxieux. Pour ne pas céder à la folie, nous continuons à bâtir la route, bien que nulle direction ne puisse sembler préférable en ce vide. Nous tentons donc de suivre une ligne droite.
Incroyable ! Nous ne pouvons en croire nos yeux ! Il y a quelque chose devant nous, quelque chose dont nous ne pouvons déterminer encore la nature. Cela nous paraît être une Ombre plus dense, comme une (ombre matérielle ?). Nous sommes euphoriques, aurions-nous traversé le Néant et découvert un nouvel univers ?
Un temps qui nous a paru interminable s'est écoulé, et nous n'avons pas l'impression d'avoir avancé. Cette (ombre matérielle ?) est toujours identique à elle-même, le découragement nous gagne, et nos forces s'épuisent. Nous décidons de repartir pour nos terres, et de tenter de percer là-bas certains mystères trop complexes.
Le voyage du retour s'est déroulé sans accroc, nous voilà enfin de retour chez nous ! Fragrenn est allé voir l'Oracle rouge, qui lui a donné une réponse tortueuse et ambiguë à souhait. Il va nous falloir du temps pour trouver un moyen de nous rapprocher de cette (ombre matérielle?).
Près de cent ans se sont écoulés depuis notre retour, mais nous pensons avoir un début de solution. Ainsi qu'Elladyl l'avait pressenti, le temps n'est pas linéaire, il est constitué de (couches ?), qu'il est possible de franchir au moyen d'une pierre de grande alchimie.
Nous avons fait fabriquer cette pierre du temps, et sommes repartis sur la route du Néant, sept sages et puissants adeptes d'Elladyl, pour tenter de nous approcher de cette (ombre matérielle ?).
Nous avons atteint facilement le terminus de notre dernière quête, le moment est venu de vérifier les dires de l'Oracle Rouge, et de franchir les barrières du temps. La pierre est activée par nos sept volontés, elle se met à luire intensément, tout devient flou, nous perdons toute notion de durée, et avons l'impression de traverser d'étranges strates d'ombres de différentes densités. Je ne vois plus mes amis, je ne vois plus qu'un vide infini qui semble paradoxalement se dilater et se rétracter, cosmique respiration que je ne saurais décrire par des mots et encore moins expliquer.
Une sensation étrange me gagne, j'ai l'impression d'être englué dans de la boue visqueuse, mais je ne vois rien, angoissante situation que je peine à relativiser, malgré notre long entraînement. Puis, soudain, elle apparaît, colossale, titanesque, d'une noire beauté à couper le souffle. Son nom me vient, je ne saurais dire d'où, mais je sais pourtant qu'il est exact.
Num la Pétrifiée
Je suis seul, je ne sais ce qu'il est advenu des adeptes qui m'accompagnaient, mais ne pouvant revenir en arrière, il me faut trouver une porte à ce qui semble bien être une forteresse, étrange monolithe de pierre d'un noir mat qui irradie d'une ombre inconcevable. Nous pensions trouver un nouvel univers, je crois avoir découvert le Royaume des Ténèbres, la peur me gagne.
Cette cité semble avoir la forme d'une étoile à cinq branches inégales, ses murailles sont hautes de plusieurs centaines de mètres, vision d'autant plus inquiétante qu'elles semblent n'être posées sur rien, bien que je ne puisse descendre sous leur base pour les franchir. J'ai l'impression de marcher depuis des années, et aucun interstice visible, aucune porte, ouverture ne sont visibles. Je ne sais pas si j'en ai fait le tour une fois, deux fois, mille fois, ou si je n'en ai parcouru qu'une face.
Je ne sais ce qui m'a pris, j'ai hurlé de rage et de désespoir, et une porte s'est dessinée. Etonnante ouverture pentagonale, qui s'efface lentement, j'entre, malgré les signaux d'alarme que mes sens m'envoient. Je sais que cette cité sera ma perte, et malgré cela, je ne puis m'empêcher de la trouver magnifique. Un couloir de même forme que la porte s'enfonce dans cette muraille, puis débouche sur une place à la forme indéfinissable.
Je découvre avec stupéfaction qu'un nombre apparemment inimaginable de statues représentant une multitude d'êtres à l'aspect malsain ont été disposées aléatoirement un peu partout. Leurs regards vides me donnent la chair de poule, j'espère que ce ne sont véritablement que des statues. Trois rues partent de cette place, j'en prends une au hasard. Rapidement elle se divise en cinq branches, je commence à peine à entrevoir quel gigantesque labyrinthe doit être ce lieu.
Je commence à perdre la raison, par intermittence. Seul l'entraînement de fer des adeptes d'Elladyl me permet de retrouver parfois une certaine lucidité, que je mets aussitôt à profit pour écrire. Il me semble que je me suis rapproché du centre de cette maudite cité, car les statues me semblent de plus en plus hideuses.
J'entrevois une vaste place, je vais y entrer, serait-ce l'ultime centre de Num ?
Nota : Fin des écrits de Valaër, retrouvés sur son corps statufié lors de la troisième quête de Num
Edité par Orféor Le Noir le 17/08/07 à 00:39
Orféor Le Noir | 17/08/07 00:49
La troisième quête de Num la pétrifiée
Nul n'est revenu du deuxième voyage à destination de Num, qui commence à être perçue comme une entité maléfique. L'Oracle Rouge a cependant éclairé quelques voies pour nous permettre de retenter l'aventure. Le plus important péril semble être une sorte de lente dissolution de l'âme et de l'être, comme si le néant ramenait à lui tout ce qui lui était étranger. Et pourtant Num existe... Nous n'avons pas encore pu déterminer quelle était sa nature, ni par quelle alchimie elle demeurait intacte en ce non-lieu. Nos plus grands sages ont longtemps travaillé sur une magie capable d'empêcher le néant de nous engloutir, mais ils pensent tout au plus parvenir à ralentir le phénomène. Selon eux, la seule voie possible passe par la nature et la force des liens tissés par l'être qui s'y aventure. Autrement dit, plus ces liens sont forts, plus l'être peut tenir sans dommage à Num. Nos alchimistes ont trouvé moyen de stabiliser ces liens au travers d'amulettes, qui demeurent fort difficiles à créer. Nous serons trois à partir cette fois, tous muni de ces précieux talismans.
Nous voilà en vue de cette maudite chose, que nous ne pouvons nous empêcher de trouver attirante, malgré une étrange répulsion. Nous sentons tous le pouvoir des amulettes qui nous protège, et sommes bien heureux d'avoir cette protection.
Nulle porte, nulle ouverture. Nous sentons que le pouvoir qui nous protège s'effrite lentement, inexorablement, combien de temps encore pourrons-nous rester ici ? Le doute nous gagne, et nous savons qu'il ne fait qu'accélérer notre perte.
Enfin, au bord du renoncement, nous avons hurlé notre désespoir, et une porte s'est ouverte. Nous entrons, inquiets, dans cette oeuvre colossale. La vision qui nous accueille est terrifiante : des milliers de statues au regard malveillant semblent se tourner vers nous, émanant d'une malignité jamais encore ressentie. Mais toujours nos talismans font leur oeuvre, et nous poursuivons notre avance. Cette cité semble infinie, titanesque labyrinthe, des milliers de ruelles enchevêtrées se croisent et se recroisent, sur un nombre de niveaux que nous ne pouvons déterminer. Et toujours ces statues angoissantes, malsaines qui semblent nous observer.
Nous avons perdu toute notion de temps, lorsque soudain la découverte d'une place nous glace d'horreur : la vision d'une statue sise dans une posture de désespoir absolu nous glace les sangs : il s'agit sans doute possible de Valaër, l'un de nos confrère disparu dans la précédente quête. Nous savons maintenant comment toutes ces statues sont arrivées là, sans doute au cours d'âges innombrables. Voilà bien une chose que nous aurions préférer ignorer....Nous en approchons lentement. Il tient un parchemin dans la main droite, qui a échappé à la statufication, nous le prenons précautionneusement et entreprenons de le lire. Ses mots résonnent douloureusement en notre coeur, nous nous regardons, et comprenons que nous ne pouvons aller plus loin en ce jour, il nous faut porter cette nouvelle à nos sages. Nous savons que cette place est un lieu clé de la cité, nous en sentons la force et entrevoyons une voie qui semble se rendre au-delà de ce gigantesque piège qu'est Num. Illusion ? Vain espoir ? Je ne sais pas, nous ne savons pas. Nous voulons croire que tout n'a pas été vain, nous voulons croire que la route continue et que la Vie peut aller plus loin encore, pour éloigner le néant du Coeur des mondes. Nous savons également que ces talismans et ce qu'ils représentent sont ce qui ouvrira cette porte, mais nous ignorons de quelle manière cela sera possible.
Nota : fin des écrits de Seling relatifs à Num la pétrifiée
Orféor Le Noir | 17/08/07 18:49
La Route du Néant
(Partie 2/7)
Noir-Feu rentrait à peine d'une rude bataille, ses armées venaient de porter un coup ravageur au seigneur Hypéryon, qui s'était malencontreusement avisé de s'en prendre à son épouse, Elliona. De retour à la citadelle de la Fraternité Dragonnique, il se dirigeait vers les salles continentales, afin de déterminer avec ses alliés de la stratégie des prochaines lunes lorsque son coeur manqua quelques battements. Une vision traversait son regard, une vision accompagnée d'émotions qui disaient trop sa douloureuse réalité : Son épouse était en train d'embrasser avec passion un être ! Il resta immobile quelques secondes, ne pouvant croire ce qu'il sentait, incrédule. Puis la colère se manifesta en son âme, une colère noire et implacable. Il lui avait donné son âme, avait bravé le néant lorsqu'elle avait fait don du sang de dragon vert à un vampire, compromettant ainsi la continuité de ce Don Sacré. Sa vie n'avait tenu qu'à un fil, et il n'avait survécu que grâce à l'amitié d'Orféor le Noir, qui lui avait à son tour offert son sang. Il était revenu du néant transformé, le fond de son âme à jamais perdu, remplacé par une ombre mouvante, inquiétante. Il l'avait acceptée, cherchant à la percer de lumière, cherchant un équilibre que seule une longue lutte pouvait lui amener. Et voilà que ses efforts se trouvaient réduits à néant, en une fraction de seconde. L'Ombre l'envahissait, et il ne pouvait lutter contre, anéanti au plus profond de son être par la trahison de son épouse.
Son regard se voile, son sang se glace, son corps change, passant de matière à énergie négative. Son esprit se tend, se dilate, comme prêt à exploser en mille directions. Sa raison vacille, c'est la fin, sa fin.
Pourtant une lumière brille encore, envers et contre tout. Une lumière si lointaine et ténue qu'il la prend de prime abord pour une illusion, l'un de ces mirages si communs dans le néant. Il sent que la vie ne l'a pas tout à fait quitté, pas encore. Pas tant qu'il n'aura pas accompli le serment sacré qu'il fit jadis à son amie, Kira l'amazone. Il sait pourtant qu'il est impuissant à les aider, que seules elles peuvent décider de leur avenir, il ne peut que rester prêt, au cas où son aide leur serait un jour nécessaire. Mais il ne peut rester, il sait que l'ombre qui l'habite le changera en un être ravageur et insensible à toute autre chose que destruction. Alors il tourne sa colère vers celui qui nuit à la famille de celle qu'il aime, et telle une tempête d'ombre et de furie il ravage le palais de cet Haratoï, qui n'a pas même le temps de comprendre que la mort est sur lui. Noir-Feu sent que cela n'apaise en rien sa fureur, il la sent grandir, encore, et encore. L'Ombre gagne son coeur, gagne son âme, il doit partir, sans plus tarder. Alors il emprunte la seule route possible, la route de Num. Il sait que là-bas il n'est nulle victoire envisageable, malgré sa force et sa fureur. Mais il sait aussi que là-bas, ses actes les plus noirs auront une petite chance d'avoir un impact positif sur les terres, alors il fait un premier pas, puis un deuxième, cessant de lutter, se laissant totalement envahir cette fois.
Il franchit le Chaos primordial, sans même en avoir conscience, parcourt à la vitesse d'un météore cet espace de toutes les désolations, franchit l'Ultime Porte Sombre sans même ralentir, frôle les dévoreurs de vide, qui l'ignorent totalement, comme s'ils sentaient que cette présence était à sa place en ces lieux. Puis voilà Num qui apparaît, étoile à cinq branches titanesque, démesurée, apocalyptique parodie de lumières qui jamais n'atteignent cet endroit maudit. Noir-Feu s'arrête un instant, prenant soudain conscience qu'il lui reste une parcelle de cette lumière, et qu'en cela demeure sa plus grande faiblesse. Il envoie une dernière pensée à la Sylve des Amazones, puis devient entièrement Noir, Seigneur incontesté des Ténèbres, repoussant cette étincelle qui ne peut que lui nuire en cette cité. Il avance, franchit la porte pétrifiée, sans même un frisson, sans même un soupçon de peur. Les statues innombrables semblent le saluer, comme si l'un des leurs depuis trop longtemps disparu revenait enfin vers les siens.
Il avance, toujours plus loin au coeur de Num, arrivant trop facilement à cette place entourée de statues gigantesques qui l'avaient contraint à reculer lors de sa dernière visite. Il les fixe, comme pour les défier de s'opposer à lui, mais nulle ne bouge. Un pentagone se met soudain à irradier d'une obscurité sans bornes, centre parfait de cette place. Une porte aux multiples angles improbables naît de ce pentagone, il en émane un mal si absolu que la dernière étincelle au coeur de Noir-Feu manque disparaître, malgré lui il repense à sa vie, repense à celle qui l'a trahi, repense à tous ces Dragons, se demande ce qu'ils deviendront.
Les Statues se mettent en mouvement de leur pas de Léviathan, se dirigent vers lui comme pour rejouer une scène ancienne. La puissante épée de Noir-Feu jaillit de son fourreau, comme mue par une volonté propre, il tente de la rengainer, en vain. Le combat commence, la première statue porte un coup colossal, paré dans une pluie d'étincelles noires. Noir-Feu laisse à nouveau la furie l'envahir, et de toutes ses forces il assène un coup d'une violence inouïe à cette représentation du néant. Son arme ricoche sur une carapace plus dure que le meilleur métal, son bras encaisse un choc terrible, le guerrier vacille, recule d'un pas. Une deuxième statue frappe, nouvelle parade, nouvelle attaque, qui toujours rebondit, parade encore, son bras devient de plomb, mais sa rage le pousse à parer, puis frapper, encore et encore.
Le temps perd toute signification pour le guerrier, sa vie ne se résume plus qu'à une suite interminable de coups et de parades, lentement, il se détache de son passé, de ses craintes, de lui-même, le néant gagne du terrain, ronge son être, est sur le point de l'emporter!
Une soudaine anxiété ramène brutalement Noir-Feu à lui-même, il recule vivement tout en parant un coup qui manque lui démettre l'épaule, saute à l'abri relatif d'un bloc fracturé, témoin impassible de la violence de ce combat sans espoir. L'humain dragonnique cherche en lui la cause de ce soudain regain de sentiments, de toute son âme il cherche à percer la brume qui a envahi son esprit, et soudain, il sait : Elliona est en danger, celle qui fut son épouse dans sa précédente vie a besoin de son aide !
Le coup le prend au dépourvu, il sent son corps voler dans les airs, brisé. Son esprit pourtant est immobile, et ne ressent nulle douleur. Les statues semblent un infime instant en proie à l'hésitation, puis regagnent pesamment leur place. Pour la première fois depuis des éons innombrables, Noir-Feu se sent libéré de ce combat, mais il sent la tangence extrême qui le menace, et sait que cela ne pourra pas durer. Qu'importe, il lui faut rejoindre Elliona, il en a fait le serment, même si cela lui paraît plus lointain que tout ce qu'il est en mesure de concevoir. Un étrange fil de lumière se dévoile, il se précipite, le longe à la vitesse d'un météore, arrive soudain en vue d'une terre, qu'il ne reconnaît que vaguement, Daifen. Il cherche Elliona, mais ne peut la ressentir, tant son esprit est faible ici. En désespoir de cause il se dirige là où la vie semble plus présente, étonnant lieu clos où se disputent quelques êtres qui ignorent leur chance.
La voilà qui entre soudain, il la reconnaîtrait entre mille, tant le lien entre eux a été puissant. Il lui parle, quelques instants, étrangement distant, ne parvenant pas à se rattacher entièrement à cette vie trépidante qui anime ces êtres, ce lieu. Il sait que la voir en vie est tout ce qui compte en ce moment, il sait qu'il ne peut faire plus, pas sans revenir entièrement, ce qui lui est impossible. Il s'est engagé trop loin dans le néant, et n'est plus celui qu'il fut. La mélancolie envahit son âme et ce qui reste de son être, Num l'appelle, le combat doit reprendre, il ne peut renoncer, plus maintenant ! Celui qui fut Noir-Feu salue Elliona, puis repart pour la cité maudite, son dernier voyage, sans doute.
Un cri empreint d'une terreur sans nom résonne soudain, sans que le guerrier puisse déterminer si c'est en son âme ou dans Num la pétrifiée, il se retrouve brutalement projeté au centre de la place aux sept statues, le coeur étreint d'une angoisse innommable, tremblant. Devant la porte se tient une silhouette solitaire, il ne comprend pas, qui serait assez inconscient pour venir braver ainsi les gardiens de Num ? Son sang ne fait qu'un tour tandis qu'il reconnaît l'amazone à qui il avait jadis donné le Talisman : Jaëlle !
Nooooooonnnnnnn !!!!!
Son cri résonne sans fin dans les ruelles tortueuses de Num tandis que les sept gardiens avancent vers la belle humaine. Un afflux torrentueux de rage submerge Noir-Feu, réveillant en lui le Dragon Noir qui sommeille, anéantissant en une fraction de seconde le lent travail de sape du néant. Son corps change, ses mains deviennent des armes aux longues griffes d'obsidienne, son visage s'allonge, sa bouche se remplit de dents longues comme des épées, deux longues ailes noires jaillissent de son dos dans un chuintement sinistre, le Dragon passe à l'assaut, cyclone de fureur inextinguible et irrépressible !
Le premier gardien s'apprête à terrasser l'amazone quand un choc titanesque le renverse, le projetant sur la deuxième statue, Noir-Feu ne réalise même pas qu'il vient de menacer pour la première fois la toute-puissance des Sept, il hurle à Jaëlle de fuir, tout en lacérant rageusement le gardien à terre. Il la voit disparaître au moment même où une troisième statue le saisit, l'arrachant non sans mal de sa proie. Il se retourne à la vitesse du vent, crache un long jet de flammes noires comme le charbon, se dégage, prend un coup dans le dos et s'écrase contre la porte centrale. Il sait qu'il lui reste probablement peu de temps à vivre, mais son coeur exulte, Jaëlle lui a redonné la Flamme de vie et la possibilité de mener un dernier baroud d'honneur pour la Vie. Fièrement il se relève et, pour Elle, reprend le combat.
Orféor Le Noir | 17/08/07 18:57
Interminable.
Ce mot, ce concept, résonne sans fin dans l'esprit du guerrier. Bien que le temps n'ait pas une évidente signification à Num, Noir-Feu commence à percevoir une notion de durée, rythmée par les coups, parades, évitements, sensations diverses.
Il sait que depuis longtemps il a franchi le moment qui aurait dû être celui de non-retour, et pourtant...il se bat, encore, et encore.
Sa forme dragonnique lui est maintenant devenue plus naturelle qu'elle ne l'a jamais été, paradoxe ultime en ce lieu, il se retrouve, Dragon Noir, Seigneur des Ombres.
Les Gardiens de Num ne le touchent plus, ou si rarement, mais pour chaque coup reçu il en donne trois, qui ébranlent la Garde de la Porte comme autant de coups de bélier. Trois statues sont brisées, il aimerait croire que c'est à jamais, mais ce mot a-t'il seulement un sens? Il ne le croit plus.
Pour la première fois, Noir-Feu commence à croire qu'il a une chance de remporter ce combat, qu'un jour Num pourra être franchie, et le Néant repoussé, pas pour l'éternité, mais pour un temps significatif.
Parade, tournoiement vertigineux, une lame passe à un cheveu de sa tête, il recule, pare, donne un coup de ses griffes noires comme une nuit sans lune, la statue esquive, encore, puis la danse recommence, à peine différente, mais jamais identique.
Noir-Feu se sent à moitié détaché de ce combat, son esprit explore son corps, son âme noire, qu'il ne connaît que trop peu. Il en découvre la complexité, la force, mais aussi la faiblesse, peu à peu, il devient, peu à peu il est, et les statues le sentent, et, lentement mais inexorablement, elles ploient sous les assauts du Dragon.
Encore, et encore, les coups succèdent aux coups et, toujours plus près de la porte, le combat continue. Une statue vole en éclats, puis une autre, et une autre encore. Il n'en reste plus qu'une, semblable à toutes les autres, et pourtant différente. Le Dragon Noir la toise, elle lui rend son regard. Alors que nul son n'est encore sorti de leurs bouches cruelles, alors que nulle expression ne s'est encore gravée sur leurs traits, un sourire évoquant le mal le plus insondable naît sur le dernier Gardien, qui prend enfin la parole d'une voix semblable à de la suie, chuintante, poussièreuse et ancestrale.
- Tu n'as pas encore compris, petit dragon? Tant d'efforts, tant de guerres, et tout cela en vain... Les Gardiens ne peuvent être vaincus. Je suis Les Gardiens, et les Gardiens sont moi, mais cela dans une dimension que tu ne peux appréhender. Tu crois nous avoir affaiblis? Tu crois être sur le point de vaincre? Pauvre mortel!
Le colosse éclate d'un rire dément qui ébranle l'âme de Noir-Feu comme un tremblement de terre sape les fondations d'une citadelle.
-Contemple ta folie, et prépare-toi à rejoindre la cohorte des Damnés de Num, pour l'éternité!
Une onde de choc semblable à un raz de marée déferle sur Num, une vague de néant insondable qui engloutit tout, annihile toutes les perceptions du Dragon Noir qui croit voir les univers s'anéantir dans un maleström final, ses amis, ses frères et soeurs deviennent d'improbables rêves. Passé, présent, futur, tout se confond, ils se dilatent et se rétractent, se diluent dans le néant, puis disparaissent de sa conscience. Le Néant l'engloutit, fin de toute chose.
Celimbrimbor | 17/08/07 19:19
Plaisant, toujours.
Vormonta | 18/08/07 00:32
Vraiment tres bien écrit , j ' aime au plus haut point !!
Bientot la suite ??
Général Vormonta
