Forum - Les Chasseurs chassés.

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Khorèn | 18/08/07 17:14

*Un vieux fou a dit un jour : Les apparences sont parfois trompeuses...*

De grandes voiles jaunies par le temps s'approchèrent lentement et avec silence du vieux port. Les lourds cordages surgirent du pont du bâtiment, et quelques marins à l'allure négligée poussèrent une passerelle afin de mettre pied à terre et attacher solidement le navire à la bite d'amarrage. Le soleil s'était couché depuis une bonne heure, et aucun ordre, aucun ton trop haut n'émana des marins et de leurs commandants. Ils semblaient vouloir se faire discrets, leurs pas feutrés résonnants à peine sur le sol dallé des docks. Tout était calme autour d'eux, la lueur de la lune caressait doucement les voiles mal entretenues qui s'enroulèrent rapidement sous les mains crasseuses des quelques boucaniers qui restaient à bord.
L'équipage qui avait mit pied à terre se faufilait à travers les ruelles sombres et tortueuses. La nuit encombrait les avenues, et la lueur lunaire était bien trop faible pour aider à y voir quelque chose. Ils passèrent furtivement devant la taverne fréquentée par les fortes têtes de Daifen, se retenant d'y entrer et d'y boire quelques verres de rhum. C'est quelques minutes plus tard qu'ils arrivèrent devant une modeste maison serrée entre beaucoup d'autres. Le premier homme donna trois coups réguliers contre le bois de la porte, et deux plus rapides tandis que ses collègues surveillaient attentivement les ruelles environnantes. La porte s'ouvrit doucement avec le plus grand des silences, et tous entrèrent rapidement. La pièce où ils venaient d'entrer était éclairée par une unique bougie dont la cire coulait sur la table, faisant vaciller les ombres tel des spectres sur les murs. Les hommes s'installèrent autour de la table, rejoignant un autre humain au visage dissimulé sous une large capuche noire. Ses mains jointes sur la table étaient dépourvues de bijoux, et seul la petite barbichette noire au milieu de l'unique menton visible aurait été un signe distinctif. La voix de l'humain en noir s'éleva :

- Je vous remercie d'être venus messieurs. L'aide que vous m'apportez vous sera rendue, vous pouvez en être sûr, de toute façon vous me connaissez bien, et je n'ais jamais manqué à ma parole avec vous.

Un sourire se fit deviner sous le tissu du capuchon. Puis il reprit :

- J'ose seulement espérer qu'aucun traître ne se cache parmis vous...
-Je connais bien mes p'tit gars, Kastablèd. Répondit un des marins, le plus bourru et mal rasé de tous. N'ais crainte d'eux, je sais à quoi tu penses, je te connais assez pour ça, et je peux te dire qu'ils sont tous plus digne de confiance que moi.

Le dénommé Kastablèd eu un petit rire.

- Je veux bien te croire alors...

Puis il se redressa légèrement sur sa chaise et sortit un parchemin de l'intérieur de sa tunique sous sa cape. Un plan se dessinait dessus, des noms de rues y étaient inscrits. Le vieux marin à l'air désagréable posa un gros doigt noir le long d'une des rues dessinée et dit :

- Tu sais combien ils sont ?
- Je les ais estimés à une vingtaine, peut être sensiblement plus.
- Il ne faut pas estimer, il faut savoir !
- Oh, arrête un peu, tu me fatigue flannch'... Lança avec agacement l'homme capuchonné.
- Et puis retire ce capuchon, il n'y a pas de traître ici, je te le répète. Si tu meurs, ça ne sera pas de la main de mes gars.
- Rôh, qu'est-ce que tu peux m'énerver ! Répondit le dit Kastablèd en reculant sa capuche, laissant apparaître une tignasse courte, noire et mal coiffée à la faible lueur de la bougie.
- Allé, ne fais pas l'enfant.
- Ferme-la et écoute ! Si notre plan marche, tu pourras t'enrichir et ne plus retourner en mer pendant plusieurs longs mois, alors ce n'est pas à rater. Ils sont riches mais pas forcément puissants. Je compte sur vos talents d'égorgeurs.
- Ne t'inquiète pas, si il y a un gros paquet à la sortie, nous pourrons même envisager d'être propre ! Répondit Flannch' dans un gros rire sonore.

Kastablèd laissa apparaître ses dents blanches. Et tendit une main vers son acolyte.

- Espèce de crapule ! Qu'est-ce que je peux te haïr ! Dit-il avec un large sourire.

Le pirate lui serra la main chaleureusement de ses grosses paluches, et les six hommes se servirent maintes chopes de rhum toute la nuit. Le lendemain passa rapidement sous une gueule de bois d'acier le matin, et de complots l'après-midi. Les sabres et les rapières se firent affûtée et à bord du trois mats qui ondulait paresseusement sur les vagues, les flibustiers se préparèrent à une nuit agitée. Par petits groupes de quatre ou cinq, ils se faufilèrent vers la maison de la veille à quelques minutes de marche de la taverne. Ils étaient à présent une vingtaine dans la petite bicoque, et le soleil déclinait vers l'horizon dans une lumière de feu. Bientôt, la nuit pris la place du jour, et les rues de la bourgade se vidèrent. Seul des hurlements de chiens s'élevèrent de temps à autre. Par petits groupes discrets tel des félins, des ombres sortirent de la petite maison et se dispersèrent dans les ruelles environnantes. La nuit était avec eux, aucune milice ne patrouillait durant leurs manoeuvres, c'était parfait. Vêtu de noir, Kastablèd était à la tête d'un petit groupe de cinq pilleurs des mers. Ils s'engagèrent dans une ruelle à l'odeur âcre où seul quelques tonneaux remplis d'ordures avaient trouvés leur place. La venelle se terminait par un mur recouvert de moisissure verte, creusée par une petite porte de bois, solidifiée de solides barreaux d'acier. Un des hommes introduisit dans la serrure un fil de fer tordu, et joua avec la serrure qui céda plus facilement qu'on ne l'aurait présagé. Ils pénétrèrent à l'intérieur avec silence et s'avancèrent à travers le long couloir démunit de lumière. C'est alors qu'un vacillement de flamme s'approcha au bout du corridor, accompagné de pas précipités.

- Ils arrivent les gars ! Murmura le meneur aux autres. Tenez vous prêts...

Des silhouettes vêtues de noirs arrièrent dans le couloir, un épais tissu noir leur dissimulant le bas du visage. Ils portaient tous une fine boucle d'or à l'oreille gauche. Ils devaient être trois ou quatre. Le halo de leurs torches ne tarda pas à révéler la présence des intrus. Le premier homme écarquilla les yeux en les voyants, et s'arrêta net.

- Intrus ! Sonnez l'al....

Il ne finit pas sa phrase, sa main qui s'était crispée sur sa dague qu'il portait à sa ceinture se détendit, et il s'écroula sur le sol, un poignard en travers de la gorge. Estomaqués, les trois autres regardèrent leur chef avec un frisson d'effroi. Mais ils reprirent rapidement leurs esprits, et dans un hurlement à l'unisson, ils foncèrent sur ces étrangers qui venaient de tuer l'un d'eux. La bataille s'engagea avec violence et vacarme. Les poignards brillèrent à la lumière du flambeau au sol, un liquide vermeil inonda le sol dallé de pierres. Des cris et des gargouillis de gorges encombrées de liquide résonnaient contre les parois du couloir, jusqu'à laisser place à un nouveau silence. Silence qui ne dura que très peu de temps. De nouveaux bruits de pas percutant le sol se firent entendre...

Dans la nuit dépourvue d'étoiles, au dessus des toits de chaumes et de tuiles rouges, un nouveau chien hurla, dérangé par une agitation sanglante quelque part entre des murs putrides.

[A suivre. Et si vous désirez apporter votre touche de couleur, pourquoi pas. ]

Edité par Khorèn le 18/08/07 à 17:14

Celimbrimbor | 18/08/07 18:19

Joli.

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