Forum - [Récits d'une dimension oubliée] - 7 -
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Zoltahn Kodaly | 19/08/07 16:06
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Olaus Wormius - Seconde lettre à Solange
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Dame Solange,
Je vous avais promis de revenir à Dominaria au plus vite. Je suis actuellement en route depuis Lacore. Les événements se précipitent et je n'ose plus faire de projets ou de projection dans le futur. Aussi, j'ai décidé de vous faire parvenir ce message qui contient les renseignements que vous recherchez, libre à vous de décider d'agir seule ou d'attendre que je puisse vous rejoindre. Heimrich Tot se trouve en ce moment sur Buolandhil. Il est possible qu'il sache qu'on le recherche...
J'espère pouvoir vous retrouver bientôt, mais rien n'est moins sûr. Peut-être vais-je être obligé de me cacher quelque temps.
Je vous souhaite de réussir dans votre entreprise si nous ne nous recroisons pas avant son aboutissement.
Je vous tiendrai informée de l'évolution de la situation de mon côté.
Bon courage, et que les runes de garde vous protègent !
O. W.
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Olaus Wormius - Voyage en Illurie - 1
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« La trame de l'univers n'est pas plane. Si j'osais me hasarder à une comparaison fortuite, je dirais que cette trame ressemble plutôt à une énorme pelote de fils qui enfle sans cesse. Notre pelote n'est pas seule, elle côtoie dans sa bannette une infinité d'autres pelotes, constituées de types de fils différents, de tailles différentes, mais de formes identiques. Si on saisissait une longue aiguille et qu'on traversât de part en part l'une des pelotes, il est certain que la pointe de l'aiguille pénétrerait dans une seconde pelote, puis une troisième, et ainsi de suite jusqu'à ce que l'aiguille fusse trop courte pour aller plus loin. Ce schéma est une représentation très lointaine de la réalité, car les termes « pelote », « bannette » et « aiguille » sous-tendent une construction implicite et une certaine organisation inflexible des éléments, ce qui n'est pas le cas lorsqu'on observe certains aspects de la Création à travers la lunette magnifiante de la théurgie. Tout ce que nous savons, après des milliers d'années de recherches et d'analyses, c'est que nos perceptions ne nous permettent pas d'appréhender plus que certains des aspects de la Création. Nous sommes des aveugles qui avançons à tâtons au milieu d'une structure prismatique insaisissable. Pourtant, en tâtonnant, on trouve des portes... C'est ce que je fis une nuit, sans vraiment peser les conséquences de mon acte. »
Olaus Wormius, De Nocte Misteriis, édition incomplète restaurée à l'Académie théurgique de Lacore.
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La route avait été longue et éprouvante. Dès la seconde nuit, une série d'averses glaciales avait détrempé la plaine et avait empêché Olaus et Azalée de faire du feu. Le mage avait dormi tant bien que mal sous la carriole, adossé à une roue, tandis que l'elfe avait été se poster sur un gros rocher qui affleurait non loin de là. Il l'avait observée quelques minutes, immobile sous la pluie, son tricorne ruisselant, les jambes repliées sous le menton. Il ne pouvait discerner que sa silhouette car la faible clarté de la lampe tempête ne permettait pas de percer les ténèbres à plus de cinq mètres. Au bout d'une heure, l'eau avait commencé à couler en ruisseaux boueux jusque sous la retraite de fortune du mage, ce qui le réveilla complètement. La pluie battante martelait les planches de la carriole et il s'étonna de voir qu'Azalée n'avait pas bougé sous ce déluge. Il sortit sa blague à tabac et vérifia que ses herbes étaient à l'abri de l'humidité. Il bourra sa pipe et savoura les volutes parfumées avec une rare délectation.
« J'ai fait un rêve, dit-il à l'adresse de la vigie silencieuse.
Comme elle ne semblait pas manifester d'intérêt, il ajouta :
- Vous étiez avec un homme de votre race. Brun aussi, avec la même mèche de cheveux rouges...
Elle tourna son visage vers lui, mais à travers le rideau de pluie, il ne put discerner l'expression qu'elle arborait. Il sentait qu'elle cachait quelque chose... Par curiosité, il avait enfreint une autre des règles de l'Académie. Il avait regardé dans le passé. Il était depuis longtemps passé maître dans l'art de l'intrusion entre les plans. Personne ne l'avait repéré. Il avait juste hasardé un regard sur une sorte de tapisserie de la vie de sa compagne d'infortune. Mais quelle tapisserie ! Il n'avait presque rien pu saisir tant les images étaient nombreuses et variées... Sauf l'icône frappante de cet homme au regard torturé.
Elle se redressa et descendit de son rocher. Arrivée au niveau de la carriole, elle s'accroupit pour faire face au mage. Son regard exprimait un mélange de colère et de ferme détermination.
- Je... Oh et puis merde ! Vieux fouineur sans cervelle... Ne vous avisez plus jamais de mettre votre nez dans mes affaires !
Elle se releva et retourna sur son rocher. Olaus ne s'était pas attendu à ce genre de réaction. Il se sentait piteux. Il hasarda une remarque bougonne :
- C'est vous qui avez mis le nez dans les miennes...
Elle le foudroya du regard et l'ignora jusqu'au lendemain, quand elle le réveilla d'un coup de pied indélicat. Olaus se frotta les yeux et se gratta les joues crépies de poils drus.
- Cette aventure commence à me plaire, ironisa-t-il.
La carriole s'enfonça peu à peu dans un décor de plus en plus vallonné parsemé de bosquets de résineux odoriférants. Azalée était toujours trempée mais cela ne semblait pas l'incommoder outre mesure, si ce n'était l'odeur omniprésente et tenace des cuirs humides. Elle se tourna vers Olaus et l'observa un instant comme si elle hésitait à lui adresser la parole. Finalement, elle s'enhardit :
- Que comptez-vous faire ?
Olaus accueillit la question avec bonhomie.
- D'abord rejoindre les cavernes aberrantes par la voie terrestre, je n'ose plus ouvrir de Passage. Ensuite j'y resterai le temps nécessaire pour trouver un moyen de réparer les dégâts que j'ai causé. Et vous ?
Comme elle ne répondait pas, il ajouta :
- Vous me suivez, ça je sais. Mais pour quelle raison ? Vous voulez seulement « apprendre », où y a-t-il quelque chose de plus important qui vous pousse à suivre un vieux fou comme moi ?
- Votre question contient la réponse.
- Bon. Si vous avez décidé de faire votre petit numéro d'aventurière solitaire et mystérieuse, libre à vous. Mais tôt ou tard il faudra jouer cartes sur table et choisir ensemble ce que nous voulons faire.
Ce fut le seul échange intéressant de la matinée, le reste du temps chacun des deux voyageurs resta plongé dans ses pensées en observant le paysage. Enfin, vers midi, la route pénétra dans un important massif forestier. La lumière grisâtre de la journée fut comme happée par les frondaisons et ils avancèrent sur un tapis d'aiguilles de pins dans un silence sépulcral.
- Vous êtes sûre que c'est la bonne direction ? Chuchota le mage. Elle répondit à voix basse, ce qui le surprit et l'inquiéta quelque peu.
- L'Illurie est plein nord, à six jours de Lacore. Il n'y a qu'une route que je connaisse et nous sommes dessus ! Ce soir nous devrions arriver à une ferme fortifiée où nous pourrons nous reposer.
Olaus accueillit cette perspective avec enthousiasme.
- Il va nous falloir de l'argent, ajouta-t-elle, en avez-vous ?
- Un peu, dit-il en faisant une moue dubitative. Ces préoccupations matérielles me semblent si lointaines !
- Pas pour moi : notre cheval boite depuis ce matin, il ne nous emmènera pas au-delà des plaines glacées jusqu'aux contreforts scintillants.
A peine avait-elle fini sa phrase qu'un hurlement titanesque roula comme le tonnerre sur la forêt. Les cheveux filasses d'Olaus se dressèrent sur sa tête et son visage se figea dans une grimace de terreur. Azalée ouvrit de grands yeux ronds effrayés. Le cheval fit aussitôt un écart et s'élança au grand galop en dehors de la route. Le mage fut éjecté de la carriole et il alla rouler dans la mousse. Il vit au loin Azalée sauter à son tour alors que le cheval fou emportait la carriole dans une course effrénée à travers des arbres de plus en plus serrés. Au premier virage, elle dérapa et les sangles rompirent. Elle se retourna et rebondit en tourbillonnant dans les airs avant d'éclater en morceaux contre le tronc d'un séquoia. Le cheval disparut dans l'épaisseur de la forêt, emmenant avec lui la rumeur de son galop insensé.
- On n'est pas dans la merde... lâcha le mage en tâtant ses membres pour vérifier que tout fonctionnait.
Comme pour répondre à son angoisse, un second hurlement ébranla la forêt, ce qui déclencha la fuite de centaines d'oiseaux dans un tonnerre de battements d'ailes et pépiements. Puis le silence retomba, plus pesant et plus menaçant que jamais.
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Olaus Wormius - Voyage en Illurie - 2
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« Il existe une règle inviolable qui sous-tend toute la science des arpenteurs de dimensions : notre présence dans l'un des univers possibles nous interdit toute ingérence dans une autre instance probable de ce même univers. Ce qui nous empêche de remonter le temps autrement que par la pensée, et rend plus qu'idiote l'idée de se projeter dans l'avenir avec l'illusion de son immuabilité. C'est ce qui nous pousse à aller explorer des dimensions de plus en plus lointaines. Dans quel but ? Remonter à la Source, bien sûr.
Selon le « principe anthropique faible » défini par le théurge Ashkan au millénaire dernier, l'espace visible comprend lui-même des éléments imperceptibles que nous nommons par commodité « invisibles », mais qui font pourtant partie de la matière ou de l'essence de l'univers. Il existe aussi, entre les plans, des espaces que l'on pourrait qualifier d'invisibles, mais toutes les dénominations qui s'appliquent à l'univers que nous connaissons paraissent rapidement caduques et inadaptées dès lors qu'on s'extraie du domaine du perceptible. Les espaces entre les plans sont la clé de tous les mystères de la Création : on ne sait presque rien de ce qui s'y passe, on ne sait pas à quoi ils ressemblent... On sait juste qu'ils existent (encore que ce terme soit inadéquat) et que des éléments issus de ces « plans creux » peuvent traverser les dimensions pour prendre corps dans la matière de certains univers, comme le nôtre. Pourquoi ? Dans quel but ? On n'en sait rien. L'idée que l'Essence Divine puisse être issue des plans creux reçoit les faveurs de nombreux théurges parmi les plus illustres. De là à y placer l'origine et la fin de tout, il n'y a qu'un pas. Encore faudrait-il réussir à tomber d'accord sur une définition du principe Divin... Est-ce en découvrant où il se situe que nous arriverons à le définir ? Un être humain peut-il appréhender le Principe Créateur ? Autant de questions auxquelles je m'intéressais le jour où j'ai découvert une porte donnant sur une dimension très étrange...»
Olaus Wormius, De Nocte Misteriis, édition incomplète restaurée à l'Académie théurgique de Lacore.
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Azalée faisait la grimace à chaque pas. Olaus s'était retenu de faire la moindre remarque négative sur la situation. Elle serrait les dents pour masquer la douleur qui irradiait dans sa cheville meurtrie et avait refusé dignement la proposition de soutien de son compagnon. Pourtant, Olaus savait qu'elle ne pourrait pas aller bien loin, il s'attendait à tout moment à la voir s'arrêter.
- Je vais vous confectionner une béquille, dit-il en changeant son havresac d'épaule.
Elle eut un sourire crispé.
- Avec quoi ? Regardez autour de vous : ce ne sont que des pins et des séquoias...
- Arrêtons-nous cinq minutes pour réfléchir, voulez-vous ? Cela soulagera votre jambe et nous permettra de faire le point.
- Le point c'est vite vu : il y a une... chose qui habite cette forêt, et selon notre premier ressenti commun ça n'a pas l'air amical... Nous n'avons plus de cheval, je n'ai plus de cheville, et nous avons dû abandonner l'essentiel de l'équipement. Il n'y a qu'une chose à faire : continuer jusqu'à ce que la mort nous cueille ou que nous sortions de ce trou perdu.
- J'admire votre sang-froid, mais j'aimerais être sûr de mettre un maximum de chances de notre côté.
- Ne prononcez pas le mot chance, il parait sacrilège dans votre bouche, lâcha-t-elle avec ironie.
Olaus haussa les épaules et leva la tête pour essayer de discerner le ciel. Par une trouée entre les arbres, il aperçut une bande grisâtre qui virait au sombre.
- La première chose sera de trouver un abris car la nuit ne tardera pas à tomber, dit-il.
Azalée s'arrêta et renifla l'air avec intérêt. Olaus parut aussitôt inquiet.
- Qu'y a-t-il ?
- Une odeur de feu... peut-être un feu de camp !
Le mage sentit son coeur bondir dans sa poitrine. Peut-être la chance ne les avait-elle pas abandonnés en fin de compte !
La nuit commençait à tomber quand ils arrivèrent à l'embranchement d'un sentier qui coupait le chemin sur lequel ils se trouvaient. Azalée se pencha et posa un genou à terre.
- Des chariots... au moins quatre.
Elle redressa le nez et huma l'air.
- Le feu est mourant, ajouta-t-elle. Ils ne sont pas loin, mais je ne sens aucune présence... pas de bruit, pas d'agitation. Tout est si calme...
- Avançons, on en saura plus dans peu de temps. Ne traînons pas, on n'y verra bientôt plus rien.
- « Vous » n'y verrez bientôt plus rien, corrigea-t-elle.
Il ne lui dit pas, mais il se sentait soulagé qu'elle puisse voir la nuit. Il dut reconnaître en son for intérieur qu'il avait confiance en elle : elle était dans son élément et il la devinait plutôt douée.
Ils mirent une demi-heure pour parcourir la demi lieue qui les séparait d'une trouée dans la forêt. A la lisière d'une clairière en pente douce étaient parqués quatre chariots à bâche. L'un d'entre eux était retourné sur le flanc et on pouvait apercevoir un corps étendu dans l'herbe juste à côté. Plus loin, une légère fumée s'échappait d'un feu de camp qui, comme l'avait deviné Azalée, était prêt de s'éteindre. Autour de ce feu, deux personnes étaient avachies, l'une la tête tombant en avant, l'autre étalée dans une position qui ne pouvait laisser aucun doute quant à son état... Tout le camp était silencieux. Azalée et Olaus fouillèrent du regard ce tableau de désolation et échangèrent un regard angoissé.
- Pour la soupe chaude en bonne compagnie, ça a l'air compromis, lâcha le mage avec un air dépité.
Il avança dans la clairière et s'approcha du premier chariot. Un bras pendait mollement hors de la bâche.
- Il n'y a aucune trace de combat, constata Azalée qui s'était déplacée en claudiquant jusqu'au feu.
Olaus monta à l'arrière de la roulotte. Il y avait trois corps à l'intérieur. Deux enfants et vraisemblablement leur mère. Tous trois avaient perdu du sang par les yeux, le nez et les oreilles avant de succomber. Les courtes lignes pourpres indiquaient qu'ils n'avaient pas pu lutter longtemps avant de mourir.
- Choc cérébral... murmura le mage.
- Que dites-vous ? Interrogea Azalée de l'extérieur.
- Tous ces gens sont morts d'un coup. On voit parfois de pareils chocs cérébraux lors d'un retour de sort... Mais là, c'est impossible...
- Qu'est-ce qui est impossible ? Demanda Azalée dont la voix s'était éloignée.
- Ce n'est pas un retour de sort, balbutia le mage. Je n'ai entendu parler de ce genre de choses qu'une fois : dans les Cantiques Fabuleux, quand Izmir parle des manifestations issues des plans creux... Dieux du ciel protégez-nous...
- Une créature aurait-elle pu causer tous ces dégâts ? demanda Azalée en élevant la voix pour que le mage l'entende.
Olaus se retourna pour répondre, mais au moment où il tournait la tête, quelque chose bougea à la limite de sa perception, dans le fond de la roulotte.
- Euh... oui, répondit-il en se retournant aussitôt pour scruter les ténèbres de la roulotte. Son coeur se mit à cogner dans sa poitrine.
- Une créature de grande taille ?
Olaus n'entendait plus, il focalisait toute son attention sur le fond du chariot.
- Plusieurs dizaines de coudées de haut ? Poursuivit l'elfe.
- Qu... quoi ?
Il y avait quelque chose derrière une malle, une présence... Olaus recula lentement pour sortir de la roulotte. La chose bougea. Il vit deux prunelles en amande apparaître dans l'obscurité.
- Olaus ?
Soudain, une bête jaillit de derrière la malle et sauta au cou du mage qui poussa un cri de terreur et tomba à la renverse. Il atterrit sur le dos à l'extérieur de la roulotte, à demi assommé par sa chute.
- Wormius ! Cria l'elfe.
Elle vit une petite créature s'accrocher aux vêtements du mage et s'y cramponner en ouvrant de grands yeux affolés. Cela ressemblait à un petit singe avec de longues oreilles pointues et une crête osseuse sur le sommet du crâne. Azalée allait tirer sa rapière quand elle reconnut l'animal et s'immobilisa instantanément. Olaus semblait revenir lentement à lui.
- Ne faites pas de geste brusque, souffla-t-elle en entreprenant de se rapprocher doucement.
Il sentait une douleur lui vriller la nuque, mais ce qui l'inquiétait le plus, c'était de sentir ces deux petites mains chiffonner nerveusement le col de son manteau. Azalée approcha à quelques pas et s'assit délicatement en tailleur devant le mage étendu et la créature qui ne la quittait pas du regard.
- C'est un lutroll, dit-elle à l'intention du mage qui avait l'air sonné.
- Alléluia, lâcha-t-il dans un souffle.
- Si on ne lui fait pas peur, il ne nous fera rien.
- Enlevez-le, s'il-vous-plait, supplia Wormius.
- Je ne peux pas... il a l'air de vouloir rester accroché à vous !
Olaus avait l'air bougon tandis qu'Azalée avait retrouvé le sourire, malgré l'inquiétude et la douleur. Le lutroll était toujours perché sur l'épaule du mage qui avait de ce fait la tête penchée sur le côté et semblait en plus souffrir d'un affreux torticolis.
- On ne retrouvera pas les chevaux, dit-il en remuant le contenu du petit chaudron au dessus du feu.
- Vous avez trouvé un nouvel ami, le bilan n'est pas si catastrophique.
- J'ai mal, je voudrais un massage, pas une bête poilue accrochée dans mes cheveux. Il n'est pas léger en plus !
Azalée le gourmanda du regard.
- Ne vous énervez pas, s'il prend peur il assommera toute la forêt d'un coup ! J'en ai encore mal à la tête.
- Vous pensez qu'il a vu la... chose ?
- J'en suis sûre : regardez son air hagard !
- J'aimerais bien, mais ma mobilité cervicale est légèrement diminuée...
Azalée retira sa botte en poussant un cri étouffé. Elle posa le mollet sur une pierre et inspecta sa cheville avec appréhension.
- Verdict ? Demanda Olaus.
- On est deux vieux sacs handicapés par une entorse et un torticolis. Ah ils sont beaux nos aventuriers !
Olaus rit de bon coeur.
- Ne soyez pas défaitiste, nous avons gagné un nouvel ami, répondit-il en lui faisant un clin d'oeil.
- Je ne vous ai pas montré ce que j'ai découvert tout-à-l'heure, avant que vous ne décidiez de faire votre numéro d'acrobate...
Le sourire d'Olaus se figea.
- Non...
- Je vous montrerai demain, pour le moment il est préférable de reprendre des forces, vous n'avez pas beaucoup dormi depuis notre départ de Lacore, dit-elle avec un regard maternel.
- J'espère que votre découverte apportera quelque chose de positif au moins ?
- Je crains que non...
Olaus eut du mal à s'endormir. Le lutroll ne le quittait pas d'une semelle et il s'était blotti contre lui dès qu'il avait étendu sa couverture. Il repensa à ce qu'Azalée lui avait raconté au sujet de ces petits animaux. Des créatures sauvages difficiles à domestiquer qui servaient d'attractions de foire très prisées. Leur système défensif était entièrement basé sur un cri tonitruant, totalement en décalage avec le gabarit du sujet, mais qui avait le pouvoir d'assommer tout éventuel prédateur dans un rayon assez large et de déclencher une peur panique partout alentours. C'est ce qui leur avait occasionné tant de soucis... Mais pour déclencher successivement deux hurlements aussi forts, au beau milieu des gens qui le nourrissaient, l'animal avait dû être témoin de quelque chose de réellement effrayant... Olaus préféra ne pas y penser.
Le lendemain, il se félicita qu'Azalée ne lui ait pas révélé sa découverte. Car au moins, il avait réussi à dormir un peu.
- Donc, c'est venu, ça a effrayé le lutroll, tué tous les saltimbanques, et c'est reparti sans aucun bruit... dit-il en se massant la nuque.
- C'est ça, fit l'elfe en creusant un peu la terre avec ses doigts.
Elle se trouvait au milieu d'une empreinte de pas à trois doigts d'une longueur d'au moins dix pieds de long sur sept de large. Elle s'enfonçait à plus de trois pouces dans le sol.
- Ne traînons pas dans cette forêt.
Azalée soupira. Il lui tendit la main et l'aida à se relever.
Celimbrimbor | 19/08/07 20:06
La suite!!!!
