Forum - [Récits d'une dimension oubliée] - 9 -

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Zoltahn Kodaly | 21/08/07 17:12

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Olaus Wormius - Voyage en Illurie - 5
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« S'il y a un seul principe universel auquel je puisse croire, c'est celui de l'équilibre : tout élément agit sur la Création de telle sorte qu'un élément opposé se développe quelque part. Cela ne veut pas dire que ces éléments soient voués à s'annuler, pas du tout. Mais on peut en conclure que jamais rien n'est désespéré, et jamais rien n'est sûr : un élément contraire peut toujours surgir au mauvais endroit au mauvais moment, ou au bon endroit, au bon moment, tout est une question de point de vue.
Partant de ce principe, j'ai supputé l'existence d'une dimension opposée à l'opacité. Une dimension qui pourrait fournir le fameux « élément contraire » qui me manque pour refermer le passage maudit et enfermer de nouveau les monstres qui en sont issus. Malheureusement, cela revient à chercher une aiguille dans une botte de foin... Malgré tout je garde espoir et j'observe : cette lutte me dépasse mais j'en suis un pion malgré moi, alors si je peux en tirer quelque enseignement profitable à l'homme et à la magie... »

Olaus Wormius, De Nocte Misteriis, édition incomplète restaurée à l'Académie théurgique de Lacore.
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Azalée se délassait dans une grande cuve de bois remplie d'eau chaude et d'essences de plantes. La commise de cuisine venait de temps en temps verser un sceau d'eau bouillante pour que le bain reste à température. Alors qu'elle se laissait aller à une douce torpeur, un tintement métallique éveilla son attention. Quelqu'un était entré dans la pièce et s'approchait silencieusement dans son dos.
- Ne soyez pas effrayée, fit une voix de femme derrière elle.
- J'essaie de me détendre tranquillement, ne pourriez-vous attendre que je sois sortie pour venir me déranger, qui que vous soyez ? Répondit l'elfe.
L'intruse fit le tour de la cuve afin qu'Azalée puisse la voir. C'était une jeune femme aux cheveux rouges et à la peau claire. Deux yeux vert émeraude rehaussaient l'éclat de son visage aux lèvres sanguines.
- Je suis Palys, première fille du prince Kodaly, prince du Millesprit.
- Belle carte de visite.
Palys sourit.
- J'en ai une meilleure pour vous...
Elle sortit un petit coffret nacré et s'approcha d'Azalée. Elle ouvrit la boite et dévoila un doigt cerclé d'un anneau d'argent. Azalée ouvrit des yeux horrifiés et son bras jaillit hors de l'eau, prolongé par une rapière dont la pointe se piqua dans le col de l'étrangère.
- Qu'est-ce que c'est ? Cria-t-elle en se relevant, ruisselante d'eau.
Palys ne bougea pas, son regard resta fiché dans celui de l'elfe qui la tenait en respect avec son arme.
- Vous ne reconnaissez pas les armes de votre clan ? Prenez cette phalange, elle appartient à quelqu'un que vous connaissez bien...
Azalée eut un hoquet de panique.
- Où est-il ? Que lui avez-vous fait ?
- Il va bien, à part une légère douleur dans la main...
- Monstres ! Je vais te tailler en pièces de charcuterie et te renvoyer à ton père dans un filet à jambon !
Palys s'écarta de la lame et secoua la tête.
- C'est marrant cette manie qu'ont les mortels de faire des phrases... Sors de ta baignoire et habille-toi, nous avons à parler. Veux-tu que je te passe tes béquilles ?
Azalée ravala sa rage. Au fond d'elle l'espoir venait de renaître. Elle se doutait que le prix à payer lors du marchandage qui allait suivre serait très élevé, mais elle était curieuse de savoir ce qui poussait son ennemie à venir jusqu'ici pour lui proposer un marché. Elle songea à Olaus et son coeur se serra. C'était lui qui était visé à travers elle, elle le savait...
Palys lui lança un peignoir et une serviette avec un sourire condescendant. Elle posa la boite sur une caisse et sortit de sa poche un petit flacon cylindrique en verre. Elle le montra à Azalée.
- Qu'est-ce que c'est ? Demanda l'elfe en comprenant où l'autre allait en venir.
- Une drogue. Nous libérons nos prisonniers contre Olaus Wormius.
- Libérez d'abord les prisonniers, je n'ai aucune confiance en vous.
- Nous non plus n'avons pas confiance en toi.
- Alors que suggères-tu ?
Palys s'était attendu à une réaction prudente de l'elfe.
- Demain soir nous nous retrouverons au lieu dit de la Clef des cieux. C'est à deux heures de route d'ici. Tu prendras soin d'administrer cette drogue à Wormius avant de prendre la route. La drogue a un effet lent.
- Quel est cet effet ?
- Oh rassures-toi, ce n'est pas dangereux, juste une cage mentale pour éviter que le mage ne nous file entre les pattes comme la dernière fois.

Wormius et Azalée se retrouvèrent sur la plateforme de l'auberge et commandèrent à manger. Le mage dévora son plat en arrosant le tout d'un vin de soif léger et parfumé.
- Que se passe-t-il, vous m'avez l'air tendue ? Demanda-t-il.
- Je suis fatiguée, ne vous en faites pas pour moi, répondit l'elfe en repoussant son plat.
- Il faut manger ! Voyons, nous avons grignoté des baies et des champignons pendant trois jours, vous avez besoin de reprendre des forces !
Azalée répondit par un sourire triste. Elle se força à avaler quelques bouchées mais elles lui restèrent sur l'estomac.

La nuit lui fut un enfer. Elle se tournait et se retournait sans trouver le repos. Pour passer le temps, elle s'était installée avec les plantes et les ustensiles qu'elle avait pu acheter à l'herboriste. Elle s'était confectionné un bandage serré et un cataplasme frais qui fit baisser les élancements dans sa cheville.
Mais la question revenait sans cesse dans sa tête : obéir au chantage et livrer Wormius, ou continuer à fuir en sacrifiant les siens aux pires tourments ? Au souvenir de cette nuit de combat contre l'esprit opaque elle refoula un sanglot. Des images violentes l'assaillirent : le regard désespéré des combattants aux prises avec cette chose écumante qui balayait les habitations comme des fétus de paille, frappant en aveugle, le corps hérissé de flèches qui ne semblaient pas le gêner, les centaines d'yeux rieurs, les gueules suintantes de bave délétère...
Elle se prit la tête entre les mains et poussa un gémissement. Quelques secondes après, des coups retentirent contre la porte. Avant qu'elle n'ait pu attraper sa lame, Wormius entra dans la pièce.
- Ça va ? Demanda-t-il avec une inquiétude non feinte en fouillant la pièce du regard.
- Ça va, j'ai fait un cauchemar, répondit l'elfe qui était toujours assise au bord de son lit.
Olaus ferma la porte et vint s'accroupir en face d'elle, le regard soucieux.
- Quelque chose ne va pas. Si vous voulez en parler, je peux essayer de vous aider.
Azalée secoua la tête.
- Non, vous ne pouvez rien pour moi. Je suis hantée par mon passé...
Le mage se releva avec un regard compatissant. Il posa sa main sur l'épaule de l'elfe et lui souhaita de trouver le repos. Mais Azalée savait que le repos la fuirait.

Le lendemain, l'elfe avait l'air d'aller mieux. Ils se retrouvèrent autour d'un petit déjeuner copieux et Azalée proposa de rester une nuit de plus dans l'enceinte de la ferme car elle voulait reposer sa cheville et reprendre quelques forces avant de continuer vers le nord. Wormius n'y vit pas d'objection, si ce n'était leur fortune maigrissante. Elle ajouta qu'elle voulait aller voir un lieu-dit non loin de la ferme où elle pensait trouver une plante rare qui guérirait sa blessure plus rapidement. Olaus proposa d'acheter un cheval dès aujourd'hui et de l'accompagner. Elle l'en remercia.

La nuit approchait. Azalée était terriblement nerveuse. Elle repensa à ses jours heureux dans sa lointaine forêt... comme tout paraissait si loin maintenant !
Elle alla retrouver le mage qui écrivait dans son grimoire, une tasse de thé fumante à côté de lui. Il leva les yeux de son ouvrage à son approche.
- Je ne comprends pas pourquoi vous tenez tant à partir au crépuscule. C'est très dangereux !
- Je ne pense pas. Et la plante que je cherche ne fleurit que le soir.
Wormius fronça les sourcils. Azalée espéra que son mensonge tiendrait la route. Le moment était venu, il fallait qu'elle se décide. Elle ne pouvait plus reculer. Elle inspira profondément.
- Voudriez-vous me commander une tasse de thé s'il vous plait ?
- Bien sûr, répondit-il en posant sa plume.
Il se leva et descendit de la plateforme pour aller commander au comptoir. La tasse de thé était là, offerte. Le lutroll la regardait depuis le pouf où il s'était installé. Il ne quittait plus le mage d'une semelle. Azalée sortit le flacon et contempla le liquide brun qu'il contenait. Son coeur battait la chamade. Elle ferma les yeux et essaya de se concentrer une dernière fois : elle pria pour qu'on lui montre la voie, pria d'y voir plus clair, de savoir ce qu'il fallait faire. Mais rien ne vint, son esprit n'était empli que du silence de ses plus sombres angoisses.
- Je ne peux pas faire ça... murmura-t-elle.
Elle entendit des pas dans l'escalier. L'image d'un elfe torturé à qui on tranchait un doigt explosa dans sa tête.
- Non... gémit-elle.
Elle déboucha le flacon et versa le liquide dans le thé du mage. Il arriva quelques instants après, une grande tasse à la main. Il souriait. Azalée eut envie de vomir. Elle prit la tasse avec empressement et se brûla les lèvres dessus.
- Doucement, fit le mage en riant de sa maladresse.
Il prit sa tasse et la porta à ses lèvres. Et si c'était un poison rapide ? Songea soudain Azalée en paniquant. Le temps sembla stopper son vol. Puis, subrepticement, le lutroll se leva et frappa la tasse qui échappa des mains du mage et alla s'écraser au sol un peu plus loin. Tout d'abord surpris, Olaus resta sans voix. Puis son regard vola de la tasse brisée au lutroll, et il se tourna vers Azalée avec un air de profonde colère.
- Qu'avez-vous mis dans ma tasse ? Gronda-t-il d'un air menaçant.
Azalée baissa les yeux. Des larmes de honte, de peur et de dépit coulèrent sur le plancher. Le vieux mage attendit patiemment que l'elfe retrouve son calme. Au bout de longues minutes, elle raconta tout : ses amis qu'elle croyait morts, la venue de Palys, l'embuscade à la Clef des cieux...
- Debout, ordonna le mage.
Azalée lui jeta un regard interrogateur.
- Debout, répéta-t-il, nous allons rencontrer cette Palys. Soit elle a bel et bien amené ses captifs et dans ce cas nous aviserons sur place, soit elle vous a menti et nous aviserons quand même sur place, mais ce sera plus simple...

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Olaus Wormius - Voyage en Illurie - 6
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« Chaque plan possède ses propres règles cosmiques, physiques et magiques. Quand les Entités Opaques ont franchi le passage, elles ont été soumises à des tensions et contraintes qu'elles ne s'attendaient pas à subir. Mais elles ont aussi profité d'éléments favorables au développement de leur puissance. La magie traditionnelle telle que nous la pratiquons à l'Académie pourrait représenter un rempart momentané face à l'expansion de monstres aux pouvoirs incommensurables, mais ce rempart s'effriterait bien vite faute de combattants. La magie sous sa forme primale et destructrice est un cancer qui ronge les enchanteurs qui y font appel et elle finit toujours par les détruire. C'est d'ailleurs le premier enseignement que reçoit un apprenti sorcier à l'Académie... »

Olaus Wormius, De Nocte Misteriis, édition incomplète restaurée à l'Académie théurgique de Lacore.
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Le disque rougeoyant du soleil était en train de s'abîmer derrière les collines en colorant le ciel de tons mauves. De fines bandes de nuages violacées couraient à l'horizon comme si elles cherchaient à absorber les derniers rayons du jour. Olaus marchait d'un pas décidé à côté du mulet chargé des vivres et des bagages qu'ils avaient achetés avec leurs dernières pièces. Le lutroll était juché sur son dos et semblait contempler la lande avec une circonspection craintive. Le mage ne pensait pas qu'ils reviendraient à la ferme fortifiée d'Igas, aussi avait-il tenu à acheter tout ce dont ils pourraient avoir besoin si leur voyage devait continuer après le rendez-vous de cette nuit. Il n'avait pas peur, même s'il savait qu'il avait beaucoup de chances d'y laisser la vie. Il s'était préparé à cette éventualité. Avant toute chose, il tournait dans sa tête tous les moyens dont il pouvait disposer pour mettre Azalée à l'abri. Il savait qu'il allait certainement commettre ce soir l'irréparable, car il n'avait plus le choix. Il reconnut en son for intérieur qu'il s'était longtemps bercé d'illusions sur ses chances de sortir vainqueur de l'affrontement avec des entités venues des confins du temps. Il jeta un regard en biais à sa compagne d'infortune. L'elfe chevauchait juste devant lui la petite jument pie qu'ils venaient d'acheter, courte mais trapue. Elle avait l'air éteinte et triste. Il savait qu'elle était déchirée, mais il ne lui en voulait pas, comment aurait-il pu ? Le marché cruel que lui avait imposé l'envoyée du Millesprit était sans issue pour elle. Olaus serra les poings. Il avait beau réfléchir, il ne voyait pas de solution pour se tirer de ce mauvais pas. Il n'y avait qu'une seule chose qui lui vînt à l'esprit... un plan fou et, si ses adversaires étaient prudents, ce dont il ne doutait pas, impossible à réaliser. Pire, s'ils étaient rusés, ce qu'il craignait, ils ne lui donneraient même pas l'occasion de les mettre en danger. Il se surprit à prier.

Ils avancèrent en silence dans la nuit tombante, suivant l'ancienne route pavée à moitié envahie de ronces et de touffes d'herbes folles. Azalée semblait absorbée dans ses pensées tandis qu'Olaus morigénait contre le mulet qui lui donnait du fil à retordre. L'elfe sembla soudain se réveiller de sa léthargie.
- Je suis désolée Olaus, je n'aurais pas dû vous cacher les machinations de l'envoyée du Millesprit.
- C'est oublié, répliqua le mage d'un ton sec. Je vous ai mis dans cette galère malgré vous. J'espère bien réparer cette bévue.
Azalée esquissa un sourire dubitatif.
- Que pouvez-vous faire face à ces... choses ?
- Elles ont bien eu besoin de moi de moi pour venir jusqu'ici et elles savent que je peux les renvoyer, sinon pensez-vous qu'elles se donneraient tant de mal ?
Elle parut réfléchir.
- Vous êtes un éternel optimiste.
- Vous aussi. Mais vous avez peur pour vos... votre... ami. Et moi j'ai peur pour vous.
Azalée garda le silence quelques instants, puis ajouta :
- Vous avez une idée derrière la tête. Quelle qu'elle soit, je suis avec vous. Si nous devons mourir ce soir, nous aurons au moins fait notre possible...
L'elfe huma l'air et coula un regard en biais vers Olaus qui marchait non loin derrière elle.
- Qu'espérez-vous obtenir de cette confrontation ?
- Un répit...

Au sommet d'une crête balayée par les vents, Norn Ashter observait le petit convoi qui approchait par la route pavée. Il sourit sous son casque et releva la tête pour vérifier que les harpies étaient prêtes à entrer dans la danse. Rassuré par les mouvements presque imperceptibles loin dans le ciel, il tourna bride pour rejoindre le gros de la troupe.
Palys était assise sur un rocher à côté de son cheval. Elle fit signe au chevalier d'approcher.
- Ils arrivent maîtresse, gronda la créature montée sur son destrier.
- Préviens Io, qu'il se tienne prêt à cueillir nos invités quand les harpies les auront rabattus vers la forêt.
- Il sera fait selon votre volonté, maîtresse.

Olaus leva les yeux au ciel et cru distinguer un vague frétillement devant les étoiles. Il tourna la tête en tous sens pour essayer de trouver un abri provisoire. Comme pour confirmer ses soupçons, le mulet et la jument s'agitèrent soudainement.
- Des harpies ! Cria Azalée en tirant sur les rennes pour calmer sa monture.
- A découvert nous sommes des proies trop faciles !
Olaus tourna son regard vers un bosquet qui devait se trouver environ à trois cents pas de là. Le terrain descendait en pente douce, cet avantage pouvait s'avérer crucial pour arriver sous le couvert des arbres avant que les harpies ne leur fondent dessus. Il lâcha le mulet et courut rejoindre Azalée qui lui tendit le bras pour le hisser en croupe. Les premiers hurlements stridents leurs vrillèrent les tympans. Olaus hasarda un regard au dessus de lui et il vit une masse sombre virer devant les étoiles et s'étirer en piquant vers eux. Il essaya d'attraper le lutroll pour le mettre devant lui mais le petit animal échappa à sa prise et s'agrippa à son manteau.
- Allez ! Hurla-t-il en se cramponnant à l'elfe.
Azalée talonna la jument pour la lancer dans la pente. Le cheval bondit en avant, mais il était chargé et il ne put prendre beaucoup de vitesse. Olaus avait l'impression que le bois n'approchait pas, le temps lui semblait se diluer comme dans un cauchemar. Il s'accrocha à la taille de la jeune femme et colla sa tête contre son épaule en formulant ce qu'il n'avait plus jamais osé faire depuis son éviction de l'Académie... un sortilège de Grande Coruscation. Il ferma les yeux. Ses lèvres laissèrent échapper les phrases rituelles de cette formule qu'il pensait avoir oubliée depuis longtemps. Les cris aigus de harpies enflèrent et il se retourna pour vérifier le temps qu'il lui restait pour finir son incantation. Elles tombaient sur eux... Il referma les yeux et tendit les deux bras vers la masse hurlante qui fondait sur lui. Il lâcha les mots de pouvoir sans prendre le temps d'achever le rituel, il n'avait ni le temps ni les ingrédients, mais il n'avait pas le choix. Une boule iridescente de lumière se forma entre ses mains parcourues d'arcs électriques. Un soubresaut du cheval le déséquilibra et il glissa. Il ferma son esprit à la douleur et à la sensation de chute.
La première vague de monstres redressa son piqué et s'engagea dans le sillage du cheval, ailes repliées et vibrantes dans le souffle du vent. Le givre qui leur collait aux ailes s'envolait en formant des traînées de poussière scintillante. Une vingtaine de créatures piaillantes passa en rase motte au dessus de la jument. L'une d'entre elles ouvrit ses ailes pour stabiliser son vol et lança ses serres vers Azalée. Olaus glissa de la croupe et tomba en arrière. Il sentit le lutroll qui sautait de son dos. Juste avant de toucher le sol, il vit le monstre s'emparer d'Azalée et battre follement des ailes pour reprendre de l'altitude. Le claquement sourd des membranes résonna dans son esprit. Il prononça le dernier mot de pouvoir et heurta le sol.
Une boule de lumière explosa dans la plaine, dilatant l'image des arbres du bosquet, irradiant sur des lieues à la ronde comme une sphère d'énergie brute. Il y eut un instant de silence total, comme si le temps avait suspendu son vol. Tout semblait s'être figé en une fraction de seconde. Puis la source de lumière se tarit d'un coup, ne laissant plus qu'une étoile filante s'envoler haut dans le ciel et dessiner des ombres sur le paysage enténébré. La harpie lâcha Azalée et vira sur l'aile en tournoyant. Elle plongea vers le sol et se fracassa l'échine en roulant dans l'herbe sur une vingtaine de pas. Les autres harpies parurent totalement déboussolées. Certaines se heurtèrent en plein vol et s'écrasèrent après quelques vrilles incontrôlées. D'autres piquèrent sur la forêt et disparurent dans la masse végétale après un choc d'une extrême violence. Les plus chanceuses partirent vers le ciel en virevoltant comme des chevaux fous.
Olaus rebondit dans l'herbe et roula sur lui-même en ramenant les bras contre son torse pour éviter d'être démembré. Quand il put retrouver ses esprits, il était tourné vers la forêt que la lumière de l'étoile filante baignait d'une clarté lunaire. Ce qu'il aperçut eut raison de tous ses espoirs : une longue ligne de chevaliers noirs aux armures baroques parcourues de reflets argentés attendait sans bouger à la lisière des arbres. La lumière disparut et replongea le bosquet dans les ténèbres, masquant à sa vue la troupe infernale qui se dissimulait dans l'ombre. Olaus pria pour qu'ils aient tous eu les yeux brûlés par ce qu'ils venaient de voir. Mais il ne savait pas si ces créatures se basaient tant que ça sur la vue pour traquer leurs proies...

Carlyle | 21/08/07 17:32

Toujours aussi bon.

La suite?

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