Forum - [ Les Chroniques de la Haine ] Sorcellerie !
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Movézeuil | 22/08/07 18:52
[ Première partie par Uto et deuxième par Movézeuil. ]
Les neufs pierres avaient été disposées selon les indications de la vieille femme, les flacons d'encens embrumaient la clairière, les innocents étaient là, pleurnichant, prisonniers de leurs chaînes. Les gardes étaient restés à l'écart, et pour une fois, le Duc pouvait les comprendre. Il détestait la magie. La craignait, la haïssait. Aussi n'avait-il pas jeté son habituel regard empli d'éclairs quand ses nains s'étaient écartés d'inquiétude, lui-même avait eu envie de faire un pas en arrière, ce qu'il n'avait bien sûr pas fait. Quand la vieille commença ses incantations, il sentit un sentiment d'incertitude l'envahir. Etait-ce vraiment ce qu'il fallait faire ? Gaïa elle-même méritait-elle ces rituels maléfiques ? Quand il reposa son regard sur les captifs, les seuls extrémistes d'Amon faits prisonniers, il se remit à sourire. Tant que Movézeuil le payait par le sang de son peuple ... Les paroles de la sorcière sne firent plus lourdes, plus lentes, sa voix envahit la clairière comme s'il ne s'agissait que d'une petite pièce close. Des oiseaux quittèrent leur branche. La brume semblait s'épaissir. Les odeurs lâchées par les fioles d'encens assaillaient les narines et les yeux. Quelques instants encore et l'incantation fut terminée. Le Duc jeta un coup d'oeil vers la vieille. Elle avait prit l'apparence d'un mort, les traits tirés à l'extrême, la peau blâme et les yeux exorbités. La magie l'avait vidé de sa vitalité, au point qu'elle eut du mal à prononcer ces quelques mots.
« Maintenant ... Les ... Sacrifices. »
Le nain hocha la tête en s'approchant. La vieille femme s'aperçut trop tard qu'il avançait vers elle et non vers les prisonniers. Sa tête roula jusqu'à percuter l'un des neufs menhirs. D'un geste, il ordonna que les prisonniers soient exécutés, ne se donnant pas la peine de le faire lui-même. Le sang eut tôt fait d'envahir le centre du champ de pierres. Le sang de Khazad.
Les batailles recommenceraient bientôt, la guerre de la Haine ne faisait que commencer. Un autre sourire vint illuminer le visage du Duc quand le sol se mit à trembler. Plusieurs nains chutèrent, beaucoup avaient peur. Celimbrimbor n'aurait pas apprécié. Mais au final, personne n'aurait vraiment apprécié. Le Duc lui-même n'aimait pas la situation qui s'imposait à lui.
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Un messager vint lui apporter le soir venant les résultats de l'escarmouche de la forêt. Au total le Duc avait perdu deux cent vingt-deux nains. Il n'était pas sûr d'avoir infligé le tiers de ces pertes à ses ennemis. Il renvoya le messager d'un rire glacial d'indifférence et se pencha vers le sol. Une racine s'entremêlait follement autour d'une autre, toutes deux enrobées de mousse et parsemées de champignons. Il haussa un sourcil, s'abaissant sur les genoux. Une racine bougeait, semblait vouloir échapper à l'emprise de l'autre. L'autre prit vie à son tour et elles se tortillèrent un moment avant de parvenir à se détacher l'une de l'autre.
Le premier garde passant non loin fut interpellé. Le Duc lui demanda de s'avancer jusqu'à l'arbre. Puis il croisa les bras. Le garde noir pensa d'abord avoir trébuché maladroitement, mais élimina cette pensée quand, en se relevant, il remarqua la racine montant le long de sa jambe. Il jeta un regard vers son maître avant de se mettre à crier. Sa hache vint à bout de la plante en quelques secondes, mais n'empêcha pas une liane de lierre de le ficeler à son tour. Une branche arriva de côté et lui fouetta violemment le visage. Sa vision était déjà rougie par le sang lorsqu'une deuxième branche, cette fois bien plus épaisse, l'envoya rouler plusieurs mètres plus loin dans une dernier râle.
Le Duc se releva. Il s'approcha à son tour et posa une main sur le tronc du vieil aulne. « Merci. » Fut ce qu'entendirent les nains s'étant rapprochés suite aux cris ...
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Un silence pesant salua les premiers rayons du soleil qui perçaient, avec peine, les feuillages. Un silence interrompu, de temps en temps, par le bruit du vent. Mais même celui-ci semblait vouloir éviter de se faire remarquer. Il avait peur. Movézeuil était, lui aussi, sur ses gardes. Il pensait à la veille. Lorsqu'il traversait la forêt entouré du chant des oiseaux ou qu'un ruisseau murmurait dans le lointain. Que se passait-il ? Pourquoi un tel mutisme de la part des animaux ? De plus, il se sentait observé depuis leur départ. Pourtant il n'avait aperçu personne. Pour le moment, son souhait le plus cher était de sortir de ce lieu sauvage et de continuer les combats sur une plaine dégagée ou mieux encore dans le désert de Karok-Ak-Khazad.
Pendant ce temps, une discussion passionnée se déroulait entre les deux Extrémistes chargés de fermer la marche. Ils marchait avec entrain semblant ignorer l'atmosphère qui se faisait de plus en plus pesante autour d'eux.
- Donc tu prends un tonnelet d'hydromel et une jarre de miel. Tu les verses lentement dans un récipient. Le miel avant l'hydromel. Tu mélanges jusqu'à ce que la sauce soit devenue onctueuse.
- Faut mélanger combien de temps ?
- En général quelques minutes.
- Hum. Répondit le Nain qui gravait chaque détail dans sa mémoire.
- Après tu arroses généreusement l'Elfe sans oublier les pommes de Daifen. Si tu veux, tu peux ajouter quelques épices pour relever légèrement le plat.
- Très bien ...
- Et pour la cuisson, tu prépares une grosse flambée. Lorsqu'il y a suffisamment de braises, tu éteins le feu. Et tu y poses ton plat. Il faut compter environ ...
Une ronce noire vint interrompre l'Extrémiste. Elle s'était enroulée langoureusement autour de l'armure puis avait atteint le coup. A présent, elle le serrait férocement. Le Nain tenta de desserrer l'emprise sans succès. Il manquait d'air. Les épines s'enfonçaient, peu à peu, dans la chair, laissant s'écouler quelques gouttes de sang. Ses forces le quittaient. Le paysage tournoyait dans une ronde effrénée. Il s'effondra dans un râle d'agonie. Sa dernière vision fut la Garde de Khazad se faisant assaillir par la forêt.
Movézeuil rageait. Il ne s'attendait nullement à ce que le Duc utilise ce qu'il vénérait pour se venger. Comment avait-il pu en arriver là ? Il était donc prêt à tout sacrifier pour le détruire. Une branche fouetta le visage du Vénérable Ancien, laissant une large coupure en souvenir. La douleur le fit revenir à la réalité. Il trancha d'un large revers plusieurs rameaux, qui ondulaient vers lui. Puis il se mit à courir. Une immense racine s'était enroulée autour des jambes d'un Nain et l'entraînait sous terre. Il abattit sa hache à quelques pouces des pieds du malheureux. La lame s'enfonça dans le bois sectionnant le tentacule. Un liquide verdâtre s'en écoula tandis que le bout de bois se rétractait. L'Extrémiste, libéré, se releva rapidement et partit à son tour secourir ses compagnons. Movézeuil profita d'un instant de répit pour faire le point. Une vingtaine de corps gisait au sol sans vie. Plusieurs guerriers avaient été blessés. Cependant la Garde de Khazad s'était reprise et formait, maintenant, un cercle au centre de la forêt. Elle se tenait là, fièrement, invitant les arbres à frapper, toisant l'adversaire sans se soucier de sa nature. Elle voulait venger ses morts. Le Vénérable Ancien se tailla une route dans la végétation afin de la rejoindre. Il y parvint, finalement, laissant derrière lui une multitude de branchages. Vive comme l'éclair, une racine jaillit. Mais attentif, il la trancha d'une simple rotation de poignet.
- Nous devons quitter cet endroit. Tenez cette position tout en avançant. Ordonna-t-il.
L'avant Garde se mit en route. Lentement. Surveillant les environs. Attentive au moindre mouvement. A mesure qu'elle avançait les attaques se faisaient plus rares. Le soleil perçait davantage à travers les feuillages. On entendait même le piaillement de quelques oiseaux plus téméraire que les autres.
Soudain, une secousse se fit sentir sous les Extrémistes. La terre se fissura et une racine en émergea. Elle était immense. Elle atteignait facilement les six pieds de diamètre et surplombait la cime des arbres. Elle se balança un instant puis s'abattit violemment sur les Nains. Deux parvinrent à l'esquiver. Cinq , moins chanceux, furent broyés. On entendit les os crisser. Elle se remit en mouvement, rasant le sol. Elle faucha quelques guerriers qui allèrent s'écraser plus loin. Movézeuil sortit de sa torpeur. En quatre secondes, la Garde de Khazad avait perdu une bonne partie de l'effectif restant. Les autres frappaient ce qu'ils pouvaient. Il devait mettre un terme à ce carnage. Il profita que la racine se redresse pour en cogner la base. Une des lames de Kal s'enfonça dans le bois et ressortit pleine d'une substance poisseuse. Le tentacule fendit les airs de façon désordonné. Incontrôlable. Il souffrait. Les Extrémistes continuaient à tomber sous les coups. Le Vénérable Ancien empoigna fermement sa hache. Il frappa à de nombreuses reprises. Plusieurs entailles apparurent, laissant s'écouler l'étrange liquide. Mais la racine continuait sa danse mortelle. Sans jamais faiblir. Elle jaillit sur la gauche de Movézeuil. Celui-ci plongea au sol. Trop tard. Il toucha son ventre. L'armure de Mithril avait été tranchée. Il devait conclure. Une autre erreur comme celle-là et s'en était finit. Il se releva déterminé et murmura un mot en Ancien Langage. Aussitôt, un éclat bleuté illumina Kal. Les Runes prirent une teinte rouge sang tandis que les deux lames s'embrasaient. Le Vénérable Ancien chargea, poussé par la haine. Le temps semblait s'être figé autour de ce terrifiant spectacle. Le Nain bondit. Il écarta la hache sur sa droite, offrant son torse à la racine. Celle-ci, foudroyante, se détendit. Vide. Esquive. Movézeuil avait fait pivoter son torse. Il atterrit. Kal tournoie. Les flammes l'entourent dessinant comme un motif géométrique. Elle caresse le tentacule. Il tombe. Tranché net. Tout est terminé.
La Garde de Khazad, ou ce qu'il en restait, enterra les cadavres. Elle se remit en route, tout en priant pour les âmes des morts. Elle sortit ainsi de la forêt. Devant elle s'étendait une plaine aride. Seule une rivière la traversait. Elle serpentait parmi les herbes jaunies par le soleil et se jetait dans la Mer des Vents plus au Nord.
- Nous allons établir notre campement le long de la rive. Déclara Movézeuil, montrant du doigt une partie du paysage. La bataille se déroulera en ce lieu.
Il marqua une pause, détaillant le restant de ses troupes. Les Nains semblaient déterminer à vouloir venger les morts. Mais le moral était au plus bas.
- Je sais que vous êtes braves ... mais attaquer immédiatement le Duc serait une folie. Nous sommes trop peu nombreux. Nous allons attendre les Suprêmes Extrémistes conduits par Baramir. Construisons le camp en attendant. Il doit être prêt avant la tombée de la nuit.
Edité par Movézeuil le 22/08/07 à 18:55
Dixi de Tormen | 22/08/07 20:39
Passionnant, un réel plaisir à lire.
Duc De L'uto | 22/08/07 21:19
« A-t-on des nouvelles du Baron ?
- Non Sire, pas depuis le début des escarmouches. »
Le Duc en avait assez. Quelque part dans la plaine, ses nains tremblaient en petits groupes. Il n'aurait su dire ce qui les faisait vibrer, la peur des extrémistes, la peur de leur chef -lui-même- ou simplement le vent glacial qui s'amusait à filer le long des folles pousses d'herbes. La forêt ne lui avait pas offert de triomphe, ce qui le contrariait au plus haut point.
« Et du mauvais sort ?
-Ca a marché, la sorcière disait vrai.
-Comment en es-tu sûr ?
-L'éclaireur est revenu avec une branche en travers du bras. »
Utiliser la nature... C'avait été une décision dure, douloureuse. Mais il fallait bien reconnaître que Gaïa ne s'était pas manifestée depuis le début de la guerre. Ca prouvait à la vermine qui servait de troupe qu'elle n'était pas qu'une idéologie oubliée, même si elle n'avait pas agit directement. Eux n'en savait rien.
« Movézeuil a été tué ?
-Non Sire. Une petite partie des Khazadiens s'en sont sortis. Ils ont établis un camp près de la rivière. D'après nos estimations, nous sommes plus nombreux qu'eux, nous pourrions les...
-Depuis quand les lieutenants donnent-ils leur avis ? Motive les hommes. Dis leur que les renforts arriveront bientôt, et que suivra la bataille qui décidera de la suite des évènements.
-Bien monseigneur...
-Et préviens moi si le Baron Hector donne signe de vie. Pareil pour ce guerrier du Tnaen. Prie pour qu'ils soient là à temps. Vos vies en dépendent, les leurs aussi... »
Edité par Duc De L'uto le 22/08/07 à 21:20
Urgosh | 24/08/07 10:51
Par racines et ramilles, en voilà un récit !
