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Viviane la fée | 23/08/07 09:15
Viviane ne pensait pas qu'il pouvait y avoir tant de nuances de gris, bien que maintenant, et dans l'état dans lequel elle se trouve, cette information ne lui est plus d'aucune utilité. Elle se laisse aller au gré des courants d'air, flottant sans but, dans l'attente d'un hypothétique contact psychique avec Jaelle l'Amazone. Le temps n'a aucune importance, il se dilue dans la trame de ce Non Monde et les entités qui s'y trouvent n'en sont plus affectées.
Au début, elle doit reconnaître que ça a été dur : abandonner son enveloppe corporelle dans cet étrange laboratoire, laisser toute sa vie derrière elle, c'est une expérience traumatisante et sa première réaction a été de se demander : pourquoi moi ? Elle aurait sans doute préféré sombrer dans l'oubli plutôt que dans cette semi existence où elle ne gère plus rien, à la merci de son destin. Heureusement, il y a Jaelle et le lien de sang indestructible qui les relie toutes les deux. Elle se retrouve souvent dans l'esprit de la jeune novice et peut la conseiller utilement dans les situations éprouvantes qu'elle est amenée à vivre dans cette réalité qu'elle, Viviane, a quittée malgré elle.
Pourtant elle ne maîtrise pas encore le pouvoir d'intervenir de son propre chef : c'est sa filleule de serment qui l'appelle inconsciemment lorsqu'elle se trouve en difficulté. Le reste du temps, son esprit flotte, entité diffuse et opaque, dans ce monde étrange coincé entre celui des vivants et celui des morts.
Heureusement, il lui reste ses souvenirs : elle revit ses premières campagnes et sa rencontre avec Anacho Ankhe At Afram, la naissance de Falordelle sa fille, son arrivée dans la cité du Clan, ses déboires avec les Rats, la destruction de la Sylve des Amazones... Lorsqu'elle fait les comptes, elle s'aperçoit que son existence a été riche en péripéties mais qu'elle n'a pas pris assez de temps pour s'occuper d'elle-même et de sa vie affective. Maintenant il est trop tard, on ne peut pas pleurer dans cet univers gris, surtout lorsqu'on s'y promène sous la forme d'un nuage de particules constitué essentiellement de pensées...
Soudain, elle sent que l'atmosphère se condense, le gris s'intensifie et ses perceptions sensorielles enregistrent l'approche d'une autre entité. Cela lui est déjà arrivé, aussi elle s'arrange pour dévier sa trajectoire de façon à l'éviter. Mais cette fois-ci, cette manoeuvre est insuffisante : l'autre s'arrange pour que le contact soit inévitable et des mots s'inscrivent en elle, mots qui prennent une signification au fur et à mesure qu'elle les déchiffre :
- Ne fuie pas, c'est toi que je cherche.
Viviane ne peut s'empêcher d'être surprise : elle répond instantanément et ses propres mots à peine formulés s'écrivent en lettres argentées qui flottent devant elle :
- Pourquoi moi ?
Elle est émerveillée par ces signes qui ondulent paresseusement et qu'elle peut produire sans difficulté. Elle aurait des mains, elle s'amuserait à les attraper pour en sentir la texture et le volume...
- L'avenir seul répondra à ta question, moi, je n'en ai pas les moyens. Mais ton destin n'est pas ordinaire, c'est pour cette raison que je suis ici. Tu dois me suivre...
- Où ?
- Viens, le temps m'est compté. Chacune de tes questions trouvera sa réponse, bientôt. Fais-moi confiance.
Viviane n'hésite pas longtemps : après tout, que risque-t-elle ? Elle est déjà à moitié morte et n'a plus rien à perdre. Sans réfléchir davantage, elle dit :
- Très bien, je vous suis...
Aussitôt, elle se sent aspirée par l'autre : l'impression n'est pas déplaisante, même si ça reste très étrange. Le gris se met à onduler autour d'elle, et elle a brusquement conscience de se déplacer à toute vitesse. Elle craint un instant de se perdre mais elle réalise vite que depuis qu'elle est dans cet univers intermédiaire, elle n'a jamais eu besoin de se repérer, elle se laisse donc aller sans chercher à analyser le flot de sensations qui la submerge.
Le gris finit par se fondre dans le paysage, et Viviane voit grandir sur l'horizon plat une masse noire qui arrive vers elle à toute allure. Toujours à la suite de l'autre entité, elle s'aperçoit que sa vitesse diminue jusqu'à s'arrêter complètement.
- Voilà, ici c'est chez moi, cet endroit coïncide avec ma demeure, nous sommes arrivés. Entre.
Viviane se faufile et se retrouve bientôt au centre de ce qui correspond à une salle petite mais confortable. Aussitôt elle éprouve un sentiment de sécurité et de bien être... Les mots continuent à s'inscrire dans ses pensées :
- Je te dois des explications. Je m'appelle Thorys, j'ai la faculté de pouvoir intervenir dans la trame du temps et de pouvoir lire le futur. C'est pour ça que je suis venue te chercher. Ce que j'ai vu m'a effrayée. J'ai donc décidé d'agir, je ne peux pas laisser le Chaos s'installer et les forces du Mal triompher. Tu représentes l'espoir pour le monde des vivants.
Si elle avait pu rire, Viviane l'aurait fait sans hésiter. Au lieu de ça, elle dit :
- Comment puis-je représenter quoi que ce soit vu l'état dans lequel je suis ? C'est bien joli tout ça, je suis prête à vous croire, mais je ne vais pas pouvoir faire grand-chose. Une poignée de particules peut difficilement faire obstacle aux forces du Mal !
- Je comprends ta réaction. Mais fais-moi confiance, laisse les choses se mettre en place. Tout ça est écrit. Il faut que tu restes ici, dans ma Tour, tu y es protégée. Ce ne sera plus long maintenant.
Viviane ne répond pas. Elle sait qu'elle va faire ce que l'autre désire, de toutes façons, s'il y a une chance infime pour qu'elle redevienne ce qu'elle était avant, elle est prête à la courir...
Le temps passe, mais elle ne s'en rend pas compte : elle flotte dans le Non Monde, vague brouillard plus dense que ce qui l'entoure. De temps en temps, elle s'amuse à prononcer un mot, rien que pour voir les lettres dorées se former au gré des mouvements aléatoires qui agitent la trame de cet univers.
Dakeyras Dat Narumyr | 23/08/07 14:10
J'aime, beaucoup.
Zoltahn Kodaly | 23/08/07 14:17
D'autres entités attendraient de se lever, ailleurs ? Plutôt inquiétant...
Orféor Le Noir | 23/08/07 20:57
Trop rares sont les bonnes nouvelles par les vents apportées. Les Seigneurs des Nuées attendent, toujours.
