Forum - [Rp lumineux] Enlevement de lampion.
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Anaodot | 01/10/06 00:00
« Grullodhil… Une terre sauvage, ou fleurissent et fanent des plantes étranges dans un ordre tout aussi surprenant. Un continent ou se mêlent hasard et aléas du sort, afin de donner naissance a des œuvres magistrales. En son centre poussa, il y a fort longtemps, un cité d’une blancheur inégalable, dont la pureté n’avait de pareil que la chasteté d’une jouvencelle a peine sortie du berceau. Et encore, il aurait fallu qu’elle ait eu du sang bleu, et que ces ancêtres, sur huit générations, n’aient point connu de mésalliances. En vérité, et je vous le dis, ce castel opalin n’avait point de semblable, et sa beauté, charmeuse, déroutante, enivre quiconque s’en approche a moins de deux lieux. Une multitude de fruits mirobolants, à déguster frais ou confits, vont ravir les papilles les plus zélées. Des femmes de tous gouts, de toutes vertus, a votre service, pour peu que votre bourse soit bien pleine. A votre regard canaille, je me doute que vous avez saisis de laquelle je parle ! Vous n’en reviendrez pas, un si merveilleux cadre de vacances… »
Jazz cracha deux fois sur un sol sec, aride. D’une main habile, il roula en boule froissée le papier qu’il tenait, le jetant au gré du vent. Il le suivit des yeux, regarda le courant chaud l’emporter derrière une dune sableuse. Se retournant, tout en pestant contre les artifices des compagnies maritimes, il chercha son compère. Un peu plus bas, L’air fermé, jurant à chaque pas, Anaodot arrivait. Il portait, sur son dos, a deux mains, un sac d’un brun usé, rapiécé en nombre d’endroits, contenant, sans aucun doute, une abondance d’objets hétéroclites, dont l’usage obscur n’était plus un secret. Atteignant son ami, il posa alors son sac, d’un geste rude.
« T’y as cru, toi, a la réclame pour ce pacquelin* ? Ca serait pas plutôt celui du rabouin** ?
-Mon pauvre Jazz, tu es bien un pigeon. On n’a pas un billet si peu cher pour une destination de rêve. Même s’il parait que les Lampions sont des daims huppés***…
-Et ca, c’est pour nous. Enfin, c’est encore à eux, mais pas pour longtemps, n’est ce pas ? »
L’énergumène ne laissa pas le temps a l’autre poisse de répondre, éclatant d’un grand rire guttural, qui mourut en toux glaireuse. Il fallu deux grandes claques sur le torse de l’affreux pour en extirper le mal. Une fois l’affaire entendue, les deux brigands entamèrent leur marche vers la richesse, sur un air enjoué sifflé par le borgne.
Le castel brillait de mille feux. Ainsi, le prospectus ventant la citadelle n’était pas si loin de la vérité, si l’on ne considérait que la place forte. Autour, les maisonnettes bourgeoises ou de pauvres hères, entassées les unes contre les autres, de torchis ou de briques brunes, ressemblaient a toutes celles que les Rieurs connaissaient. Entrer dans l’enceinte ne fut pas bien difficile, tant la cité brassait de populations diverses, endimanchées d’atours dissemblables et bariolés pour les uns, sobre pour d’autres, confirmant l’éloignement de chaque pieux visiteur. Une petite taverne au doux nom du « Sanglier borgne » attira l’œil unique de Jazz. L’enseigne se mouvant suivant la brise, le nom lui apparu comme de bonne augure. Elle était, de surcroit, très proche du corps de garde lumineux, seul accès visible au travers de la montagne de pierres devant protéger la guilde. Les larrons, après avoir pris leurs quartiers, se mêlèrent a l’assemblée bigarrée occupant la salle commune. Ci et la, les rumeurs fusaient. On y conchiait aussi bien les grands dirigeants de ce continent que l’on y louait quelques Dieux étranges, colportant rumeurs véritables ou ramassis de mensonges, amplifiant, déformant, au gré des envies. L’orc, réclamant une pitance pour deux affamés, fut abordé par un individu certainement plus louche qu’un assassin pris sur le fait.
« Holà, bel orc, d’où nous venez vous ? Vous ne me semblez point accoutumé a notre belle et glorieuse ville, n’ais je point raison ?
-Damoiseau, répondit Anaodot, d’une voix rude et sans plaisir de plaire, Va donc te farcir une Largue° de petite vertu, et profites donc pour me foutre une paix royale.
-Tiens donc seriez-vous si coléreux, si je vous avais offert de ma bourse une délicate cervoise régionale ? Je table que…
-Va donc carrer un grossier bout de chêne dans les tréfonds de ton anatomie jeune importun !
-Soit, j’y cours, vous souhaitant tout de même la bonne et agréable nuitée. »
Ainsi disparu le jeune homme. Anaodot renifla, et, voyant enfin arriver l’aubergiste, réprima un sourire.
« C’est pas trop tôt l’ami ! J’ai eu le temps de me faire racoler par un petit parleur de mauvaise vie, sans aucun gène !
-Et bien ? Comment était-il, cet âne bâté ? Je le ferais chasser, la prochaine fois !
-Petit, et mince. Une coiffe kaki enfoncée sur un crane blond… Un visage avec des traits fins, si ce n’est un petit bouton sur le menton. Imberbe.
-Vous avez la mémoire des tètes vous, dites moi ! Mais je crains que vous ne fassiez bonne arrivée sur Grullodhil, navré. Vous venez de vous heurter a l’une des poisses °°du coin, habile autant des doigts que de la langue. D’ailleurs, on le surnomme « Orphée doigts de fée langue de vipère ». Un peu long, certes, mais ma foi, cela décrit parfaitement le personnage. »
Echappant un nouveau juron, Le Rieur porta la main a sa bourse. Elle était toujours suspendue a sa large ceinture de cuir, oui, mais allégée de ses écus… Le malotru venait de lui dérober son pécule et découpant d’une petite lame le fond de sa sacoche ! Laissant le tavernier coi, il rejoignit Jazz, tout occupé qu’il était a tapoter le fessier d’une serveuse, lui expliquant sa mésaventure fumeuse.
« Laisse donc ! Nous l’attraperons au retour, mais d’abord, notre travail avant tout. Le plaisir, ca passe après, Nodot, ne l’oublie pas !
-Oué, t’as raison, pour une fois, t’es plutôt sensé… Allez, finis ta tenante et avale ton Picton°°°, que l’on s’y mette sérieusement… »
Trois petites heures plus tard…
« Dites moi, charmant gardien, pourrions nous, avec délicatesse, visiter cette magnifique cathédrale ?
-Pour sur, mes dames, mais il vous faudra revenir demain, la nuit, les visites sont interdites.
-Oh, quel grand malheur, gentil homme, Mais… Nous venons de loin vous savez ?
-Et, comme tous les pèlerins dormant, pour l’heure, en ville ! Rentrez donc, quiètes, la cathédrale ne s’envolera pas durant vos rêves…
-Quel malheur, mais quel malheur, nous devions…
-Vous l’avez déjà dis. Et je vous réponds qu’il vous faut dormir, mes sœurs.
-Bien, et dites moi, vous accepteriez bien une petite bourse, a jeter dans la fontaine de l’édifice sacré ? Nous ne pouvons rester la, nous partons demain, a l’aube…
-Et bien…
L’appât d’une bourse pleine pouvait tenter plus d’un soudard. Le vigile, réfléchissant a grande vitesse, calcula le bon repas qu’il pourrait faire avec l’offrande de deux dames de la religion. Pour sur, il n’aurait plus le ventre vide ! Il tendit la main, un sourire au coin des lèvres.
« Je peux bien faire cela pour vous, mes sœurs ! Donnez moi votre or, j’en ferais présent a nos grands maitres, afin que cet investissement vous porte chance…
-Ah ! Quelle bonne volonté mon mignon ! Tenez, prenez… »
Les deux nonnes, habillées d’une large houppelande noire, d’un bonnet blanc surmontant un drap sombre, sortir leurs mains des larges manches qui, jusqu'à présent, les dissimulaient. Chacune tenant une petite sacoche résonnant de la multitude d’écus qui les boursoufflaient, elles s’approchèrent d’avantage de la sentinelle, qui serra de ses doigts crispés les doux pactoles. Un doigt resta, cependant, coincé entre sa paume et le cadeau de l’une d’entre elles, s’étant détaché de la pauvresse. Ebahi, il lâcha prise, s’apprêtant a crier sa surprise, lorsque sa torche se refléta sur la lame d’un lingre~. Il n’eut que le temps de regarder, interdit, stupéfait, le métal tranchant lui pénétrer une fois dans le ventre, en ressortir avec une célérité peu commune, pour remonter le long de sa gorge, tranchant tout ce qui pourrait transformer un souffle en cri. L’homme tomba lourdement, retenu par la seconde moinesse, qui le déposa doucement contre un mur proche. L’époussetant, lui glissant sa lance dans une main déjà raide, elle s’écarte brutalement, ramassant l’or a terre.
« Fichtre ! L’a pas bien marché ton plan.
-Oué ! Heureux qu’on est de la suite dans les idées. Allez, avance, on a une affaire a mener. »
Les deux « saintes femmes » continuèrent leur marche dans l’enceinte, leurs grosses paluches dissimulées dans leurs manches. La marche jusqu’aux portes de la cathédrale se déroula sans encombre. Très peu de gardes, pour tout dire, sans doute une coutume locale voulant qu’a partir de la mi-nuit, tout homme devait être soit ivre, soit saoul. A part les gardiens des portes, évidement. Rentrant dans un cloitre, les deux compains¤ évaluèrent la hauteur de la façade est, trouée si et la de magnifique vitraux.
« Six toises¤¤ la plus proche fenêtre.
-Un jeu d’enfant. Même un enfant y arriverait. Grappin ?
-Il est prêt, seulement, ca va faire un peu de bruit.
-Ah, exact… Hum, on va d’abord casser le carreau, en se planquant dans ce fourré la. Oui c’est un rosier épais, et ca pique. Je sais. Mais qui imaginerait deux voleurs déguisés en religieuses dans un rosier ? »
Aussitôt dit, aussitôt fait. Avec une célérité impressionnante, Jazz avait saisi une caillasse de l’allée, blanche est polie, la jetant précisément dans le vitrail, formant un joli trou fort discret. Aucun mouvement, aucun bruit autre que le souffle des deux compères. Ils attendirent, par précaution, mais, n’ayant réveillé une sentinelle endormie, sortirent de leur cachette réfléchie.
« L’arbalète de poing Jazz, la flèche grappin. Ca sera plus précis. »
Soulevant sa longue toge qui le gênait, l’interpellé révéla une ceinture large comme une pomme, ou étaient suspendues toutes sortes d’outils divers. Après avoir armé son arbalète, il ajusta son carreau perfectionné par ses soins. Le trait virevolta, s’engouffrant dans la faille. Après avoir tiré sur le lien, vérifiant sa solidité, Anaodot grimpa, se maintenant en équilibre de manière à faire chuter le verre coloré. Une fois l’ouverture nettoyée, il pu prendre le temps de contempler la bâtisse.
« Alors nodot ? Comment c’est ?
-Heuuu. Blanc ? Lumineux. Grand. Y a personne, mais… On se croirait en plein jour, le soleil nous tapant sur le crane.
-Bon bé, si y a pas un lapin ferré a l’horizon¤¤¤, qu’est ce que tu attends ?
-Exact, allez, grimpe. »
Sur ce, L’orc accrocha a la corde déjà en place une seconde. Et, prestement, il s’y suspendit, glissant vertigineusement vers le sol. Une brusque pression de ses lourdes mains l’arrêta, tirant douloureusement sur ses épaules. A sa suite, Jazz passait alors la tète par l’ouverture, et s’apprêtait à l’imiter. Quelques pas, éblouis par cette lumière agressive réfléchie même par les murs, les Rieurs ne purent qu’être ébahis, stupéfaits, par la perfection les entourant.
« C’est beau quand même.
-Oui, mais ce n’est pas chez nous. Et puis je préfère le sombre et gluant.
-A ta guise Jazz. »
De grands vitraux laissaient couler les filaments solaires sur de longues colonnes d’une blancheur macabre. Mais dans ce lieu sacré, rien ne pouvait appeler a la mort, seulement a l’amour, a la compassion. Sauf si on était déjà mort.
Les deux compères se rapprochèrent du centre de la grande salle. D’ici, ils pouvaient s’émerveiller sur les décors et gravures qui, chastement, racontaient mille histoires. Ici, un paladin pourfendant un dragon, la, un très saint homme donnant l’aumône aux miséreux. Une noble femme filant une tapisserie, la défaisant la nuit, dans l’attente de son époux. Un orc surmontant un soldat du temple, lui fracassant le crane d’une masse a pique fort lourde.
« Sans doute une facétie d’un des constructeurs… »
Un peu plus loin, un pélican géant, étendant ses ailes sur une carte du monde connu, tenant dans son bec un fromage, qu’un poulpe voulait lui voler. L’histoire daifennienne fut complexe, a ne point douter.
« Jazz ?
-Oué ?
-Regarde là-bas, a coté des cierges.
-Oué ? Bé quoi ? Y a qu’une foutue vaisselle non ?
-P’tetre bien qu’s’est de la vaisselle. Mais elle est p’tetre d’or… »
Le borgne se précipita, en de nombreuses foulées raccourcies, vers la table de bois noble.
« Bien vu Nodot ! C’est de l’or ! Y a même des couverts en argents ; Oh ! le candélabre !
-Embarque le tout. Je crois que notre but n’est pas ici. Qu’on ne soit pas venu pour rien quand même.
-Foutrediable c’est vrai ! »
Tout en sifflotant, il ouvrit un large sac de jute, y jetant pèle mêle les objets de sa convoitise, dans un boucan a réveiller une gargouille.
« Fais gaffe, on n’est p’tetre point seuls abruti !
-Oh, qui viendrait ici en pleine nuit, a part des honnêtes types comme nous ?
-Ecoute ! »
Un bruit de pas se fit entendre. Un homme, de taille normale, en pantoufle, se promenait, main dans le dos, admirant l’ouvrage. Peut être avait il un coup de trop dans le nez, car il semblait tituber légèrement.
« Et si c’était… lui ?
-On vérifiera plus tard. On le chope. T’as la matraque ? »
Anaodot, chuchotant, s’était accroupi afin de se dissimuler derrière une chaise, laissée négligemment ici. Sans doute les restes d’un repas festif, et l’hôte revenait voir si tout était en ordre ? Quoi qu’il en soit, il attendit que l’homme atteigne sa hauteur. D’un geste sec, il frappa brutalement, derriere la nuque. Le pauvre homme s’éffondra, poussant un petit hoquet de surprise. Jazz le passa sans délicatesse sur son épaule. Son œil rieur espérait qu’il y aurait gros dans l’affaire. Sans doute une magnifique rançon. Peut etre qu’on les paierait pour le garder avec eux, un patriarche ca fait toujours des envieux. En attendant les propositions, il ne fallait pas malmener la marchandise. Pas plus que le nécessaire.
« Allez, on file ! »
Quelque part dans les bas-fonds pouilleux d’une citadelle de Grullodhil.
« Mais ! Puisque je vous dis que je ne suis pas celui que vous cherchez !
-A d’autre ! On nous l’a deja faite, l’erreur de personne. Jazz ? T’as l’ane Huère ?
-Oué, il beugle dans l’coin.
-Donne lui en un coup, ca lui déliera peut etre la langue. »
La bete bruyante fut soulevée sans ménagement, dans un ho hisse ! d’efforts. Son atterrissage, planifié, provoqua, quand a lui, un ouch ! de douleur.
« Alors Ristou, t’as de quoi payer ta rançon ? Il parait que t’es riche non ?
- Mais puisqu’ je ne suis pas c…
-Jazz ?
-Oué, je sais. Mais ca se voit que c’est pas toi le bras armé, c’est lourd quand même ! Je pourrais pas y aller avec une masse, ou une dague ? Ca fairait p’tetre plus d’effets ?
-Nan, faut pas trop l’abimer, et y a que ca qui fait pas de trace. J’l’ai lu dans un roman policier.
-Rhaaa, toi et tes satanées lectures ! »
*pays
**diable
*** dit d’un individu présentant l’aspect d’un homme riche.
° Femme
°° voleur
°°° tenante = chopine ; picton = vin.
~couteau
¤copains.
¤¤ 1,80 m environ
¤¤¤ gendarme.
Bart Abba | 09/10/06 00:00
(dno) MOUHOUHAHAHAHA !!!
D
