Forum - Enlèvement
Index des forums > Rôle Play > Enlèvement
Jaelle N'har Allora | 28/08/07 15:36
Lambris d'Or est très surpris lorsqu'il débarque dans la plaine de Ningbo : c'est la première fois qu'il se trouve sur un champ de bataille et la réalité dépasse de loin la fiction. Lui qui était habitué à se battre uniquement avec des mots, le voici confronté aux dures réalités de la vie des soldats : adieu les livres, les plumes et la douillette sécurité de son petit bureau au sein du palais impérial ! Heureusement que le Félon est avec lui...
Muni d'un laissez-passer signé de l'Empereur en personne, les portes s'ouvrent d'elles-mêmes pour le Juge et son complice. A peine arrivés, ils sont reçus au QG de campagne, une petite maison rapidement aménagée par les soldats. Le général Cooper en personne vient les accueillir : le militaire n'a pas changé, un peu plus de cheveux gris peut être, mais ses yeux gris restent vifs et son regard pénétrant.
- Monsieur le Juge, soyez le bienvenu sur ce champ de bataille.
Il s'incline respectueusement en claquant les talons puis reprend :
- Que nous vaut votre venue ?
Lambris d'Or le regarde machinalement et lui dit :
- Je fais une inspection de routine, je veux me rendre compte par moi-même de la situation... Où en êtes-vous ?
Le général Cooper, nullement impressionné, l'entraîne vers une carte pendue au mur constellée de petits drapeaux verts et rouges. Il se lance dans un exposé très technique en ponctuant ses affirmations par des gestes éloquents en direction de la carte. Lambris d'Or n'écoute pas même s'il semble très attentif : ses pensées sont tournées vers Sydney Jones, il la sent, il sait qu'elle est tout près d'ici, infime partie de cette immense ruche bourdonnante. Il la lui faut, et vite... Interrompant le général Cooper, il dit :
- Très bien, Général, vous avez mon entière confiance. Pouvez-vous nous faire conduire à nos quartiers ? Je suis un peu fourbu et je souhaite me reposer...
Le militaire sourit et s'incline derechef :
- Excusez-moi, j'oubliais que vous avez fait une longue traversée pour arriver jusqu'ici. Un de mes sergents va vous conduire...
Les quartiers en question sont spartiates : une simple hutte construite à partir de fourrures puantes tendues sur des panneaux de bois, le tout recouvert d'un peu de chaume pourri, truffé d'insectes en tout genre. Mais le Juge de la Haute Cour ne s'en formalise pas : son complice s'est mis en chasse, lui garantissant des résultats très rapides.
Le Félon est un homme efficace. Il ne lui a fallu qu'un sablier pour localiser la cible. Il faut dire que cela n'a pas été bien compliqué, la seule difficulté a consisté à ne pas se perdre dans le labyrinthe du camp impérial : les recrues se soucient comme de leur première culotte de l'organisation pratique du campement et laissent donc aux gradés le soin de tracer les allées et de fabriquer les panneaux de signalisation. Or, les gradés ont autre chose à faire : il faut distribuer le matériel, fourbir les armes, entraîner les recrues et assister aux réunions journalières à l'état major.
Le Félon a payé deux tournées à l'unique taverne ambulante du camp et le tour a été joué : les langues se sont vite déliées, lui rapportant la dispute entre Krios et Lifar pour une femelle débarquée de la veille et correspondant à la description de Sydney Jones.
Installés sous leur tente, le juge et son complice mettent au point leur stratégie : ils comptent bien ne pas faire de vieux os dans cet endroit sordide.
Wax a changé : depuis que Sydney est entrée dans sa vie, il voit tout en rose. Il s'est levé ce matin avec une joie de vivre chevillée au corps et le simple regard de sa protégée a le pouvoir de l'envoyer flirter avec les étoiles. Les corvées sont devenues pour lui une source de plaisir dans la mesure où elles sont destinées à rendre la vie de la jeune femme plus agréable : aller lui chercher de l'eau dans un seau pour qu'elle puisse se laver à l'abri de sa tente, faire trois sabliers de queue à l'unique chariot qui vend des articles de base aux soldats dans l'espoir de lui dégotter un peigne, la protéger de ses congénères qui rôdent autour de ses quartiers...
C'est donc d'un pas allègre qu'il convoie le dernier troupeau de recrues vers le camp, tout à la joie de retrouver Sydney et de partager avec elle le mince morceau de volaille qu'il a réussi à échanger ce midi au cuistot de l'ordinaire.
Les formalités sont expédiées comme d'habitude et Wax peut enfin se hâter vers sa tente. Un petit vent frais s'est levé et rafraîchit l'atmosphère humide de la plaine. Le géant ramène d'un geste frileux le col de sa veste autour de son cou. Soudain, sans savoir pourquoi, il se met à trottiner. Il enfile les allées qui se ressemblent toutes sans hésiter une seule fois. Sa tente se dessine à une trentaine de pas, tout près du chêne, là-bas, il va enfin pouvoir contempler sa protégée à sa guise. Et brusquement, Wax sent son coeur battre la chamade : il y a deux hommes et deux chevaux devant son abri et l'un d'entre eux, en selle, tient un corps devant lui couché sur l'encolure de sa monture... Il aperçoit fugitivement les cheveux de Sydney, tache plus brune sur la crinière du cheval et il accélère encore, les coudes collés au corps tandis qu'une colère et un désespoir sans nom montent du plus profond de ses entrailles : ces deux-là sont en train d'enlever la jeune femme, il faut absolument qu'il les en empêche !
Sans s'en rendre compte, Wax se met à hurler dans une tentative vaine d'appeler à l'aide, mais personne ne semble entendre son cri d'alerte, on dirait même que les plus proches voisins de son campement se sont brusquement volatilisés. La distance s'amenuise, plus qu'une vingtaine de pas. Les deux hommes se retournent et regardent la montagne de muscles qui arrivent sur eux. Le plus mince qui est encore debout devant la tente le désigne du doigt et saute souplement sur le dos de son cheval : sans se faire prier, les deux cavaliers éperonnent leur monture et partent au galop, renversant tout sur leur passage.
Un court instant, Wax se tient pratiquement à leur hauteur. Il croise le regard inquiet de celui qui maintient Sydney couchée devant lui : la tête de la jeune femme ballote contre le flanc du cheval, mais Wax ne s'en aperçoit pas : il dévisage l'inconnu pour graver ses traits dans sa mémoire.
Il tente d'attraper la jambe du cavalier et se prépare à lui sauter dessus lorsqu'une brutale poussée l'envoie valser dans la poussière : le deuxième homme qu'il ne surveillait pas a profité de la largeur du chemin pour se rapprocher de lui et lui donner un coup de pied dans le dos. Wax se retrouve sur le sol, entre les pattes du cheval et met instinctivement ses bras autour de sa tête pour se protéger. Les deux cavaliers s'éloignent dans un grondement de sabots et disparaissent dans la nuit, le laissant seul sur le sol, le coeur plein de haine et de désespoir.
Noir-feu | 28/08/07 16:51
De superbes textes, que je te remercie de nous faire partager, mon amie.
