Forum - [Rp] Le Cinquième Conte.
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Consul Celimbrimbor | 30/09/06 00:00
Il était une fois le père de tous les contes, ou du moins se prétendait-il comme tel auprès de tous ceux qu’il rencontrait et à qui il narrait avec passion les chants et les chansons, les contes et les légendes, les histoires et les mythes, les souvenirs et les mémoires, le vent et l’or, le vermeil et l’argent, la boue et les charniers, le cœur de tout homme et les cheveux des dieux. Sa harpe déliée aux accents mélodieux était un accord juste avec sa voix posée, qui s’emparait des hauts faits du passé, et s’enflammait avec eux, montant à l’assaut des tours merveilleuses avec les héros d’autrefois, qui chutèrent dans l’oubli des temps bien après que tombées fussent ces mêmes citadelles, devant lesquelles ils voulurent gagner gloire et renommée pour les siècles à venir et les siècles passés.
Vieillards chenus et jeunes gens élancés, dames de noble stature et putains régulières, curés aux crânes tondus et chastes paroissiennes, gentilshommes de fortune et princes de hautes cours, paysans illettrés et savants professeurs, astres et animaux ; jamais audience plus vaste ne se réunissait que pour l’écouter lui, le vagabond, l’errant, l’inconnu de passage, le mendiant accueillant, le travailleur d’une mémoire possédée par tous, n’appartenant qu’à lui.
Son bâton ferré au pommeau travaillé de mille et mille figures toujours renouvelées par un sculpteur génial que nul ne connaissait l’annonçait sur les routes, et quand il venait à passer par des chemins obscurs, les fées et les diables, les lutins et les trolls, les sangliers et les ogres, les princesses et les crapauds, les sorcières et les feux follets, les démons et les anges, les foudres et les esprits lui faisaient un cortège joyeux, chantant les dits d’un univers autre dont il les tirait dans sa rêverie solitaire.
Ses chaussures crottées aux cailloux des chemins salissaient tous les sols, mais qui en avait cure, sinon les ignorants pour jamais délaissés dans leurs abîmes lumineux de ténébreuses sottises, abandonnés aux mains de leurs petits démons, sans espoir d’évasion du réel étriqué dont les rêts étouffant par eux étaient tressés, sans cesse filés, re-tressés, et re-filés encore.
Fête donc, et tristesse de devoir le voir partir au soir venu, remportant avec lui créatures merveilleuses et fabuleux accents, poèmes joyeux et lais languissants, amoureux sonnets et rondeaux larmoyants, épopées grandioses et flamboyantes tourments. Mais les brandons légendaires qu’il laissait derrière lui étaient fournaise suffisante à tenir sans son souffle ardent des semaines et des mois, des saisons et des ans, des siècles s’il le fallait, avant qu’ils ne reviennent pour réveiller des braises neuves dans le tapis de cendres à peine rougeoyantes qu’il retrouvait toujours.
Mais où s’en allait-il, ce voyageur du jour, de la nuit et du temps ? Quels étaient ses chemins ? Les astres et les cieux, les routes et les cailloux, les pavés et les feux ? Mystérieux bonhomme au sac plein d’étrangetés qu’il ramassait dans ses errances continuelles deçà, delà, au milieu des étangs ou dans les mines profondes, dans les pierres des carrières ou les mers océanes, sur les terres englacées ou celles enfiévrées. Infatigable marchand, il troquait ses mots contre un simple sourire, et, heureux, s’en allait disparaître dans la nuit, rejoindre sa compagne, sa fille ou bien son frère.
Et qui était-il, ce bonhomme au sac vide et toujours plein pourtant ? Cet être mystérieux qui hivers, et étés, et printemps, et automnes, assurait les esprits d’un passé advenu, d’un présent advenant, d’un futur à venir. Les légendes et les mythes, les histoires et les contes, les chants et les mensonges, les poèmes et les chansons, les fables et les merveilles jamais ne furent d’accord sur ce personnage qui toujours après avoir touché les cœurs regagnait les esprits, sièges de la mémoire.
Conteur, diseur, réciteur, vieillard, jeune, aède, poète, scalde, shaman, femme, enfant, ange inspirateur, démon tentateur, succube infernale, archer amoureux… Polymorphe infatigable, habitant les esprits, renouvelé sans cesse, sans cesse reformulé, travaillé et repris, le récit habite avec joie tout ceux qui écoutent sans crainte ses mensonges, ses histoires, ses contes, ses vérités parfois, et toujours ses merveilles.
Movézeuil | 30/09/06 00:00
(dno) Que dire sinon extraordinaire ! 
Lonely | 30/09/06 00:00
Re : (dno) hum... un régal pour les lecteurs ? *sourire*
Tbo Der Entmanner | 30/09/06 00:00
[Dno] Le cinquième conte, ou "On la met où la virgule?". Très joli, en tous les cas.
Reinmar der Minnesänger | 01/10/06 00:00
(dno) le conte est bon !!
Barahir | 01/10/06 00:00
(dno) comme d'habitude, super 
Baron Hector Iii | 03/10/06 00:00
(dno) magnifique * s'incline de respect*
Cactus Frost | 05/10/06 00:00
(dno) Le conte des énumérations est pourtant dur à suivre
