Forum - [RP] Le druide et l'oiseau.
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Falxo Feronas | 27/09/06 00:00
Avec un grognement, Falxo posa le pied sur le promontoire. Il soupira de soulagement et sourit. La montée n’avait pas été facile. Cette damnée colline, qui de par sa taille lorgnait même vers le statut de montagne, était réellement très escarpée. Rocs, gravier instable, pentes raides… Certaines parties de son ascension, ayant nécessité l’emploi de ses mains, s’étaient apparentées à de l’escalade, et il n’était pas fâché d’être enfin arrivé.
Il saisit son bâton, qu’il avait tant bien que mal coincé dans son dos pour avoir les mains libres, et s’appuya dessus pour souffler un peu tout en considérant l’entrée de la caverne. S’il n’avait pas senti qu’une forme de vie l’habitait, il n’aurait jamais su qu’elle était là. Forme de vie qui l’avait intrigué, d’ailleurs. Elle ne ressemblait à rien de ce qu’il connaissait. La curiosité l’avait ainsi poussé à entreprendre l’escalade de ce pic rocheux.
A présent, il avait atteint son objectif, mais quelque chose le chiffonnait. La caverne semblait inoccupée, et il n’y sentait plus rien. Avec un haussement d’épaules, il se dit qu’il n’était pas question qu’il soit venu jusqu’ici pour rien. Ce pourquoi, d’un pas un peu méfiant, il franchit l’ouverture béante qui s’offrait à lui.
L’intérieur était plongé dans la pénombre. Falxo plissa les yeux et examina les alentours. C’était une grotte, rien qu’une grotte. Aux parois nues et sèches, au plafond hérissé de petites stalactites, rien de bien notable. Il poussa son exploration un peu plus avant. Ah, si, finalement, il y avait quelque chose de notable. Dans le fond se dressait une cuvette de pierre, trop régulière pour être naturelle, et garnie de paille. Falxo s’en approcha et, jetant un coup d’œil à l’intérieur, haussa un sourcil. Sur la paille reposaient un certain nombre d’œufs. Du moins, leur forme se rapprochait de celle des œufs, mais ils étaient très différents les uns des autres et arboraient des couleurs loufoques. Malgré tout, ça y ressemblait assez pour que Falxo conclût qu’il se trouvait devant un nid.
Ce fut à ce moment-là que la forme de vie réapparut. Brutalement. Falxo faillit sursauter, mais il se garda de tout mouvement soudain. Il la sentait de nouveau, certes, mais à une dizaine de mètres derrière lui, et il ne savait absolument pas de quoi il pouvait s’agir. Il ne pouvait donc pas non plus évaluer ses réactions. Il fit prudemment quelques pas en arrière, s’éloignant du nid. L’autre était immobile. L’observant, peut-être. Le druide se décida à se retourner, doucement.
« Tu as fini ta comédie ? »
Les mots avaient été prononcés d’une voix dure, rauque, rappelant le raclement de vieilles pierres. Une voix inhumaine, en tout cas, Falxo en convint tout de suite. Et il ne voyait pas très bien quel être pouvait avoir un tel timbre. Il se retourna complètement.
L’être en question faisait environ un Falxo et demi de hauteur, ce qui avoisinait les deux mètres quarante. Il ne bouchait pas toute l’entrée de la grotte, mais sa stature respectable obstruait néanmoins une bonne partie de la lumière extérieure. Il fit un pas vers l’elfe, puis deux, et des serres crissèrent sur la pierre.
Des serres, l’humanoïde, car c’en était quand même un, en avait beaucoup trop au goût de Falxo. Une paire, acérée, lui tenait lieu de pieds, et une autre, acérée aussi en fait, terminait ses mains et ressemblaient plutôt à des griffes. De plus, l’être était pourvu d’ailes d’envergure plutôt impressionnante, même par rapport à sa taille, et arborait un magnifique plumage, bleu aux reflets verts, ou verts aux reflets bleus, bleu-vert en tout cas. Quant à son visage, si on pouvait le nommer ainsi, il était constitué d’un paire d’yeux effilés, sans blancs, entièrement d’un noir intense, ainsi que d’un bec doré et apparemment tout aussi apte à déchiqueter les chairs que les serres citées précédemment.
Un piaf, se prit à penser Falxo.
Mais le piaf en question, de deux mètres quarante, pourvu de bras d’un diamètre à faire pâlir un orc bodybuildé et d’un je-ne-sais-quoi qui donnait au druide une malsaine sensation d’écrasement, en imposait tout de même plus que les poulets qu’on retrouve sagement dans les assiettes.
« Elfe, constata l’oiseau. Qui es-tu ? »
Falxo se garda de répondre « Et toi, d’abord ? ».
« Je me nomme Falxo Feronas. Druide. Enchanté…
- Druide, hmm. Evidemment. Je reconnais. Et qui d’autre aurait pu repérer cette caverne et être assez fou pour venir y jeter un coup d’œil ? Car c’est bien ce que tu es venu faire, n’est-ce pas ?
- Euh, à peu près, » dut admettre Falxo.
L’oiseau le considéra un long moment sans rien dire. Son visage principalement occupé par son bec ne laissait transparaître aucune expression. Il gronda enfin :
« Sais-tu qui je suis ?
- Non.
- On m’appelle l’Oiseau du Destin. L’on prétend que mes œufs définissent les épreuves qui écloront sur les existences des mortels.
- Oh… Vous êtes une sorte de dieu alors.
- Si tu veux m’appeler comme ça. »
A pas lourds, l’Oiseau s’approcha de Falxo, le dépassa et se pencha sur le nid. De la serre gauche, il saisit, au hasard, l’un des œufs qui y reposaient.
« Regarde, druide, fit-il de sa voix rauque. Regarde celui-là, par exemple. C’est l’un des plus courants que j’aie dans le nid… la Guerre. »
Falxo se pencha pour examiner l’objet en question, d’apparence peu engageante. Relativement effilé pour un oeuf, il arborait une couleur rouge sang, sillonnée de veinules d’un noir intense qui semblaient couler le long de la coque, comme si elles allaient dégoutter sur le sol de la caverne et y former une flaque gluante et lugubre. Il était plutôt gros ; les serres de l’Oiseau du Destin ne se refermaient qu’à grand-peine sur lui, alors qu’elles auraient sans effort broyé le crâne d’un elfe somme toute banal comme Falxo.
« Intéressant, fit celui-ci en hochant la tête, qui pour l’instant restait intacte. La Guerre, vous dites ?
- Oui, soupira l’Oiseau. Ca ne devrait pas être une surprise. Sur Daifen, la Guerre est omniprésente, je connais peu de destins qui ne l’aient croisée, de près ou de loin. Regarde, comme je te l’ai dit, j’en ai des dizaines comme celui-ci.
- Intéressant, répéta Falxo dans un murmure. Et… qu’est-ce que vous avez d’autre dans ce nid ? »
L’Oiseau reposa la Guerre là où il l’avait prise et farfouilla un instant parmi les œufs restés dans le nid, avant d’en soulever un deuxième. Il était plus petit, et d’une couleur verdâtre qui évoquait la moisissure. Sa coque semblait toute ridée, comme une vieille pomme, et, bien qu’il ne pût s’en assurer par lui-même, Falxo eut l’impression qu’elle était d’un toucher rugueux et désagréable. L’œuf dégageait d’ailleurs une odeur vaguement écœurante, qui ne faisait absolument pas regretter à l’elfe de ne pas pouvoir l’examiner de plus près.
« La Maladie, souffla l’Oiseau. Celui-ci éclot également sur de nombreux destins. Plutôt désagréable, mais un mal moindre que la Guerre en général. Quoique… on l’a déjà vue décimer des royaumes entiers. »
Il replaça soigneusement la Maladie dans le nid, et laissa vagabonder son regard noir sur la multitude d’œufs de toutes sortes qui s’y trouvaient. Il n’avait pas l’air de vouloir ajouter quoi que ce soit. Ce fut donc Falxo qui reprit la parole.
« Et supposons que je transforme tout ceci en omelette d’un coup de bâton…
- Tu pourrais. Si tu tenais à mourir déchiqueté.
- Je vois. Et autre chose que des catastrophes, il y en a là-dedans ?
- Oh, si. Si. »
Il plongea sa main griffue dans le nid et déplaça légèrement les œufs. Ainsi que put l’observer Falxo, il cherchait à atteindre le fond du nid. Au bout d’un moment, il en extirpa un petit objet qu’il plaça dans la main de Falxo. C’était un autre œuf, mais celui-ci ne payait vraiment pas de mine. Il était tout petit, vert feuille, un peu terne. L’elfe lança un regard interrogateur à l’Oiseau.
« Voilà, druide. Ce que tu tiens entre tes doigts, c’est le seul de mes nombreux œufs à être unique, toujours le même, et qui le restera ; l’incarnation de ce qui fait rêver les hommes depuis la nuit des temps. Celui qui brille toujours éternellement dans leur cœur, même quand on pense l’avoir perdu, même au plus fort des guerres et des épidémies, et qui est toujours là, unique et inchangé, même quand celles-ci ont pris fin et recommencé cent fois…
- Et plus concrètement ?
- L’œuf de l’Espoir. »
Falxo haussa un sourcil et manipula l’œuf avec une précaution et un intérêt renouvelés.
« Vous voulez dire que cet œuf est une… euh… cristallisation de l’espoir de Daifen ?
-Formulé autrement, c’est ce que je viens de te dire, oui.
-Hum. »
Falxo leva lentement les yeux et les accrocha à ceux, toujours aussi absolument noirs et insondables, de l’Oiseau. Il eut un sourire étrange. L’Oiseau avait certes un visage inexpressif, mais il fronça tout de même les sourcils à ce sourire, comme s’il devinait que l’elfe préparait un coup tordu.
Il ne comprit cependant pas assez vite de quoi il s’agissait pour empêcher le druide de jeter brutalement l’œuf par terre et de le broyer sous son talon. Il n’y eu pas d’autre bruit que le craquement de la coquille, et une simple lueur passagère, comme la flamme d’une bougie nonchalamment soufflée, témoigna de la disparition de l’Oeuf de l’Espoir.
Silence. Les deux protagonistes avaient le regard rivé sur les vestiges de la coquille martyrisée. Enfin, dans un souffle grondant, l’Oiseau du Destin reprit la parole.
« Evidemment, tu as une bonne excuse.
-Evidemment. »
L’elfe eut un sourire provocateur.
« Comme tu l’as si bien dit, l’espoir est quelque chose d’inaliénable. Quelle que soit la catastrophe qui nous frappe, c’est toujours la dernière chose qui demeure même quand on a perdu tout le reste. Je ne crois donc pas à un espoir qu’on peut détruire d’un coup de talon. Quand on y pense, c’est idiot, non ? C’est pourquoi, à mon humble avis, ce truc n’était rien d’autre qu’une babiole. »
L’Oiseau ne cessait pas de le toiser de ses yeux de néant. Finalement, sur un ton dans lequel Falxo eut l’étrange impression de reconnaître des accents satisfaits, il déclara :
« Sages paroles, qui te vaudront de ne pas être immédiatement déchiquetés, finalement. Tu peux repartir, druide. J’ose espérer que tu ne dévoileras pas l’emplacement de cet endroit à n’importe qui. »
Pour toute réponse, Falxo s’inclina et le dépasse, se dirigeant vers l’entrée de la grotte. Ce ne fut qu’une fois celle-ci atteinte qu’il se retourna et lança :
« Tu sais, je n’ai jamais cru au destin. Enfin, occupe-toi bien de tes œufs. Je suggèrerais une omelette, mais fais comme tu le sens. »
Sur ces mots, il salua l’Oiseau et bondit à l’extérieur, entreprenant la descente du pic rocheux à mouvements vifs et précis. De son pas crissant, l’Oiseau du Destin s’approcha de l’entrée de la caverne et le suivit du regard. Quand l’elfe fut hors de vue, il poussa un grondement qui pouvait s’apparenter à un soupir et leva une de ses mains-serres, paume dirigée vers le ciel. Un lueur verdâtre la nimba, accompagnée d’un léger crépitement ; l’un et l’autre ne durèrent que quelques secondes, puis s’évanouirent. Alors, l’Oiseau baissa les yeux sur le minuscule œuf vert terne niché au creux de sa paume et secoua la tête.
« Ah, ces druides… »
Falxo Feronas | 27/09/06 00:00
[Hrp] Vagues précisions
Oui bon, certes, si vous cherchez un rapport direct avec Espérodhil, vous pouvez y passer la nuit et même un peu plus, mais, tant pis. De même, il ne faut pas chercher à situer ce RP dans le temps et/ou dans l'espace, je me vois dans l'obligation d'admettre qu'il est totalement dénué de logique à ce niveau-là.
Conclusion, contentez-vous de vous infliger la lecture des lignes précédentes, et si vous n'êtes pas content, c'est pareil 
Anghor | 28/09/06 00:00
(dno) rooo comment tu t'es cassé la tête. Très sympa en tout cas.
Consul Celimbrimbor | 30/09/06 00:00
Dno>Ah, ces druides... Ils ne content que trop rarement leurs aventures.
Cerbère | 30/09/06 00:00
dno : Je dois avouer, sur le cul du début à la fin, bravo. J'aime beaucoup.
Ada_syllabe | 30/09/06 00:00
(dno) Superbe, j'aime beaucoup 


