Forum - [Rp] Lui - 1

Elenna Celebrindal | 23/10/07 13:31

Je vais tenter ici de vous raconter l'histoire d'un homme que je ne peux décrire qu'à travers son récit, celui là même qui m'a fait pleurer, rire, danser, et m'effondrer.
Une rencontre d'un soir dans une taverne bien triste.
L'histoire d'une vie dans un regard d'enfant.

* * *

Au début, lorsque les premiers regards ont commencé à se poser sur moi, enfants comme adultes, je pensais que ce qui faisait peur aux gens partirait petit à petit sous la pluie. Aussi avais-je pris l'habitude de sortir presque nu dans le jardin dès que les premières gouttes annonçaient l'averse. Avec cette habitude est venu celle des rumes répettés.
Mais ce n'est jamais parti. Je garde encore aujourd'hui cette habitude de m'asseoir presque nu sous la pluie dès que je le peux. Hélas une habitude n'en enlevant pas une autre, les regards dégouttés et appeurés ont continué de se poser sur moi, avec le temps se sont ajoutés injures, crachats et ce qui va avec.
Aujourd'hui je suis un adulte, un maitre dans mon art, et un poète à mes heures, mais je reste l'homme à la peau noire. Et il en a fallu du temps pour que la peur de la couleur de ma peau chez les gens se transforme en peur de l'homme derrière cette peau.

Pour commencer, je ne peux vous épargner la description du contexte dans lequel j'ai passé mes premières années.
Ma mère tenait une taverne dans une ville portuaire importante au nord. Mon enfance s'est faite entre les bancs de la petite école du centre de la ville et les bancs de la taverne. Et déjà les premiers regards inquiets se posaient sur ma peau. Mais à cet époque, les enfants ne faisaient pas attention à cela et les adultes m'importaient peu. Aussi la couleur de ma peau était loin de ma poser problème. Mon père, à qui je devait entièrement la noirceur de ma peau, n'est jamais apparu. J'ai appris longtemps après qu'il avait été assassiné peu de jour avant ma naissance.
Puis j'ai grandi. Je suis rentré dans "l'age des questions sans réponse". Et j'ai commencé à croiser tous ces regards appeurés, intrigués, dégouttés. C'est à partir de cette époque que tout à réellement débuté, peu de temps suffiront avant que je ne devienne "L'ombre des hommes"