Forum - Chapitre final
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Wibz | 03/11/07 23:59
Ce jour avait quelque chose de particulier, l'atmosphère était joyeuse, elle baignait dans les rires et les préparatifs. Les cuisines restaient le domaine sacré à ne pas franchir malgré la tentation qui flottait dans l'air et titillait les papilles. Cependant quelques malins s'y faufilaient et ressortaient avec un biscuit et les jurons de la grosse matronne qui les regardait filer en les menaçant de sa louche. Le ciel était clair tout comme les pensées du Seigneur Wibz qui se réjouissait de retrouver enfin la Cité du Clan. Le seul nuage était celui soulevé par les centaines de sabots des destriers qui foulaient le sol. Ils ne se pressaient pas, ils suivaient leur chef dans un royaume en paix.
La lutte avait été éprouvante et les quelques traits tirés autour de ses yeux toujours aussi vifs en témoignaient. Les nuits blanches s'étaient succédées, et les journées rouges avaient rythmé sa croisade de ces deux couleurs. Maintenant, ce sont celles de la bannière du Clan qu'il voit flotter à l'horizon. Il sourit. Qu'il est bon d'être chez soi. Un éclaireur se détacha du fier cortège qui rapportait une nouvelle victoire, et partit à bride abattue vers la Cité annoncer l'arrivée du vieil elfe. Peu après un cor résonna et les acclamations lui succédèrent, les plus rapides se positionnèrent aux meilleurs points de vue, tandis que les autres jouaient déjà des coudes pour grignoter de l'espace.
Le retour d'un Seigneur ou d'une Dame avait toujours été une fête. Kira s'en souvenait, il y a des choses qui ne changent point. Ses atouts guerriers ne l'ornaient pas, au contraire, le cuir devenu soierie mettait sa silhouette élancée en valeur, et le visage maculée de terre était simplement fardé. Elle ne s'était pas résolue à quitter ses bâtonnets de réglisse qu'elle grignotait d'impatience, ni sa dague attachée à son mollet. Voilà bien longtemps qu'elle avait été séparée de lui, de son cher Parrain. Ce lieu ne lui était pas inconnu et son apparence encore moins, quelques habitants étaient venus la saluer discrètement avant de jeter des coups d'oeils furtifs pour voir si l'inquisition ne les prendrait pas en faute. Elle était venue spécialement pour lui, le lien fort qui les unissait suffisait à la faire apparaitre dans son ancienne cité. Alors que le crieur annonça l'entrée de son parrain, un homme lui tenait ses mains et la submergeait de paroles, que cela lui faisait au chaud au coeur de revoir la dame elfe...Elle ne reviendra jamais mais elle n'eut pas le temps de le lui dire, à part d'y mettre un terme en souriant.
Elle ne le voit pas! Les applaudissements cependant lui apprennent qu'il a franchit les portes! A force de volonté, après avoir juré après sa robe qui entravent ses mouvements, elle émerge de la marée humaine. A quoi bon se cacher maintenant?! Les rumeurs sur sa présence ont sans doute circulé rapidement, elle sera plus furtive quand il faudra repartir...
Le Seigneur Wibz sourit malgrés sa lassitude et la gêne qu'il éprouve à voir tant d'enthousiasme de cette foule amassée sur les côtés de la route. Il n'a jamais aimé être au centre des attentions même si certains disent le contraire. Ces acclamations le submergeaient néanmoins de cette joie mêlée à sa réserve coutumière qui l'a poussée à mettre pied à terre au lieu de défiler en selle sur son étalon. Au détours d'un regard, il voit cette silhouette restée si longtemps absente à sa vision mais toujours présente dans son coeur. Elle reste plantée au milieu de la route et finit par avancer d'un pas puis d'un autre, pour finalement laisser sa fougue naturelle reprendre le dessus en faisant fit des conventions comme à son habitude. La jeune femme court vers lui, le sourire aux lèvres - sa petite Kira - pour lui, elle restera toujours sa fille spirituelle si forte mais parfois si fragile, mais il est là pour elle, pour la protéger de son insouciance et la conseiller comme un père. Il remarque qu'elle s'est vêtue comme il aime la voir, en princesse qu'elle est, il aurait tellement voulu qu'elle troque l'épée pour le sceptre.
Le vieil elfe a oublié cette foule qui a redoublé de cris à l'apparition de Kira l'Exilée, ses mains ridées par les ans se tend vers l'ancienne amazone. Il y a des histoires qui se terminent bien, des contes qui font rêver les enfants lors de leur songe. Cette scène y ressemblerait si le visage de Wibz ne s'était pas figé, que ses yeux si lumineux, il y a encore quelques secondes, ne fixaient pas pour son dernier regard l'expression de sa filleul qui se transforma en un véritable effroi. Le silence se referma comme la stalle qui clôt le tombeau. La mort planait avec sa faux terrible, son parfum d'angoisse embaumait l'air. Elle porta son dernier coup quand le corps du Seigneur tomba lourdement. Kira eu juste le temps d'amortir sa chute alors qu'elle tombait dans ce précipice de peine. Mais une prise la bloqua, elle la tenait fermement dans sa main ensanglantée après avoir cassé la hampe de la flèche logée en plein coeur de son Parrain. Elle secoua ce corps pour le ramener à elle, mais ses sens elfiques lui torturaient l'âme, ce n'était qu'une enveloppe charnelle qu'elle serrait dans ses bras. La vie l'avait quittée même si les traits de son visage avaient redessiné le calme habituel de Wibz. Son cri déchira les cieux et ses yeux embués raclèrent les alentours pour voir le tueur. Mais rien!
Pourquoi, elle n'a rien vu!? Elle sent le danger! Pourquoi elle n'a rien vu!? Pourquoi...
Elle embrassa une dernière fois son front puis se releva en titubant .Elle serrait cette flèche contre son coeur qui ne battait que pour la vengeance en regardant les hautes portes qui se refermaient en urgence. L'écran de ses larmes brouillaient sa vision, mais elle reconnu que trop bien la faux qui se balançait dans les mains d'une jeune femme. Un sentiment de malaise la submergea, le sol se déroba sous ses pieds. Elle ne put que rester près du défunt et le pleurer.
Noir-feu | 04/11/07 02:06
Une flammèche virevolte dans les airs, témoignant encore et toujours que les pierres ne seront pas seule mémoire d'un âge qui fut aussi celui d'une naissance. Elle inscrit une seconde dans les airs:
"Amitié attristée.
Noir-Feu"
