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Shadee | 06/11/09 21:04
Le sol était boueux, l'herbe arrachée, écrasée, piétinée par le combat qui laissait son sang nourrir la terre de morts. Les corps enchevêtrés, mutilés formaient une parure funeste dans la plaine battue par les vents du Nord. Le spectacle était pourtant grandiose, les oriflammes flottaient fièrement dans le ciel rougi, les chevaux de combats taillés dans leurs muscles frémissants portaient leurs cavaliers victorieux. Comme de véritables anges gardiens, les guérisseurs cherchaient à recueillir le souffle des survivants à travers le champs de bataille, leur cape blanche flottant derrière eux à la manière d'ailes immaculées.
Et puis vint le souffle puissant de la Corne des Elfes d'Olwé qui fit frémir les vents et trembler les généraux vaincus.
Cette terre était mienne.
Un puissant sentiment de satisfaction nourrissait mon esprit, notre territoire s'étendait toujours par delà les frontières des Monts D'or. Ma politique d'expansion portaient ses fruits et mon royal Père en recevait les lauriers, je participais à la puissance du Royaume par mes actes bénis des dieux.
Mes esclaves se pressèrent à ôter mon armure frappée d'un griffon au centre du plastron, il posèrent chaque éléments avec maintes précaution sur le mannequin de bois. Mon conseiller suivait la progression de mes caprices, appréciant de son attitude noble, les mains fines des femmes que j'avais savamment choisi au grès de mes exploits et qui lustraient ma tenue pour qu'elle retrouva son faste rutilant. Confortablement installé, il me tendit une coupe de vin, le sourire aux lèvres, observant un silence courtois pour me laisser le loisir de le rompre à ma guise.
- Dans deux aubes, nous lèverons le camps pour acculer ce résistant, je ne donne pas cher de sa survie avec sa poignée de pauvres hères qui lui sert de mauvaises troupes. Je l'épargnerais néanmoins, j'en ferais un simple prisonnier comme Père le désire, ou bien...le destin se chargera de l'achever, il y a tellement d'aléa dans les batailles!
Un long soupire détendit ma nuque massée par des mains expertes, toutes les choses se déroulaient comme je le désirais, toujours...J'étais un conquérant. Le Conseiller Yumel esquissa un sourire confiant. « Votre retour sera célébré en triomphe Prince Seypher, viendra le temps où ce sera votre couronne qui sera acclamée.
- Et tu sais comme le temps joue en ma faveur, il me permet d'asseoir mon autorité par le biais de mes succès. Père devra oublier ma bâtarde de soeur qu'il veut comme Reine à la tête des elfes d'Olwé, et se résoudre à me céder le trône que je n'aurais pas volé, le peuple le voit.
- Quand on a le peuple avec nous, on a le pouvoir!»
Son rire emporta le mien dans une franche camaraderie toujours intacte depuis que nous avons fait nos classes ensemble. Yumel était le fils d'un riche commerçant, autrefois Général. Ayant le goût pour la politique et l'art de la guerre, il fut envoyé à l'Académie des Waru dès son plus jeune âge, où nous avons fait nos armes. Il était grand et svelte, un regard vif, ses longs cheveux blonds étaient toujours réunis en catogan. Il avait des prédispositions pour manier l'arc, sa concentration était redoutable, son intelligence aiguisée. Mais ce sont les lettres, les tactiques qui l'ont inspirés très tôt, et qui ont fait de lui un redoutable stratège devenu mon conseiller le plus fidèle.
D'un geste de la main, je congédiais mes esclaves, Yumen les suivit du regard, il reprit un peu de vin « Il faudra vous en débarrasser, vous connaissez nos lois... »
- Je sais toutes les bonnes choses ont une fin, c'est ainsi! As-tu des nouvelles du Royaume?
- Un pli de la Reine Iwen Dehl...Votre Mère vous fait savoir que ses investigations ont été couronnées de succès, les plus grands mages travaillent pour son compte et pense avoir trouvé un sort de protection anéantissant pour un bref temps tout effet des éléments.
- Mmmm, elle m'étonne à croire ces fariboles, enfin...Ces choses m'échappent, seul le résultat compte! C'est une bonne nouvelle! Trinquons, vieil ami!
Ma Mère, ma meilleure alliée, ma tendre génitrice, qui de sa ruse et de son charme manipulait mon pauvre père qui rêvait de ses chimères, de cette fille qu'il avait tenu quelques minutes avant de la perdre dans d'obscures circonstances. Je ne connaissais même pas le nom de celle née d'un adultère et qui me faisait de l'ombre, en plus d'être ma honteuse soeur. Fils obéissant, je lui faisais une confiance aveugle sur sa réussite pour me concentrer sur mes propres succès afin de gagner l'amour du peuple. Pourtant une chose allait changer dans les trames qu'elle avait composé de son talent d'intrigante. Yumen avait déposé son verre et m'avait fixé sans détour, ses longs doigts réunis à plat sur son ventre. « Elle souhaite que vous soyez là lorsqu'elle va vous ôter l'épineux problème de cette succession. »
- Quand?
- 60 lunes.
- Que lui prend-il, par le sang de Jub!?
Yumen resta silencieux en observant mon éclat dans la plus étrange des placidités. Il me faisait penser à un bloc de glace que rien ne pouvait atteindre, je me demandais parfois s'il était mué de vie ou si c'était seulement son intellect redoutable qui commandait même ses émotions.
- Dans 60 lunes, nous devrons chevaucher vers le Couchant! Je n'ai pas de temps à perdre avec cette histoire dont elle m'a tenue soigneusement éloigné durant toutes ces années!
- ...
Le silence s'installait, lourd, je ne le supportais plus, mon esprit fulminait! Pourquoi, devrais-je mettre de côté mes projets d'expansion? J'avais mis cinq solstices à préparer cette guerre, à monter les plans et à tuer toute diplomatie dans l'oeuf pour ne pas empêcher cet affrontement. Ces territoires étaient riches et notre économie en recevrait tous les atouts.
« Ce sera tout pour ce soir, Yumen » Je lui tournais le dos quand il déposa sans un bruit la missive de la Reine sur mon bureau. Je n'entendis que les bruissements de sa cape, j'étais seul avec mes pensées.
Demain était un autre jour qui servirait encore mes intérêts. Lentement, je m'étais saisi de cette requête réfléchissant déjà à la contourner...Le soleil s'inclinait à peine pour ombrer les plaines lorsque je fus mué par un désir léger. Celui de profiter des loisirs de la ville la plus proche, elle était à quelques lieues et sous ma domination. Il ne fallut que quelques clepsydres pour me retrouver attablée à une auberge en profitant d'une ale fraîche. Pour plus de tranquillité, mon visage était masqué à la curiosité par une large capuche. En cet instant, je n'aurais jamais pu imaginé que le destin fut si farceur.
Mon monde s'écroula doucement sans que je puisse détacher mon regard de cette apparition.
Elle s'était installée à une table prêt de l'âtre et attendait patiemment qu'on vienne la servir. Elle irradiait de pureté, son visage était sculpté par la sérénité qui consumait son essence à travers un regard chaleureux et intense. Son éclat n'avait rien d'éphémère, il m'envoûtait et je ne pouvais me détacher de sa présence enivrante.
J'étais un conquérant, je brûlais de la découvrir, de la conquérir. Délaissant ma boisson, je m'approchais lentement pour boire à sa source en dévoilant mon visage à son observation tranquille, un léger sourire me salua.
Je me sentis prisonnier de ces yeux limpides et impérieux.
Son filet de voix resserra mon coeur pour l'entraver à ses mots qui s'écoulait harmonieusement. Elle me disait être de voyage pour connaître le monde et s'enrichir de ces horizons. Elle avait soif de connaissances et de découvertes. Mais, elle gardait tout son mystère en me posant toute sorte de questions dont les réponses ne semblaient jamais satisfaire sa curiosité. Je lui aurais tout donné si j'avais pu.
Elle était si belle.
La douceur hantait chacun de ses gestes et nourrissait de volupté chacun de ses généreux sourires.
Puis son nom me fut offert avec un dernier regard qui termina de transpercer mon âme.
Elle se nommait Shadee.
Shadee | 11/11/09 16:27
J'avais cette impression que de hauts murs noirs se resserraient autour de moi, pour m'enfermer dans ce que j'étais : seul et assoiffé de pouvoir. Je ne pouvais plus voir cette douceur qui briserait mes habitudes à travers son regard, un lac profond et serein dont les eaux m'avaient submergé. Une lame de fond qui m' avait charriée vers les brisants poussée par une tendre violence, j'écumais de désirs.
Elle s'était évaporée dans les ombres, se mêlant à la vie nocturne sans craindre pour sa vertu ou sa vie. Les flammes des cracheurs de feu avait éclairé ses derniers pas en lui esquissant une parure lumineuse, la musique des troubadours avait accompagné la danse de sa cape flottant au vent. Ce fut ma dernière vision, elle avait disparu au détour d'une rue.
Il me fallait la revoir.
Cette pensée galopait dans ma tête au rythme de mon destrier me guidant vers le campement, je devinais déjà les multiples tentes montées et placées dans un ordre militaire dont l'entrée était éclairée par les points scintillants des torches. Les fiers gardes de l'armée des elfes d'Olwë s'écartèrent à mon passage, saluant d'un geste précis et net ma présence filant déjà à toute allure vers mes quartiers. Rapidement, un écuyer se pressa pour prendre les rênes que je lui tendais.
Tout le monde répondait à mes caprices.
La nuit écoulait son encre tandis que je tenais ma plume en composant une lettre de mission. Il me restait une aube, une seule journée avant de lever le camp et d'achever cette conquête. Je ne pouvais me résoudre à rejoindre l'horizon sans avoir à mes côtés celle que je voulais comme épouse. Un page se tenait stoïquement derrière moi attendant mon bon vouloir qui s'exprima lorsque mon sceau de cire fut apposé sur la missive. Bientôt ce pli serait dans les mains de Gyok, un espion considéré comme un ancien à Olwë, c'était un elfe à la furtivité redoutable, maniant les arts de l'illusion aussi facilement que la dague et le jeu des masques. Depuis une vingtaine d'hivers, il allait peu sur le terrain, préférant son rôle d'instructeur, seules les missions délicates pouvaient être honorées de sa présence. Je ne doutais pas que mon ordre allait susciter ses foudres, mais après tout...
Avait-il vraiment le choix de s'opposer à ma volonté?
Satisfait, je pouvais penser à l'avenir sereinement en chassant le doute de ce manque, de cette femme que je n'aurais pu avoir. Car, je le savais, j'obtenais tout et j'avais avec moi toutes les armes pour vaincre chaque obstacles. L'esprit en paix, bercer pas mes rêves, mes illusions, j'étais prêt à accueillir l'aube qui commençait à éclaircir l'est.
Ce jour là, le vent froid apportait dans son passage les frissons du grand nord, le ciel était chargé de nuages menaçants et bas, ils semblaient vouloir engloutir la terre qui s'aplatissait à perte de vue. Monotone paysage qui avait un avantage, celui de ne pas faire front à une embuscade, il avait un inconvénient aussi, tout effet de surprises étaient impossibles. C'était donc fièrement que l'armée des elfes d'Olwë avançait en suivant le rythme de la corne et du tambour de guerre, l'étendard ocre et blanc perçait la grisaille avec insolence et surplombait la marée scintillante des mêmes couleurs aux plastrons frappés du griffon.
Mon bras droit Yumel chevauchait à mes côtés pointant son regard perçant droit devant lui. Nous n'aimions pas parler pour meubler le silence, aussi les lieues ont défilé sans qu'un mot ne soit prononcé. Il fut rompu par l'arrivée d'un destrier lancé au petit galop, on pourrait dire que je fus heureux de reconnaître le second de Gyok qui se pressait pour nous rejoindre. Il s'inclina avec un profond respect et il me remis un étuis sombre contenant le rapport de son maître espion, attendant placidement que je le congédie. Ce fut chose faite quand je sentis le regard curieux de Yumel, étonné de ne pas lui avoir fait part de cette intervention d'espionnage. Je relevais un léger un sourire en coin peut-être amusé de voir qu'il pensait tout savoir de moi.
« Une affaire personnelle. »
Ma réponse suscita davantage sa surprise, cependant, il garda le silence et fondit de nouveau son regard de rapace vers le lointain. Je ne pu m'empêcher de rajouter « Tu seras bien assez tôt au courant de cette affaire, du moins je l'espère. »
Il inclina gravement la tête, son expression avait déjà repris tout détachement. Je pouvais donc lire ce rapport que je me pressais à dérouler.
« Salutations Prince Seypher,
Je ne sais point comment vous avez fait pour devancer les élites de notre royaume et trouver si facilement l'objet de toutes les recherches de votre royal Père. Si vos ordres m'ont surpris la première fois, je reconnais là, votre talent.
Je suis honoré de pouvoir répondre à votre demande de façon positive, il semble bien s'agir de cette femme qui porte le nom de Shadee. Elle semblent vivre avec les éléments lorsqu'on l'observe attentivement. Les traits de son visage ressemblent étrangement à ceux qui se sont esquissés dans notre cascade lors de la célébration rituelle, même si maintenant ce sont ceux d'une femme et non plus de cette jeune enfant. Il y a trop de coïncidences qui se croisent pour ne pas que ce soit elle. Cependant le doute n'est pas permis, je dois maintenant l'approcher et vérifier qu'elle porte bien la marque des elfes d'Olwë à la naissance de sa nuque.
Si tel est le cas, je dois la convier pour rejoindre les terres elfiques qui l'attendent depuis maintes lunes, elle semble vivre pour la découverte et la connaissance, je n'aurais nul mal à la convaincre de me suivre. Mes ordres premiers venant du Roi, vous comprendrez aisément que je ne puis rejoindre vos troupes marchant vers la dernière bataille. Vous avez à votre disposition les meilleurs espions de ma formation, mon absence ne vous portera donc pas préjudice.
Je ne doute pas que votre geste sera encore glorifié dans notre histoire, Noble Prince.
Votre dévoué,
Gyok d'Ayres. »
Ce ciel si bas semblait maintenant m'engloutir avec avidité, mon esprit n'était que brouillard et colère, mon poing se resserra sur la missive du maître espion. « Par le Sang de Jub! Que l'enfer me consume! » Je crachais ma haine à la terre! Je ne relevais pas le regard de Yumen, il me glaçait de lui répondre, de lui faire connaître cet échec qui me touchait personnellement. Les rênes violemment tirés et mes éperons plantés dans les flancs de mon étalon me portèrent à bride abattue vers le second de Gyok. Je n'avais pas le droit, je ne pouvais pas, je devais avoir tout ce que je désirais, le pouvoir et cette femme, tant bien même qu'elle soit ma bâtarde de soeur.
Shadee | 21/12/09 17:59
Le visage tuméfié, il me dévisageait de ses yeux gonflés de sang dans la lueur blafarde d'un jour humide et brumeux. Rien de surprenant encore aujourd'hui, les journées se succédaient dans la plus grande monotonie climatique, brouillard, bruine, vent glacé. Je venais d'anéantir ce peuple de barbares et leur chef était mon prisonnier, les mains aux fers, il avait été à la merci de ma Question sur les plans qu'il avait ourdi contre un royaume allié. Père désirait que je lui laisse la vie sauve, mais je suis de ceux qui pensent que toute rébellion doit être anéantie avec la mort de la source qui gonfle les fleuves charriant la fange des rebelles.
Je retirais mes larges chevalières souillées du sang du vaincu lorsque le messager entra dans la tente. D'un geste mou, sur un plateau que me tendait une esclave, je déposais les bagues m'ayant servi à participer à la violence des coups tout en regardant le coursier de façon interrogative. L'expression qu'affichait son visage n'était pas pour me plaire, je sentais que j'allais subir une contrariété qui allait mettre mon humeur dans d'affreuses dispositions pour le reste de la journée. L'eau de la vasque rougissait du sang du vaincu , je fixais mon regard sur cette satisfaction alors que mon conseiller, Yumen, l'invita à transmettre son message. Cela ne le regardait pas, du moins pas encore, tout dépendra du cours des événements.
- Merci Yumen, tu peux me laisser maintenant...Et s'il te plaît, ce soir, il va nous falloir trois hommes de confiance pour amener notre ami en promenade.
« Bien Prince Seypher » Son regard glissa vers le Seigneur à bout de force mais qui gardait dans son regard une lueur farouche et haineuse « Si le Roi le veut... » Un éclat de rire bref et sec me secoua:
- le roi c'est moi sur cette place forte. Cela devrait te suffire. Laissons Père, là où il se trouve pour le moment.
Yumel fit un pas en arrière pour s'incliner avec respect, les lèvres légèrement pincées. Il n'aimait pas cet ordre, mais je savais qu'il ne dirait rien sur mes pratiques. Je tenais son avenir au creux de mes mains sans oublier qu'il était mon plus fidèle ami. Il se détourna de façon militaire, je scrutais le messager qui se lança enfin:
- Mes salutations Noble Prince, le second du Maître espion Gyok d'Ayres vient de nous envoyer un pigeon. Il lui reste deux journées de marche pour le rejoindre. Ce dernier pense qu'il bénéficiera d'une escorte pour protéger la dame. Mais, ils ont souffert du mauvais temps et ont dû tuer un des chevaux. Leur progression a été fortement ralentie par cette déconvenue.
- Ce sont des combattants d'Olwë, par le sang de Jub! Un cheval en moins ne devrait pas les ralentir, ni même si des langues de flammes tombaient du ciel! Est-ce tout?
- Non, Noble Prince, je vous fais savoir que le Régent que vous avez nommé à la frontière des Monts d'Or interceptera cette femme et le Maître espion en leur offrant l'hospitalité pour les retenir jusqu'à votre venue, si jamais l'escouade que vous avez envoyé ne parvient point à les arrêter avant pour les ramener vers votre protection.
Un soupire de soulagement gonfla mon torse, il y avait toujours une alternative, j'avais placé un pion sur un passage obligé. C'était la dernière ville avant de s'enfoncer vers les routes menant au Royaume d'Olwë. La dernière opportunité pour quérir un peu de repos, panser les bêtes et remplir ses provisions afin affronter les lieues de marche. Gyok d'Ayres était obligé d'y faire une halte et nul doute qu'il fera connaître son rang pour bénéficier des plus parfaits services afin de combler la dame si jamais elle s'avère être véritablement ma demi-soeur. Cependant quelque chose m'inquiétait, je me doutais qu'il prendrait la plume pour prévenir Père de sa trouvaille, si ce n'était pas déjà fait, au moins pour lui formuler ses espoirs. Et je ne souhaitais pas que ma royale mère soit au courant de cette affaire, car je savais qu'elle fera tout pour la détruire afin que le trône me revienne par tous les moyens. Ma seule chance était d'intercepter cette femme et de la séduire pour en faire ma promise. Et si le charme n'opérait pas, et bien, j'ai bien d'autres moyens pour la soumettre à ma volonté, ce n'est qu'un jeu, rien ne me résiste, elle l'apprendra bien assez tôt...
******
Ce fut seulement après la fin du repas, alors que l'elfe d'Olwë et Shadee partageaient une dernière tasse de tisane que le silence s'installait sans malaise, que Gyok d'Ayres se leva. Il s'était fait passer pour un voyageur et s'était approché naturellement de la dame, un lièvre à la main pour se proposer de partager sa chasse. Elle avait accepté sans crainte et lui offrait en retour la chaleur de son feu et quelques provisions qu'elle avait acheté plus tôt dans une auberge. Sa curiosité semblait insatiable, il n'eut nul mal à répondre laconiquement sans se dévoiler, puis maître de son art, l'espion avait introduit savamment le sujet des elfes d'Olwë. Comme il le pensait, elle avait suivi le cours de la discussion, le questionnant sur ce peuple, lui formulant qu'elle aimerait rencontrer pareille culture. Gyok d'Ayres tombait sous le charme de cette dame à l'esprit vif qui faisait scintiller son regard d'une soif de connaissances, il semblait être le plus important de tous durant ce simple dîner dans un sous-bois quelconque. Le moment était venu de savoir si elle était bien la fille des éléments tant recherchée par son roi. Le feu crépitait légèrement et offrait une bulle de lueur paisible et sereine. C'était une des rares fois où la simplicité d'un moment lui paraissait être la chose la plus précieuse sans que le danger ne viennent mettre ses sens aux aguets. Comme si tout participait à former un écrin protecteur autour de la dame qui voyageait seule. Shadee releva légèrement la tête de façon souriante et douce pour le suivre du regard quand il se dirigea vers les fontes posées au pied d'un arbre. C'était le moment de lui parler des elfes d'Olwë plus sérieusement et de découvrir si elle possédait la marque de son peuple en digne héritière.
Quelque chose changea la mélodie du vent, Shadee se redressa brusquement en se saisissant de son arc, elle fixait les ombres naissante au-delà de l'éclat du cercle lumineux. Son fauve apparut en silence et se positionna devant elle en dardant son regard de prédateur vers le point du danger. Son instinct avait sentit lui aussi la menace qui planait dans l'air. Les flammes du feu s'étouffèrent soudainement pour plonger le petit campement improvisé dans la pénombre nocturne. Dans le dernier éclat des flammes, le maître espion se détourna vers Shadee. C'était elle...La fille des éléments perçut son étonnement et la question silencieuse que se formulait, elle se contenta de lui sourire en renforçant son mystère. Telle une dame sauvage, elle communiait avec tous les signaux que la nature lui renvoyait, son murmure ne pouvait atteindre Gyok d'Astrok et pourtant ses mots de fuite étaient remplis d'enchantement lorsque la brise se fit complice de son message « Fuyez, voyageur! Nous nous reverrons si le destin le veut.»
Avec harmonie et rapidité, l'imposant fauve enleva Shadee à l'opposé du danger dans un galop libérateur et fluide. Une flèche enflammée perça l'obscurité et se ficha dans la terre là où elle se trouvait quelques fractions de secondes plus tôt. Gyok D'Ayres plongea à couvert, il entendit le bruit métallique d'une arbalète qui s'armait. Un carreau fila avec une vitesse fulgurante vers la cavalière qui venait de disparaître totalement en s'enfonçant dans une sente. Le maître espion délogea une série de petits couteaux, aux aguets, le silence s'installait pesant, les minutes s'écoulèrent. Qui était-il? En tout cas, il ne souhaitait pas sa mort, mais bel et bien celle de Shadee. Gyok s'enfonça vers l'angle du tireur de façon furtive, il vit quatre ombres filer à toute allure et sans un bruit. Ses hommes étaient entraînés à mener une traque. Il lança un de ses couteaux, la lame s'enfonça dans l'épaule d'un des attaquants qui se tordit sous le choc mais ne ralentit pas sa course pour autant. Ils auraient pu l'attaquer, se retourner contre lui, ses chances étaient bien maigres à quatre contre un. Cette absence de réaction ne fit que renforcer son appréhension, ce n'était pas lui qu'ils voulaient. Au pas de course, l'espion retourna vers le campement et délogea la flèche fichée dans le sol se promettant de l'inspecter dès la levée du jour. Il n'y avait pas de temps à perdre, il pouvait encore la rattraper et suivre ses traces avant que ces chasseurs n'abattent leur proie, du moins l'espérait-il.
Barahir | 22/12/09 01:34
trés bon RP, continue comme ça.
Barahir, l'amitié dure toujours entre deux égaux.
FIRMIR AAAAAAAATTTTTTTTTTTTTIIIIIIIITTTTTTTTUUUUUUDDDDDDDDDDDEEEEEEEEEEE
Shadee | 23/02/11 17:14
Le calice valsa dans les airs et projeta le vin contre la toile de tente à la manière d'une tache de sang après un ignoble meurtre. Le silence se fit brutal, seul le murmure du campement militaire s'invitait dans la scène échaudée par ma colère. Les esclaves tremblaient de peur et à mon signe sans équivoque, les deux femmes se précipitèrent pour nettoyer le pan de tissu afin de faire disparaître cette salissure qui m'insupportait. Yumen, mon conseiller, restait figé dans une attente distante, son regard vif me suivait au rythme de mes pas tel un fauve en cage. Soudain, ma main portée par un élan de fureur s'écrasa sur la mâchoire de l'espion qui ne broncha pas. Son attitude respectueuse m'horripila davantage. Tous acceptaient mes châtiments pour leur incompétence et cela nourrissait paradoxalement ma violence à les pousser dans leur retranchement. Cette fois, je n'avais guère le temps de lui rappeler l'importance de sa fonction. Nous devions réagir au plus vite pour annexer les armées alliées du vaincu désireuses de libérer le fief seigneurial.
Pour répondre à mon désir, mes soumises s'affairèrent à me fixer, plastron, cape, baudrier, bracelets de force et jambières. Sans plus de mots, mon regard brûlant ordonna au soldat de conduire ce fameux messager jusqu'à moi. Mon autre expression fit disparaître d'un même mouvement l'espion qui n'avait pas réussi à s'infiltrer correctement dans le camp adversaire. Yumen, toujours en retrait, prit la parole après moi :
- Nous ne pouvons pas échouer maintenant !
- Ce ne sera pas le cas, prince.
-Espérons que cela s'achève vite, il nous reste encore bien à faire.
- Il est vrai que cet aléa nous retarde un peu, mais dites-vous que plus de terres peuvent être sous votre domination.
Le pan de tissu s'écarta pour libérer le passage au messager couvert de vêtements souples et poussiéreux de voyage. Ses traits fins et ses yeux en amande me rappelèrent quelques caractéristiques physiques du peuple d'Olwë. Après une profonde révérence, il dégagea un étui en cuir accroché à sa ceinture et confirma mes pensées :
- Prince Seypher, je vous salue. Je vous transmets mon devoir envers votre Reine.
Je décachetai la protection sans retirer mon attention de l'elfe coursier:
- Ton périple à dû être long pour me trouver.
- Il a duré plus d'un mois pour vous atteindre, noble prince.
Un mois durant lequel je n'avais plus eu de nouvelles de Gyok d'Ayres, de nombreux jours où je ne pouvais que souffrir d'attente. La dernière escouade que j'avais détachée, c'était directement rendu au fort du Régent aux frontières des Monts d'Or. Et pour le moment, je n'avais aucune information concernant l'arrivée de Shadee en compagnie du Maître-espion en ce lieu. J'ignorais tout, les événements me filaient entre les doigts. Je maudissais cette rébellion alliée qui m'empêchait de quitter les terres du Nord pour débusquer cette femme par moi-même. Chaque nuit et chaque jour, son visage hantait mon esprit, je m'accrochais à ces souvenirs pour qu'il ne s'efface pas et couronne mon échec à la faire mienne.
Lorsque mon regard s'arrêta enfin sur les lignes d'écriture, les esclaves qui s'appliquaient à fixer ma cape aux épaulettes s'éloignèrent à ma demande. D'un geste sec, je fis lire la missive à Yumen qui la saisit en arquant un sourcil. La lame de mon épée fit un bruit métallique en sortant du fourreau, et sans crier gare, elle s'enfonça dans l'abdomen du coursier. Des bulles de sang remontaient déjà au coin de sa bouche et ses yeux exorbités cherchaient à comprendre la raison de sa mort. Avec précision, ma lame quitta les entrailles du moribond qui chuta lourdement sur le sol. Sans plus d'attention pour ce qui gisait devant moi, je tendis l'arme du crime, quelqu'un la prit aussitôt pour nettoyer la souillure des humeurs.
Les lèvres de Yumen étaient devenues étrangement blanches. Je me demandais si c'était sa fureur silencieuse qui provoquait cela.
-Enlevez-moi cela ! Que tout soit à sa place à mon retour ou vous connaîtrez le même sort !
Après mes ordres, mon bras entoura les épaules de mon complice pour l'entraîner dehors. Cette franche accolade tenta de le décrisper tandis que je récupérais doucement la lettre de ma mère entre ses mains avant de le libérer. La grisaille nous accueillit, ainsi que la boue du campement. Plusieurs feux réchauffaient les corps engourdis par le froid et faisaient griller une viande ou bien bouillir de l'eau. Mes hommes s'organisaient comme ils pouvaient durant ces longues guerres. Plus loin, les chevaux piaffaient d'impatience, ils devaient sentir qu'une bataille approchait.
« - Tu comprends qu'il ne pouvait pas vivre après ce que tu as lu, mon ami.
Le conseiller garda le silence un instant. Sa voix était étrangement rauque :
- Cela n'était pas forcément nécessaire, il ne faisait que son devoir.
- Certes... un devoir qui l'a conduit à trépasser ! Un si long chemin est périlleux, personne ne saura vraiment ce qui est advenu de lui, » dis-je en scrutant l'expression de Yumen qui inclina vaguement la tête. « Tu sais, ton amitié m'est précieuse. J'ai voulu te faire lire ce que la Reine projetait. Père serait anéanti s'il venait à l'apprendre. »
- Que comptez-vous faire, Prince ? Il est de notre devoir d'intervenir, nous ne pouvons pas laisser passer cette chance!
À cet instant, au fond de moi, je sentis une jouissance qui fit naître un sourire bienveillant. Finalement, cette lettre dessinait un tournant en ma faveur. Mon ton fut grave lorsque je lui fis part de mes plans :
- Nous allons prendre en chasse l'engeance qu'elle a envoyée pour tuer la fille des éléments et la supprimer. Le message date, et c'est vrai que bien des choses ont pu se passer pendant ce temps. Mais, je dois t'avouer que mes secrets concernaient ce sujet. Je ne désirais point t'en parler sans être certain qu'il s'agissait de cette bâtarde.
- Comment l'avez-vous trouvé ?
- C'est une longue histoire... quoi qu'il en soit j'ai pris les devants en utilisant les talents de Goyk d'Ayres. Celui-ci veut la conduire directement à Olwë quand il a su que c'était elle. Tu devines qu'il ne doit pas réussir, et le manque de nouvelles me tourne le sang en encre. Il faut qu'elle soit avec nous, ensuite nous déciderons de son sort...
Je pris le soin de garder mes véritables intentions sous le sceau du silence. Yumen devait percevoir cette action comme ma volonté d'être le seul à la succession. Et à son visage grave, je me doutais qu'il était bouleversé par ce qu'il venait de lire. D'ailleurs, sa question ne fut pas anodine :
- Oui, je comprends... Que comptez-vous faire de cette lettre ?
Pour réponse, je m'approchai d'un feu et offrit aux flammes la missive royale. Yumen n'ajouta rien, son regard se voila en fixant le foyer qui réduisit en cendres la marque d'une trahison envers le peuple d'Olwë. Il n'y avait plus de preuve...
Xüne Syphonn | 24/02/11 21:33
Noir-feu | 25/02/11 17:32
Loken Nifelheltyr | 26/02/11 07:29