Forum - Chapitre premier: La nécropole de Nuada
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Noir-feu | 14/08/10 00:50
"(...)Au matin du septième jour, nous sommes parvenus en bas de l'escalier, et nous les avons vus. Ils étaient trois, vêtus de noir, à peine des ombres dans l'obscurité, de larges capuches dissimulaient leurs traits, leurs mains étaient gantées. L'un d'eux nous a repéré. Nous ne sommes pas des pleutres, mais quand nous avons croisé son regard, nous avons cédé à la peur, et nous sommes enfuis. Nos torches ont été éteintes par un souffle glacial, nous avons avancé à tâtons dans la nuit, le plus vite possible. J'ai perdu mes compagnons, je ne sais où, il y a tant de carrefours. Il m'a fallu douze jours pour ressortir, en rampant. Des neuf que nous étions, je suis le seul à en être revenu, une chance inouïe. Je vous le dis, cette faille plonge jusqu'aux Abysses. Gardez-la fermée.(...)"
Annales du Très Ancien, Premier Age, Les Errances de Lug.
La nuit était en train de tomber sur les Terres de Dana, lentement, c'était une belle soirée d'été qui se finissait. Même le cratère entourant le Krak de Noir-Feu semblait calme, adouci par les teintes du jour finissant. Le Dragon Noir pourtant n'avait pas même observé le paysage de tout son voyage, la colère bouillait en lui, une envie de ravages le tenaillait, et les quelques villages survolés ne réaliseraient jamais à quel point cette soirée avait été dangereuse pour eux.
Le reptile se posa brutalement sur le sommet de la Tour du Silence, reprenant sans perdre une seconde apparence humaine pour se glisser à l'intérieur par une étroite porte aux lourdes ferrures. Dévalant les escaliers, il se rendit au lieu de rendez-vous convenu, frappa contre l'huis puis entra, jetant à la cantonade:
-Nous devons y aller. Maintenant. Êtes-vous prêts?
Edité par Noir-feu le 14/08/10 à 00:50
Lancwen de Sigil | 14/08/10 00:51
La Dame ressemblait juste à une ombre dans un coin de la pièce. Son long manteau de jais dissimulait sa peau blanchâtre. Elle ne tourne pas la tête pour répondre à l'entrée du dragon.
- Je suis prête mais tout d'abord, je voudrai être certaine que notre unique but est l'urne. Vous semblez agité, prêt à en découdre avec l'ennemi quelconque qui se trouve dans cet endroit. Je ne voudrai pas que vous nous mettiez en danger de façon inconsidérée pour vous venger.
Le ton de la vampire était neutre et calme, ses mots étaient factuels.
- Il nous faudra être des ombres pour atteindre notre objectif pas des torches incandescentes.
Noir-feu | 14/08/10 00:52
Le Dragon eut un pâle sourire, fixant la Matriarche. Il lui répondit d'un ton tout aussi neutre que celui employé:
-Dame, de deux choses l'une: soit vous me faites confiance, soit vous ne me l'accordez pas. Dans le deuxième cas, je crains de ne rien pouvoir pour vous. Je n'irai pas risquer mon existence dans le Chaos et le Néant pour délivrer vos amis si vous doutez de moi, le risque serait trop grand.
Avec une lenteur soigneusement maîtrisée, le Dragon prend place dans un fauteuil, fixant toujours la Dame:
-Remettons tout de même le cimetière au milieu du village: Je dispose de Trois Âmes, Vies, Esprits, appelez ça comme vous voulez. A elles trois, elles maintiennent l'équilibre de mon être. Plus une facette devient sombre, enragée, plus l'autre devient claire, froide et calculatrice. La Troisième permet de jongler de l'une à l'autre avec la plus grande clarté. Alors ne vous souciez pas des conséquences de ma colère sur un but qui la dépasse. Je ne suis pas idiot.
Lancwen de Sigil | 14/08/10 00:54
Lancwen sourit sous sa capuche.
- Non vous n'êtes pas un idiot sinon je ne crois pas que je mettrai ma non vie entre vos mains, pas plus que je ne tenterai pareil aventure avec un fou. Maintenant que cette situation est clarifiée, nous pouvons quitter votre krak. Nous savons que nous pouvons compter l'un sur l'autre. Par quel moyen nous rendrons nous a destination?
-Bien.
Il sourit puis se lève, avec toute la vivacité reptilienne de sa part Dragonnique.
-Il existe deux moyens: en bateau, il faut quelques heures, et en volant, dix minutes suffiront. Choisissez. Et...attendons-nous notre mercenaire?
- Je n'ai jamais eu l'occasion de monter un dragon, voila une opportunité. Quant au mercenaire, j'espère qu'il arrivera séant, il me tarde de récupérer cette urne.
La vampire s'était lentement rapprochée de Noir-Feu, prête à lui emboîter le pas.
Noir-feu | 14/08/10 00:56
-Je ne l'ai pas senti arriver vraiment en cette terre. Nous ne devons plus attendre. Il pourra toujours nous rejoindre, ou s'avérer utile plus tard. J'enverrai des instructions à mon apprentie, au cas où il viendrait quand même. Allons-y!
D'un pas vif, il se dirige vers la porte, l'ouvrant pour la Matriarche.
-Montons sur l'esplanade, si vous le voulez bien, les vents sont traîtres entre les enceintes.
La Matriarche suivait le Dragon le long des corridors et des escaliers du krak. Les longues enjambées de l'homme étaient singées par la vampire, tous deux filant comme le vent. Ils montèrent un dernier escalier en colimaçon pour atteindre enfin l'esplanade. De fortes bourrasques balayaient les pavés, faisant claquer le manteau de la dame pourpre. On sentait que l'orage n'allait pas tarder, de gros nuages sombres menaçaient non loin. Le temps s'était détérioré en l'espace de quelques minutes depuis le retour du dragon à la tour du Silence.
- Un temps parfait pour voler, n'est ce pas! Hurla-t-elle entre deux souffles.
La longue chevelure de l'homme claquait au vent, le drapant d'un étrange linceul d'un blanc argenté, il éclata d'un rire lugubre aux paroles de Lancwen:
-Merveilleux! Nul ne nous verra approcher! Mais, permettez un conseil: tenez-vous solidement!
Et les airs vacillèrent, tandis que le Seigneur d'Obsidienne reprenait sa forme reptilienne, savourant aussitôt les violentes bourrasques sur son épiderme, bien incapable de sentir une légère brise. Son regard parcourut brièvement le ciel, s'arrêtant brièvement à quelques points, comme s'il y voyait clairement quelque chose dans la masse nuageuse assombrie. Après quelques secondes, il fit pivoter sa tête bardée d'écailles vers la Matriarche:
-Montez à la base du cou, en prenant appui sur ma patte. Ne craignez pas de me faire mal, mais évitez de vous couper sur mes écailles, le bord inférieur est digne d'une bonne dague. Accrochez-vous à la pointe qui sera devant vous, et serrez les jambes, comme sur un cheval.
Il s'abaissa, allongeant une patte du diamètre d'un bon tronc pour permettre à la Vampire de grimper plus facilement. Une pensée amusée lui vint: Elle devait être capable de sauter d'un simple bond sur son dos...
Lancwen de Sigil | 14/08/10 00:58
Lancwen observa la métamorphose, curieuse de voir à quel point un corps pouvait se modifier sous la seule volonté de l'esprit.
Elle le compara un instant au vieux dragon d'émeraude Stormbringer, puis chassant cette pensée de sa tête,elle vérifia que tous ses biens étaient attachés correctement. Elle prit aussi soin de reboucler son ceinturon ou pendait sa dague serpentine et de resserrer sa capuche de peur qu'un coup de vent ne l'expose aux rayons dardants du soleil couchant.
Elle s'approcha ensuite de la patte, prit une légère impulsion qui la propulsa sur le dos de la formidable bête. Elle se cala ensuite fermement contre les écailles, prête au décollage.
- Décollons chevaucheur d'éclair!
Noir-feu | 14/08/10 00:59
Le Dragon Noir était légèrement plus petit que le Dernier d'Emeraude, sans doute du fait de son âge, mais sa puissante musculature pareille à des torons du meilleur acier roulait sous les écailles, témoignant si besoin de la force dantesque de la créature. Ses quelques quatre-vingt dix pieds d'envergure révélaient clairement que la transformation ne connaissait aucune limite de taille, ni de volume. Si son apparente puissance semblait décuplée, la Matriarche put sentir qu'elle n'était que plus apparente, le fond de l'être ne semblait pas touché par la métamorphose. Son regard, d'ailleurs, demeurait rigoureusement identique, bien que ses yeux soient nettement plus grands.
Il sentit l'exultation de Lancwen, qui le gagna d'étrange manière, et son injonction se perdit dans un grondement rugissant qui couvrit brièvement le vacarme de la tempête naissante. Puis il bondit dans les airs avec une exubérance réservée d'habitude aux sauterelles, déploya sèchement sa voilure qui claqua comme un coup de tonnerre en saisissant un fort courant montant. Il n'avait fallu que le temps de quelques battements de coeur pour que les deux êtres se trouvent à plusieurs centaines de pas du sol, rendu indistinct par la masse nuageuse mouvante. Il se stabilisa quelques instants, s'assura que Lancwen tenait toujours fermement ses prises, puis vira souplement vers le sud, saisissant peu après un puissant vent allant dans cette direction.
Moins de cinq minutes plus tard, il avertit:
-Nous y sommes. Accrochez-vous, nous allons descendre...vite. Les vents sont mauvais.
Quelques secondes, les vastes membranes se replièrent, puis...la chute. Les épaisses nuées rendaient toute vision du sol impossible, si denses qu'elles en paraissaient matière, faisant craindre à plusieurs reprises l'écrasement définitif. Des coups de vents pareils à des boutoirs chahutaient les voyageurs, les flagellaient d'une bruine glaciale. Au bout d'un instant d'éternité, Noir-Feu redéploya ses ailes avec une effarante rapidité, freinant brutalement la chute qui se termina presque aussitôt par un amortissement d'une douceur contrastant singulièrement avec le freinage.
Autour d'eux, à perte de vue, certes restreinte par le climat, se trouvait un instable chaos de rochers grisâtres, rendus luisants par la pluie, certains de la taille d'un castel, d'autres gros comme des noisettes. Une étrange atmosphère baignait le lieu, fantomatique, inquiétante. Aucune plante ne semblait pousser en ce lieu, et aucun oiseau ou autre animal n'avait été aperçu. Le Dragon murmura à Lancwen:
-Si vous voulez bien descendre, Dame, je reprendrais volontiers forme plus discrète. Nous ne sommes pas loin de l'entrée.
Lancwen de Sigil | 14/08/10 01:00
Le décollage avait plaqué la vampire contre les écailles du dragon, elle ne s'était pas attendue à une telle violence, pas plus qu'elle ne s'était attendue à la chute vertigineuse qui sonnait la fin du court voyage. Blottie contre le cou du reptile, elle était à l'abris du gros des bourrasques même si une bruine lui fouettait le visage, une zone de calme précaire l'englobait alors que Noir-Feu filait vers le sol. La décélération brutale faillit la désarçonner si bien qu'elle dut s'employer pour garder son équilibre, serrant ses cuisses contre les écailles glissantes et arrimant ses mains gantées de chaque coté de la pointe la plus proche. L'atterrissage fut tout autre, le dragon se posa comme une plume, permettant à Lancwen de se relâcher.
Elle sauta tel un chat sur le chemin de pierre, tous ses sens en éveil. L'endroit ressemblait aux montagnes de Certadhil, nu, sans vie. Elle ne sentait rien, aucune présence à proximité, vivante tout du moins. S'accroupissant, elle scruta les environs sans rien distinguer de particulier.
La vampire attendit ensuite que Noir-feu reprenne apparence humaine.
Edité par Celimbrimbor le 14/08/10 à 02:18
Noir-feu | 14/08/10 01:00
A peine la Vampire eut-elle sauté au sol que Noir-Feu reprit forme humaine, scrutant avec attention les environs tout en se baissant. Quelques instants plus tard, il murmura, tendant le bras pour illustrer son propos:
-Nous pouvons avancer. L'entrée se trouve à environ trois cents pas dans cette direction. Le sentier s'enfile entre deux falaises, jusqu'à un escalier glissant. Il faut descendre, jusqu'à un pont qui enjambe un abîme. Au bout, il y a une porte, avec des runes. J'ignore si elle sera ouverte ou fermée. Nous verrons. Allons-y.
Aussi silencieux qu'une ombre, le guerrier s'élança, passant de rocher en rocher, scrutant méthodiquement les alentours à chaque brève halte. Approchant de l'entrée, il fit soudain signe à Lancwen de se mettre à l'abri, lui-même se glissant entre deux blocs. Quelques minutes s'écoulèrent, les sens affutés des deux comparses leur permit d'entendre de discrets bruits de pas, non loin, qui finirent par s'estomper. Le Dragon sourit lugubrement, puis adressa un signe à la Vampire avant de poursuivre son approche. A quelques mètres, le sentier semblait s'enfoncer dans une faille naissante, des collines s'élevant de part et d'autres, vêtues d'arbres dénudés à l'écorce grisâtre qui s'élevaient comme de sombres spectres accusateurs dans la brume ambiante. Quand elle l'eut rejoint, il murmura si bas qu'il fallait avoir toute l'ouïe de la Mère des Vampires pour l'entendre:
-A partir de maintenant, nous ne pourrons plus nous cacher, au moins jusqu'à la porte. La vitesse sera notre meilleure alliée. Que la Danse commence?
Lancwen de Sigil | 14/08/10 01:02
Lancwen suivait son guide, elle n'avait aucune idée de l'endroit ou ils se rendaient. Le dragon l'arrêta, à ses pieds, un escalier s'enfonçait dans les entrailles de la terre. De l'eau suinte des parois par petites gouttelettes, provoquant des sons improbables au contact des marches usées par le temps et le passage. Ils ne pouvaient plus reculer de toute manière, l'artefact devait être mis en lieu sur.
- Oui que la danse commence...
La vampire s'élança dans l'escalier, dévalant les marches deux à deux, prenant soin d'éviter autant que possible les flaques d'eau les plus importantes, minimisant ainsi le bruit et l'écho de ses pas qui pourrait alerter une quelconque sentinelle. Rien de vivant n'était proche, elle l'aurait senti, seul le dragon irradiait une force de vie peu commune, leur discrétion avait ses limites et la vitesse n'était qu'un atout.
Ils s'enfonçaient encore et toujours, l'obscurité devint presque totale, seuls des amas de pierres phosphorescentes çà et là lui permettaient de voir encore où elle mettait les pieds, elle devait employer toute sa vigilance pour ne pas chuter sur ce sol traître. Plus d'une fois, elle rata une marche, manqua de trébucher, glissa sur une mousse dont les germes ont été amenés, bien malgré eux, par d'autres visiteurs. La vampire ne savait pas si Noir-feu la suivait toujours, elle se focalisait uniquement sur ses propres pas.
Au bout d'un temps qui lui parut anormalement long, elle ralentit l'allure, faisant un signe au dragon qui devait la suivre. Une aura de lumière marquait la fin de l'escalier, une lumière feinte mais suffisante pour savoir ce qui s'étendait là à plus d'une enjambée. Un pont de pierre à la frêle allure enjambait un immense gouffre, enfin c'est ce que la vampire imaginait du peu qu'elle distinguait. Elle murmura à l'attention du draconique.
- Restez dans l'escalier, pas besoin de nous exposer tous les deux.
La Matriarche tendit la main droit devant elle, des arcs électriques crépitèrent le long de ses doigts et un éclair jaillit en direction de la berge opposée. Lancwen ne manqua pas un instant de la course de la lumière bleuté au travers de la caverne.
La caverne était immense, ses bords se perdant encore dans l'obscurité malgré l'apport lumineux, de même, la chute serait certainement longue et fatale à celui qui aurait le malheur de perdre l'équilibre. L'éclair termina sa route contre une porte de relief torturé en se répandant le long des runes.
Lancwen reprit sa course le long de l'étroit pont tant que sa rétine avait encore l'image gravée de la porte. Elle était au bout, devant une petite porte de pierre sculptée de runes tordues. Deux gemmes y étaient incrustées, écarlates, morbides, évoquant le regard de quelque entité tout droit issue de la géhenne. La vampire n'en avait que faire, elle ne connaissait pas les runes et encore moins la signification des gemmes, elle savait juste qu'elles étaient des protections contre les intrus.
Elle ôta son gant gauche, mettant à nue une main gris sombre qu'elle colla sans attendre contre la porte.
La réaction ne tarda pas, Lancwen sentit l'énergie affluer dans la porte, prête à se déverser sur le fou qui ne possédait pas le mot de passage. Mais contrairement à ce que l'ingénieux ingénieur, nain à n'en pas douter, avait envisagé, l'énergie s'engouffra dans le néant qui englobait la main de la vampire. Celle-ci tomba à genou, tête pendante, la main toujours attachée aux gemmes, son manteau avait pris feu illuminant son corps sans non vie.
Noir-feu | 14/08/10 01:05
Cette fois, ils y étaient. Le traître escalier s'engouffrait juste devant eux, bouche béante de ténèbres voraces, inquiétantes. Le Dragon allait ajouter quelque chose, mais fut pris de court par le rapide mouvement de la Vampire. Il admira un bref instant sa grâce puissante, de celles que seuls les Vampires de haut rang possèdent, puis s'entoura de voiles d'ombre qui le camoufleraient, du moins l'espérait-il. Il jeta un coup d'oeil aux alentours, puis s'élança à son tour dans l'escalier, tous les sens aux aguets. Malgré son ouïe perçante, il n'entendait aucun autre son que les gouttes d'eau chutant sur les marches, ce qui le renseigna sur les capacités de discrétion de la Matriarche. Il eut un dur sourire, voilà une alliée comme il s'en trouvait rarement.
Les marches succédaient aux marches, et le temps perdit peu à peu tout sens pour le Dragon. Il percevait la Vampire devant lui, de manière diffuse, imprécise, et gardait toujours une parcelle de son attention sur elle, mais le péril de la descente occupait la majorité de ses sens. Si il venait à chuter, Lancwen aurait du mal à l'éviter, et au vu de la longueur de l'escalier, ils risquaient bien plus que quelques bleus, écailles dragonniques ou pas.
Il ne le remarqua pas tout de suite, mais au bout d'un long moment, se rendit compte que ses pensées viraient de plus en plus au sombre, et pour la première fois, il envisagea qu'ils puissent échouer. Ce fut ce doute, qu'il bannissait d'ordinaire facilement, qui le mit en garde. Quelque chose suintait des profondeurs, et ce quelque chose touchait les esprits de la plus insidieuse manière, les modelant imperceptiblement vers des voies obscures. Sondant les environs avec prudence, il faillit laisser échapper un éclat de rire en réalisant ce qui transmettait cette impression désagréable: les pierres phosphorescentes. L'architecte du lieu ne devait pas manquer d'ironie. Il allait en parler à Lancwen quand elle se figea subitement. Etant quelques marches au-dessus, il aperçut la raison de sa halte, et dissipa légèrement ses voiles, pour qu'elle puisse sentir sa présence.
L'éclair le surprit, son corps se recouvrit d'écailles à une vitesse fulgurante, ses griffes jaillirent de leurs logements dans un chuintement de mauvais augure, une flammèche couleur de suie naquit au fond de sa gorge. Il réalisa alors que c'était la Vampire qui avait agi, marmonna sourdement quelques imprécations, que la Dame n'entendit pas, étant déjà en train de courir sur l'étroite arche de pierre surplombant l'abime sans fond. Il s'apprêtait donc à suivre la consigne de la Vampire, quand une soudaine lueur éclata autour d'elle, la jetant à genoux devant l'huis maudit. Il lui fallut une demi-seconde pour réaliser qu'elle venait de prendre feu, une autre demi-seconde pour que deux ailes membraneuses le propulsent au-dessus du vide en sa direction. Le gouffre n'était pas vraiment immense, mais il eut l'impression de traverser toute une terre, tant le sentiment d'urgence hurlait en son for. Il se posa assez près pour la toucher, tendant immédiatement une main impérieuse en direction des flammes, qui moururent aussitôt, happées par le pouvoir du cracheur de feu. Il allait la relever quand il vit sa main collée à la Porte, ou plus précisément, à l'une des gemmes, qui étincelait de malignité au travers même de la main de Lancwen. Le regard du Dragon se porta sur l'autre gemme, exacte jumelle de celle dissimulée sous la paume de la Matriarche, du moins pour l'aura en émanant, si présente que le Dragon hésita un instant. Puis il gronda discrètement, le regard noir, et percuta d'un poing bardé d'écailles la gemme sanglante, de toute la force de son corps dragonnique.
Et la gemme éclata, la porte se fractura dans un vacarme d'enfer, puis s'affaissa comme un vieux parchemin rongé par les siècles, qui venaient de rattraper le métal une fois la magie des gemmes brisée. Le Dragon serra les dents, observant brièvement ses phalanges dont les écailles et quelques os avaient éclaté en plusieurs points. Il consigna la douleur dans un coin de son esprit, puis se pencha auprès de Lancwen, dont la main s'était décollée d'elle-même à l'instant ou la porte s'était parcheminée.
-Lancwen? Vous pouvez vous lever? Je crois que pour la discrétion, c'est raté...nous devons bouger, et vite...
Feraxos | 14/08/10 16:05
Passionnant!
Encooooooooooore!
Feraxos, loupiote noire.
Tu veux faire partie d'une confrérie?
Tu en as marre des bidouilles de certaines guildes?
Tu viens d'arriver sur Daifen et tu te sens perdu?
La Lumière Noire recrute!
[Lien HTTP]
Lancwen de Sigil | 19/08/10 23:38
Lancwen était désorientée, l'afflux d'énergie s'était accompagné d'autre chose, une sorte de présence psychique ténue et malveillante. Des images psychédéliques dansèrent un instant devant ses yeux, panaches de couleurs éclatantes aux formes délirantes, elle secoua la tête pour chasser ces visions, apercevant peu à peu les débris de la porte et Noir-feu. Elle remarqua ensuite son pardessus brûlé qui ne lui serait plus d'aucune utilité maintenant. Elle prit appui sur l'encadrement de la porte détruite pour se relever, jeta son manteau dans le gouffre et remit son gant gauche.
- Nous n'avons plus qu'à boucler cette affaire avant le lever du soleil, dit elle avec un sourire crispé, continuons, le temps joue contre nous dorénavant.
Elle passa le seuil d'un pas le plus assuré possible, pour donner le change au dragon. Elle s'engouffra dans un boyau aux parois creusées de gravures entremêlées représentant démons et autres monstres abominables. Des parties excavées s'élevait une douce lumière semblable à celle des pierres dans l'escalier. Elles étaient beaucoup plus nombreuses et permettait à la vampire d'avoir une vision claire de son environnement.
S'avançant dans l'étroit couloir, elle se remémora les sculptures de la salle du Sereg Rinn, une étrange ressemblance les liait aux gravures sous ses yeux. Un instant, elle fut parcourue d'un frisson, du genre de celui qui ne présage rien de bon, un de ceux que sa qualité de vampire avait réduit à néant. Elle chassa le doute de son esprit et continua sa progression.
Le couloir s'élargissait au fur et à mesure qu'il descendait en pente douce dans les entrailles de la terre. Il faisait bien 6 pieds de large lorsque les premières tombes apparurent, encastrées dans les parois, la plupart arborant des têtes déformées par la douleur sculptées à même les socles, des gisants aux têtes coupées et brisées rythmait leur pas. Ça et là, des restes de bougies, depuis longtemps éteintes, s'empilaient à des fins inconnues.
Certains tombeaux étaient éventrés, leur contenu macabre répandu au sol. L'organisation qui avait du prévaloir à la création de ce caveau n'est plus qu'un souvenir lointain. Les dignitaires enterrés là à une époque oubliée avaient servi à de noirs dessins au mains d'adeptes de cultes démoniaques. Des étagères de pierre chargées de cranes humanoïdes s'alignaient de part et d'autre.
Cette atmosphère de mort avait mis tous les sens de Lancwen aux aguets.
Au bout de quelques centaines de mètres, le couloir se séparait en deux en Y, la Matriarche s'arrêta, jetant un oeil interrogatif vers son compagnon d'aventure.
Noir-feu | 19/08/10 23:39
Le Dragon observa un long instant sa coéquipière, il ne savait trop ce qu'elle avait subi hormis le feu, mais sentit qu'elle avait été fortement ébranlée. Il lui pressa doucement l'épaule, prenant soin de ne pas toucher d'endroit brûlé, profitant de ce bref contact pour absorber ce qu'il pouvait de la chaleur qui continuait d'aggraver ses plaies. Il murmura:
-Oui...allons-y.
Puis il emboita le pas à la Vampire, grimaçant imperceptiblement en découvrant la macabre décoration. Il se demanda quel lien pouvait bien exister entre les Gardiens Danaïtes et ce lieu mortuaire, et doutait fortement que la réponse soit à son gré. A plusieurs reprises, il s'arrêta brièvement pour observer plus attentivement une sculpture, un crâne, un tas d'ossements. Sourdement, l'inquiétude le gagnait, son habituelle assurance s'effritait comme la falaise sous les assauts de l'océan, le rendant nerveux. Il redoubla de vigilance, sondant par les Trames les alentours, s'attendant à voir surgir quelque force redoutable à chaque pas. Le couloir unique se divisa, Lancwen le regarda d'un air interrogatif, inquiet. Le Dragon s'accroupit, examinant avec attention le sol durant une interminable minute. Puis il désigna le couloir de droite:
-Celui-là n'est jamais emprunté, il n'y a pas de traces dans la poussière. Voyez ici, en revanche...
Le sol de la branche de gauche avait gardé trace de plusieurs passages, et si la plupart des empreintes étaient de taille normale, l'une d'elle dénotait singulièrement, les doigts écartés du Dragon ne parvenaient à couvrir sa largeur, et sa forme évoquait une sorte de sabot bien plus qu'un pied humanoïde.
-J'ignore ce qui se promène dans le coin, mais je doute que cela nous plaise beaucoup...
Il sourit sombrement, hésitant à invoquer son arme. Mais le couloir était trop étroit, peu propice au maniement d'un espadon de la taille d'un homme bien développé, aussi se contenta-t'il de laisser jaillir les griffes de sa main intacte qui, combinées à son feu, sauraient bien calmer les plus récalcitrants. Puis il s'engouffra dans le couloir de gauche, scrutant la pénombre tout en avançant avec précautions. Il connaissait l'amour des bâtisseurs de souterrains pour les pièges, aussi examinait-il méthodiquement le sol et les parois, conscient que la profusion de sculptures dissimuleraient à merveille tout traquenard...
Au bout d'un moment, le sol s'inclina légèrement, descendant plus avant dans les profondeurs abyssales de la nécropole, il murmura, plus pour lui-même que pour Lancwen:
-Je me demande qui a bien pu creuser pareil lieu...
Ils avancèrent un long moment, le silence semblant devenir plus intense, plus pesant, au gré de leurs pas. Soudain, après un coude serré, le Dragon se recula vivement, se plaquant contre une paroi et faisant un signe impératif à Lancwen de l'imiter. Il se pencha à son oreille pour lui souffler:
-Il y a une salle, grande, avec trois sarcophages au centre...j'ai aperçu autour plusieurs silhouettes de haute taille, voûtées, vêtues de toges écarlates...je crois qu'elles sont en train de pratiquer un rituel, il y a quelques bougies allumées....
Lancwen de Sigil | 19/08/10 23:41
La Matriarche jeta un oeil dans la salle. Les sarcophages étaient peints de couleurs chatoyantes révélant dans toute leur splendeur des scènes de batailles plus vraies que nature. Des nuées de dragons noirs plongeant sur des troupes elfiques, naines, orques et humaines en ordre de bataille. Curieusement, cette scène rappelait à la vampire la première attaque de la citadelle de Drazankhar sur Certadhil. Cette bataille s'était soldée par une cuisante défaite pour les forces alliées. Cela ne pouvait être une coïncidence.
Une fumée grisâtre s'élevait des bougies, une odeur acre en émanait agressant les sens de la vampire. Quatre silhouettes en toge noire entouraient le plus petit sarcophage, psalmodiant des mots dans une langue gutturale improbablement sortie d'une bouche humaine. La litanie des sons emplit peu à peu la pièce, allant crescendo, l'une des formes brandit une dague, la passa dans sa main, faisant couler quelques gouttes de son sang sur la pierre glacée. Les cultistes étaient absorbés par leur rituel, la présence des deux intrus invisibles à leur sens, leur transe en faisait des proies faciles, en apparence uniquement et la vampire ne le savait que trop bien.
Le chant cessa en un souffle, la salle silencieuse comme la tombe qu'elle était. Pendant un long moment, les quatre silhouettes restèrent immobiles avant que le maître de cérémonie ne brise le calme, s'engouffrant dans un boyau, visiblement agacé. Les trois autres humanoïdes s'élancèrent à sa suite.
Noir-feu | 19/08/10 23:47
Se tournant vers sa comparse, le Dragon souffle:
-Suivons-les. Vite!
Sans plus attendre, il se faufile dans la salle, silencieux comme une ombre, longeant les parois, tous les sens aux aguets. Marquant un bref temps d'arrêt à l'entrée du boyau emprunté par les officiants du lugubre culte, il déploie ses perceptions, s'assurant que nul d'entre eux n'est resté en arrière. Satisfait par la texture du silence, il s'engage vivement dans le conduit. Quelques instants plus tard, il ralentit, désignant sans un mot les silhouettes qui se découpent indistinctement dans la pénombre à peu de distance. Un rictus sauvage envahit ses traits, tandis que l'aura de malignité des créatures l'atteint. Il hésite une seconde à se lancer dans une danse mortelle, son instinct le plus profond le poussant à anéantir ces forces maudites. Soupirant imperceptiblement, il dompte sans complaisance son impatience, se résigne à continuer la poursuite dans la plus grande discrétion. Brisé uniquement par les frottements des robes de cérémonie des êtres, le silence règne en maître, inquiétant, de plus en plus pesant à mesure que la course dans l'obscurité se prolonge, s'enfonçant de plus en plus profondément dans les entrailles de la nécropole.
Soudain, le Dragon se fige abruptement, tendant un bras en travers du couloir pour stopper la course de Lancwen au cas où elle n'aurait pas remarqué son arrêt brutal. Quelques sons déchirants leur parviennent assourdis par la distance. Son sang magmatique se glace dans ses veines un frisson d'insondable dégoût teinté de peur l'ébranle, il murmure un juron digne du plus vil des charretiers, se tournant vers la Matriarche, le regard hanté par ce qu'il vient d'apercevoir, souffle d'un ton peu assuré:
-Ils sont là...elle est là...il y a un...je ne sais pas...jamais vu ça...ça craint...restez-là, c'est l'heure des comptes...tâchez de vous emparer de l'urne si vous le pouvez...bonne chance.
Il adresse un pâle sourire à Lancwen, ses yeux virant à l'insoutenable brasier, puis invoque son espadon runique, qui apparaît immédiatement dans sa main intacte, flamboyant d'une noirceur chaotique de mauvais augure. Son visage se modifie en un instant, virant de l'humanité au plus Dragonnique aspect, puis il se rue en avant, entamant une Danse de guerre létale dans un total silence.
Dans le coeur maudit de la Nécropole, gigantesque salle hémisphérique aux innombrables alcôves mortuaires, des centaines d'êtres agonisants sont suspendus contre les parois, gémissant indiciblement sous la torture des crochets métalliques qui les clouent en des postures grotesques. Elfes, nains, humains, nelrks, primotaures, aucune race ne semble avoir échappé à la vigilance morbide du Maître des lieux, qui trône sur un empilement de cadavres putréfiés dégageant une odeur méphitique qui prend instantanément d'assaut les voies respiratoires du Dragon à la manière d'un acide écoeurant. Hurlant de rage pour évacuer la peur qui lui tenaille les tripes, il se précipite dans la foule de morts-vivants qui entourent avec une ferveur terrorisée la ténébreuse silhouette, traçant un sillon sanglant au travers de la masse caquetante. Le Maître se lève, grand, décharné, entièrement voilé par une toge en peaux encore sanguinolentes dont le dragon préfère ignorer la provenance. Comme un coup de bélier, son simple geste secoue Noir-Feu, qui titube, empalant sur la lame d'Aube une sorte de démon inconnu. La voix du Seigneur s'élève dans la salle, emplissant tout l'espace sonore de son timbre grinçant, suintant d'une malignité sans bornes, écrasante de mépris:
-Un dragon noir...bienvenue chez toi...fils. Je savais que vous répondriez à mon appel...
Et d'éclater d'un rire sismique, qui met à genoux la moitié de l'assemblée, descellant ici et là quelques blocs qui viennent écraser dans l'indifférence générale quelques créatures. Le Dragon fait décrire un large arc de cercle à son espadon d'un geste peu assuré, il sent que la seule voix de l'être ronge son assurance, emplie qu'elle est d'un pouvoir qu'il devine colossal, mais trouve la force d'avancer de quelques pas, tandis que le Maudit poursuit, descendant à pas lents de son piédestal:
-Vous m'avez bien servi, sur Certadhil, mais notre heure n'était pas venue. Aujourd'hui...tout est différent. Agenouille-toi, que je voie ce que l'on peut faire de toi...fils.
Tremblant, Noir-Feu puise dans toutes ses ressources, allant au plus profond de lui chercher la plus insondable rage, qui jaillit, par saccades, lui permettant de lever les yeux sur l'être, enfin. Il répond d'une voir à la dureté du diamant, le regard irradiant du plus ancestral pouvoir des Dragons:
-Je n'ai de Père que moi-même, chien. Je ne m'agenouillerais que devant ta dépouille, pour te cracher à la face! Maintenant, viens rejoindre les limbes, immonde bâtard!
Rugissant puissamment, il crache une infernale langue de feu sombre qui calcine les laquais se trouvant entre son adversaire et lui, puis bondit comme une furie dans le sillage embrasé, n'ayant plus comme unique désir que d'abattre le responsable de la mort de son amie et agente. La distance qui les sépare est couverte en trois bonds, la puissante lame du chaos nommée Aube chante dans les airs enflammés, visant à trancher la tête du Maître. Qui éclate d'un rire lugubre, ne cherchant pas même à éviter le coup. Une assurance nouvelle gagne le Dragon, persuadé que son coup mortel est le dernier que verra l'être, il exulte, le temps lui semblant se ralentir pour lui permettre d'apprécier à sa juste valeur cet instant. Et...
La lame traverse sans dommage l'être, qui rit de plus belle.
-Amusant. Une lame du Chaos pour m'abattre? Dragonnet insensé! Je SUIS le Chaos. Vois!
Tendant une main gantée de peau, que Noir-feu reconnait cette fois pour être celle d'un elfe, le Maître murmure un mot de pouvoir, faisant jaillir de ses doigts des sortes de filaments opaques, qui se précipitent avidement sur le Dragon trop stupéfait pour les éviter entièrement malgré la vivacité de son esquive. Tel un filet de gladiateur, les fils s'abattent sur lui, rongeant à une vitesse phénoménale les dures écailles, trouvant en dessous la chair tendre, semblant s'en délecter en mugissant d'aise. Le Dragon hurle de douleur, les fils ne font pas que ronger son corps, machiavéliques, ils instillent le chaos dans son âme, qui vacille comme une chandelle sous un courant d'air. L'agencement précaire des trois Noires qui constituent son esprit se délite, Noir-Feu réalise qu'il ne lui reste que quelques secondes à vivre s'il ne trouve pas le moyen d'échapper au sortilège. Mais la douleur insoutenable lui obscurcit les idées, voile son regard, plombe ses membres, cherchant à lui ôter toute chance de réagir. Il tombe à genoux. Étrangement, le souvenir d'une conversation lui revient, mais peut-être est-ce logique, son interlocutrice était la Mort...
-Tu ne sais rien des Trois Noires. Hormis qu'elles t'ont servi mieux que quiconque. Combien d'âmes t'ont-elles donné?
-Des millions. Des milliards. Une infinité de petites vies sans importance, pour la plupart. Mais c'est la tienne que je veux. Celle qui lança les Runes dans les trames.
-Je n'ai jamais usé des Noires.
-Non. Pas encore. Ou alors il y a très longtemps. Ou encore dans très longtemps. Quand tu créas, ou créeras Num pour protéger ton futur. Mais tu ne peux pas encore comprendre cela. Un jour viendra.
-Ce n'est pas moi qui ai créé Num. Je n'ai fait qu'ouvrir la porte qui a permis sa destruction.
-Il est trop tôt, Dragon. Tu n'as pas encore chevauché le Temps. Tu comprendras, te dis-je.
-Mmm. Paradoxe...encore, toujours. Peu importe. Je n'ai plus rien à faire ici. Même cela est vain.
-As-tu mieux à faire ailleurs?
-Il me reste un espoir.
Il me reste un espoir.
Dans un ultime effort, l'Aîné des Dragons Noirs invoque le pouvoir de la Couronne d'Elladyl, cet artefact qui permet d'ouvrir des routes entre les mondes, de traverser le Néant. Consumant ses dernières forces, il canalise tout le pouvoir des Trois Runes Noires dans un unique but: ouvrir une Porte vers le Néant. Et la Porte s'ouvre, abîme insondable de vide, dénué de tout concept, de toute matérialité, de toute vie. Le Maître de la Nécropole se fige, incrédule. Et Noir-Feu projette son âme dans la Porte, y attirant le pouvoir du Nécromant qui, comme il vient de le comprendre, est directement lié à la Non-Vie de son possesseur. Et parce que le Temps n'a pas d'importance dans le Néant, le Seigneur de Num invoque sa cité maudite, bannissant ses souvenirs de la guerre de l'Oubli pour en faire un improbable possible futur, ou un impossible passé, inexistant. Paradoxe, Néant, Tout, le Temps, les forces cosmiques vacillent un bref instant. Puis l'équilibre se fait, maintenu par les Trois Noires à la limite de leur pouvoir, menaçant de se fissurer irrémédiablement. Le Nécromant hurle de dépit:
-Noooonnnnn!!!!! Je suis...je suis...
Edité par Noir-feu le 19/08/10 à 23:51
Lancwen de Sigil | 31/08/10 22:06
Lancwen suivait le dragon comme son ombre, se collant aux parois lorsque celui-ci ralentissait. La lueur des murs donnait à Noir-Feu un air maléfique que la vampire n'avait jusque la qu'entrevu. Elle s'apprête à l'arrêter sentant son envie d'en découdre mais se ravise lorsque le reptile se calme visiblement.
Ils reprennent leur course dans les boyaux à la suite du petit cortège. Le dragon se fige de nouveau, elle stoppe dans le même instant. Lancwen n'a pas attendu les paroles qu'il prononce ensuite pour savoir que quelque chose de puissant se trouve dans la prochaine salle, l'aura qu'il déploie est presque palpable. Elle est noire, maléfique, extrême. elle s'insinue partout, corrompant les âmes les plus nobles. Lancwen la reconnaîtrait entre mille mais elle ne peut le croire. La peur la gagne, ce sentiment étrange de fin inéluctable. Aucune échappatoire ne s'offre à elle, rien que la mort dans cette salle aux confins d'une terre qui lui était inconnue quelques heures auparavant.
Elle voit Noir-Feu se lancer dans la salle, elle hésite, ils se jettent dans la gueule du loup, le dragon court à sa perte. Malgré l'appréhension qui la tiraille, la vampire s'avance pour examiner la salle dans laquelle Noir-Feu commence une danse mortelle. Elle lance un regard circulaire, englobant tous les détails horribles et monstrueux de cet enchevêtrement de corps mutilés et torturés.
Elle pose alors les yeux sur l'être qu'elle redoute, impossible de le confondre avec la foule de mort vivants présents dans la salle, sa puissance est indéniable, nul ne peut le défier en ces murs, il règne du haut de son trône de corps amoncelés, s'habillant des chairs même des suppliciés.
La Matriarche reste paralysée alors que le maître des lieux converse avec le dragon, la scène est presque irréelle, elle sent que Noir-feu vacille, que sa volonté ne tient qu'à un fil. Elle réprime un cri d'horreur lorsque les fils noirs pénètrent les écailles de son ami. Le hurlement du seigneur de Num la tire de sa léthargie, elle doit réagir, tenter quelque chose.
son regard se pose sur l'urne calée entre deux corps près du trône d'os du ténébreux, elle se lance alors parmi les morts vivants, jouant des épaules pour se frayer un chemin, la vitesse est son alliée tout autant que la surprise. Aucune des créatures présentes ne craint pour leur maître, aucune n'a l'idée de vouloir stopper la vampire. Elle se faufile parmi les goules, zombies et autres monstres necro-animés. Elle grimpe quatre à quatre les corps en putréfaction et pose la main sur l'urne puis elle se fige. Elle entend la voix glaciale qui ne finit pas sa phrase, la porte vient d'apparaître, elle voit une cité sous ses yeux, les créatures du ténébreux refluent, tentant d'éviter d'être attirées dans le vortex créé, le chaos est total.
Lancwen lâche l'urne et porte la main sur la garde sa dague...
Noir-feu | 31/08/10 22:07
Au coeur de la cité maudite de Num, mille regards malveillants se dardent sur les deux âmes qui apparaissent, luttant de tout leur sombre pouvoir. Le Nécromant et le Seigneur d'Obsidienne semblent enlacés dans une danse morbide, volonté flamboyante contre esprit de ténèbres, les coups mentaux qu'ils se portent tissent de létales arabesques d'obscurité, qui se gravent sur les statues comme de maléfiques scarifications. Par delà leurs inexistences, les êtres emprisonnés à Num la Pétrifiée endurent d'innommables souffrances, chaque plaie fouaillant leurs âmes damnées comme des tisons brûlants. Une indicible plainte s'élève entre les murs, se répercutant de sombre ruelle en obscur couloir, emplissant chaque lieu d'une atmosphère de mort. Et la danse se poursuit, démente...
Les Trois Noires frémissent sous les assauts monstrueux du Seigneur de la Nécropole, ployant de toute leur souplesse pour absorber son invraisemblable puissance qui se déchaine. Le Seigneur de Num riposte durement, rendant chaque coup reçu par une explosion de violence rageuse, qui ne parvient pas à ébranler sérieusement son adversaire. De certaines statues, commencent à sourdre d'écarlates ruisselets, mêlés de larmes amères. Num se fait broyer, le pouvoir qui lui donne matière s'effrite, libérant peu à peu les damnés, les exposant à la furie machiavélique des deux combattants. D'une brutale torsion, le Dragon Noir se dégage de l'étreinte du Maudit, trouvant ainsi la minuscule seconde qui lui permet d'invoquer les Gardiens de la Pétrifiée. Entourant la place centrale, les sept colosses de pierre se mettent en mouvement, fixant leurs regards vides sur la proie désignée par leur Maître. Une sourde impression de puissance malsaine se dégage de leurs gestes lents, tandis qu'entre eux se tissent d'invisibles liens, issus de la souffrance de toutes les âmes captives du lieu.
Le Nécromant semble observer un instant ces nouveaux adversaires, son mouvement dévoile quelque peu le bas de son visage fantomatique, parodie démoniaque d'un Elfe, un sourire effroyablement gourmand relèves ses lèvres desséchées sur des dents pourries semblables à des aiguilles. Il tend une main avec une grâce morbide, appelant une épée spectrale qui luit faiblement d'une aura ensorceleuse. Les yeux flamboyants du Dragon Noir se plissent, tandis qu'il recule de quelques pas, se maudissant de n'avoir pas d'arme susceptible de se mesurer à telle lame. Il se doute que ses griffes subiront de lourds dommages en cas de confrontation directe, refuse d'imaginer ce qui adviendra si l'arme des limbes venait à toucher ses chairs. Mais les Sept Gardiens se sont avancés, et menacent maintenant l'être qui nuit à leur cité. Un rictus mauvais se dessine sur le visage ruiné de Noir-Feu, tandis qu'il se remémore leur dévastatrice puissance. Tout n'est pas perdu, encore...
Le premier Gardien abaisse brutalement sa lame dantesque, que le Maudit esquive avec la vivacité d'un cobra, ripostant aussitôt par une pointe vicieuse, qui touche légèrement le colosse rocheux. Une stupeur glaciale empoigne et broie le coeur du Dragon quand il voit le Gardien se fissurer de haut en bas, s'effondrant en quelques secondes, rendu à la poussière par une simple estafilade. Le Seigneur de la Nécropole éclate d'un rire terrifiant, se dirigeant déjà vers la deuxième statue d'un mouvement sinueux.
Le monstrueux Gardien n'a aucune chance, il choit sans même avoir eu le temps de lever sa lame rocheuse, rejoignant sans un cri la poussière dont il jaillit en son temps. Le Dragon grimace amèrement, lui qui a tant subi pour dompter ces statues, de les voir aussi impuissantes, inutiles antiquités qui se dérobent à sa nécessité. D'une pensée teintée de lassitude, tant de siècles de combat pour s'adjuger la Pétrifiée, ultime espoir consumé comme brindille dans l'âtre, il fait reculer les Gardiens restants, s'avance lentement vers celui qui, il s'en doute maintenant, mettra un terme à sa longue route. Il songe soudainement à cette arme, dont il fit en un temps lointain cadeau à celle qui trahit au-delà de toute désespérance sa Lignée. Qu'a-t'il à perdre, après tout ? Il tend son esprit vers cette unique lame Dragonnique, dernière manifestation des arts de son peuple, priant que Sanaga ne se la soit arrogée. Mais les temps s'acharnent, écrasant tout rêve aussitôt né, et l'arme ne répond pas, domptée qu'elle a sans doute été par la Dragonne qui sombre. Et l'âme du Noir de saigner, submergée par une infinie tristesse, non de sa propre fin, non de l'absence de réponse de cette arme qui fut sienne mais de la perte de cette Soeur, qu'il aima sans mesure.
Est-ce donc ainsi, que se termine toute chose ? Dans l'amertume et le désespoir, la folie et l'abandon ? Pour n'avoir su montrer mes sentiments, faut-il que tout s'effondre ? Faut-il que l'amour soit bafoué en sa plus profonde essence ? Faut-il vraiment qu'aucune lueur ne subsiste, que tel un linceul écoeurant et maudit l'Ombre recouvre jusqu'à la dernière parcelle de lumière, corrompe l'ultime flamme des Noirs, mette un terme aussi honteux à notre interminable existence ? Est-ce là le prix ?
Une frêle seconde de pensées, d'interrogations absurdes, un instant si insignifiant dans une vie qui couvre des millénaires qu'il en parait inexistant et qui, pourtant, prend une signification douloureusement définitive lorsque l'écrasant pouvoir du Nécromant le frappe de plein fouet, sa lame spectrale venant ravager l'âme moribonde du Dragon, l'emplissant en un éclair des insoutenables souffrances de tous les trépassés, de toutes leurs trahisons, de toutes leurs...
Ténèbres.
Le Seigneur de Num distingue encore au travers d'un voile d'obscurité qui s'étend implacablement l'arme spectrale qui se lève à nouveau, avide de lui infliger plus profond tourment encore. Il serait incrédule, s'il le pouvait encore, de la voir s'estomper brutalement, de voir son bourreau se dénuer de toute substance, happé, consumé d'incompréhensible manière par l'essence même de Num. Un ultime hurlement de rage retentit, puis...
Néant.
Lancwen de Sigil | 31/08/10 22:09
Combien de temps s'est écoulé dans cette cité surgie du néant? Voilà l'étrange pensée qui traverse l'esprit de Lancwen alors qu'elle s'avance vers le nécromant immobile, sa dague glisse lentement le long du fourreau, autour d'elle, les monstres s'entretuent pour atteindre les sorties, même les plus décérébrés sentent que leur vie est en danger à coté de ce passage vers un autre monde. Elle comprend ce qu'a tenté Noir-Feu, elle sait que cette cité est Num, celle-là même que le dragon avait détruite. Elle se rend compte qu'il a utilisé la seule solution qui se proposait à lui, attirer l'ennemi sur son propre terrain pour se donner une chance.
Elle ignore si cela a fonctionné mais elle fera son possible pour l'aider. D'un geste ample et habile, elle plante sa dague dans le dos du nécromant, visant le coeur tout en empoignant sa carotide de sa main gauche qui flamboie au contact de la porte. Elle sent une énergie s'échapper de ce corps visqueux, est ce la vie du ténébreux ou son essence qui s'échappe, elle n'en a que faire. Elle s'en nourrit, happant chaque once de ce fluide vital. Elle continue d'enfoncer sa dague toujours plus profond jusqu'à ce que la garde s'incruste dans la peau. Elle maintient sa pression alors que le corps est parcouru de soubresauts violents.
Elle lui murmure :
- Meurs des mains de la gardienne de Certadhil, puisse ton âme ne jamais réapparaître sur ces terres.
L'énergie afflue en elle comme un torrent de printemps crachant son eau hivernale à gros bouillons, l'espace d'un instant son esprit se perd dans ce courant puis un fil ténu et tendu vers la cité se rompt, le flot se tarit laissant la vampire à genou, haletante. Le corps du boucher de Certadhil gît à côté d'elle, la trachée broyée, la dague serpentine le traversant de part en part.
La vampire avise de la situation, le torse de Noir-Feu se soulève par saccades indiquant qu'il est toujours vivant pour le moment, la porte vers Num s'est refermée et déjà les plus puissants démons essayent de réorganiser leurs troupes. une voix s'élève dans la salle, la Matriarche reconnaît le cultiste de la salle aux sarcophages, il hurle des ordres alentours, la désignant comme la cible à abattre, il n'en faut pas plus pour que la vampire réagisse, elle prend une impulsion pour se retrouver sur le trône et récupère l'urne, elle fait ensuite volte face et dévale la pente vers le dragon, sautant par dessus le corps sans vie du nécromant. Elle ne peut pas prendre le temps d'estimer les blessures de Noir-Feu, déjà les premières goules se dirigent vers eux. Elle jette donc le corps haché sur son dos comme elle le ferait d'une cape et reprend sa course effrénée vers la sortie. Elle s'engouffre à toute vitesse dans le boyau qu'elle a quitté quelques minutes auparavant. Elle lance des éclairs de ses doigts pour se frayer un chemin au travers des goules et des zombies qui tentent de la stopper. L'air s'emplit d'une odeur de chair décomposée et brûlée qui agresse les poumons de la vampire. Le couloir monte en pente douce vers la salle du rituel, plus aucun monstre ne lui barre le passage mais elle sent leur présence derrière elle. Elle débouche enfin dans l'excavation où des bougies finissent de se consumer seulement pour tomber nez à nez avec une femme à la mèche mauve et un guerrier armé d'une claymore. Son premier réflexe est de les frapper de toute sa puissance afin de continuer sa course puis elle se ravise, elle reconnaît la description qu'en avait fait Noir-Feu.
- Tãla?
la vampire n'attend pas la réponse. Elle continue sur un ton impérieux.
- Protégez l'entrée! J'ai besoin de quelques secondes pour m'occuper de Noir-Feu. Après il nous faudra fuir au plus vite!

