Forum - [Certadhil III]Des fous pour une guerre folle.

Kärel | 06/11/10 20:35

"Quand atteindrons-nous la terre ferme ?
- Dans 20 minutes environ.
- Bien. Va prévenir les troupes. Et fait attention à Canas, il n'est pas au courant du petit changement de plan... je lui dirai tout le moment venu."

Enfin, Certadhil était en vue. Après plusieurs jours à voguer vers la terre maudite, les différents navires s'étaient rassemblés pour finalement amarrer près de Ravendell de Keanor. On pouvait voir toutes les bannières, et des navires de tout horizon. Tant d'alliés redonnaient un peu d'espoir aux coeurs des combattants, mais ils ne pouvaient se permettre de mettre de côté leur méfiance envers les vaisseaux inconnus apparaissant au fur et à mesure de l'approche du port. Même si, ils le savaient, tous partageaient un but commun. Du moins en apparence...

Accoster ne fut pas une mince affaire. Nombre de seigneurs donnaient leurs instructions, sans parler des discussions entre compagnons d'arme se retrouvant après moult lunes. C'est donc dans un bazar auditif plus ou moins complet que Kärel ordonna à son bras droit d'aller chercher les soldats cachés dans les navires pour une raison presque connue de tous. Il se chargea de son côté d'aller trouver son scribe personnel, qui avait heureusement le mal de mer, chose qui simplifia grandement la discrétion de certaines manoeuvres.

"Canas, nous sommes arrivés ! Vous pouvez sortir maintenant ! Et faites-moi plaisir, videz vos bassines, ça sent la mort ici !
- C'est le continent ça, pas moi..."

L'homme à la digestion dérangée sortit de sa tente, arborant un teint global compris entre le blanc et le vert. Ses vêtements tâchés des restes des différents repas de la traversée avaient perdu leur jolie teinte violette d'origine pour s'accorder à merveille avec la couleur du malade.

"Vous êtes totalement fou... quel intérêt de venir mourir sur ce fichu continent paumé...
La remarque déplu particulièrement au bretteur, qui s'avoua tout de même qu'il n'avait pas été très clair au niveau des raisons du voyage.
- Et bien voyez-vous, très cher scribe, il y a une logique très simple derrière tout ça. Dans tous les cas, si le Mal triomphe, nous sommes destinés à y passer un jour ou l'autre. Alors autant mourir en défendant notre cher monde et toutes ses sympathiques valeurs, ne croyez-vous pas ? D'autant plus que, si nous sommes victorieux, c'est la gloire qui nous attend.
Le seigneur se sentit ridicule d'avoir utilisé pareils arguments, mais il en fallait bien quelques-uns pour duper les hommes.
- Vous, vous battant pour le bien commun... on aura tout vu... mais imaginez que... wooooh, ça tangue encore c'te saleté... imaginez un instant que notre groupe soit victorieux mais que nous y passions tout de même.
- Et bien on aurait pas l'air bête. Bon, bougez ce qui vous sert d'arrière-train, on accoste."
Le scribe grommela comme il savait si bien le faire et se dirigea vers le pont, tentant de retenir ce qui lui restait dans l'estomac.

Une fois la liaison faite avec le port, Kärel et Canas descendirent en premier. En fait, ils serait plus juste de dire qu'ils furent les seuls à descendre de la flotte prétendue humaine pendant 5 bonnes minutes, ce qui eut pour effet de taper fortement sur le système de celui qui n'était pas prévenu des modifications.

"Qu'est-ce que font vos soldats ? Ils tremblent de peur à l'idée de sortir de vos navires, ou avez-vous tout simplement oublié de les emmener avec vous ?
- Cessez donc d'être sarcastique. Il y a quelque chose qu'il faut que je vous dise à propos de mes... soldats. Pour être honnête...

Il n'eut pas le temps de commencer ses explications que le premier scout traversa le pont devant le scribe pour le moins étonné. S'ensuivit une descente d'archers, de danseurs de guerre, de bardes et j'en passe.

"Que... que... des Elfes ? DES ELFES ? Qu'est-ce que c'est que cette arnaque ? J'exige des explications ! Tout de suite !
- Silence ! Vous n'avez rien à exiger, pathétique crétin !
L'homme de lettre baissa les yeux et s'empressa de s'excuser auprès de son souverain.
- Bien, je préfère ça. Donc, pour revenir à votre question, il n'y a rien d'anormal à voir des Elfes quitter mes navires puisque ce sont ces même Elfes qui ont embarqué sur ces même navires.
- Mais... mais... mais je n'étais pas au courant ! C'est un complot ! Un sombre complot ! Vous avez décidé de me faire perdre la tête !
L'individu affolé était totalement perdu. Pendant un moment, il crut même être entrain de rêver : faibles espoirs vite envolés avec une claque qui n'eut pour conséquence qu'une marque rouge sur sa joue droite.
- Mais cessez donc de débiter pareilles âneries ! Je n'ai pas pris cette décision à la légère, rassurez-vous. Mais je ne voulais pas que mon peuple périsse sur ce continent. J'ai donc fait remplacer les soldats durant la nuit, avec pour consignes de ne quitter leur appartement que lorsque moi ou leur semblable leur donnerait l'ordre. Je préfère voir ces fous mourir ici et mes soldats profiter de leurs derniers jours en vie que l'inverse.
- Ces fous... non... vous n'avez quand même pas pris ces Elfes ?
- Oh que si, c'est bien eux. Les même malades que j'ai essayé de diriger lors de mes précédentes tentatives de conquête.
- Ceux qui voulaient conquérir le monde alors qu'ils n'étaient même pas fichus de manier un arc correctement ? Ceux qui appelaient votre bras droit l'Oeil du Diable ou par je ne sais quel stupide surnom ?
- Tout juste. Heureusement, ils se sont entraînés depuis. Ça n'a pas été facile de les dénicher, par contre...
- Vous êtes profondément cinglé. Ils étaient déjà instables à la base, mais avec l'atmosphère qui règne sur Certadhil, ils vont être absolument incontrôlables !
- J'apprécie vos encouragements. Bon, c'est pas tout, mais va falloir chercher un campement digne de ce nom...

Après un discours tout ce qu'il y a de plus noble et simple, le seigneur partit avec ses troupes dans le but de chercher un lieu pas trop à découvert pour planter les premières tentes. Ce ne fut qu'au bout de quelques heures de marche que le groupe s'arrêta, près de quelques bâtiments en ruines qui pourraient éventuellement servir d'abri de fortune durant les premières lunes.

"Bien, nous nous installerons ici.
- Mais il n'y a rien ! Pas de plantes, pas de gibier, pas de...
- Nous sommes sur Certadhil, vous l'avez dit vous même. Estimez-vous déjà heureux que nous ne soyons pas tombés sur je ne sais quelle abomination sur le chemin.
- Grrrrmbl...
- Souriez, ce sont probablement les derniers jours de votre vie ! Alors, faites-moi plaisir, tâchez de faire votre travail correctement.
- Mouais, je ferai ce que je peux... n'empêche que sans bureaux, ni chaises, ni bibliothèques, ni...
- Et pourquoi pas une suite royale, pendant que vous y êtes ?
- Pfff, vous n'êtes qu'un rustre. Au fait, j'ai une dernière question.
- Allez-y, j'ai tout mon temps...
- Pourquoi y a-t-il d'autres Humains avec nous ?
- Oh, eux... il me fallait des maîtres d'armes compétents pour accompagner les troupes. Et je ne pouvais me passer des meilleurs éléments de mon armée. Sans compter les navigateurs. Quant aux autres, ce sont... mes élèves.
- Ceux que vous initiez à l'art du maniement du katana ?
- Exactement. Encore une fois, je n'ai pris que les meilleurs d'entre eux. D'ailleurs, c'est l'heure du cours. Je dois vous laisser maintenant.
- Apprenez leur à courir, ils en auront plus besoin que de leur pathétique épée...
- Allez donc réviser vos sortilèges au lieu de geindre.
- Je connais très bien mes sortilèges...

Sur ces mots, Kärel partit exercer la profession d'enseignant auprès de quelques Humains et Elfes les ayant rejoints. Au fond de lui, il savait les paroles de son interlocuteur censées, mais la peur et le doute n'avaient plus leur place sur Certadhil, ce qui ne les empêchait pas de se faufiler un peu partout.

Soudainement, il se rappela les symboles dans les yeux de ses anciens agresseurs... il eut un déclic. Il avait croisé les mêmes quelque part lors de la marche, il en était certain. Ainsi donc, son instinct ne l'avait pas trompé : ce n'était bel et bien pas une coïncidence...

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Kärel, Ombre égarée sur les rives de l'Existence.

Edité par Kärel le 06/11/10 à 20:39

Kärel | 06/11/10 22:59

Quand j'aurai le temps, l'inspiration et l'envie

Kärel, Ombre égarée sur les rives de l'Existence.