Forum - Pour tant qu'il y aura la Vie.
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Sanaga | 18/11/10 20:49
Fusée.
Ou bolide.
Ou aéronef d'artillerie.
Ils n'ont pas trouvé de nom à leur nouveau jouet. Peu leur importe, d'ailleurs. Ils n'en profiteront que pour l'allée. Ils ne mesurent ni leur effroyable aubaine, ni la vitesse mortifère à laquelle ils volent, ni le vent pernicieux qui cherche prise, en vain, sur leurs fripes chaotiques pour les jeter dans les abysses. Ils ne mesurent pas même leur propre puissance, qui font d'eux les maîtres, en cet instant, et en ceux à venir, de tout Daifen. Ils ne mesurent rien de tout cela. Pas même leur force, pas même le panache de leur gros engin, lequel pourfend les flots à s'en érafler le ventre, forcé à voler, selon leurs désirs, trop haut vers des cieux qui jamais ne les accepteront, ou trop bas, là où les flots leur lèchent les pieds, quand les flammes infernales devraient s'y adonner.
Ils s'en foutent. Ils s'en cognent. Ils pissent à la raie du monde. Ne leur demandez pas de penser à ce qu'ils sont, ni même à ce que vous êtes. Qu'importe? Ils sont. Et ils nous auront tous, un par un. En avez-vous quelque chose à faire?
Ils sont huit. Campés à l'arrière, reclus, les trois Ankhous ont trouvé une prise ferme à laquelle s'accrocher. Peu importe combien saillent les écailles. Leurs os, tout aussi affûtés, ne craignent plus d'épancher leur sang, ni de rayer leur moelle. Bon sang, qu'en ont-ils à fiche? Ils gobent l'air pour le vesser à la figure de leur suivant, nauséabond comme jamais, et ricanent à s'en craquer le thorax. Campés devant, les cinq Laquais du Chaos ont, pour leur part, meilleure assise. Sans compter la vue imprenable qu'ils s'y sont octroyée. Le plus chanceux reste celui qui, devant, supplante le monde sur le cou de la Bête. Et ces huit chevaucheurs éructent d'adrénaline autant que de folie, et autant que de rage. Et la joie qu'ils en tirent, loin d'apaiser leur penchant pour cette endiablée dangerosité, renforce leur désir de toujours narguer les vents et le trépas. Le premier des huit, celui qui tient les rênes, fait claquer le licol sur le cou de la Bête. Des éclairs se déchargent sur sa noire carcasse, la faisant rugir d'épuisement en coudoyant, à bride abattue, les flots qui viennent picorer la morsure de la foudre.
Et l'air siffle à leurs oreilles, vous n'imaginez pas. Cet air qui se fait renverser de plein fouet par ces chauffards chaotiques. Cet air qui se brise à la barrière implacable des écailles, qui s'y saigne aux quatre vents, et qui glissent en s'offrant au vide, pour tourbillonner un bon moment, loin derrière. Le vent hurle à leurs oreilles, oui. Mais ils n'entendent pas. Ils crient plus fort encore toute leur ire et leur liesse, de n'être ni morts, ni vivants. De n'être pas grand chose, et si forts à la fois. En avez-vous quelque chose à faire?
Et plus ils approchent de l'île d'Olth, plus le ciel s'obstine à se voiler. Les voilà qui brament d'impatience de gagner leur camp. Les premières falaises ne préviennent pas. Le brouillard les cachait depuis la mer. Leur inédit destrier puise au fond de ses forces pour remonter en pic et éviter la collision. Plus bas, les Ankhous mal installés que la délicate manoeuvre a rendus coléreux, frappent la rude toison d'obsidienne du bout de leur faux. Une contre-offensive recrue de la queue du Dragon manque les frapper. La faute à l'instinct. Les Ankhous n'ont pas le temps de contre-attaquer.
Déjà le Laquais meneur, bride en main, repart d'un cri strident. Son doigt sans matière désigne une masse opaque dans la cécité du soir. Mont Tla'dsul en vue, depuis les récifs Sud-Ouest. Mais déjà un campement attire l'attention du meneur qui, pris d'un insatiable servitude envers sa maîtresse, tend à nouveau le doigt avant de cingler à nouveau la Dragonne:
-Rase!
Ainsi la Bête, sentant venir quelque répit, s'étire et se laisse couler, oublieuse du reste. Ses énormes yeux se ferment, et les Laquais entendent à peine les cris des bâtisseurs s'élever, avant que les pattes de la Dragonne ne fassent trébucher un pan de caserne, l'éveillant à nouveau. Et la rugueuse membrane de ses ailes de flirter à nouveau avec les airs, cherchant les prises qui amorceront son ascension. Manquant d'assiette, un Ankhou glisse et s'échoue sur le camp nain pendant que la troupe regagne les hauteurs.
-Rase! Crie à nouveau le Laquais.
-Kkkkssssuffit! Persiffle une seconde entité. N'abîmons pas la monture. Elle a dit de la ramener en bon état.
Du reste des évènements, tout reste flou. Mais penchés à un mile de hauteur au dessus du camp nain, d'étranges forces s'opèrent sur son dos, que la Bête ne peut apercevoir. Et tandis que la déflagration s'apprête à consumer le campement, la Dragonne se laisse à nouveau chuter, sans volonté: les Laquais ne tiennent plus bride. Alors qu'ils chutent, la portée de leur salve chaotique est déviée, manquant de peu la destruction totale du camp. Quelques kilomètres plus loin, au nord de l'ancienne forteresse de Lord Chupatrak, ils heurtent le sol sous de nouveaux cris d'abomination.
Sans force, la Dragonne se soustrait aux exigences de son épuisement, recouvrant forme humaine. Non contents d'avoir manqué leur cibles, les suppôts observent un silence mortel, scrutant, loin à l'horizon, des feux consumer encore leur cible.
-Nous ne sommes plus loin de Son repaire. Nous irons par d'autres voies.
Et tandis que chacune des sept entités restantes opinent lugubrement, l'une d'elle s'attèle à détacher les rênes qui retiennent encore la Dragonne humanoïde. D'un geste sec, la main débranche les deux harnais que retenaient des prises implantées dans son cou. D'épuisement, elle s'abîme comme pantin à leurs pieds, sur le sol battus par des centaines de lunes de batailles.
Les Laquais s'enfoncent sous le sol à la recherche des tunnels qui les mèneront à la Nécropole. Et pour tant qu'il y aura la vie, il y aura la mort. Insupportable paradoxe, qui toujours s'immisce là où on ne le désire pas. En avez-vous quelque chose à faire?
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De Legier Vovlloir Longve Repentance.
[Lien HTTP] .
Edité par Sanaga le 18/11/10 à 20:52
Xüne Syphonn | 18/11/10 21:31
Bart Abba | 18/11/10 21:41
Althâr Anthâar | 18/11/10 22:42
Baramir d'Eckmöl | 18/11/10 23:17
Cette plume, toujours cette même plume.
Continue ainsi
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Baramir d'Eckmöl, Mister Daifen 2008.
Archiviste occasionnel de la Skippypédia
Celimbrimbor | 19/11/10 00:38
Vous me rendrez ma compagne, corps et âme, aussi identique à elle-même qu'à l'origine.
Vous me la rendrez.
La Demeure Franche : [Lien HTTP]