Forum - Temps clair
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Carlyle | 13/07/07 11:46
« Je ne fais pas partie de cette histoire, aussi, ne vous étonnez pas si mon nom, Fred Eastman, ne vous dit rien. Je ne pense même pas que le pseudonyme sous lequel Carlyle m'a recruté pour ce contrat éveille des souvenirs en vous. Pardessus Gris. Non, cela n'évoque rien. Je m'en doutais. Ce n'est pas grave. Vous voulez que j'enlève votre bâillon ? Impossible. La seule issue, pour vous, sera la mort. Dès que j'aurai fait ce que j'ai à faire.
Au fait, merci de m'avoir fait monter jusqu'ici. Vous aviez raison. La vue sur les vitraux de la basilique est splendide. Et même, on arrive à apercevoir l'intérieur du déambulatoire. C'est vraiment une splendide basilique, quand même. Et quels dessins ! C'est presque un crime que de devoir les percer. Vous croyez que le verre est solide ? Parce que cela peut sauver l'immense majorité des vitraux, je vous le certifie. Mon arme est suffisamment rapide. D'ailleurs, vous m'y faîtes penser avec justesse. Il faudrait que je la déballe.
Merveilleuse, non ? Admirez ce bois. Andil le fou l'a fabriquée spécialement pour moi. Il me l'a remise avant que je ne le "tue". Je ne l'ai plus vu depuis. Je ne me fais aucun souci pour lui, ce nain s'en tirera toujours. Il doit vendre son artillerie à d'autres gens, dans d'autres villes, et se sentir très bien de ne pas avoir de nouvelles de moi. N'empêche, j'ai mis un paquet de temps à apprendre à fabriquer les carreaux pour ce bijou. Même pas à répétition, chaque projectile devant dès lors être une véritable oeuvre de d'art, sans quoi, eh bien, il ne file pas droit. Et je loupe ma cible. Cela m'est arrivé une fois ou deux, au début, quand j'avais épuisé ma réserve de carreaux faits par Andil. J'ai très vite compris.
Hum ? Vous pensez ? Voyons voir, il y'a quoi d'ici au centre de l'abside ? Deux cent pieds ? Deux cent dix, maximum. J'en suis sûr. Vous pensez que je n'atteindrai jamais ma cible ? Allons, ne soyez pas stupide. Evidemment que je vais l'atteindre. Regardez. Voilà. J'ai greffé ce système, pour plus de précision. L'artefact de bois ne m'a rien coûté, je l'ai monté moi-même. Mais la longue vue... Obligé de l'acheter chez un manufacturier elfe. Ce sont eux qui fabriquent les meilleurs verres. Et encore. Il leur a fallut cinq, six essais avant de trouver la bonne formule, et encore une quinzaine pour me fabriquer cet outil. Très utile. Selon le verre que j'abaisse, j'obtiens un grossissement intéressant, et une vision claire à cent cinquante pieds, deux cent, deux cent cinquante, et ainsi de suite. Jusqu'à quatre cent. Au-delà de quatre cent, l'arme perd trop de précision pour la sécurité. Et puis, je n'ai jamais tiré plus loin que trois cent cinquante pieds. Sauf en entraînement, dans des conditions optimales : pas de vent, pas de foule, rien.
Ici ? Le vent ? Pas important. J'ai déjà pris en compte ce facteur. Regardez les drapeaux là-bas. Vous voyez comment ils bougent ? Ils me donnent la direction, la vitesse. Au pire, les cheveux de la blonde en bas auraient fait l'affaire. Bref. Quelle heure est-il ? Voilà le problème, d'ici, je n'arrive pas à voir l'horloge. Je devrais me pencher beaucoup trop bas pour ma sécurité. C'est la phase à la fois la plus importante, et la plus ennuyeuse du moment : l'attente de la cible. J'ai déjà fait pire : huit heures d'attente pour une cible, dans un marais assez glauque. Mais le boulot payait bien. Bref. Il s'agit d'attendre à présent. »
Edité par Carlyle le 13/07/07 à 11:46
Carlyle | 13/07/07 11:47
Le Haut Connétable de la Confrérie Blanche travaille péniblement dans son bureau. Devant lui est ouvert le rapport écrit des derniers mots de Léandre. Ainsi, Carlyle avait commencé à bouger, et pas vraiment discrètement. La question était, à présent, de savoir comment répondre. Il avait énoncé, sans fards, son plan à Léandre, et celui-ci lui avait rapporté mot pour mot. Pourquoi ? Qu'est-ce qui poussait Carlyle à annoncer aussi froidement ses prochains mouvements. Il laisserait le chapitre principal en paix, pour le moment, avait-il dit. Sa prochaine cible était une ville nodale, à quelques centaines de lieue, à l'Est. Il avait même précisé la lune exacte à laquelle il frapperait. Et comment. Brouillage de piste ?
Tiphereth chasse ses longs cheveux bruns de devant ses yeux, et replonge dans la lecture du rapport de Carmickaël, transmis par Ser Richar. Trave avait été détruite. Par Carlyle ? Peut-être pas. Par un sot, selon le paladin, qui avait crut pouvoir jouer avec le feu. Il regarde les esquisses. Elles sont exécutées de la main d'un maître. Mort, selon Carmickaël. Mais un maître tout de même. Et le sujet, la nature morte qui revient le plus souvent, inquiète un peu le Haut Connétable. Cette plante ne vient pas de ce monde, et les autres non plus. De même que cet animal, insecte trop grand. La plante. Pourquoi elle ? Servira-t-elle, et à quoi, et à qui ?
Il n'est même pas sûr que Carlyle soit derrière tout cela. Pour Carmickaël, fanatique, c'était certain. Mais il voyait Carlyle partout. Pourtant... Trave n'était ni une ville nodale, ni autre chose. Juste une ville de campagne, sans importance. Pourquoi ? Pourquoi la détruire ? Effacer des preuves ? Même pas. Carmickaël avait eut de la chance que le copiste fuit jusqu'à lui, et de la chance d'entendre parler des dessins. Beaucoup de chance. Peut-être trop. Mais il fallait bien un homme pour veiller à Libra. Et nul autre que celui-là n'aurait pu le faire correctement. Même pas Richar, trop vieux à présent. Il se gratte la barbe. Il avait eut raison. Deux hommes étaient tombés sur Carmickaël. Deux cadavres, à présent. Deux hommes qui semblaient tenir à ce que ces dessins ne soient vus de personne. Le troisième avait éliminé le copiste. Pas de précipitation. Ce n'était peut-être pas Carlyle. Tiphereth soupire. Il n'enverra pas l'ordre à Carmickaël d'aller plus loin. Il restera à Libra, à veiller.
Encore une heure avant le début de la grande messe. Il ouvre un nouveau parchemin. Une sombre affaire, encore une fois. La Confrérie est totalement dépassée. Certes, ses chapitres sont partout, et puissants. Mais l'architecture interne vacille. Et cette histoire d'espion à la solde de Carlyle ne va arranger les choses. Surtout qu'il l'a confirmé. Sciemment. Léandre l'a répété. Il a des hommes à lui, parmi eux. Sac de noeuds. Lesquels ? Ceux partisans du statu quo, d'attendre que Carlyle devienne vraiment menaçant ? Ceux partisans d'une action directe, de prendre le contrôle des villes pour agir avec efficacité ? Ils sont les plus nombreux.
Il soupire de nouveau. Cela suffit. Depuis qu'Alatra, père supérieur d'un chapitre, avait été démasqué, la procédure de recrutement avait été améliorée. Tiphereth écarte tous les dossiers dans un coin du bureau, et se prend la tête à deux mains. Il n'avait pas les épaules pour tenir tout seul. Et son âge lui faisait penser qu'il devrait encore le faire longtemps. Il se tourne vers la statue du fondateur de l'ordre, bel homme aux cheveux blancs, entre deux âges, aussi pur que peut l'être un mortel. Voilà, c'est ce genre d'homme qu'il faudrait à la Confrérie en ce moment. Fort, sûr... Et charismatique en diable, si les textes étaient vrais...
Il se lève, et sort de son bureau. Il salue les novices, les autres, qu'ils croisent dans les couloirs, dans la cours, et entre enfin dans la basilique. Il se recueille devant les statues des héros de la Confrérie, frissonne en passant devant la porte de la crypte où sont enterrés tous les anciens Haut Connétable, sauf le fondateur, qui, si les textes sont exacts, auraient été rappelé aux cieux à sa mort, et se dit qu'il ne souhaite pas y reposer trop tôt. Le Haut Cordelier rejoint sa prière dans la nef majestueuse.
« Vous semblez soucieux Tiphereth... Nous direz-vous pourquoi ?
-Ce soir, lors du conseil, Belphon. Pas avant. Et puis, je dois penser à mon discours. » Il joint les mains et reste silencieux.
Belphon se lève et lui touche l'épaule doucement. Puisse la foi lui apporter plus de réconfort que n'en a le monde des hommes pour lui. L'heure va bientôt sonner.
Carlyle | 13/07/07 11:47
« Ah, de l'agitation. Silence, s'il vous plaît, il me faut me concentrer. »
Au travers des vitraux, je vois la silhouette du Haut Connétable qui s'agite, qui bat des bras. Quel discours cela doit être. Je sais qu'il est Haut Connétable, parce que Carlyle me l'a écrit, sur le contrat. Je connais aussi son nom. Après, Haut Connétable de quoi ? Quelles sont ses vraies fonctions ? Ces questions, je ne me les pose pas. Ce n'est pas mon métier. Je suis payé pour être efficace, pour être aussi discret qu'une ombre, aussi létal qu'une épidémie de peste virulente. Je lève les yeux de ma lunette, et observe les drapeaux. Pas de meilleures conditions possibles. Je prends acte de la résistance des vitraux, et prends une longue inspiration.
Cible en vue.
Temps clair.
Edité par Carlyle le 15/07/07 à 22:56
Carlyle | 13/07/07 11:48
Les fidèles réunis écoutaient avec ferveur le discours du Haut Connétable. Son meilleur depuis sa nomination à ce poste. Transporté, inspiré, jamais il ne leur avait parlé de cette manière. L'esprit de la Confrérie transparaissait dans chacun de ses mots. Et le soleil, qui entrait par les vitraux, le nimbait d'une aura majestueuse, splendide. Il était à l'image de ces statues, de ces grands héros qui ornent les livres.
Et puis, ils entendirent un petit craquement, et le vitrail principal s'effondra.
Et puis ils entendirent un choc sourd, et le crâne du Haut Connétable explosa et répandit divers liquides sur les trois premiers rangs.
Et puis Tiphereth s'effondra sur son pupitre.
Et puis ce fut le chaos.
Carlyle | 13/07/07 11:48
Je range ma longue-vue dans son étui, et remballe mon arbalète avec ses carreaux. J'ai une dizaine de minute pour fuir. Aucun de ces hommes ne sait où je suis. Ni n'y pensera avant un bon moment. Je loge un carreau de mon arbalète de poing dans la tête du garde de la tour de l'horloge et la remet dans mon holster. Je vérifie que je n'ai rien laissé traîné en buvant une petite gorgée de ma flasque. Tout va bien. Je m'engonce dans mon pardessus gris, et me dirige à pas lents vers le rebord Est de la tour. La corde est tendue, comme prévue. Je me laisse glisser en tyrolienne le long de celle-ci, et atterri paisiblement une centaine de mètre plus loin. Je coupe la corde. Tous croiront que je suis descendu en rappel, et chercheront ailleurs. Je descends de l'immeuble d'habitations, du clapier, plutôt, et retourne à l'auberge où m'attends mon cheval. Je paie mon ardoise, récupère mon coursier, et passe au pas dans les rues de la ville. Sur la grande place, personne ne sait encore ce qu'il s'est passé. Je franchis les portes de la ville. Mon souffle se relâche. Je passe la première colline. La seconde. Je vérifie que personne ne me suit. Je prends une inspiration, et file à bride abattue.
Carlyle me paiera, je le rejoins dans la soirée, dans une ville pas trop éloignée d'ici. Et puis, le navire qui me ramènera vers Cilann. Je ne reverrai plus Carlyle. Le contrat avait été ainsi fixé.
Je ne fais pas partie de cette histoire, je vous l'ai déjà dit. Mon nom, Fred Eastman, ne vous dira rien. De même que le pseudonyme sous lequel je suis connu, Pardessus Gris. Aussi, je vais la quitter à présent, en laissant une fois de plus planer derrière moi ce délicieux parfum d'efficacité et d'inéluctabilité, et le bruit de mes pas dans les ténèbres et dans les franges des livres. Vous n'entendrez jamais ce bruit. Ou alors, il sera trop tard.
Carlyle | 13/07/07 11:52
Suite de :
1) Monologue oublié : [Lien HTTP]
2) Fragments epars : [Lien HTTP]
3) Séance inamicale : [Lien HTTP]
4) Eva : [Lien HTTP]
5) Vol de nuit : [Lien HTTP]
6) Les Minutes de la Confrérie Blanche : [Lien HTTP]
7) Orchestral manoeuvre in the dark : [Lien HTTP]
8 ) Echange et mots couverts : [Lien HTTP]
9) Le Chant des anges : [Lien HTTP]
10) Les terres perdues : [Lien HTTP]
Black Mamba | 15/07/07 22:54
Vraiment très réussi ! J'aime toujours autant et la suite se fait toujours attendre
Bravo.
Hurry Khan | 17/07/07 20:29
Ekcelent, komme d'hab', chapeau bas !!
