Forum - Ephémère

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Dame Auklèce | 01/11/07 17:10

Qu'il fait froid, ici, et sombre même si ses yeux se sont habitués à l'obscurité depuis... La faim la taraude et la soif a fait de sa langue du cuir rèche qui rape son palais, son corps est devenu un désert qui a asséché ses larmes. Sa chemise de nuit n'est plus que lambeaux et crasse, elle ne couvre plus ses chevilles entravées par les fers qui rongent sa chair supurante. Elle a cru qu'elle sombrerait dans la folie à ne plus entendre le clapotit de l'eau contre la roche, à ne plus sentir la caresse chaude du soleil et la mélodie du vent. Elle s'est raccrochée à une bride d'elle-même qui l'empêche de sombrer, elle entend cette voix qui ne cesse de lui dire qu'elle est unique. Pourtant, ce serait tellement plus simple de voguer sur une autre réalité, elle ne sentirait plus les douleurs insidieuses ou crues qui hantent son corps nuits et jours. A ce propos, elle a oublié le fil du temps et des saisons, elle est engluée dans une toile plus étroite qui lui a fait perdre le compte des jours.

Lovée dans sa solitude, elle s'est recroquevillée dans ce coin de mur qui lui permet de voir la lumière falote qui s'insinue sous la lourde porte de son cachot. Elle ne sait pas où elle est, elle ne connait pas les visages de ceux qui la torturent en ayant la finesse de lui laisser assez de force pour rester en vie. Tout ce dont elle se souvient c'est de cette nuit qui a boulversé son existence.

Elle devait se marier le lendemain, elle flottait sur un nuage de bonheur qu'aucune bourrasque n'aurait pu déloger, elle était une des rares à ne pas connaître le mariage forcé. Sa mère n'avait cessé de passer du rire aux larmes et son père de la regarder gravement, sa fille était devenue une femme. Grace à cette union, deux puissantes familles allaient s'allier et déployer leur pouvoir sur les deux tiers du territoire. Pour une fois le Seigneur des Terres de Greer ne parlait point politique. Frères et soeurs l'entouraient dans ce dernier repas de jeune fille avec sa famille d'origine. Le vin avait bercé les esprits d'une douce torpeur qui conduisit les différents membres de la petite assemblée à rejoindre leurs appartements respectifs. Sauf Lena, sa soeur, qui voulait passer une dernière nuit avec sa plus grande complice. Le flot des paroles les avait entraîné peu à peu sur les berges du sommeil.

Elle eut un peu froid ce qui la tira de ses songes pour voir la fenêtre ouverte et les rideaux chahutés par la brise nocturne. Des frissons parcoururent encore son corps quand elle quitta le moelleux de sa descente de lit pour le marbre du sol, mais ce n'était rien comparé à la morsure glacée qui se colla contre sa gorge. Elle vit l'éclair d'une lame scintiller sous le clair de lune, elle sentit l'odeur acide de la sueur d'un homme entièrement vêtu de noir. sa voix rauque et tranchante lui avait sommé de se taire si elle ne voulait pas avoir des morts sur la conscience. Auklèce avait alors regardé le visage paisible de sa petite soeur qui tournoya de plus en plus pour disparaitre dans les brumes de l'éther.

Quand elle retrouva ses esprits, elle fit connaissance avec sa nouvelle amie qui ne la quitta pas. La nausée s'était logée dans son ventre et jouait avec son coeur, son mal de tête parfois détournait son attention. Elle étouffait avec ce sac sur la tête, et ses membres étaient courbaturés par la position dans laquelle on l'avait contrariée. Ses liens l'immobilisaient dans le fond de cette calle. Le bois crissait,le vent hurlait et les vagues tambourinaient la coque du navire cotoyant certainement la haute mer.Elle n'avait jamais connu autant de honte et de désarroi quand elle n'avait pu faire autrement que de souiller ses bas tant la douleur était insupportable. On lui enlevait son sac pour la faire boire et manger. Il semblait que c'était le même homme en noir qui se pliait à cette tâche qui ne le réjouissait pas, il se lassait de la nourrir au bout de quelques minutes et laissait la cuiller dans le bol de gruau à peine vidé. Elle ne connaissait rien de lui, sinon ses prunelles bleues qui la glaçaient jusqu'aux os. Le néant l'avait encore recueilli quand ils avaient accosté après plusieurs semaines, elle n'avait pas encore perdu la notion du temps. A ce jour, elle ne connait que ce point d'arrivée, son cachot et le coin de ce mur qui lui fait office de couche.

La serrure mal huilée sort une plainte sous la pression de la clé, elle y cède avec un claquement lugubre. La liberté la nargue par cette porte qui s'ouvre. La clarté lui fait plisser les yeux qu'elle referment en se recroquevillant un peu plus contre le mur. Il y a bien longtemps qu'elle ne se redresse plus pour voir son visiteur, mais elle reste toujours autant éblouie par la lumière des chandelles de la pièce des gardes. Une main rugueuse la saisit par le bras, elle gémit quand il faut mettre un pied devant l'autre. Elle ne sait plus si l'assistant de son bourreau lui a encore dit avec entrain que c'était l'heure de la Question. Elle sait qu'elle est unique d'après ce qu'ils disent, mais Auklèce ne connait pas elle-même ce qu'est son pouvoir qui la torture tant. Ils veulent connaître son secret, ils veulent envahir les terres oubliées et soumettre des peuples aux noms de légende. Et pour cela, elle doit leur dire comment elle utilise son artefact. C'est eux qui sont fous! Ce n'est qu'un bijou de famille qu'ils lui montrent à chaque fois, celui qu'elle a reçu de sa grand-mère. Elle n'est rien sinon une femme qui devait se marier.

Behaine | 01/11/07 22:56

Dame Auklèce et phémère, les deux amis :o

Cela appelle une suite ! (et penses à mettre "(RP)" avant ton titre ;))

Faerandel | 02/11/07 13:51

La précision 'RP' n'est pas forcément nécessaire, puisqu'on est dans une rubrique qui est justement destinée aux RP. :)

Loken Nifelheltyr | 02/11/07 14:56

C'est très bien, je lirai les suites avec plaisir. J'aime déjà beaucoup cette première partie d'une bonne histoire.

Pépé Narvalho | 02/11/07 18:59

Pépé Narvalho hésite un peu, regardant autour de lui...
- J'ose ou j'ose pas ?
Puis il prend sa respiration et...
- Fort heureusement nous avons échappé aux flatulences de Dame Auklèce !
Bizarre, personne ne réagit... Pépé sort tout de meme, discretement...

Edité par Pépé Narvalho le 02/11/07 à 19:00

Dame Auklèce | 11/11/07 14:13

L'eau est froide et ravive la douleur de ses meurtrissures et pourtant elle lui offre cet espoir dans la douleur qu'elle lui inflige. L'air lui manque ou plutôt non, il ne lui manque pas du tout, elle ne veut plus être enveloppée par l'odeur âcre de son cachot. Ses poumons lui brûlent, elle étouffe et ses membres tentent de gesticuler à travers les liens qui les entravent pour protester contre ce sort, mais une force contraire maintient sa tête dans la cuve. Pourvu qu'il la laisse encore un peu, juste le temps qu'il faut pour qu'elle soit accueillie dans le royaume des morts. Quand elle se sent partir pour l'autre rive, des doigts agrippent ses cheveux et la ramènent brusquement à la réalité. Son corps rejettent l'eau accumulée en toussant violemment, elle ne se sent plus maîtresse d'elle-même, parfois elle se demande quelle est cette énergie qui agit sans sa volonté. C'est peut-être cela qu'on appelle l'instinct de survie...

Le même bijou s'agite devant ses yeux, elle se souvient de lui et du bonheur qu'elle avait ressenti en le recevant. C'était à son tour de le porter selon la coutume de sa famille. Toutes les deux générations, il est remis à la première des filles infantées par la fille de celle qui le portait. Sa grand-mère le lui avait donné les larmes aux yeux en lui disant qu'elle était sûre qu'elle serait digne de lui. C'était la première fois qu'elle l'avait vu si heureuse et si grave à la fois, cette scène c'était passée à l'aube de son mariage qui n'eût jamais lieu.

- Tu te sens mieux après ton bain, Pue la Mort! Dis nous comment il fonctionne?!!

Sa tête retombe, elle n'a plus la force de le regarder dans les yeux, la voix mordante de cet homme enrobé dans graisse la répugne. Ses petits yeux de porc roulent de fureur, il fonce vers elle pour la forcer à le regarder. Auklèce ne détaille plus les instruments ensanglantés qui jonchent l'établi du Boucher, ils lui sont devenus familiers. Elle voit la masse corpulente de son bourreau et surtout sa parure de front qui lui fait face avec cette tête miniature en argent qui semble la regarder avec une expression difficile à déchiffrer
-DIS NOUS!!
-Vous...êtes...fou, ce...ce... n'est...

Sa réponse est accueillie par un coup de poing qui rajoutera une autre contusion à son visage déjà marqué et boursouflé, elle gémit, elle tremble, elle veut mourir. Elle ne supporte plus son corps douloureux qui la torture à chaque minute. Elle pourrait se réjouir car la porte du fond s'ouvre enfin. L'homme en noir aux yeux de glace fait un signe en la regardant avec dégoût pour que le Boucher la replace dans sa cellule. C'est son assistant qui se plie à cette tâche, sa physionomie est aussi sèche que son coeur. Il est toujours moins jovial que lorsqu'il vient la chercher pour la Question. Le retour est plus brutal et parsemé d'insultes avant qu'il ne la jette sans ménagement et referme la porte derrière elle. Elle se traîne vers son coin de mur contre lequel elle s'appuie en sortant une plainte, son dos est trop douloureux pour la supporter cette fois-ci, elle se laisse alors glisser sur le côté pour goûter la poussière.

Quelque chose la chatouille au niveau de l'épaule, elle passe sa main sur sa peau.Rien. Elle ferme les yeux, prête à sombrer dans l'inconscience, mais des éclats de voix retiennent son attention. L'homme en noir fait les cents pas, ses gants en cuir crissent sous la pression des poings qu'il ferme de colère:

-Tu es un incompétent!! Ta seule capacité c'est de la laisser en vie en la faisant souffrir, tu n'es qu'un pervers! Elle n'a pas tord de traiter de fou pauvre imbécile! Sa voix rauque ressemble toujours au tonerre quand il n'est pas satisfait.
-Je n'y peux rien, je pense vraiment qu'elle ne sait rien, personne n'aurait pu tenir à pareil traitement sans avouer!
Le Boucher parlait sans être impressionné par son interlocuteur, ils semblaient bien se connaître tous les deux comme deux âmes qui ont traversé les âges sans se délier.
-Je pense qu'il faut la tuer. Il essuyait consciensieusement ses outils de travail sans prendre garde à l'homme en noir.
-NON! Triple idiot, tes lames t'ont-elles coupées la cervelle avec la chair de tes victimes? Je me suis porté garant pour toi.
sa voix devint sifflante et sa colére s'était muée en un lac de glace: " je te conseille, de trouver une solution rapidement, il vient en visite dans 3 jours..."

Il n'attend pas la réponse de son complice et sort sans un bruit comme s'il ne voulait pas briser le calme de la menace planante qui c'était logée dans la pièce. Le Boucher s'est arrêté dans son mouvement, ses petits yeux restent fixes et suivent le mouvement de la porte qui se referme doucement. Son assistant se racle la gorge et prend congé en saluant son maître et part comme un rat fuyant un incendie.
Auklèce n'entend plus rien, elle tend l'oreille en espérant capter un bruit. Elle n'a saisi tout l'échange mais ne sait-on jamais si cela peut lui apprendre quelque chose sur son sort. Elle fixe la lumière falote qui filtre sous la porte dans cette attente. Mais son intention est vite déviée par ce qui la chatouille de nouveau cette fois-ci dans le creux de sa main. Elle pense rêver, il lui arrive d'avoir des hallucinations, il suffit juste de fermer les yeux et d'attendre... Pourtant, la sensation et bien là et ses ailes bougent légérement. Elle n'a jamais vu quelque chose d'aussi beau et d'aussi doux même si elle ne discerne pas tous les détails. Comment a-t-il pu arriver là? Elle ne bouge plus, elle a même peur de respirer de crainte de le voir partir. Ce papillon est le messager de son espoir, son image s'efface quand l'épuisement a finalement raison d'elle.

Noir-feu | 11/11/07 14:49

J'aime beaucoup.:)

Sombrebarbe | 11/11/07 16:36

très bien. J'aime aussi bcp.

Miltiade | 12/11/07 00:38


Continuez Dame Auklèce

Loken Nifelheltyr | 12/11/07 18:21

Oui, toujours agréable à lire.

Dame Auklèce | 17/11/07 19:32

Auklèce lève la tête sans ralentir et ne voit rien de plus que le feuillage se découper sur un ciel qui commençe à prendre les couleurs du jour. Pourtant ce n'est pas un nuage...Elle en est encore plus persuadée quand le cri de la créature lui donne une nouvelle impulsion dans sa course effrénée. Elle saute au-dessus des troncs d'arbres, des branches lourdes de pluie la giflent, les épineux déchiquettent ses jambes. Haletante, le front couvert d'une sueur froide, elle sent son coeur s'affoler quand elle voit l'ombre de la chose la précéder dans sa fuite. Elle pousse son coprs aux limites de sa résistance lors de la traversée de cette petite clairière, son regard se lève une nouvelle fois vers les cieux, cette femme aîlée au corps d'écaille et muni de griffes plonge vers elle en poussant de nouveau ce son strident. Elle manque de s'étaler sur l'herbe grasse et boueuse, la chose l'a manquée de peu et repique vers le ciel quand Auklèce s'enfonce de nouveau dans les sous-bois. Son coeur va lâcher, elle le sent cogner à tout rompre contre sa poitrine, ses tempes douloureuses. Son effort physique a atteint ses limites, la nausée se fait sentir mais elle ne doit pas ralentir, elle dévale une pente à toute allure qu'elle termine en roulant plus qu'en courant. La créature hésite en tournoyant autour de sa proie, et finalement disparaît derrière une colline. Sonnée par sa chute, elle se relève laborieusement et fixe le ciel afin de savoir si le monstre a vraiment décidé d'abandonner son repas. Quand elle en semble certaine, elle s'écroule de nouveau et elle restera dans cette position par le spectacle qui lui scie les jambes. Devant elle, des centaines de soldats sont en formation en carrés réguliers, leur armure scintillent sous l'éclat du soleil levant, des étendards flottent au vent et sur la plus grande bannière Auklèce parvient à discerner les détails d'une épée perçant une rose rouge. Tout au fond, un être qui ressemble à un petit point fait des allées et venues pour finalement s'immobiliser, elle a la mauvaise impression que ce dernier la fixe et semble connaître toutes les parcelles de son esprit même celles qu'elle n'a pas découvertes elle-même. Le malaise se fait sentir et le froid l'absorbe pourtant elle a si chaud...

-Ce n'est pas l'eau foide qui va la calmer! Elle est prise de fièvre bon à rien!!

Le Boucher moleste son assistant qui répond de sa voix nazillarde que cela à au moins le mérite de la réveiller. La prisonnière voit en effet cette paire de visages bouffi et décharné danser au-dessus d'elle, leurs voix se répercutent dans son crâne en un écho désagréable. Le seau d'eau qu'elle a reçu la fait trembler davantage, elle se sent saisie par les haillons du vestige de sa robe de nuit pour être secouée par une poigne de fer:
-Tu ne vas pas claquer ici et certainement pas maintenant!! Tu m'entends Pue la Mort?! Il sera là demain alors tu vas bouffer tes gamelles et arrêter tes délires!
Le Boucher la lâche sans douceur et lui jette une couverture de laine rêche, il foudroie son assistant du regard qui ouvre la cellule. L'éclat de leur chandelle disparaît avec leurs présences.

Elle cherche le papillon dans l'obscurité, elle hurle qu'elle veut revoir ce papillon mais bientôt les ailes délicates sont de nouveau remplacées par celles de la créature à griffes qui veut happer son âme et l'entraîner vers les tourments de l'enfer. Le paradis s'éloigne, pourtant elle court vers son promis qui lui tend les bras en souriant mais elle n'arrive pas à avancer, elle est comme engluée et ses mouvements n'ont ni force ni vitesse, il hurle son nom encore et encore avant de disparaître dans la brume de sa fièvre. Parfois c'est son père qui vient la visiter en lui repprochant d'avoir briser une alliance politique en ayant pris la fuite car ce n'était qu'une peureuse qui refusait d'affronter sa vie de femme. Des voix ricanent autour d'elle, Auklèce les repousse, elle ne veut plus les écouter et encore moins leur donner une existence réelle. Pourtant elles sont là et la harcèlent, elles deviennent subitement silencieuse quand la porte du cachot s'ouvre et qu'une grosse silhouette scrute le corps recroquevillé toujours au même coin de mur. Il dépose quelque chose de métallique et lui donne un ordre et repars en claquant la porte.

"Tu es en train de mourir!" Auklèce s'agite "tu n'es pas bien résistante ha ha ha!", elle gémit en serrant un peu plus la couverture que lui a laissé Le Boucher "Ca fait mal, la chair est douloureuse, c'est vrai que tu sens la mort!" Elle agonise et répond dans un souffle rauque "Laissez moi tranquille, allez vous-en!" Les rires s'amplifient, "Non! Non! Non! Nous sommes tes consciences, nous sommes toi, tu es notre amie, nous n'abandonnons pas une amie quand la Faucheuse vient la cueillir" c'est un autre timbre de voix apeuré qui résonne autour d'elle "Chut! Ils arrivent!"

Le verrou claque, la porte se plaint de ses gonds mal huilés, un homme élégant fait une grimace de répugnance et porte son mouchoir au nez. Le Boucher va en avant et saisit Auklèce par un bras pour la redresser, mais son apparence ressemble plutôt à celle d'une marionnette désarticulée:
-Elle va comme un charme, elle est toujours aussi molle quand il s'agit de la Question...Hein Auklèce!?

C'est bien la première fois qu'il la nomme par son prénom et l'homme en noir a enlevé sa capuche qui lui ombre son visage, elle pourrait presque discerné ses traits s'il n'était pas dans l'ombre, il faudrait qu'il rentre dans le cercle lumineux de la bougie, il faudrait aussi que le sol se stabilise et que son environnement arrête de tourner. Il faudrait que la machine du temps déraille et qu'elle sombre dans cette faille pour connaître le repos éternel. L'homme qui tient toujours le mouchoir contre son nez la détaille une dernière fois avant de quitter le cachot, il porte sa main libre dans sa poche et lui jette le bijou à ses pieds. Un claquement de doigt du visiteur et l'assitant se précipite pour attacher la parure de front sur la prisonnière. La petite tête en argent se balance quelques secondes entre les sourcils de l'agonisante avant de s'immobiliser et de fixer les quatres hommes. Ils quittent un à un le cachot à la suite du visiteur, le Boucher crache avec hargne avant de sortir "Tu vas me le payer Pue la Mort"
La porte se referme, les heures passent, elle est seule avec son sort à qui elle demande dans une demie conscience:

"A l'aide..."

Edité par Dame Auklèce le 17/11/07 à 19:33

Dame Auklèce | 25/11/07 15:20

Voici maintes lunes que vous marchez dans les miasmes du désespoir, que la terre fût baignée de vos larmes pour arroser les fruits amers de la solitude. Vous déambulez comme un zombie dans votre abandon en ayant accepté que pour vous, ce fût la fin. Mais, il arrive parfois qu'au bout de ce tunnel sombre et glacé de la peine que le Destin vous offre cette main charitable incarnée par cette petite lueur vous guidant vers un point de non retour mais aussi de secours.
Vous vous accrochez à ce fil d'Ariane dans l'espoir de trouver enfin l'issue qui apaisera votre souffrance en oubliant vos démons qui nourrissent vos peurs de l'inconnu car maintenant il est votre seul sauveur.

*******

Le Sire Ladislas s'est assis depuis un moment sur ce fauteuil sans daigner et même avoir pensé offrir quelques mots aux personnes présentes dans la même pièce que lui. Sa tasse de thé s'est épuisée à tenter d'attirer son attention par ses vapeurs aux volutes charmeuses, il est resté immobile à fixer ce même point comme le rapace qui nourrit ce qu'il est. Il patiente et semble même méditer quand il ferme ses yeux, personne, ici présent, n'oserait dire qu'il somnole car ils savent tous que quelques uns de ses faux alliés se sont fait trancher la main à vouloir s'approcher de lui avec de mauvais desseins. Il est de ceux qui pensent que les amis de ses ennemis sont ses meilleurs amis mais que comme tout, toute chose à une fin. Son visage respire le calme et la force tranquille mais aussi la volonté implacable qui fait de lui un homme craint et respecté. Les femmes le trouvent bien souvent à leur goût, il n'est pas difficile pour cet homme à la blondeur angélique de recueillir leur faveur avec un charisme qui fait pâmer les dames de désir. Il n'a guerre besoin de l'éclat des pierreries pour arriver à ses fins amoureuses ou stratégiques puisque son regard aux lueurs d'émeraude suffit à charmer ou à glacer n'importe quelle proie.

Le Boucher jette quelques regards anxieux vers cet homme, voilà des heures qu'il range ses outils de torture, qu'il affine leur tranchant maintenant il ne peut plus faire taire ses pensées par des occupations. Il a passé son anxiété sur son apprenti qui finalement fut congédié car inutile. Assis sur une chaise à l'assise paillée, il patiente, cette brute aux méthodes si fines dans l'horreur ne supporte pas l'inaction et surtout le silence. Ce silence l'angoisse, il est assailli par des pensées, par des images qui percutent ses nerfs le mettant à mal. Cela est devenu de pire en pire après avoir recueilli sa femme agonisante dans ses bras alors cette dernière venait d'être renversée par une diligence tirée par des chevaux affolés. Cette complice de toujours, cette femme qui l'aimait pour le monstre qu'il était, avait signé sa vie par cette phrase « Firmin, ne tue plus des innocents comme moi,,je t'aim... » Et cela, ça le tuait un peu plus chaque jour quand sa conscience pouvait enfin s'exprimer entres les cris de ses victimes qui le hantaient. Alors, il trouva une amante, son épouse fut remplacée par l'eau de vie, cette nouvelle compagne de couche l'aide à trouver le sommeil et surtout à ne pas penser qu'il a pris son fils comme apprenti pour garder intact la lignée de bourreau dont il est le fruit.

Ce silence, il veut le briser et même le fuir, il ne sait pas vraiment ce qu'ils attendent, à chaque fois qu'il tenta de s'exprimer, l'Homme en Noir lui a intimé de se taire en le foudroyant du regard. Firmin Le Bourreau ne connaissait pas vraiment le passé de cet homme avec qui il s'était lié, il était peu bavard et pouvait rentrer dans des colères terribles qui ne l'atteignaient pas. Le Boucher a souvent pensé de part son allure athlétique que c'était un militaire réformé, ses prouesses physiques l'avaient longtemps laissé songeur, aujourd'hui, il c'était fait une raison, il ne saura jamais ce qu'avait été l'Homme en Noir et pourquoi il était lié à ce prédateur de Sire Ladislas.

Le bruissement de la lampe à pétrole qui baignait la pièce d'une lueur feutrée, est perturbé par un cri et un choc sourd en provenance du cachot. Le Sire Ladislas est apparemment satisfait, son visage impassible jusque là affiche maintenant un sourire radieux. Cela Le Boucher ne le voit pas, il se lève et ouvre la porte menant vers les cellules en jurant :
-Cette Pue la M...Cette Auklèce va bouffer les chiens de l'enfer ! Ne vous en faites pas, Sire, elle ne nous dérangera plus !

L'Homme en noir s'apprête à le retenir mais le visiteur lui fait signe de la main de ne rien faire et de le laisser aller. Il se lève à son tour et s'engouffre dans le couloir de la mort en enfonçant sa main droite dans sa redingote. Les chocs sont de plus en plus forts, la porte du cachot tremble sous les coups qu'elle affronte. Le visage bouffi du bourreau est devenu cramoisi, il détache son trousseau de clés à sa ceinture et ouvre la porte en jurant :
-Tu délires encore Pue la Mo..

Son dos percute violemment le mur qui l'accule, la Mort, il ne l'a jamais senti d'aussi prêt et si forte. Elle l'a maintenant projetée contre le sol et elle le surplombe dans toute son horreur. L'ironie a voulu qu'il baptise sa victime de ce qu'elle incarne maintenant face à lui. Elle va le saigner et lui prendre sa vie puisqu'il l'a tué ! Auklèce est assise sur le ventre proéminent du Boucher dont les bras sont bloqués par les genoux de la prisonnière qui était aux frontières de la mort. Les fers aux chevilles qui entravent encore ses mouvements n'ont pas l'air de la gêner, ce n'est qu'un petit détail qu'elle pourra régler plus tard. Elle se penche vers lui en maintenant la pression de ses mains sur la gorge du bourreau
-Tu m'as détruite, tu as tué ce que j'étais, Pue la Peur !

Cette peur, elle la sent, elle lui donne envie de mordre dans cette jugulaire si goûteuse. Elle lui donne envie défilocher cet être lentement et de le vider de toute sa substance vitale. Elle ouvre sa bouche tuméfiée et s'apprête à plonger ses canines proéminentes dans ce cou aux promesses infernales. Le Boucher ne peut émettre un cri, il est en face de Satan, d'une sorcière qui a forcément vendu son âme au diable.
Qui vient la déranger dans son plaisir ? Elle se retourne vers les deux hommes qui sont derrière elle, Le sire Ladislas a sorti une chaîne sombre qu'il jette vers Auklèce. Cette sorte de corde métallique ressemble à un serpent qui va étouffer sa victime en s'enroulant autour de son cou. Cette chaîne la brûle, puis la glace, Auklèce se tord en voulant arracher cette chose qui n'a pas de noeud mais qui l'emprisonne de nouveau. Elle sent de nouveau son corps douloureux, ses forces l'abandonner, Elle est redevenue humaine et une prisonnière coiffée d'un bijou se terminant par un visage à l'expression indéfinissable. Le Sire Ladislas reprend cette parure de tête et relâche son emprise, la chaîne libère Auklèce qui s'écroule sur le corps gras du Boucher qui la repousse avec dégoût et se relève rapidement.

-Remettez la dans sa cellule. Puis préparez la, elle vient avec moi.
Le Sire quitte le couloir de la mort en laissant les deux compagnons à leurs réflexions. Dans le sillage de ce visiteur, un papillon emprunte maladroitement le chemin de la sortie. C'est la dernière vision qu'aura Auklèce avant de retrouver l'obscurité de son cachot.

*******

Vous vous rendez finalement compte que cette force ne vient que de vous-même. Cet inconnu qui vous fait tellement peur n'est qu'en fait que vous. Cette lueur est votre âme, une épée qui combattra vos maux, et votre corps le fourreau qui protége cette arme ultime.

Quelqu'un disait « connaît-toi toi-même et tu connaîtras l'Univers et les Dieux »

- Fin prologue -

Edité par Dame Auklèce le 25/11/07 à 16:13

Xüne Syphonn | 25/11/07 20:10

Magnifique et superbement écrit. J'attends la suite avec impatience Dame Auklèce, vraiment.

Encore bravo.

Dame Auklèce | 27/11/07 20:02

Merci! :)

Barahir | 28/02/08 07:11

J'adore.

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