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Oubahoubahdhil

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Continent Oubahoubahdhil

Du 25/06/2012 au 16/07/2012. Terminé à la lune 1171 (7 tours par semaine)

Je n'ai jamais vu des personnes aussi arrogantes et orgueilleuses que Gzor et Zagor. Karel sait à peu près contrôler ses petites pulsions. Une partie de mes terres reviennent à Raeven, lâchement trahit par Gzor et Karel après de belles promesses de lendemain qui chantent. Gzor n'ayant rien fait du tout sur ce continent, à part quelques caravanes, demanda la victoire. La trahison finale revient à Zagor le désisté, sans l'être.

Bref, une belle victoire pour Aerendir! Balac, cette victoire t'appartient aussi un peu!

La Blanche Plume est bel et bien un ordre de pleutres, et de sans grade qui pètent plus haut que leurs céans!

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Le pas était lourd, l'atmosphère aussi. Les rochers à gravir... qu'importe les rochers. Il fallait lever la tête. Mais la conscience pesait. On espérait, toujours, on fixait l'horizon, on esquivait le soleil pour ne pas s'y brûler les yeux mais c'est volontiers qu'on s'y aveuglerait pour ne plus voir le reste. Car les arbres le rappelait, les arbres dans lesquels ses Scouts avaient jonglé avec leurs flèches, esquivant les lianes innombrables et les tirs meurtriers, assayant l'ennemi d'un nuage de flèches, couvrant l'astre du jour... la mort, voilà une fois de plus ce que la guerre avait semé. Mais... il n'y avait pas de morale. Pas de regrets, pendant longtemps. Ils ont remué leurs éclaireurs, forcé leurs pigeons, tiré avec puissance sur les fils de la diplomatie pour dénouer des jeux d'alliance et manipuler des seigneurs trop liés et trop dangereux. Parfois, malheureusement aussi, trop lâches.
''Lâches..''
Ce mot secoua légèrement l'esprit de Kärel, qui était reparti penser aux possibles, à ce qui aurait pu se passer, à ce qui aurait du arriver... à tout ce que, pendant les différentes phases de cette conquête, il désignait comme la marche à suivre, l'idéal à atteindre et à accomplir. Mais il a, une fois de plus, était rattrapé par l'imprévu, cette réalité qu'on évite, qu'on ignore jusqu'à ce qu'elle nous tombe dessus. Des fois elle nous écrase, d'autres on l'évite, ou bien alors on la chevauche, et on dévale la pente de nos relations et de nos amours jusqu'à ce que la fin se montre d'elle-même, attrapant et embrassant ce que la falaise nous met à portée de main. Et on le chérit, parce que c'est tout ce qu'il nous reste, avec ce goût d'amer qui nous putréfie la bouche, comme un aphte infâme, une plaie béante - une saignée - que l'on a fait apparaître pour ne pas que le reste du corps meure, après avoir essayé maintes et maintes cures impossibles, toutes plus incomprises et rejetées que les...
- Sir ! Sir !
- Quoi ? Je déprime en paix là, laissez-moi tranquille !
- Une missive de Linaewen, Sir !
- Hein ? Oh, pitié, faites que les nouvelles soient bonnes... donnez-moi ça, dépêchez, et préparez-vous à courir au royaume, vous aller peut-être devoir faire très vite... alors... alors... déplie-toi, déplie-toi, saleté, j'ai du temps à ne pas gâcher moi... et... oh purée.
- ...?
- Bon, cours envoyer un pigeon à Zagor pour qu'il nous envoie ses troupes, je me dépêche de répondre à la Dame. On va peut-être réussir à faire ce désistement au final. Et grouille-toi, t'es un Elfe, alors passe par les arbres, et prouve-moi que t'es pas un éclaireur de tapette !
- Euh... oui... à vos ordres, Sir !
- Raaaah, tais-toi et cours !
Le messager repartit encore plus vite qu'il n'était venu, et si une petite bestiole jaune tachetée de noir et à la longue queue, comme on en trouvait parfois dans la forêt profonde, lui avait posé la question, il aurait sûrement répondu que c'est parce qu'il sentait presque la botte de son seigneur se poser avec toute la délicatesse d'un Troll sur son svelte derrière. Heureusement pour lui, il ne le savait pas encore, mais il allait faire de sa mission un succès détonant, presque autant que l'arrêt cardiaque qui lui vaudra un soin intensif de la part des Dryades pendant environ deux bonnes semaines.
...
Le pas était léger, l'air vivifiant. La nature était belle, et la végétation ornait de sa sublime teinte de vie la roche qui restait à gravir, là ou l'eau claquetante des ruisseaux ne déversait pas l'écho serein d'un monde finalement en paix. Le pacte devait être signé, et si ce sont le discret - et machiavélique comme il aimait l'appeler - Gzor ainsi que la redoutable Dame d'Aerendir, la respectable et respectueuse Linaewen et le bretteur qui apposeraient leurs sceaux sur ce traité, ce ne sont de loin pas les seuls acteurs de ce continent. Le nom de Raeven restait dans les pensées du seigneur, qui saluait la bravoure et l'humilité finale de ce - jeune ? - sir à qui la première victoire avait été retirée. Mais sa trace, elle, resterait. Car ceux qui décident de partir ne seront pas oubliés par les bardes et les conteurs. Les ménestrels les chanteront dans les tavernes et sur les places publiques, et les troubadours crieront leur nom sur les montagnes et les collines. Ainsi en sera-t-il.
Kärel repensa aux différentes phases de la conquête : ils étaient venus à trois, stratégie déjà établie, avec Asch et Gzor, seigneur qui portait les étendards de la Blanche Plume tout comme lui, et rencontrèrent surpris le Sir Arkel, qui en arborait les couleurs également, ainsi que son compagnon Zagor, que peu connaissaient. La dernière surprise, et non des moindres, fut d'apprendre que le Mestre-Nain Kyrio, un ami de longue date, avait embarqué sur le continent. Après prise de contact, ils formaient donc une alliance de six : trop nombreux pour l'honneur, trop nombreux pour la fierté d'un rude combat, et presque trop nombreux pour la discrétion. Mais l'imprévu était toujours là.
Kyrio subit les foudres de Kuoni, seigneur Nerlk ravageur en début de continent, et succomba après trois lunes d'assauts répétés sans que personne ne puisse lui venir en aide. Il fut achevé par un trio inattendu, celui de Balac, N1ckall et Cassiopee, qui, non seulement ratèrent leur premier pillage en rasant un royaume déjà en très mauvais état, mais surtout révélèrent leur liaison commune. Arkel, quant à lui, fut la cible d'Algorax et de Gudheimdal le Fossoyeur, qui, après avoir cassé quelques bâtiments - les vilains - virent les soutiens tout d'abord du bretteur puis de Zagor couper la route à leur premier pillage, bien qu'ils tentèrent quand même de percer. Entre temps, une expédition punitive avait été lancée sur Cassiopee qui était visiblement de sortie et qui vit son royaume effacé de la carte en une lune par les armées de Asch et de Kärel. Aucunes représailles ne se firent sentir.
Par la suite, des seigneurs tombèrent sans que l'alliance n'en connaisse toujours la raison, Gzor commença son petit empire économique avec son développement caravanier et trouva quelques contacts sympathiques, Asch et Kärel développèrent leur puissance militaire, Arkel reconstruisit son économie et son royaume en profitant de la disparition d'Algorax, et Zagor continua son lent développement d'Orc. On notera l'attaque assez destructrice de Asch sur Kas-Reim, dont la vie fut sauvée par une intervention diplomatique de Balac.
Suite à quelques espionnages, entre autres, et à la plume habile de Gzor, Asch et Kärel mirent au jour une alliance dangereuse, qui se composait notamment de Kas-Reim, Balac, N1ckall et Termite, sans oublier le mercenaire Turambar. Les liens entre eux n'étaient pas clairs, mais ils représentaient un risque potentiel, notamment par leurs échanges caravaniers, et deux avaient participé à l'éviction de Kyrio : sans trop de réflexion, le bretteur envoya la totalité de ses troupes marcher sur le royaume encore en développement de N1ckall - faire des marchés pour un royaume Humain, c'est dangereux au début, alors autant en profiter - qui avait, en plus, envoyé des troupes en soutien chez Kas-Reim. Ce fut ça de fait.
Puis les lunes se suivirent sans trop se ressembler : Balac et Termite éliminèrent Yartashi qui était un contact précieux de Gzor et Kärel, et on soupçonna assez rapidement un lien entre les Extrémistes Nains, Kuoni, Balac et Termite - pas de preuves ? Pas de soucis ! - et, bien vite, la menace d'une alliance énorme entre différents seigneurs dont les relations n'étaient pas nettes mais bien réelles fut officialisée. S'ensuivit alors la partie la plus drôle du continent, une manipulation réussie mais malheureusement seulement en partie par Gzor qui eut pour conséquence un royaume presque entièrement détruit pour Termite, grâce à Zagor et Arkel. Kärel dut mentir pour sauver le coup, chose qu'il n'aime pas faire mais dont la nécessité força l'action, et bien que Gzor fut sauvé, Clackedin des EN accompagné de Balac prit la défense de Termite en attaquant et en ravageant presque entièrement le royaume de Zagor. Les relations s'éclaircissaient : Balac était probablement au centre, et bien que ses buts soient demeurés imprécis, l'alliance n'apprécia que peu ses nombreux contacts et il fut proprement châtié par Asch et Arkel, pendant que des soutiens de Kärel s'annihilaient mutuellement avec les assaillants de Zagor, qui passa la lune. Entre temps, Kärel prit contact avec Raeven, comme le lui avait conseillé Yartashi, et ainsi avec Linaewen, et il fut ô combien heureux d'apprendre que ces deux seigneurs luttaient ensemble contre la même alliance qu'eux, et que Khyu n'était plus une menace car déjà affaibli - il fut d'ailleurs achevé la même lune que Balac - , ainsi que Kuoni - mais cela était déjà su. On remercie au passage Yartashi pour ses précieux contacts, ses informations utiles et son dernier assaut chez Kuoni. Vous serez le bienvenu ici !
Malheureusement, c'eut été trop beau qu'ils ne réagissent pas, car Kas-Reim contacta le reste des seigneurs du continent - contacts donnés par Balac, qui était donc bel et bien un pivot, si ce n'est le pivot du groupe - et révéla le lien qui unissait Arkel, Zagor, Asch et Kärel. Gzor était alors dégagé de tout soupçon, et Linaewen et Raeven reçurent la missive aussi, qu'ils transmirent, la confiant au bretteur. Ce fut une lune de carnage : Asch roula littéralement sur le royaume de Kas-Reim qui lui, avec l'aide de Termite et de Clackedin, rasa le royaume de son agresseur malgré les soutiens prévus, qui se révélèrent largement insuffisants. De son côté, Arkel finit Termite mais reçu malheureusement la visite de la majorité des troupes de la Barbe d'Argent, ainsi que d'une centaine d'Hommes-Serpents de Gudheimdal qui avait été recruté au passage et qui désirait férocement prendre sa revanche. La même lune, Kuoni fut achevé par l'autre bout de l'étau.
Ensuite, une dernière résistance s'organisa, et Clackedin puis Gudheimdal furent proprement poutrés l'un après l'autre, tandis qu'ils séparaient leurs forces en espérant toucher plus de seigneurs. Stratégie défaillante et peu prudente puisqu'aucun ne succomba. Mais c'était bien tenté.
Pour finir, Raeven attaqua et élimina seul le mercenaire Turambar, qui aura sur ce continent au moins prouvé qu'il respectait ses engagements et cela peu importe les seigneurs. Vous ne fûtes pas du côté victorieux - vous avez attaqué Asch, bouuuuuuuuh -, mais vous avez fièrement représenté votre ordre. Vous serez reconnus pour cela.
Les dernières lunes furent une succession d'espoirs et de frayeurs. Zagor, dans sa grande humilité et avec toute la classe professionnelle que cela suppose, souhaita se désister mais à la seule condition que Gzor et Kärel finissent sur le podium, ce qui fut problématique puisque Kärel avait lui aussi prévu de se désister. Quant à Raeven et Linaewen, ils s'enflammèrent contre Gzor qu'ils accusèrent de lâcheté et de cupidité - bon, c'était peut-être pas faux sur ces points-là, mais c'est caractériel, faut pas (trop) lui en vouloir - ainsi que d'opportunisme, d'inutilité et d'inaction durant toute la conquête - là, par contre, c'était déjà moins vrai. Ce dernier en eut rapidement ras-le-bol et scella presque en une lune le destin du Sir Estreak, dont la force de frappe avait été amoindrie chez Turambar. Ce fut une fois de plus la preuve qu'un royaume marchand en fin de conquête, ça dépote.
Finalement, après plusieurs missives inquiètes et désespérées, Raeven se désista au profit de Linaewen, et Zagor à celui de Gzor et Kärel. Une guerre fratricide entre les deux factions responsables de l'éviction de la plus grosse alliance du continent fut ainsi évitée, à la très grande joie du bretteur.
Les seigneurs suivants resteront dans les mémoires en compagnie des vainqueurs, avec ceux que Linaewen pourra citer, car je ne connais qu'une partie de l'histoire. Rentrez-les vous bien dans le crâne, bande de moules !
- Raeven, pour sa participation active et la fougue de sa plume, et pour son désistement final en faveur de Linaewen, qui est sûrement la plus grande actrice du continent, militairement parlant. Mes sincères hommages, Sir, j'aurais tant aimé vous voir sur le podium, mais la vie n'est pas toujours telle que l'on pourrait l'espérer, et votre choix, compte tenu de votre palmarès actuel, fait sans aucun doute de vous l'un des plus grands seigneurs de cette contrée. Si vous me pardonnez cette fin, ce sera avec joie que je vous accompagnerai dans d'autres conquêtes, afin que je vous voie au moins une fois décrocher une place dans un trio vainqueur, et qui sait, peut-être votre première. Les connaissances de ces terres sont toutes à vous, et mes bibliothèques vous seront grandes ouvertes, tant que vos nécromanciens ne touchent pas mes cimetières bien entendu.
- Zagor, votre humilité et votre dévouement final et exemplaire ont déjà été cités, je ne m'attarderai pas là-dessus. Je pense que ces quelques phrases suffiront à souligner votre valeur, et celle-ci n'est plus à prouver. Merci pour cette conquête, compagnon. Vous êtes ici un grand.
- Asch, un seigneur vif, efficace, costaud, tranquille, confiant. En un mot : redoutable. Je vous aurais laissé ma place si vous étiez arrivé jusqu'au podium, bravo à vous et merci pour vos actes. Une machine de guerre de défaite, dix de reconstruites. Vous arriverez bien à valoir les dix, tel que je vous connais. À une prochaine fois, peut-être. 
- Arkel, qui a toujours une bonne parole et un sourire en coin pour rassurer les rangs. Vous en avez bavé au début des combats, cela ne vous a pas empêché de raser un royaume. La Blanche Plume flotte sur ce continent, et cela grâce à vous. Merci ! Et mes hommages à Biquette.
Enfin, Kärel tient à saluer la malchance de Kyrio qui aura au moins été utile en terme d'informations (vraiment navré, mon ami), Yartashi qui a déjà été cité plus haut, Termite qui a probablement été manipulé sans savoir pourquoi - désolé, Sir, mais vous étiez un engrenange dans une machine bien trop dangereuse pour qu'on vous laisse vous en tirer -, et Balac, pour son organisation diplomatique qui nous aura quand même posé soucis. Balac, je me souviens de notre première victoire commune et je ne l'oublie pas. Nous avons pris des chemins différents, mais j'espère qu'un jour nous pourrons de nouveau guerroyer ensemble. Si bien sûr vous vous souvenez de moi, ce qui n'est en soi pas gagné !
On notera au passage, s'il vous reste un peu de mémoire, que Zagor ressemble à Gzor, et Arkel à Kärel. Voilà, jeu de mots pourris : c'est fait.
Après tant de lune de combats dévastateurs, de diplomatie véreuse et de craintes souvent fondées, l'étendard de la Blanche Plume flotte enfin sur ce continent grâce à ses deux sujets, au côté de celui d'Aerendir et de sa Dame. Je suis fier de signer ce traité de paix avec Gzor et Linaewen. Et comme je ne sais jamais comment terminer une homélie, aussi longue et laborieuse soit-elle, nous dirons donc :
Bonne nuit, et dormez bien.

Kärel

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«- L'Ordre Nouveau s'étend ! »

Une clameur indescriptible monta de la marée humaine assemblée sur la grand-place de la cité gzorienne d'Oubahoubahdhil. Le seigneur Gzor, du haut de la monumentale tribune dressée pour les festivités, attarda son regard sur cette foule immense.
La prospérité. Ce royaume respirait la prospérité. Tant mieux, d'ailleurs - cela faisait toujours du bien aux finances de ne pas avoir à trouver des fonds supplémentaires pour une propagande visant à proclamer que le peuple est le plus heureux du monde, alors qu'il crève la dalle.

L'armée était rentrée victorieuse de son combat contre Raeven. Les armées avaient ferraillé, et le changeforme avait, de sa main souveraine, scellé le destin de l'avorton mort-vivant, décidément bien trop remuant.
Mais la vraie bonne nouvelle de la lune avait été l'arrangement final de Zagor avec Lianaewen. Après avoir un temps envisagé d'attaquer cette dernière par surprise, Gzor avait décidé de respecter le statu quo.
Ce dhil lui avait déjà trop coûté en temps et en énergie ; et il était désormais à la tête d'un royaume puissant, riche, où les principes de l'Ordre Nouveau étaient scrupuleusement respectés.
Cette troisième victoire militaire, annexant à l'Empire la terre d'Oubahoubahdhil, n'avait pas été sans difficultés. Mais Gzor avait su triompher par la plume, bien plus que par les armes - armes qu'il n'avait d'ailleurs obtenu que très tardivement ; et son pragmatisme machiavélique lui avait rendu de fiers services.

Il avait tendu pièges après pièges, infiltré les alliances, intoxiqué ses adversaires, monté des coups tordus, menacé, amadoué, démenti ; après des lunes entières passées au-delà de tout soupçon aux yeux de toutes les alliances du continent, chez qui il était passé maître dan l'art de l'espionnage et de la manipulation au profit de ses véritables alliés, il avait finalement fait tomber son masque ; lorsque des hordes de soldats surentraînés avaient débarqué de Certadhil, sa protection diplomatique était devenue superflue. Il avait alors enchaîné les combats, dans ces quelques dernières lunes, où tant du sang de ses sujets avait coulé.

Durant tout le dhil, sa puissance économique avait irrigué Asch, Kärel, Arkel et Zagor avec une régularité et une efficacité impressionnante. Quelques contacts complémentaires, judicieusement choisis, lui avaient permis d'échapper à toute tentative de destruction par un quelconque seigneur avide d'un pillage facile. Ses relations lui avaient délivré de précieuses informations ; et il les avait remercié en les poignardant plus ou moins discrètement dans le dos. Termite avait été son oeuvre maîtresse, et avait, malgré un léger contretemps, atteint son but final.

«- Cette guerre fut rude, pour vous tous, mon peuple ! Combien de nos fils sont morts au combat ? Combien de nos guerriers ont souffert le martyre sous les murs du Fossoyeur et de Raeven ? Combien de nos vaillants défenseurs ont laissé leur vie face aux barbares arriérés menés par Turambar ? Soyez-en sûr : ils ne sont pas morts en vain ! Notre victoire en témoigne. Ce royaume est désormais nôtre, et l'Empire et son Ordre ont trouvés en ces terres un flambeau étincelant sur les mers, un flambeau qui ne s'éteindra pas tant que son peuple vivra ! »

Une seconde clameur monta des rangs fanatisés de la population.

Ils avaient chacun accompli leur devoir au sein de la fonction qui leur avait été assignée dès leur plus jeune âge pour l'extension de l'Ordre Nouveau. Leur Chef, c'était Gzor ; leur terre, c'était l'Empire ; leur vie, c'était cet Ordre Nouveau.

«- Il nous faut rendre hommage, continua le changeforme, à ceux dont le sang a coulé pour que ce jour glorieux vienne. Je rends solennellement hommage aux vaillants soldats de Asch et aux courageuses armées d'Arkel. Je salue avec émotion l'évacuation pacificatrice des troupes de Zagor, à qui nous devons tant. »

La foule s'était recluse dans un silence ému.

«- Mais ce continent n'est qu'une étape. Dans tout Daifen, nous progressons patiemment. Ce monde primitif est prêt à basculer, et les races qui la composent ont, plus que jamais, besoin que nous leur prodiguions nos bienfaits civilisateurs ! Oui, le combat n'est pas terminé ! Oui, il nous faudra encore de nombreuses luttes ! Oui, nous sommes la civilisation supérieure appelée à s'étendre sur l'ensemble de la terre, et à l'élever enfin à son Âge d'Or ! Gloire à l'Ordre Nouveau, gloire à l'Empire, et gloire à ce qui fait sa seule véritable force : son peuple ! »

Sur une dernière ovation, qui surpassa toutes les autres sur l'échelle de la puissance en décibels, débuta un grandiose défilé militaire. Dans le ciel, une dizaine de dirigeables effectuaient d'impressionnantes démonstrations, alors que Gzor quittait la tribune.
Il fallait encore signer ce fichu traité. Et immédiatement incorporer la nouvelle conquête à la complexe machine-à-dominer-le-Monde gzorienne, qui, plus que jamais auparavant, s'était mise en branle.

Le changeforme n'avait rien à craindre de Kärel, compagnon fidèle, mais il n'avait quasiment pas eu de contacts avec Linaewen ; et il se garderait bien d'en avoir à l'avenir. Le compromis de paix trouvé était bien fragile ; et Gzor aurait voulu de Zagor à la place de Linaewen. Mais l'orc avait choisi, et il n'était pas question de prolonger inutilement la guerre.

Il semble ici utile d'inclure quelques précisions sur ce qui arriva pendant et après la destruction de Gueimdhal le Fossoyeur - lune où, pour la première fois, la toute nouvelle Force de Défense de la Quatrième Province de l'Empire Gzorien s'illustra au combat. Alors qu'une partie de ses effectifs avaient activement participé à la déchéance du Nerlk, le gros de la troupe avait eu à défendre la cité gzorienne contre l'agression du mercenaire Turambar. Ce dernier, nouvellement au service de Zagor, et de façon désormais bien inutile, avait agi de sa propre initiative. Après des menaces mutuelles de destruction, la tension s'était apaisée entre les deux royaumes, Zagor ayant noblement accepté de prendre en charge pour Turambar, qui acceptait de se retirer, les lourdes compensations financières qu'exigeait Gzor en échange de la paix. Mais, curieusement, le mercenaire n'avait pas passé la lune ; le sire Raeven l'avait détruit de sa propre initiative ; et, non content d'agir sans en prévenir ses alliés, il s'était vanté avec orgueil de sa victoire.
La question fut alors soulevée de la composition du podium final ; sur cinq seigneurs, deux devaient partir.
Et ce fut alors la valse des ego. Zagor offrit son désistement, mais posa comme condition la présence de Gzor et Kärel, qui, eux, n'envisageaient absolument pas de se retirer - en tout cas pour le premier, le second ayant évoqué l'idée. Linaewen et Raeven se défendirent avec verve - ce dernier allant jusqu'à se déchaîner sur Gzor en piques verbales qui ne pouvaient être tolérées. La sanction fut immédiate ; dès la lune suivante, Raeven fut mis à genoux par un assaut-surprise des troupes gzoriennes, alors que Zagor, excédé par les tergiversations de Linaewen et Raeven, à qui il avait été transmis un quasi-ultimatum, envoya ses troupes sur Linaewen.
Une crise diplomatique majeure était en cours - et bien que certains scribes tendent à relativiser l'appellation de conflit armé, ce fut bien une petite guerre fratricide, meurtrière et rapide, qui entacha la fin de la conquête. Elle ne dura que peu de temps ; Raeven accepta de se rendre, se conformant à son destin ; il ne survécut pas une lune de plus, Gzor et Kärel ayant achevé prestement leur triste besogne. Linaewen et Zagor, constatant chacun la lourdeur de leurs pertes et la destruction annoncée de Raeven, parvinrent à une arrangement honnête ; Zagor se retirait, ce qui laissait monter sur le podium Gzor, Kärel et Linaewen.
La paix était enfin possible.

Alors que les historiens commençaient à s'activer pour découvrir la vérité sur les événements ayant précédés, qu'on ne connaissait qu'à travers la version officielle de l'Empire Gzorien, une curieuse créature contemplait, du haut d'un arbre perdu dans la jungle, le spectacle des festivités de la victoire gzorienne. Pendu à un arbre par sa longue queue, elle possédait un pelage jaune tacheté de tâches noires, qui n'était certainement pas fait idéale pour le camouflage.

Elle se gratta la tête.
«- Oubahoubah. », dit-elle, songeuse.
Et c'est peut-être pure coïncidence, mais l'auteur de ces lignes n'aurait pas su mieux définir ce qui fit l'essence même de ce dhil que ne le fit cet étrange marsupial.

Gzor.Le pas était lourd, l'atmosphère aussi. Les rochers à gravir... qu'importe les rochers. Il fallait lever la tête. Mais la conscience pesait. On espérait, toujours, on fixait l'horizon, on esquivait le soleil pour ne pas s'y brûler les yeux mais c'est volontiers qu'on s'y aveuglerait pour ne plus voir le reste. Car les arbres le rappelait, les arbres dans lesquels ses Scouts avaient jonglé avec leurs flèches, esquivant les lianes innombrables et les tirs meurtriers, assayant l'ennemi d'un nuage de flèches, couvrant l'astre du jour... la mort, voilà une fois de plus ce que la guerre avait semé. Mais... il n'y avait pas de morale. Pas de regrets, pendant longtemps. Ils ont remué leurs éclaireurs, forcé leurs pigeons, tiré avec puissance sur les fils de la diplomatie pour dénouer des jeux d'alliance et manipuler des seigneurs trop liés et trop dangereux. Parfois, malheureusement aussi, trop lâches.
''Lâches..''
Ce mot secoua légèrement l'esprit de Kärel, qui était reparti penser aux possibles, à ce qui aurait pu se passer, à ce qui aurait du arriver... à tout ce que, pendant les différentes phases de cette conquête, il désignait comme la marche à suivre, l'idéal à atteindre et à accomplir. Mais il a, une fois de plus, était rattrapé par l'imprévu, cette réalité qu'on évite, qu'on ignore jusqu'à ce qu'elle nous tombe dessus. Des fois elle nous écrase, d'autres on l'évite, ou bien alors on la chevauche, et on dévale la pente de nos relations et de nos amours jusqu'à ce que la fin se montre d'elle-même, attrapant et embrassant ce que la falaise nous met à portée de main. Et on le chérit, parce que c'est tout ce qu'il nous reste, avec ce goût d'amer qui nous putréfie la bouche, comme un aphte infâme, une plaie béante - une saignée - que l'on a fait apparaître pour ne pas que le reste du corps meure, après avoir essayé maintes et maintes cures impossibles, toutes plus incomprises et rejetées que les...
- Sir ! Sir !
- Quoi ? Je déprime en paix là, laissez-moi tranquille !
- Une missive de Linaewen, Sir !
- Hein ? Oh, pitié, faites que les nouvelles soient bonnes... donnez-moi ça, dépêchez, et préparez-vous à courir au royaume, vous aller peut-être devoir faire très vite... alors... alors... déplie-toi, déplie-toi, saleté, j'ai du temps à ne pas gâcher moi... et... oh purée.
- ...?
- Bon, cours envoyer un pigeon à Zagor pour qu'il nous envoie ses troupes, je me dépêche de répondre à la Dame. On va peut-être réussir à faire ce désistement au final. Et grouille-toi, t'es un Elfe, alors passe par les arbres, et prouve-moi que t'es pas un éclaireur de tapette !
- Euh... oui... à vos ordres, Sir !
- Raaaah, tais-toi et cours !
Le messager repartit encore plus vite qu'il n'était venu, et si une petite bestiole jaune tachetée de noir et à la longue queue, comme on en trouvait parfois dans la forêt profonde, lui avait posé la question, il aurait sûrement répondu que c'est parce qu'il sentait presque la botte de son seigneur se poser avec toute la délicatesse d'un Troll sur son svelte derrière. Heureusement pour lui, il ne le savait pas encore, mais il allait faire de sa mission un succès détonant, presque autant que l'arrêt cardiaque qui lui vaudra un soin intensif de la part des Dryades pendant environ deux bonnes semaines.
...
Le pas était léger, l'air vivifiant. La nature était belle, et la végétation ornait de sa sublime teinte de vie la roche qui restait à gravir, là ou l'eau claquetante des ruisseaux ne déversait pas l'écho serein d'un monde finalement en paix. Le pacte devait être signé, et si ce sont le discret - et machiavélique comme il aimait l'appeler - Gzor ainsi que la redoutable Dame d'Aerendir, la respectable et respectueuse Linaewen et le bretteur qui apposeraient leurs sceaux sur ce traité, ce ne sont de loin pas les seuls acteurs de ce continent. Le nom de Raeven restait dans les pensées du seigneur, qui saluait la bravoure et l'humilité finale de ce - jeune ? - sir à qui la première victoire avait été retirée. Mais sa trace, elle, resterait. Car ceux qui décident de partir ne seront pas oubliés par les bardes et les conteurs. Les ménestrels les chanteront dans les tavernes et sur les places publiques, et les troubadours crieront leur nom sur les montagnes et les collines. Ainsi en sera-t-il.
Kärel repensa aux différentes phases de la conquête : ils étaient venus à trois, stratégie déjà établie, avec Asch et Gzor, seigneur qui portait les étendards de la Blanche Plume tout comme lui, et rencontrèrent surpris le Sir Arkel, qui en arborait les couleurs également, ainsi que son compagnon Zagor, que peu connaissaient. La dernière surprise, et non des moindres, fut d'apprendre que le Mestre-Nain Kyrio, un ami de longue date, avait embarqué sur le continent. Après prise de contact, ils formaient donc une alliance de six : trop nombreux pour l'honneur, trop nombreux pour la fierté d'un rude combat, et presque trop nombreux pour la discrétion. Mais l'imprévu était toujours là.
Kyrio subit les foudres de Kuoni, seigneur Nerlk ravageur en début de continent, et succomba après trois lunes d'assauts répétés sans que personne ne puisse lui venir en aide. Il fut achevé par un trio inattendu, celui de Balac, N1ckall et Cassiopee, qui, non seulement ratèrent leur premier pillage en rasant un royaume déjà en très mauvais état, mais surtout révélèrent leur liaison commune. Arkel, quant à lui, fut la cible d'Algorax et de Gudheimdal le Fossoyeur, qui, après avoir cassé quelques bâtiments - les vilains - virent les soutiens tout d'abord du bretteur puis de Zagor couper la route à leur premier pillage, bien qu'ils tentèrent quand même de percer. Entre temps, une expédition punitive avait été lancée sur Cassiopee qui était visiblement de sortie et qui vit son royaume effacé de la carte en une lune par les armées de Asch et de Kärel. Aucunes représailles ne se firent sentir.
Par la suite, des seigneurs tombèrent sans que l'alliance n'en connaisse toujours la raison, Gzor commença son petit empire économique avec son développement caravanier et trouva quelques contacts sympathiques, Asch et Kärel développèrent leur puissance militaire, Arkel reconstruisit son économie et son royaume en profitant de la disparition d'Algorax, et Zagor continua son lent développement d'Orc. On notera l'attaque assez destructrice de Asch sur Kas-Reim, dont la vie fut sauvée par une intervention diplomatique de Balac.
Suite à quelques espionnages, entre autres, et à la plume habile de Gzor, Asch et Kärel mirent au jour une alliance dangereuse, qui se composait notamment de Kas-Reim, Balac, N1ckall et Termite, sans oublier le mercenaire Turambar. Les liens entre eux n'étaient pas clairs, mais ils représentaient un risque potentiel, notamment par leurs échanges caravaniers, et deux avaient participé à l'éviction de Kyrio : sans trop de réflexion, le bretteur envoya la totalité de ses troupes marcher sur le royaume encore en développement de N1ckall - faire des marchés pour un royaume Humain, c'est dangereux au début, alors autant en profiter - qui avait, en plus, envoyé des troupes en soutien chez Kas-Reim. Ce fut ça de fait.
Puis les lunes se suivirent sans trop se ressembler : Balac et Termite éliminèrent Yartashi qui était un contact précieux de Gzor et Kärel, et on soupçonna assez rapidement un lien entre les Extrémistes Nains, Kuoni, Balac et Termite - pas de preuves ? Pas de soucis ! - et, bien vite, la menace d'une alliance énorme entre différents seigneurs dont les relations n'étaient pas nettes mais bien réelles fut officialisée. S'ensuivit alors la partie la plus drôle du continent, une manipulation réussie mais malheureusement seulement en partie par Gzor qui eut pour conséquence un royaume presque entièrement détruit pour Termite, grâce à Zagor et Arkel. Kärel dut mentir pour sauver le coup, chose qu'il n'aime pas faire mais dont la nécessité força l'action, et bien que Gzor fut sauvé, Clackedin des EN accompagné de Balac prit la défense de Termite en attaquant et en ravageant presque entièrement le royaume de Zagor. Les relations s'éclaircissaient : Balac était probablement au centre, et bien que ses buts soient demeurés imprécis, l'alliance n'apprécia que peu ses nombreux contacts et il fut proprement châtié par Asch et Arkel, pendant que des soutiens de Kärel s'annihilaient mutuellement avec les assaillants de Zagor, qui passa la lune. Entre temps, Kärel prit contact avec Raeven, comme le lui avait conseillé Yartashi, et ainsi avec Linaewen, et il fut ô combien heureux d'apprendre que ces deux seigneurs luttaient ensemble contre la même alliance qu'eux, et que Khyu n'était plus une menace car déjà affaibli - il fut d'ailleurs achevé la même lune que Balac - , ainsi que Kuoni - mais cela était déjà su. On remercie au passage Yartashi pour ses précieux contacts, ses informations utiles et son dernier assaut chez Kuoni. Vous serez le bienvenu ici !
Malheureusement, c'eut été trop beau qu'ils ne réagissent pas, car Kas-Reim contacta le reste des seigneurs du continent - contacts donnés par Balac, qui était donc bel et bien un pivot, si ce n'est le pivot du groupe - et révéla le lien qui unissait Arkel, Zagor, Asch et Kärel. Gzor était alors dégagé de tout soupçon, et Linaewen et Raeven reçurent la missive aussi, qu'ils transmirent, la confiant au bretteur. Ce fut une lune de carnage : Asch roula littéralement sur le royaume de Kas-Reim qui lui, avec l'aide de Termite et de Clackedin, rasa le royaume de son agresseur malgré les soutiens prévus, qui se révélèrent largement insuffisants. De son côté, Arkel finit Termite mais reçu malheureusement la visite de la majorité des troupes de la Barbe d'Argent, ainsi que d'une centaine d'Hommes-Serpents de Gudheimdal qui avait été recruté au passage et qui désirait férocement prendre sa revanche. La même lune, Kuoni fut achevé par l'autre bout de l'étau.
Ensuite, une dernière résistance s'organisa, et Clackedin puis Gudheimdal furent proprement poutrés l'un après l'autre, tandis qu'ils séparaient leurs forces en espérant toucher plus de seigneurs. Stratégie défaillante et peu prudente puisqu'aucun ne succomba. Mais c'était bien tenté.
Pour finir, Raeven attaqua et élimina seul le mercenaire Turambar, qui aura sur ce continent au moins prouvé qu'il respectait ses engagements et cela peu importe les seigneurs. Vous ne fûtes pas du côté victorieux - vous avez attaqué Asch, bouuuuuuuuh -, mais vous avez fièrement représenté votre ordre. Vous serez reconnus pour cela.
Les dernières lunes furent une succession d'espoirs et de frayeurs. Zagor, dans sa grande humilité et avec toute la classe professionnelle que cela suppose, souhaita se désister mais à la seule condition que Gzor et Kärel finissent sur le podium, ce qui fut problématique puisque Kärel avait lui aussi prévu de se désister. Quant à Raeven et Linaewen, ils s'enflammèrent contre Gzor qu'ils accusèrent de lâcheté et de cupidité - bon, c'était peut-être pas faux sur ces points-là, mais c'est caractériel, faut pas (trop) lui en vouloir - ainsi que d'opportunisme, d'inutilité et d'inaction durant toute la conquête - là, par contre, c'était déjà moins vrai. Ce dernier en eut rapidement ras-le-bol et scella presque en une lune le destin du Sir Estreak, dont la force de frappe avait été amoindrie chez Turambar. Ce fut une fois de plus la preuve qu'un royaume marchand en fin de conquête, ça dépote.
Finalement, après plusieurs missives inquiètes et désespérées, Raeven se désista au profit de Linaewen, et Zagor à celui de Gzor et Kärel. Une guerre fratricide entre les deux factions responsables de l'éviction de la plus grosse alliance du continent fut ainsi évitée, à la très grande joie du bretteur.
Les seigneurs suivants resteront dans les mémoires en compagnie des vainqueurs, avec ceux que Linaewen pourra citer, car je ne connais qu'une partie de l'histoire. Rentrez-les vous bien dans le crâne, bande de moules !
- Raeven, pour sa participation active et la fougue de sa plume, et pour son désistement final en faveur de Linaewen, qui est sûrement la plus grande actrice du continent, militairement parlant. Mes sincères hommages, Sir, j'aurais tant aimé vous voir sur le podium, mais la vie n'est pas toujours telle que l'on pourrait l'espérer, et votre choix, compte tenu de votre palmarès actuel, fait sans aucun doute de vous l'un des plus grands seigneurs de cette contrée. Si vous me pardonnez cette fin, ce sera avec joie que je vous accompagnerai dans d'autres conquêtes, afin que je vous voie au moins une fois décrocher une place dans un trio vainqueur, et qui sait, peut-être votre première. Les connaissances de ces terres sont toutes à vous, et mes bibliothèques vous seront grandes ouvertes, tant que vos nécromanciens ne touchent pas mes cimetières bien entendu.
- Zagor, votre humilité et votre dévouement final et exemplaire ont déjà été cités, je ne m'attarderai pas là-dessus. Je pense que ces quelques phrases suffiront à souligner votre valeur, et celle-ci n'est plus à prouver. Merci pour cette conquête, compagnon. Vous êtes ici un grand.
- Asch, un seigneur vif, efficace, costaud, tranquille, confiant. En un mot : redoutable. Je vous aurais laissé ma place si vous étiez arrivé jusqu'au podium, bravo à vous et merci pour vos actes. Une machine de guerre de défaite, dix de reconstruites. Vous arriverez bien à valoir les dix, tel que je vous connais. À une prochaine fois, peut-être. 
- Arkel, qui a toujours une bonne parole et un sourire en coin pour rassurer les rangs. Vous en avez bavé au début des combats, cela ne vous a pas empêché de raser un royaume. La Blanche Plume flotte sur ce continent, et cela grâce à vous. Merci ! Et mes hommages à Biquette.
Enfin, Kärel tient à saluer la malchance de Kyrio qui aura au moins été utile en terme d'informations (vraiment navré, mon ami), Yartashi qui a déjà été cité plus haut, Termite qui a probablement été manipulé sans savoir pourquoi - désolé, Sir, mais vous étiez un engrenange dans une machine bien trop dangereuse pour qu'on vous laisse vous en tirer -, et Balac, pour son organisation diplomatique qui nous aura quand même posé soucis. Balac, je me souviens de notre première victoire commune et je ne l'oublie pas. Nous avons pris des chemins différents, mais j'espère qu'un jour nous pourrons de nouveau guerroyer ensemble. Si bien sûr vous vous souvenez de moi, ce qui n'est en soi pas gagné !
On notera au passage, s'il vous reste un peu de mémoire, que Zagor ressemble à Gzor, et Arkel à Kärel. Voilà, jeu de mots pourris : c'est fait.
Après tant de lune de combats dévastateurs, de diplomatie véreuse et de craintes souvent fondées, l'étendard de la Blanche Plume flotte enfin sur ce continent grâce à ses deux sujets, au côté de celui d'Aerendir et de sa Dame. Je suis fier de signer ce traité de paix avec Gzor et Linaewen. Et comme je ne sais jamais comment terminer une homélie, aussi longue et laborieuse soit-elle, nous dirons donc :
Bonne nuit, et dormez bien.

Kärel

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«- L'Ordre Nouveau s'étend ! »

Une clameur indescriptible monta de la marée humaine assemblée sur la grand-place de la cité gzorienne d'Oubahoubahdhil. Le seigneur Gzor, du haut de la monumentale tribune dressée pour les festivités, attarda son regard sur cette foule immense.
La prospérité. Ce royaume respirait la prospérité. Tant mieux, d'ailleurs - cela faisait toujours du bien aux finances de ne pas avoir à trouver des fonds supplémentaires pour une propagande visant à proclamer que le peuple est le plus heureux du monde, alors qu'il crève la dalle.

L'armée était rentrée victorieuse de son combat contre Raeven. Les armées avaient ferraillé, et le changeforme avait, de sa main souveraine, scellé le destin de l'avorton mort-vivant, décidément bien trop remuant.
Mais la vraie bonne nouvelle de la lune avait été l'arrangement final de Zagor avec Lianaewen. Après avoir un temps envisagé d'attaquer cette dernière par surprise, Gzor avait décidé de respecter le statu quo.
Ce dhil lui avait déjà trop coûté en temps et en énergie ; et il était désormais à la tête d'un royaume puissant, riche, où les principes de l'Ordre Nouveau étaient scrupuleusement respectés.
Cette troisième victoire militaire, annexant à l'Empire la terre d'Oubahoubahdhil, n'avait pas été sans difficultés. Mais Gzor avait su triompher par la plume, bien plus que par les armes - armes qu'il n'avait d'ailleurs obtenu que très tardivement ; et son pragmatisme machiavélique lui avait rendu de fiers services.

Il avait tendu pièges après pièges, infiltré les alliances, intoxiqué ses adversaires, monté des coups tordus, menacé, amadoué, démenti ; après des lunes entières passées au-delà de tout soupçon aux yeux de toutes les alliances du continent, chez qui il était passé maître dan l'art de l'espionnage et de la manipulation au profit de ses véritables alliés, il avait finalement fait tomber son masque ; lorsque des hordes de soldats surentraînés avaient débarqué de Certadhil, sa protection diplomatique était devenue superflue. Il avait alors enchaîné les combats, dans ces quelques dernières lunes, où tant du sang de ses sujets avait coulé.

Durant tout le dhil, sa puissance économique avait irrigué Asch, Kärel, Arkel et Zagor avec une régularité et une efficacité impressionnante. Quelques contacts complémentaires, judicieusement choisis, lui avaient permis d'échapper à toute tentative de destruction par un quelconque seigneur avide d'un pillage facile. Ses relations lui avaient délivré de précieuses informations ; et il les avait remercié en les poignardant plus ou moins discrètement dans le dos. Termite avait été son oeuvre maîtresse, et avait, malgré un léger contretemps, atteint son but final.

«- Cette guerre fut rude, pour vous tous, mon peuple ! Combien de nos fils sont morts au combat ? Combien de nos guerriers ont souffert le martyre sous les murs du Fossoyeur et de Raeven ? Combien de nos vaillants défenseurs ont laissé leur vie face aux barbares arriérés menés par Turambar ? Soyez-en sûr : ils ne sont pas morts en vain ! Notre victoire en témoigne. Ce royaume est désormais nôtre, et l'Empire et son Ordre ont trouvés en ces terres un flambeau étincelant sur les mers, un flambeau qui ne s'éteindra pas tant que son peuple vivra ! »

Une seconde clameur monta des rangs fanatisés de la population.

Ils avaient chacun accompli leur devoir au sein de la fonction qui leur avait été assignée dès leur plus jeune âge pour l'extension de l'Ordre Nouveau. Leur Chef, c'était Gzor ; leur terre, c'était l'Empire ; leur vie, c'était cet Ordre Nouveau.

«- Il nous faut rendre hommage, continua le changeforme, à ceux dont le sang a coulé pour que ce jour glorieux vienne. Je rends solennellement hommage aux vaillants soldats de Asch et aux courageuses armées d'Arkel. Je salue avec émotion l'évacuation pacificatrice des troupes de Zagor, à qui nous devons tant. »

La foule s'était recluse dans un silence ému.

«- Mais ce continent n'est qu'une étape. Dans tout Daifen, nous progressons patiemment. Ce monde primitif est prêt à basculer, et les races qui la composent ont, plus que jamais, besoin que nous leur prodiguions nos bienfaits civilisateurs ! Oui, le combat n'est pas terminé ! Oui, il nous faudra encore de nombreuses luttes ! Oui, nous sommes la civilisation supérieure appelée à s'étendre sur l'ensemble de la terre, et à l'élever enfin à son Âge d'Or ! Gloire à l'Ordre Nouveau, gloire à l'Empire, et gloire à ce qui fait sa seule véritable force : son peuple ! »

Sur une dernière ovation, qui surpassa toutes les autres sur l'échelle de la puissance en décibels, débuta un grandiose défilé militaire. Dans le ciel, une dizaine de dirigeables effectuaient d'impressionnantes démonstrations, alors que Gzor quittait la tribune.
Il fallait encore signer ce fichu traité. Et immédiatement incorporer la nouvelle conquête à la complexe machine-à-dominer-le-Monde gzorienne, qui, plus que jamais auparavant, s'était mise en branle.

Le changeforme n'avait rien à craindre de Kärel, compagnon fidèle, mais il n'avait quasiment pas eu de contacts avec Linaewen ; et il se garderait bien d'en avoir à l'avenir. Le compromis de paix trouvé était bien fragile ; et Gzor aurait voulu de Zagor à la place de Linaewen. Mais l'orc avait choisi, et il n'était pas question de prolonger inutilement la guerre.

Il semble ici utile d'inclure quelques précisions sur ce qui arriva pendant et après la destruction de Gueimdhal le Fossoyeur - lune où, pour la première fois, la toute nouvelle Force de Défense de la Quatrième Province de l'Empire Gzorien s'illustra au combat. Alors qu'une partie de ses effectifs avaient activement participé à la déchéance du Nerlk, le gros de la troupe avait eu à défendre la cité gzorienne contre l'agression du mercenaire Turambar. Ce dernier, nouvellement au service de Zagor, et de façon désormais bien inutile, avait agi de sa propre initiative. Après des menaces mutuelles de destruction, la tension s'était apaisée entre les deux royaumes, Zagor ayant noblement accepté de prendre en charge pour Turambar, qui acceptait de se retirer, les lourdes compensations financières qu'exigeait Gzor en échange de la paix. Mais, curieusement, le mercenaire n'avait pas passé la lune ; le sire Raeven l'avait détruit de sa propre initiative ; et, non content d'agir sans en prévenir ses alliés, il s'était vanté avec orgueil de sa victoire.
La question fut alors soulevée de la composition du podium final ; sur cinq seigneurs, deux devaient partir.
Et ce fut alors la valse des ego. Zagor offrit son désistement, mais posa comme condition la présence de Gzor et Kärel, qui, eux, n'envisageaient absolument pas de se retirer - en tout cas pour le premier, le second ayant évoqué l'idée. Linaewen et Raeven se défendirent avec verve - ce dernier allant jusqu'à se déchaîner sur Gzor en piques verbales qui ne pouvaient être tolérées. La sanction fut immédiate ; dès la lune suivante, Raeven fut mis à genoux par un assaut-surprise des troupes gzoriennes, alors que Zagor, excédé par les tergiversations de Linaewen et Raeven, à qui il avait été transmis un quasi-ultimatum, envoya ses troupes sur Linaewen.
Une crise diplomatique majeure était en cours - et bien que certains scribes tendent à relativiser l'appellation de conflit armé, ce fut bien une petite guerre fratricide, meurtrière et rapide, qui entacha la fin de la conquête. Elle ne dura que peu de temps ; Raeven accepta de se rendre, se conformant à son destin ; il ne survécut pas une lune de plus, Gzor et Kärel ayant achevé prestement leur triste besogne. Linaewen et Zagor, constatant chacun la lourdeur de leurs pertes et la destruction annoncée de Raeven, parvinrent à une arrangement honnête ; Zagor se retirait, ce qui laissait monter sur le podium Gzor, Kärel et Linaewen.
La paix était enfin possible.

Alors que les historiens commençaient à s'activer pour découvrir la vérité sur les événements ayant précédés, qu'on ne connaissait qu'à travers la version officielle de l'Empire Gzorien, une curieuse créature contemplait, du haut d'un arbre perdu dans la jungle, le spectacle des festivités de la victoire gzorienne. Pendu à un arbre par sa longue queue, elle possédait un pelage jaune tacheté de tâches noires, qui n'était certainement pas fait idéale pour le camouflage.

Elle se gratta la tête.
«- Oubahoubah. », dit-elle, songeuse.
Et c'est peut-être pure coïncidence, mais l'auteur de ces lignes n'aurait pas su mieux définir ce qui fit l'essence même de ce dhil que ne le fit cet étrange marsupial.

Gzor.

Gagnants

NomRaceClanRègne
LinaewenNelrkAerendir0-20
KärelElfe0-20
GzorHumain0-20

Morts

RègneNomRace
1-20RaevenMort-Vivant
1-20ZagorOrc
1-18TurambarNain
1-17Gudheimdal Le FossoyeurNelrk
1-16Clackedin BarbedargentOrc
1-15TermitePrimotaure
1-15AschNelrk
1-15KuoniNelrk
1-15ArkelHumain
1-15Kas-reimOrc
1-14BalacMort-Vivant
1-14KhyuOrc
1-11Akromax D'aydindrilPrimotaure
1-11PantokratorElfe
1-10YartashiMort-Vivant
1-10N1ckallHumain
1-10Kas'toutOrc
1-9UruaHumain
1-8Purple JHumain
1-8AlgoraxOrc
1-7Lady O'MaryMort-Vivant
1-6EldinPrimotaure
1-6ThedoctorNain
1-6CassiopeeHumain
1-6BhaineHumain
1-5KyrioNain
1-4Riri3995Humainravagé par la peste