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Noir-feu | 14/09/08 17:41

Tout s'écroulait autour de lui. Son existence avait pourtant semblé tracée de part en part, depuis son arrivée en ces terres de Daifen. On aurait pu croire que le destin était bel et bien écrit, et qu'il suffisait au Dragon Noir de le suivre sans hésitation, mais il en avait été tout autrement, car la Voie de Num avait été suivie et rien ne pouvait en revenir inchangé.

Deux cent lunes durant, il avait guidé la Fraternité, aux côtés de celle qui avait été son épouse. Un âge qui avait commencé dans le bonheur, les dragons avaient commencé à se regrouper, certaines dames, certains seigneurs les avaient rejoints, et ensemble ils avaient mené de nombreuses guerres. Puis Noir-Feu, alors nommé Breagel'ann, était parti en direction de la cité maudite et tout avait tremblé, la puissante Fraternité elle-même avait vacillé sur ses bases, et les fous qui étaient venus tenter de repêcher l'inconscient Dragon dans les abysses du Néant avaient par certains côtés atteints leur but. Le Dragon Noir était revenu parmi les siens, mais son âme était brisée, anéantie par le combat contre le dernier Gardien.

Les braves qui étaient parvenus à ressortir de ce piège avaient vite réalisé que leur vie ne serait plus jamais pareille, que ce qu'ils avaient vécu les avait changés à jamais. Elliona avait tenté de se rapprocher de cette inquiétante entité que son époux était devenue, mais ce dernier était déjà au-delà de tout espoir quand à renouer avec son passé et la malheureuse avait peu à peu sombré dans cette mélancolie à laquelle les elfes sont si sensibles. Puis le temps avait passé, lentement pour certains, à une effarante rapidité pour d'autres, la grande roue de la vie avait poursuivi son éternelle rotation, et bien des choses avaient changé.

L'imprenable cité des Dragons s'était lentement vidée, comme si l'union de ces caractères si différents n'avait été possible que tant que Noir-Feu menait d'une main de fer la destinée de l'ordre. Une fois moins présent, la puissance des Dragons s'était effilochée, et nombre d'entre-eux avaient purement et simplement disparu. Lune après lune, la cité devint de plus en plus silencieuse, les rires autrefois nombreux s'étaient tus, le brouhaha des armées en marche avait laissé place au silence, et le silence s'était empli de regrets, de tristesse.

Il avait pris sa décision une nuit de pleine lune, debout au sommet du fier donjon qui surplombait les confins de cette terre. La Fraternité n'avait plus de raison d'être, le monde avait changé, et les dragons n'avaient pu s'adapter. Une fois de plus, ils rejoindraient les légendes, une fois de plus ils avaient échoué dans leur tentative de maintenir l'équilibre primordial, la Vie s'était déjà par trop éloignée des valeurs véhiculées par les seigneurs des nuées, et ils avaient été impuissants à changer le cours du destin. Le Fier Dragon n'avait guère habitude de renoncer, mais continuer ainsi n'avait aucun sens, le temps s'écoulait, et une fois perdu, rien ne pouvait le ramener, il ne le savait que trop bien.

Noir-Feu annonça donc à ses Frères et Soeurs que la citadelle allait fermer, qu'un nouvel âge s'en venait et que ce serait un âge sans Dragons. Peu avaient réagi, et cette attitude avait conforté le Dragon Noir dans son choix, l'avenir dirait bien assez tôt si cette décision était judicieuse ou pas. Il avait donc mis ses affaires en ordre, puis, une nuit, solitaire, il avait rejoint les vents puissants qui parcouraient cette terre du nord et s'était laissé emporter vers celle qui lui avait réappris à vivre.

Sa Dame était partie sur une terre de légende, Leriredudragondhil, pour une raison encore obscure, Noir-Feu n'avait pas souhaité s'y engager pleinement, mais il était venu voir Dame Auklèce pour s'assurer que tout allait bien. Ils avaient passé quelques lunes ensemble puis, une nuit, Noir-Feu avait senti son coeur manquer quelques battements, il était parti comme une tornade vers le nord, sans un mot d'explication. Il avait senti la mort de celle qui avait été sa femme, Elliona avait quitté ces terres, sans un mot, sans un bruit. Il lui avait fallu quelques lunes pour remplir tous les devoirs liés à cela, l'annoncer à leurs filles n'avait pas été le moindre, et encore aujourd'hui il se demandait s'il avait agi avec sagesse.

Quand il était revenu sur Leriredudragondhil, il avait appris par une Jaëlle catastrophée que sa Dame avait été contrainte de faire retraite, après la traîtrise de celle qui avait jadis été sa soeur, Ishtar. Une colère sombre et implacable avait pris place en lui, qui mit un terme à ses derniers regrets quand à la Fraternité. Il monta voir l'être qui avait été son père, et parla longuement avec lui. Quand il ressortit de son antre, son regard était triste, mais une détermination farouche se dégageait de tout son être. Il prit son envol une fois de plus, et d'une traite fila jusqu'à ce royaume d'Astria, espérant y trouver son aimée.

Il se posa devant l'entrée de la cité, reprenant forme humanoïde, et s'inclina devant les gardes, surpris de ce geste. Un peu mal à l'aise, sans doute n'avaient-ils pas vraiment l'habitude de voir un dragon dans leur ciel, ils s'inclinèrent, puis lui firrent signe d'entrer. D'un pas vif, Noir-Feu franchit le pont de Flied, puis se rendit sur la grande place centrale, ne sachant trop où pouvait bien se trouver sa compagne. Il s'avança donc vers un garde:

-Dis-moi, l'ami, peux-tu me conduire à votre Reine? Ou au moins m'indiquer où elle se trouve?

Noir-feu | 14/09/08 17:41

Le garde observe le Seigneur sombre et lui répond en secouant la tête :
- Voila plusieurs jours Messire qu'elle n'a pas foulé les pavés de la cité d'Astria. Certains l'ont vu partir directement du Port vers le Colosse de Zaïbacher en compagnie de ses deux plus proches conseillers.

-Peux-tu m'y conduire, je suis le Seigneur Noir Feu.
-Seigneur, je ne sais si...vous savez les murailles qui encadrent le colosse de Zaïbacher protège une cité interdite. Personne ne sait vraiment ce qui fait Dame Auklèce, elle s'y enferme quand elle veut protéger Astria de certaines activités.
- Vraiment ? Noir Feu prend un air surpris qui invite le garde à continuer sur sa lancée
- A ce qu'on raconte, ils étaient suivit par une petite escorte encadrant une cassette bardée de fer. Tout le monde se demande ce qui est enfermé à l'intérieur.

Le garde se redresse, regarde à droite et à gauche, se rendant compte que sa langue est trop pendue. Il s'incline légèrement :
-Je ne peux rien pour vous Seigneur Noir Feu, je suis un simple garde. La Reine est au Dohjok, nul ne peut s'y approcher sans son autorisation.

Sa main se pose de nouveau sur les entrelacs du grimoire, les symboles prennent vie et se rejoignent en ondulant pour dégager le mécanisme en argent finement ciselé qui permet d'ouvrir le Livre des Destinées. Doucement, elle tourne les pages qui prennent des éclats différents, son index effleure une écriture inconnue, des cercles concentriques s'élargissent autour de son toucher comme si cette surface était liquide, puis ils disparaissent totalement en redonnant au papier son aspect naturel.
-Il va falloir faire appel à nos lettrés les plus savants pour déchiffrer les écritures les plus anciennes. Je vous demanderai de taire l'existence de ce livre messieur.

Une brise venue de nulle part fait défiler les pages du vieux grimoire pour s'arrêter sur une gravure représentant une femme dans un cachot recroquevillée contre un coin de mur tandis que 3 hommes pénètrent dans sa cellule. Auklèce regarde avec horreur un passage de sa vie, les conseillers se rapprochent de l'ouvrage quand il voit le changement d'expression de leur Dame, cette dernière referme brutalement le Livre des Destinées. Le fermoir en argent s'enclenche tout seul tandis que les symboles s'illuminent un bref instant.
- Dame Auklèce, ce livre est un danger pour Astria. C'est une arme dangereuse, aux pouvoirs immenses.

Elle regarde l'astrian qui porte le nom d'Oliel, son visage lisse ne laisse pas transparaître son âge, on devine cependant sa maturité dans ses longs cheveux bleutés qu'il a noué derrière sa nuque comme le veut la tradition astrianne passé un certain âge.
- Je le sais, cependant, je veux l'étudier, je veux connaître au moins une infime partie de ce qu'il recèle. Où veux-tu que je le l'apporte ? Chez les Initiés ? Voilà la pire erreur à faire.
Elle fait une moue écoeurée et poursuit :
- il est mieux ici qu'ailleurs pour le moment. Personne ne rentre dans cette partie du Dohjok.
-Certes...Un autre sujet m'inquiète Ma Dame.
Elle le questionne du regard, Oliel poursuit :
- Les effets de cette rencontre avec Goroth Le Maudit, Ma Dame.
Auklèce se fige dans la glace en ressentant sa morsure froide qui remonte le long de son échine :
- Ne prononce pas ce nom !

L'autre conseille au crâne rasé s'apprête à répondre, mais le signal donné par la Trompe de Zaïbacher les font se lever tous trois. Le son profond et grave du cor résonne dans l'air. Quelle est la menace suffisante pour déclencher ce signal? Le grimoire est replacé dans son coffre de fer, Auklèce glisse la clé dans sa poche et sort de la pièce. A sa suite, les deux conseillers lui emboîtent le pas en silence, ils ne s'empressent pas de lui faire part de jugements trop hâtifs. Les multiples couloirs se succèdent avant de s'élargir en un grand hall donnant sur l'extérieur. Auklèce les arrête d'un geste de la main, tandis qu'elle continue son avancée vers la créature qui a fait sonner la Trompe de Zaïbacher.

Une myriade d'hommes armés entoure le dragon de lances effilées, dans les cieux les unités aériennes astriannes espèrent bloquer le passage emprunté par la créature. Pourtant, Noir Feu ne bouge pas, il reprend forme humanoïde provoquant une avancée plus dangereuse des pointes mortelles.
-Baissez vos armes ! Vous n'avez à faire qu'à un individu oubliant de temps à autre le respect des choses et des êtres. Cet être est celui que je veux pour Roi.

Elle termine sa phrase par un ton mordant qui se marie si mal avec l'envie qu'elle véhicule. Dans un bruit métallique, les lances se baissent vers le sol puis se relèvent pour se tenir à la verticale des gardes. Auklèce se garde de sourire, elle s'arrête au niveau de ses hommes :
-Seigneur Dragon, vous êtes dans un quartier privé, votre ruse des airs est malicieuse. Ce n'est point une affaire d'état vous l'auriez découvert un jour ou l'autre.
- Ma Dame, nulle barrières entravent la voie des airs si connues pour les dragons.

Noir Feu s'incline avec respect et s'approche pour lui faire un baisemain. Auklèce se laisse faire mais ne le salue pas.
- Je devrais dire que je suis heureuse de vous revoir sain et sauf.

De sa main libre, elle disperse les lanciers qui reprennent leur poste respectif. Son regard se remplit de tristesse, Noir feu remarque l'apparition de ridules au coin de ses yeux qui se teintent si facilement de couleurs passionnées ou d'ombres insondables. Auklèce occulte la question qui la tiraille à savoir ce qu'il a fait durant son absence. Au lieu de ça, elle l'entraîne dans son avancée en rajoutant avant qu'il ne puisse dire quoique ce soit :
-Voilà bien longtemps que je n'ai pas vu Astria !

Noir-feu | 14/09/08 17:42

Le guerrier observe les alentours avec attention, analyse froidement l'efficacité des gardes et des diverses protections. Son regard se fixe un bref instant dans ceux des deux conseillers, tandis qu'un ébauche de sourire très légèrement ironique relève les coins de sa bouche. Son regard se tourne ensuite vers sa dame, il l'écoute en laissant ses paroles développer en son esprit tous leurs sens, leurs sous-entendus. Elle l'entraîne dans les rues de la cité, masquant ses questions et son appréhension derrière quelques remarques apparemment anodines, Noir-Feu garde le silence, méditant encore la longue discussion qu'il vient d'avoir avec l'ancêtre, sentant aussi que le temps n'est pas aux vaines paroles.

Le vieil Orféor lui a parlé de nombreuses choses, à priori sans aucun rapport les unes avec les autres, pourtant, obscurément, Noir-Feu sent que tout est lié. Son esprit est en ébullition, bien que son visage ne laisse rien transparaître de ce qui l'anime, une fois de plus, le temps se joue de lui, les parallèles de Num ne cessent de se manifester, gigantesque entrelas de significations cachées, sans aucun sens ni logique. Les miroirs brisés reflètent leurs éclats comme une mer prise de folie, changeants, apparaissant et disparaissant au gré d'on ne sait quoi, le Dragon Noir maintient avec difficulté sa place au coeur de cette tourmente, ses repères se fondent en de multiples illusions, cessent simplement d'exister, il titube imperceptiblement.

** Elle...qui est-elle? Pourquoi? Et cette ombre, en quoi lui est-elle liée, maintenant? Quel rapport avec Jaëlle, je ne sais pas, mais quelque entité s'est échappée de Num, et son pouvoir s'étend sur ceux qui se sont rapprochés de la compréhension. Comment se fait-il qu'aujourd'hui encore Num puisse tenir des âmes captives, nous l'avons brisée, pourtant!

Certaines choses me sont cachées, alors même que je suis censé être devenu le Gardien de la Porte, quelles sont-elles, et comment peuvent-elles échapper au pouvoir qui m'a été imposé? Cette Porte n'était-elle en définitive qu'une illusion de plus? Un traquenard supplémentaire? Rien n'est impossible, mais alors combien de miroirs encore? Et comment se peut-il que Drachilda et Volkhard se soient retrouvés, par delà les mondes, comment se peut-il qu'une nouvelle vie leur ait été accordée si tout cela n'était qu'un piège? Illusion, encore? Bah, laissons cela, les conséquences en deviendront visible un jour ou l'autre, d'autres choses sont plus pressantes.

Dame Auklèce...pourquoi a-t'elle décidé de se lier à moi? Pourquoi entre tous choisir celui qui est le plus fragmenté, le plus éloigné de la stabilité que cherchent d'habitude les femmes? Entre glace et fournaise...oui, c'est là qu'elle se trouve...elle a son enfer propre, que je ne puis que vaguement ressentir, elle n'en parle jamais...Mais quelles implications pour elle, pour moi, pour nous? Dans quel équilibre précaire allons-nous marcher, tandis que nous ne savons rien l'un de l'autre, quelles que soient les récits que nous ayons fait de nos vies? Elle veut faire de moi son Roi, quelle place ici pour un Dragon Noir, qu'en pensera ce peuple étonnant?

Le Livre...quelle folie a encore imaginé ce vieux tortueux d'Orféor...et comment s'en est-il emparé, pour commencer? On dit que nul ne peut revenir après avoir contemplé le Grand Oeil Vert, et voilà qu'un être transgresse la règle immuable du peuple des dragons...pourquoi a-t'il fait cela? Et encore une fois, quel rapport avec tout le reste? Et, surtout, pourquoi le donner ainsi à une personne qui n'a qu'un lien si ténu avec nous? Et qui plus est, dont il ne sait pas grand chose, sinon que ses démons sont assez puissants pour faire perdre la raison à la plupart des êtres?

Alors...comment décider quelle voie je dois suivre...tout est flou, indiscernable. Le passé n'est plus, le futur pas encore, et le présent? Il est sans être, multiple alors qu'il devrait être la tangence principale, les possibles sont sans fin, mais un seul peut advenir, lequel? Laisser aller? Laisser le hasard et les circonstances décider? Rien n'est moins certain que cette façon de choisir...se laisser balloter par les événements, quelle dérision!

Mais...peu importe, avec ou sans éléments il me faut décider, avancer, tracer une route dans le néant...Par les enfers! Au diable tout cela! La Voie sera tracée, quel qu'en soit le prix, quelles qu'en soient les conséquences! Il est trop tard pour reculer, pour hésiter, il me faut achever ce qui a été commencé, et alors la boucle sera bouclée!**

Le Dragon Noir sourit doucement à sa compagne.

-Ma Reine, ce que vous ne voulez dire, pour ma part sera prononcé: Je suis heureux de vous revoir saine et sauve. Et plus heureux encore que cela me permette de retrouver votre compagnie en ces lieux. J'ai dû m'absenter pour aller rendre un dernier hommage à celle qui fut mon épouse dans une vie précédente, puis aller m'assurer que mes filles surmonteraient le choc de cette perte. Je suis ensuite passé voir l'ancêtre, qui fut jadis mon père. Nous avons longuement parlé. Je vois que certains événements ont laissé leur ombre sur votre visage, ainsi qu'il m'a été dit.

Noir-Feu prend le bras de la Dame, cherchant son regard avant de poursuivre. Sa voix est parfaitement maîtrisée, seul le feu de son regard trahit quelque peu les sentiments qui l'animent.

-Il est dans la vie comme dans la mort des choses auquelles on ne peut se soustraire, qui m'ont contraint à m'éloigner de vous par deux fois en des circonstances peu plaisantes pour vous comme pour moi. Il semble maintenant que ce qui pouvait ainsi me forcer à vous abandonner provisoirement appartient au passé, aussi aimerais-je savoir ce qu'il en est du futur. Vous avez parlé de moi à vos gardes comme si vous souhaitiez me voir à vos côtés de manière durable, et non pas comme un amant de passage, est-ce le cas? Si la réponse est oui, j'en serais heureux au delà de tout ce que les mots pourraient exprimer, et vous n'aurez plus à vous inquiéter de brusques départs. Si la réponse est non, je vous garderais une place en mon coeur, mais je suivrais alors ma propre route, dont à vrai dire je ne sais où elle me mènera, tant il est vrai que votre présence est pour moi importante. Vous voilà donc à nouveau sur un océan démonté, au gouvernail d'un navire qu'il vous appartient de diriger. Tournez la roue dans le sens qui vous plaira, ma Dame, vous êtes maître à bord, pour cette fois.

Un sourire amusé suit ses dernières paroles, tandis que le Dragon pense qu'il n'en sera jamais autrement avec telle femme, quand bien même son prore caractère est loin d'être placide.

Noir-feu | 14/09/08 17:42

Les vagues de souvenirs l'assaillent quand le dragon aborde le sujet si important pour elle. Il cherche son regard car peut-être est-il voilé par des vagues de souvenirs qui lui rappellent l'importance de sa décision pour son peuple. C'est vrai qu'elle connaît peu de choses de lui, elle vient juste d'apprendre qu'il avait des filles! Elle rit intérieurement de sa propre folie ! Mais ne dit-on pas que l'amour rend aveugle ? Pourtant, elle ressent au fond d'elle-même qu'il ne faut point laisser s'échapper ce mince fil de la destinée pour tisser un futur peut-être inquiétant par cet inconnu si versatile, mais si prometteur.

Durant quelques millièmes de seconde toute sa discussion passée lui revient à l'esprit...

**C'était un matin comme tous les autres, ses conseillers l'ont rejoint dans la Tour de Melandru lui parlant des différentes affaires agricoles, militaires, ou encore maritimes. Comme toujours, ils lui font part des doléances qu'elle aura à écouter après le zénith du soleil, ou des ambassadeurs des contrées avoisinantes qui viendront s'entretenir de toutes sortes de commerce plus ou moins rentables pour Astria. Seulement, ce jour là, Auklèce avait balayé rapidement toutes ses obligations étatiques pour aborder un sujet plus important pour l'avenir de la cité.
- Je souhaite qu'un nouveau Roi trône à mes côtés pour le bien d'Astria.

Oliel et Nëkiel la regardent stupéfaits, leurs gestes restent cependant posés. Le plus âgé replace minutieusement ses feuilles devant lui, s'abstenant de réagir sous le coup de la surprise. Le plus fougueux, Nëkiel passe sa main sur son crâne rasé en parlant plus pour lui-même ce qui n'échappe pas à la Dame :
- Il prendra la place d'Eliel...
- Il ne prendra pas la place d'Eliel, il prendra la place qui est la sienne, celle d'être à mes côtés en tant que Roi. Il s'agit du Dragon Noir Feu.

L'astrian aux cheveux bleutés se lève sous le coup d'une émotion mal maîtrisée, ses poings prenant appuis sur la table ronde:
- Dame Auklèce, vous avez toute ma confiance et ma loyauté est sans borne pour vous. Eliel vous a placé Reine d'Astria même si vous êtes différente de nous par bien des points. Le peuple vous a accepté mais acceptera-t-il une créature de l'enfer ?

Elle s'attendait à cette réaction, sa voix ne se brise pas sous la confusion qui semble s'abattre sur le plus jeune des conseillers recherchant sa prestance assurée en s'appuyant contre le haut dossier de son fauteuil :
- Que pourrais-je répondre ? Djian Oliel.

Le conseiller se raidit quand il entend le timbre froid de la Dame et le titre protocolaire de conseiller qu'elle met devant son nom, chose qu'elle fait rarement. Son acolyte vient à sa rescousse avec un calme retrouvé :
- Nous ne voulons point dire, Ma Dame, que vous avez des accointances avec les démons nageant dans les eaux troubles du Monde d'en Bas. Seulement, pouvez vous nous assurer que ce seigneur possède des réactions mesurées et prévisibles ? Un dragon n'est point un homme.

Auklèce transperce du regard ce jeune Nëkiel à l'intelligence affûtée comme une lame. Il ne bronche pas, connaissant le tempérament de celle qu'il sert. Elle répond sans prendre le temps de peser ses mots :
-Non, je ne le peux pas.

Elle soupire et prend sa tête entre ses mains avant de continuer en les regardant à nouveau :
- Cependant, je peux vous dire qu'il a gouverné la Fraternité des Dragons d'une main de maître avec un sens de l'honneur sans faille.
- Cette fraternité n'a-t-elle pas fermée ses portes ? Oliel s'installe de nouveau en face d'Auklèce en l'observant sans détour.
- En effet, toutes choses ont leurs fins. L'Ere des dragons réunis sous une même bannière est terminée. Avez-vous le droit de le lui reprocher ? Le visage d'Auklèce s'ombre d'un sourire étrange qui s'efface totalement quand le Djian Nëkiel prend la parole.
- Cette chute ne la doit-il pas à Num ? Son âme est parait-il fragmentée si on en croit les écrits compilés à la bibliothèque de Nashira ? Quel morceau va-t-il choisir pour servir Astria ?

La Reine d'Astria ne s'offusque pas, elle s'était préparée à toutes ces remarques si nécessaires :
- Vous avez raison, cette partie de sa vie fut obscure, il en possède les traces plus que jamais. Mais il a toute ma confiance comme j'ai la vôtre alors que je suis différente de vous, je n'ai pas toutes vos capacités si extraordinaires. Avoir un Dragon comme Roi est la chose la plus belle qui puisse s'écrire dans l'Histoire d'Astria. Il ne trahira pas notre tranquillité.
- Et si jamais, cela advient et que l'horreur de Num filtre à travers lui pour noyer notre cité prospère dans les miasmes du chao. Que ferez vous ?

Un silence pesant suit les paroles du jeune Nëkiel à l'avenir prometteur. Elle sent les regards de ses conseillers plus que jamais pesants, ils sont suspendus à ses lèvres tout en restant dans une retenue qui leur vaut cette place à ses côtés. Elle sait que les paroles qu'elle libérera signeront la destinée d'Astria liée à la sienne pour le meilleur et le pire. Sa voix tremble cependant légèrement avant de reprendre une consistance volontaire :
- Je le tuerai, et je remettrai ma couronne entre vos mains pour vous laisser le choix d'un nouveau souverain ou d'une nouvelle souveraine.

Les deux astrians inclinent gravement la tête puis ils prononcent à l'unisson pour sceller leur destinée liée au choix d'Auklèce :
- Que la Lune nous soit favorable...***

Elle a l'impression de marcher sur un fil tanguant dangereusement sous les bourrasques qui le chahutent, le vide est prête à l'accueillir dans sa chute si son choix s'avère être le mauvais. Elle retrouve son point d'équilibre en saisissant les mains de Noir feu dans les siennes et lui offrant enfin le regard qu'il cherchait à trouver. Auklèce laisse tomber son masque de glace sculpté dans sa rancoeur. Elle se raccroche totalement à lui en l'enlaçant pour ne pas le perdre en passant outre les conventions et la bienséance qui sied à une dirigeante, des regards étonnés astrians observent l'élan d'affection de la Dame de façon discrète.
- Je vous offre Astria. Voulez vous être Mon Roi ?

Dans la masse de curieux qui se forme peu à peu, des personnes regardent la chose plus froidement avant de tourner les talons vers leurs obligations. Les deux conseillers s'éloignent vers le palais en espérant que leur Dame ne les entraînent pas dans des passions dangereuses.

Noir-feu | 14/09/08 17:43

Le temps se ralentit, chaque seconde semble s'étirer encore, et encore, jusqu'à se figer totalement. Le Temps n'est plus. Dans l'esprit du Dragon Noir, qui cherche à attirer ce regard bleu dans le sien, un éclat de verre, fragment d'un miroir à jamais brisé, renvoie une image qui se répercute à l'infini dans ces millions de fragments qui distordent tout en une parodie machiavélique de la réalité. Un millénaire durant, à moins que ce ne soit qu'un très bref instant, le Dragon Noir doute. Il sait que la question qu'il vient de poser constitue un risque colossal. Le destin de bien des êtres vacille, ondule, ploie.

Un rire chuintant, sinistre, retentit aux tréfonds de l'âme du Gardien de Num, moqueur. Quelques mots, lourds de sens, issus de la substance même de cette peur qu'il éprouve en cet instant sont prononcés, pour lui seul, il l'espère.

-Ne t'avais-je pas promis vengeance, petit Dragon ? Le moment est venu, vois comme elle doute ! Ne pressens-tu pas qu'elle va refuser ? Tu pensais représenter quelque chose pour elle, mais tu n'es qu'un objet, qu'elle s'apprête à jeter !

Encore ce rire, qui fait vibrer les parcelles de son âme comme pour les briser encore, en faire des poussières sans plus la moindre existence. Noir-Feu replonge dans le cauchemar de l'ultime combat, se retrouve une fois encore devant le Gardien d'Ivoire, impuissant, condamné à attendre le coup qui le tuera, il le sait. Personne n'est là pour le ramener, cette fois, la fin est là, inéluctable, terriblement définitive.

Les griffes jaunasses, malsaines, plongent à nouveau vers son coeur, déjà si éloigné de sa nature première, une pensée, la dernière.

A l'instant même ou le Gardien d'Ivoire hurle sa victoire, le Dragon Noir va puiser au plus profond de ses racines, en cette force que rien ne peut atteindre, que nul ne peut affaiblir. Sa lame runique apparaît en sa main dans un bruit de tonnerre, à la vitesse d'un météore enflammé. Elle percute dans un fracas de fin du monde les appendices cornés du démoniaque gardien, qu'elle tranche avec une écoeurante facilité. Le Gardien d'Ivoire a un regard d'incompréhension totale, absolue. Il ne comprend pas, ce dérisoire lézard devrait être mort, plongé dans les enfers de ses échecs à jamais, et voilà que ses griffes invincibles tombent dans le vide ! Noir-Feu le laisse prendre conscience de sa défaite, un sourire terrible aux lèvres. Puis le temps se remet en route, vite, trop vite.

L'antique lame dragonnique se meut hors de la réalité, elle utilise l'interstice du grand paradoxe pour percer le coeur de l'être maudit, à une vitesse que rien ne peut concevoir, avec une force issue de millénaires de combats sanglants, le Gardien d'Ivoire semble vouloir hurler, mais déjà il se dissipe, vaincu, sa main valide encore levée pour porter un coup qui ne viendra jamais.

Dame Auklèce choisit cet instant pour enfin accrocher le regard de Noir-Feu, il s'apprête à prononcer les mots qui scelleront leur destin, solitaire. Elle se jette soudain dans ses bras, l'enlace avec une fougue teintée de la peur de le perdre, il le sent obscurément. Ses yeux se ferment, tandis qu'il la serre avec force contre lui, enfin libre de l'aimer, maintenant que son masque est tombé. Quelque part, par delà l'oubli, par delà les malédictions de Num, un souvenir ressurgit du puits sans fond de son âme, une image qui le surprend au plus haut point : Un miroir...intact. Un reflet se laisse entrevoir, le premier qui ne soit pas teinté d'amertume et de tristesse, un reflet d'avenir.

Il entend les mots que son aimée prononce, se demande s'il est bien nécessaire d'y répondre, décide que oui.

-Je n'ai de plus cher désir que de passer le reste de mon existence avec vous, ma Reine. Je prendrais place à vos côtés.

Il laisse ses mots porter, puis, ses lèvres frôlant l'oreille d'Auklèce, murmure :

-Je vous aime, ma dame.

Noir-feu | 14/09/08 17:43

Les yeux d'Auklèce s'ouvrent brusquement dans une obscurité presque totale que tempère seulement un peu de clair de lune perçant à travers le voile léger s'agitant sous la brise qui s'engouffre par la fenêtre ouverte. Sans lever la tête, elle fouille du regard l'intérieur avant d'observer Noir Feu à ses côtés, elle sourit, s'empêchant de laisser glisser sa main sur la peau sombre du seigneur. Ses pieds nus rencontrent le moelleux de la descente de lit avant de fouler la douce fraîcheur du parquet, puis celle plus franche du marbre et de la pierre.

Elle emprunte autant que possible des passages secondaires et d'étroits escaliers aménagés pour cette discrétion qu'elle cherche. Toutefois elle ne voit pas grand monde, même quand elle ne peut faire autrement que de franchir les vastes couloirs ornés de leurs élégantes tentures, seules quelques âmes esseulées recherchent leurs appartements. Elle sort du dernier escalier étroit dans son havre de paix. Le rideau de glycine tombe légèrement au-dessus de la voûte en pierre qu'elle franchit. De grands saules saluent son passage. La mélodie douce d'une fontaine s'harmonise avec le bruissement du feuillage qui se balance lentement.

L'air est chargé du parfum suave des rosiers et des camélias en fleurs, il se mélange à celle plus typique d'une herbe tondue il y a peu. Elle s'approche d'un de ses massifs et coupe une rose à l'aide son ongle. Ses sourcils se froncent légèrement quand une épine s'enfonce dans son pouce. Elle le porte à sa bouche et le suçote sans plus s'en soucier quand elle hume l'odeur de la fleur épanouie. Dans sa tenue vaporeuse, elle glisse tel un spectre à travers ce jardin suspendu pour rejoindre cette alcôve en retrait. La douceur de la soirée semble s'estomper, son haleine se forme en buée devant sa figure quand elle perçoit enfin la statue en grès blanc représentant un astrian.

Auklèce s'installe en silence sur le petit banc en pierre qui lui fait face, elle tarde à poser le regard sur le visage lisse de la statue. Elle se met à lui parler sachant qu'elle n'aura nulle réponse, pourtant elle veut croire au fond d'elle-même que cet être peut l'entendre dans son autre monde :
-Bonsoir Eliel.

Ses yeux bleus rencontrent ceux douloureusement vides de son complice disparu :
- Les affaires du royaume sont au beau fixe. J'ai quitté les Initiés, j'aurai dû écouter tes paroles sages dès le début...

Seul le bruit du vent lui répond, elle frissonne légèrement sous cette solitude qui l'enlace de sa fraîcheur.
- Tu me manques Eliel...

Un ange passe en laissant son silence, il emporte avec lui les souvenirs qui étreignent Auklèce dans la nostalgie. Elle papillonne des cils pour chasser l'eau inopportune qui fait ciller son regard noyé dans la fatalité de cette disparition. Elle se lève rapidement pour déposer la rose cueillie aux pieds de la statue de l'ancien Roi :
- Je viens te prévenir qu'un nouveau Roi trônera à mes côtés. Il est digne de ta mémoire, je te fais le serment par delà ce monde qui a signé ta ...disparition... qu'il servira ton peuple comme si c'était le sien.

Elle gravit les trois marches du piédestal pour toucher cette peau de pierre. Ses doigts s'attardent sur les yeux de la statue :
- La cérémonie se déroulera dans 3 lunes. Je suis sûre que tu l'aimerais... Je l'aime plus que tout.
Du bout des doigts, elle dépose sur le front froid d'Eliel un baiser avant de redescendre les quelques marches la séparant de l'herbe fraîche. Quand elle se détourne, entre les lèvres blanches de l'être sans vie, une buée se forme devant cette bouche entrouverte, cependant nul mot ne s'échappe de cette vapeur éthérée venant d'un monde se trouvant sur une autre rive. Pourtant la Dame se retourne ayant le sentiment fugace d'avoir entendu quelque chose de doux frôler son oreille.

Elle ne peut s'empêcher de retenir un sursaut de surprise quand une autre sensation l'enlace doucement. Son seigneur est près d'elle l'entourant de ses bras. Elle ne prononce nul mot pour signifier son étonnement. Elle attrape sa main dans la sienne et l'entraîne dans quelques chemins boisés. Auklèce se sent si bien avec lui, elle aime cette douce chaleur qui, encore une fois, monte en elle. Quelque part dans ce bout de nature au milieu d'un cercle de pierre couvertes de mousse, elle laisse son instinct assouvir ce désir qui brûle en elle. Elle défait le premier lien de soie retenant sa robe et invite Noir Feu à dénouer le reste. Le vêtement n'offre aucune résistance, tout comme la Dame qui est nue dans les bras du seigneur, consentante, follement éprise de tout ce qu'il représente à ses yeux. Plus rien ne les sépare, elle est avec lui comme elle l'a tant rêve, tant attendu. Ensemble, ils ne sont plus qu'un, corps et âmes parfaitement unis, se laissant submerger par la joie immense qui déferle en eux.

Noir-feu | 14/09/08 17:43

Les heures s'écoulent dans une atmosphère à la magie palpable. Les sept pierres dressées semblent se faire témoins silencieux de ce qui se noue sous leur protection intangible, colosses de pierre veillant sur le sacré de cette nuit de pleine lune. Quelque part au fond des bois, un rapace nocturne lance un cri qui se perd dans le bruissement de la sylve, à peine agitée par une brise légère en cette soirée d'été. Le sommet des menhirs se pare du scintillement des étoiles, les facettes cristallines de la roche reflètent ici et là quelques rais des astres, qui, au fil du mouvement céleste, se rassemblent en un seul point.

Le centre parfait du cercle semble peu à peu irradier de pouvoir, de cette force souvent nommée tellurique. Lentement, de ce point central, naissent des énergies qui partent aux quatre points cardinaux, ressourçant la terre, donnant vigueur aux arbres, aux plantes, aux êtres. Elles pulsent selon un rythme précis, ce même rythme qui peut-être perçu dans le mouvement de toute chose pour qui sait le chercher.

La lune se lève, gigantesque, toute d'argent habillée, les premières lueurs de l'astre nocturne frôlent la cime des arbres, le silence se fait dans la forêt, l'attente commence.

Le Dragon ouvre lentement les yeux. Ses yeux si sombres depuis tant de lunes maintenant semblent s'emplir des délicates nuances argentées de la lune, tels deux lacs qui reflèteraient les cieux glorieux de cette nuit si particulière. Il sent contre lui le corps nu de cette femme qui a su réveiller en lui les sentiments, le désir, toutes choses qu'il aurait pu jurer avoir perdu à jamais. Un rayon de lune franchit la barrière des arbres, et vient caresser le visage d'Auklèce, qui semble en cet instant respirer le bonheur et la paix. Noir-Feu laisse son regard détailler ses traits délicats, la courbe nacrée de ses lèvres l'appelle irrésistiblement, il y dépose un baiser avec douceur, les battements de son coeur s'accélèrent, ce qui le fait sourire légèrement. Il laisse son esprit vagabonder, simplement heureux de ce contact, de cette présence.

La lune poursuit son ascension, elle semble rouler sur l'arête de la plus grande des pierres, puis, comme par enchantement, s'immobilise à son sommet, auréole céleste qui pare le géant de pierre de la plus étincelante des couronnes. En cet instant, les forces de la terre et des cieux ne forment plus qu'une, et parce que les souvenirs de Noir-Feu sont ceux de plusieurs vies, il en perçoit soudain la signification.

En son esprit résonnent des paroles prononcées en des temps qui lui semblent si anciens que leur simple évocation lui donne le vertige, que seule la présence à ses côtés lui permet de surmonter.

Un est chiffre le plus parfait.
Par lui, toute chose nait.
Source du monde, de ce qui est,
Jamais ne disparaît.

Deux est chiffre le plus fécond.
Symbole de toute union,
Requière grande attention,
Son autre nom, division.

Trois est chiffre le plus puissant.
La vie, la mort, le temps.
Quand vient son commencement,
Toujours apparaît une Lune d'Argent.

Ces quelques mots font ressurgir en son esprit une autre discussion lointaine, alors que pour la première fois il parcourait la route, en compagnie de ce vieil être sagace nommé Til-Bora, bâtisseur errant dont jamais il n'avait su grand-chose, si ce n'est qu'il avait traversé bien des mondes au cours d'une vie si longue que même l'existence d'un dragon semblait courte comme un feu de paille en comparaison.

Aux confins de la route,
Ne reste que le doute,
La demeure du Néant.

On y trouve le temps,
En son coeur éclaté,
Est un lieu pétrifié.

Cité par tous oubliée,
Le Livre des Destinées,
Trois Gardiens le veillent.

Pas un ne sommeille,
La Porte est ouverte,
Sera-t-elle ta perte ?

Mais au travers d'un regard,
Comme un coup de poignard,
Existe un chemin de retour.

Il a pour nom Amour,
Ne va pas le chercher,
C'est à lui de te trouver.

Un rire profond secoue le Dragon Noir quand il comprend que ces quelques phrases à l'époque dépourvues de sens ont guidé sa vie, orienté son destin et celui de nombreux êtres. Ce vieux fou avait donc prévu, ou entrevu, au moins, plus de choses qu'aucun Dragon n'avait pu le faire. Il avait poussé le vice jusqu'à donner le nom de Lune d'Argent à son jeune ami, ce nom que le Dragon avait soigneusement et presque religieusement adjoint à son prénom, et jamais il ne s'était douté de quoi que ce soit, jusqu'à ce qu'un éclat de lune vienne éclairer une vieille pierre moussue, deux-cent vingt cinq lunes plus tard.
C'est ainsi que s'achève sur une note douce-amère le premier grand cycle du Dragon Noir, allongé aux côtés de la femme qu'il aime par une nuit de pleine lune au coeur d'un cercle de pierres dressées par un peuple depuis longtemps disparu. Le sourire aux lèvres, il se serre contre Auklèce, sachant qu'un nouveau cycle commence cette nuit, heureux que ce soit avec elle.

Edité par Noir-feu le 14/09/08 à 17:45

Noir-feu | 14/09/08 17:46

Ce Rp a été écrit conjointement avec Dame Auklèce, il est la première partie du Cycle final de ces deux êtres. La suite en est: La cérémonie des Trois Lunes.

Edité par Noir-feu le 14/09/08 à 17:48

Shadee | 13/12/09 02:42

Magnifique Noir-feu, je continuerai à parcourir les lignes de ce Cycle révolu avec un réel plaisir.

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