Forum - Vers le Gardien de Num

Index des forums > Rôle Play > Vers le Gardien de Num

Shadee | 29/12/09 18:32

Sous le joug alourdit des ténèbres de Num, Shadee explore cette cité sans âme, elle se retourne de temps à autre vers la bulle de lueur que le majestueux Arbre de Vie diffuse sur la place centrale. Non pas que ce soit la crainte qui la pousse à pareil geste, car pour elle, ce néant est son monde, cette cité est sienne, mais, il est comme le nord qu'indique une boussole dans cette désolation. Elle cohabite avec les ombres mouvantes qui ne parviennent plus à attaquer l'âme épurée de toutes attaches, elle n'a plus rien à détruire en elle, le néant lui a tout volé. Pourtant chaque endroit, chaque instant tente de recueillir encore un peu plus d'elle, mais la fille des éléments ne s'arrête plus, elle ne souffre plus, car les griffes invisibles glissent comme sur une paroi lisse sans aucune prise. Ces mains spectrales ont façonné ce qu'elle est devenue et consciencieusement elles enlèvent ces poussières de songe qui se collent à son esprit.
Sur ce chemin jonché de ruines, elle avance comme une vagabonde oubliée où ses pensées qui l'entraînent vers Daifen deviennent à chaque instant un souvenir détruit. Seul Num existe. Mais dans le coin de son esprit, une étincelle persiste à éclairer ses pas, elle ne faiblit pas sous les assauts monotones du néant.

Elle avait fait un songe lorsqu'elle s'est assoupie au pied de l'Arbre de Vie. Car sous sa lumière, une étrange magie opère dès qu'elle franchit le bouclier d'air, elle sent son esprit aspiré vers un autre monde qu'elle a identifié comme celui des rêves, le cauchemar ressemblant à son univers de désolation et de solitude. Cette première expérience de torpeur l'a conduit au centre d'une taverne dans laquelle siégeait un sombre guerrier qu'elle a nommé le maître des Songes. Sa peau était sombre et marquée par des années d'expériences façonnées d'une vie jalonnée d'épreuves, ses longs cheveux lunaires étaient réunis en catogan et contrastaient à une peau aussi sombre que l'ébène. A travers son regard de feu, elle avait pourtant perçu la noirceur de la cité de Num, l'homme charismatique lui avait dit qu'il en était le gardien, elle avait le pouvoir de faire de lui un rêve ou un cauchemar dans la place qu'elle voudrait lui donner. Il lui avait aussi dit qu'on le nommait Noir-Feu, comme elle, on la désignait Shadee dans cette autre réalité. Forte de ce souvenir, elle s'était enfoncée dans ce dédale de pénombres pour le retrouver.

Plus noir que l'ombre, une sorte de temple trônait dans l'obscurité profonde de Num. La lueur de l'Arbre de Vie ne ressemblait qu'à une minuscule étoile tremblotante. Shadee gravit les quelques marches de cet édifice, sentant au fond d'elle l'appel de cet unique souvenir. Est-ce l'appréhension qui renaît ? Elle n'a pas le temps de l'identifier que déjà le néant la prive de ce germe émotif. De façon neutre, elle observe avec détachement, une dernière fois la lumière de son phare et s'enfonce dans le gigantisme d'un ouvrage crée par des bâtisseurs ayant certainement la folie des grandeurs. Sur le sol invisible, ses pas ne produisent aucun son ou bien un fracas assourdissant comme si elle écrasait un monde. Elle ne voit pas le funeste cortège qui se forme derrière elle, les ténèbres protègent ses enfants qui suivent curieusement la fille des éléments dans le large vestibule. Déjà elle s'enfonce dans la galerie aux colonnes titanesques. Sa peau scintille légèrement lorsque les ombres moins timides se rapprochent et lèchent son corps, elle ne cille pas lorsqu'elle croit sentir des mains évanescentes qui caressent son visage à la recherche de larmes. Shadee avance toujours laissant derrière elle, un voile subtile de lumière flottant dans l'atmosphère, sitôt malmené par un souffle obscure qui s'évertue à déchirer sans douceur cette soie lumineuse pour la faire disparaître.

Un cri s'échappe de sa gorge quand elle pénètre dans une immense salle, des milliers de miroirs sont en suspension dans l'air. Elle accuse le coup d'une brusque tempête implacable et glacée qui tournoie sur les berges de son âme. Certains se rapprochent et tournent autour d'elle à une vitesse folle, Shadee à l'impression d'être dans l'oeil d'un cyclone qui lui renvoie tous les souvenirs passés, les guerres menées pour les lui arracher une nouvelle fois lorsque tout lui revient en mémoire. Puis d'autres viennent, mais rien ne lui appartient, des horreurs, des peurs l'assaillent et s'évaporent pour mieux l'abattre encore et encore dans ses retranchements. Lentement la souffrance trace des rides dans son âme, dans ce non-temps elle a l'impression de vivre un tourment sans fin, on se joue de son corps aussi mou qu'une poupée de chiffon, elle semble assoupie au creux de ses paumes invisibles. Le néant fouille, il y est presque pour la détruire complètement, il la décortique mais il ne parvient pas à atteindre son essence qui la préserve de son ultime attaque. Brutalement, il la relâche de son emprise et soudain tout n'est que blancheur et vide. Mais la nuit éternelle reprend vite ses droits lorsque Shadee se voit statique au coeur des miroirs. A travers, ces morceaux épars de tristes reflets, elle perçoit des masques ironiques qui ne peuvent raconter le désespoir qui les habitent.

Son regard en amande légèrement plissé, Shadee tente de faire abstraction des images qui l'attirent de façon enchanteresse ou qui tentent de la terroriser. Mais un miroir scintille dans la pénombre, sa main effleure sa surface argentée qui lui révèle son reflet. Elle voit un visage pareil au sien, à la beauté sereine et douce nimbée par cette ombre de sourire qui semble éternel et gravé dans ses traits. Sa pensée silencieuse est reprise par des milliers de voix qui paraissent sortir des éclats de miroirs « Miroir, Qui suis-je ? »

Réponse du vide qui transforme son double en début de grimace qui le tord avec horreur pour imploser en éclat de verres qui entaillent son coeur. Elle hurle sous l'impact qui ne la tue pas pourtant, seule la douleur est brûlante, perverse. Elle lui donne l'illusion d'une blessure ouverte duquel son coeur s'égoutte lentement, où chaque pas est douleur et que la route qu'elle trace est faite de son sang. Elle se sent plus que jamais proche de son but, de sa recherche, l'étincelle est devenu une braise qui couvre le souvenir du sombre guerrier. Shadee a l'impression d'être au bord d'un gouffre, acculée, elle observe la danse des miroirs qui luisent de son reflet lumineux, laissant le douloureux oubli qui fut sa sève, ces bouts de miroir qui ressemblaient faussement à sa chance. Un seul pas suffit.

Un seul pas a suffi pour que tout s'efface et que la fille des éléments voit en face d'elle le Gardien de Num trônant dans toute sa splendeur.

Noir-feu | 29/12/09 21:22

Il attend. Est-ce depuis quelques secondes? Depuis mille éternités? Il ne le sait pas. Ne s'en soucie pas. Seules comptent les trames issues de ses rêves, de ses cauchemars. Il n'existe pas, il le sait. Il n'existe plus. Depuis la nuit maudite où il franchit pour la première fois la porte de Num. Son regard aveugle parcourt le champ de ruines, qui s'étend pour lui à l'infini, plaine de l'ultime désolation, elle ne représente que l'échec, la souffrance, la mort. Il est seul. Il devrait se souvenir que cela n'a pas toujours été le cas, mais ses réminiscences ont été happées par le Vide, insatiable. Lentement, le spectre de son âme examine les trames, en palpe l'inutilité, la vanité. Un long rire grinçant et lugubre se perd, à jamais lancé dans le néant, il n'existe déjà plus. Il attend.

Les ruines s'estompent, poussières d'une guerre qui s'oublie, qui n'a jamais existé ailleurs que dans l'absurde. Le Néant s'étend, ronge âmes et esprits, anéantissant dieux et mortels d'un même souffle inexistant. En ce qui fut pourtant le Coeur de Num, demeure une salle, immatérielle, maintenue par la dernière étincelle d'une force déclinante. Son sol paraîtrait constitué de visages torturés, paroxysme de souffrance, manifestation sans nom de milliers de morts oubliés sacrifiés sur l'autel d'une cause perdue, mais bien sûr, aucun regard ne le voit. D'immenses colonnes de brumes sculptent vicieusement toutes les guerres, toutes les trahisons, elles évoquent chaque victoire du Néant sur la Vie. La Vie. Elle ne gagne jamais à ce jeu-là, le Gardien le sait. Il a perdu, comme tous, fou qu'il était de croire vaincre. Ils l'ont tous cru. Un long rire grinçant et lugubre s'élève, se répercute dans le vide, n'existant déjà plus, mort bien avant d'être né. Néant. Il attend.

Quelques marches, là ou la salle s'estompe dans les vapeurs d'inexistence, pourraient sembler s'élever. Le Mal les constitue, lui qui sert si fidèlement l'anéantissement. Tous les vices s'y montrent, toutes les perversions s'y complaisent en reflets aussitôt rendus à ce qu'ils sont. Néant, parcouru de vaines illusions d'un vie qui s'étiole, sans fin. Au sommet de ce piedestal insensé, un trône, seule chose ayant préservé le concept de substance en ce non-lieu. Qui porterait son regard dessus y verrait une splendeur de noirceur, une insane beauté qui révèle toute l'attraction des Ténèbres sur les êtres, issue d'avant les temps, projetée dans les improbables futurs les plus éloignés. Mais pour le fou qui se serait avancé jusque là, l'épreuve véritable reste à venir, et il ne le sait pas.

Car sur le trône de Num, se tient son Seigneur. Nul, jamais, ne l'a vu. Nul, jamais, ne l'a entrevu. Et pour cause. Un miroitement sans début ni fin, d'éclats tranchants comme des rasoirs, éclats qui écharpent les âmes perdues avec un insondable délice, en jouissant sans fin, se délectant des peines du monde et des êtres en une parodie de gourmandise monstrueuse, le voile de la manière la plus absolue, la plus infranchissable qui soit. Nul ne sait ce qu'il est, tout au plus certains anciens savent-ils ce qu'il fut, en un temps si reculé que lui-même l'a oublié. Mais, bien sûr, tout cela n'importe pas, n'importe plus. Car le Temps vient de se faufiler dans les méandres de Num la Pétrifiée, sous la forme d'une jeune femme rendue à sa plus simple expression. Son âme douloureusement épurée glisse sur le sol des trépassés, elle ne semble pas les voir. Son regard se lève, se pose sur le Gardien, délaissant Maux et Ténèbres, voiles et miroirs, ce simple regard le fixe, et contre toute attente, le voit!

L'être qui se tient assis semble fait de pierre noire, usée, fissurée de partout par les combats infinis qui ont brisé Num. Ses traits expriment une tristesse si profonde qu'elle ne peut qu'en être dérangeante, son regard témoigne d'une lassitude amère, de celle qui accable qui sait avoir échoué, alors que la victoire était au bout de ses doigts. Devant lui sont posées deux haches brisées, une épée qui dût être puissante, mais qui n'est plus que ruine tordue et ravagée par les coups, témoignage d'un passé qui aurait sans doute pu être glorieux, mais qui ne fut que poussière. Sur son front se trouve une couronne de Ténèbres, sertie de quelques étranges joyaux desquels s'élancent de pures arabesques de clarté qui s'entrelacent en d'incompréhensibles signes cabalistiques, un érudit passionné du Néant y reconnaitrait peut-être la Couronne d'Elladyl. Parce qu'il ne peut en être autrement en cet instant, le Gardien se lève, avec lenteur, comme s'il lui était infiniment pénible de se mouvoir. Longuement, il fixe l'âme qui se tient devant lui, en silence. Enfin, sa voix s'élève, surprenante de par les sons graves qui la constitue, elle paraît conserver l'ultime trace de force de celui qui devint le Gardien.

-Te voilà au bout de la route d'Elladyl, Shadee, Fille de Dana. Je dois avouer que je ne m'attendais pas à ce que ce soit toi qui arrive jusqu'ici. Pour la première fois depuis la chute des Sept, l'avenir n'est plus tracé. Tu as gagné le droit de choisir la suite de la route. Mais ne tarde pas, car l'Oubli s'avance et Num n'y résistera pas.

Celimbrimbor | 30/12/09 12:40

On a toujours le choix, hein?

Tsssk.

Participez au projet d'anniversaire des 10 ans de Daifen : [Lien HTTP] !!
Venez apporter vos idées pour le scénario du roman écrit spécialement pour l'occasion : [Lien HTTP] !!

Shadee | 31/12/09 15:30

Elle a l'impression d'être dans une immense toile d'araignée où tout ne tient qu'à un fil. Pour le moment, elle est au centre et le gardien lui donne le choix d'une voie. La tristesse du Maître des Songes la submerge, elle goûte à la nouveauté de cette émotion qui fait crépiter la flamme de son âme. Sans savoir comment, elle perçoit la fragile limite qu'il y a entre joie et regret, il a voulu être un bâtisseur, mais son rêve est devenu sinueux et encombré d'aléas. Son songe est devenu un cauchemar le privant d'espoir, soufflant ses souhaits vers les horizons du néant. Shadee s'incline sans décrocher son observation de ce titan qui vient de lui offrir l'image d'une Terre Mère en la nommant fille de Dana. Le tonnerre qui gronde dans la voix du Seigneur fait trembler ses perceptions, sa propre voix ne ressemble qu'à la mélodie d'un ruisseau aux eaux vives qui trace son cours dans une terre aride.

- Noir-feu, Maître des Songes, vous m'offrez un choix entre le rêve et le cauchemar...Je crois que ...

Ses mots se bloquent alors qu'elle fixe de son regard privé d'ombres, les gestes fourbus du Gardien qui semblent encore esquisser des parades combattant le néant qui s'agitent autours d'eux en tentant vainement d'éloigner les pensées, germe de la création. Sa poitrine pleine de braises nourrissant la vie chasse les regrets qui l'assaillent. Les soupires s'envolent dans ce vide, et peu à peu, commencent à perler les gouttes d'eau salée qui gonflent dans leurs flots des torrents de vie. La fille de Dana ne comprend pas ni pourquoi ni comment cette eau sort de ses yeux qui ne se détachent pas de la tristesse insondable de Noir-feu. Ses doigts entravent leurs sillons souples et scintillants pour toucher cette nouveauté. Cette eau salée sur sa peau l'inspire, une étrange bouffée d'air la nourrit, elle parvient à imaginer en repoussant les attaques des ténèbres qui veulent la priver de ce subtil pouvoir. Elle souffle soudain quelque chose de fort, quelques mots d'espoir pour le sortir de cet affreux rêve noir, pour le soustraire à une trame encore horrible et trop lourde. Ses mots tournoient, ils se cognent contre les ternes éclats aiguisés de miroirs, laissant inachevés leur danse, puis ses paroles s'évanouissent dans le néant qui les étouffent. Mais des perles tombées issues de ce chagrin, la vie a construit une autre image de son contraire, prémices d'un équilibre.

Un unique miroir fait d'entrelacs brumeux encadre un reflet où naît le jour dans un miroitement fabuleux, les premiers pas d'un conte merveilleux. Sur la surface d'eau qui est devenu glace, l'image se façonne montrant un rivage sous le ciel bleu d'un été, quelques dodus nuages blancs se gonflent de clarté au-dessus d'un océan scintillant. Des rayons lumineux caresses des vagues de parfums qui projettent des embruns de couleurs. Dans ce reflet, l'horizon semble remplis de promesses légendaires, et le navire aussi blanc que l'écume parée de majestueuses voiles d'or, invite à ce voyage où tous les rêves semblent être à portée de main si on ose s'y aventurer. Il flotte dans l'éther et se cristallise dans un millier d'étincelles, l'objet est caressé de temps à autre par une onde lumineuse et changeante.
Incrédule, elle observe le prodige et se noie dans son reflet de vie, elle se retourne lentement, de nouveau épurée de toutes émotions que lui a volé le néant.

Son geste est lent et doux lorsqu'elle désigne le miroir, elle avance de quelques pas vers le sculptural Gardien. « Ceci est pour vous, Maître des Songes, un morceau intact de rêve dans tous vos fragments de cauchemars »

Les ombres se déchaînent devant cette insolence d'espoir qu'elle vient de lui offrir. Elle en reçoit les coups éthérés, elle ne plie pas, seul les souvenirs de ses songes partent en fumée, ses prémices de créations sont grignotées sans douceur. Ressentant l'urgence, elle offre son choix avant qu'elle ne l'oublie et qu'ils soient détruits par les crocs affûtés des ténèbres :

- Noir-feu, j'aimerais voir une route contraire à celle de Num, remplit de vie. Où les mains servent à façonner le rêve pour qu'ils deviennent une réalité. Où je pourrais vous y croiser ne serait-ce qu'un jour ou un éon, libre de vos entraves ténébreuses.

Lentement, son attention glisse sur ses paumes réunies qui tiennent le vide, elle s'imagine sentir le vent se perdre dans ses cheveux, son regard se noyer dans les cieux, elle croit sentir la vie couler le long de son âme, brûlante et grisante. Elle tend ses mains en coupe vers le Gardien de Num comme pour qu'il puisse y lire les lignes de son destin lui laissant le pouvoir de remplir son âme épurée vers la nouvelle route.

Noir-feu | 01/01/10 20:47

Espoir? Rêve? Entraves? Le Seigneur de la Pétrifiée éclate d'un rire, comme éclate le miroir que vient de lui montrer l'âme si jeune qui espère, qui croit, encore. Tout n'est que cendres, ruines, fins. Mais elle l'ignore encore. Et ce n'est pas lui qui le lui apprendra. Le Gardien opine lentement, gravement. Il lève une main en une direction qui n'a, à dire vrai, aucune importance, aucun sens, ici. Pourtant, une arche d'argent se manifeste, comme prolongement de son geste las. Sous cette arche, se dessine une allée, comme il aurait aimé en parcourir plus souvent. Il puise dans cette bribe de rêve que la jeune femme a créée, en tire quelques arbres majestueux, entre lesquels se trace un chemin de verdure accueillante, fleurs et herbes folles entrelacées pour adoucir le pas de la voyageuse. Sa voix, à nouveau, s'élève, grave, puissante, encore:

-Fille de Dana, voici ta Voie. La Vie te sera montrée, et tes souvenirs rendus, car je n'ai pas souhaité t'anéantir. Chaque feuille qui tombera sera l'un d'eux, joyeux ou tristes, selon ton regard. Vas, modèle les rêves, façonne la réalité, comme tu l'as voulu. Mais souviens-toi: les songes n'ont pas de Maître. S'ils en ont un, ce ne sont plus des songes, mais la réalité.

Le vieil être tourne subitement la tête, vers les ombres les plus impénétrables, semble se tendre quelque peu, puis se rassied, péniblement, prudemment. Il fixe une dernière fois la jeune âme, murmure une sourde mélopée aux accents mélancoliques mais étrangement chantants. Deux larmes de pierre apparaissent devant les yeux de Shadee. L'une est noire comme le jais, l'autre plus transparente que de l'eau de source. Suivant l'angle sous lequel on les examinerait, elles pourraient faire penser à deux écailles de forte taille.

-Tu t'en souviendras. Tu m'avais demandé une chose. C'était une erreur, et j'ai refusé, car deux était le chiffre juste. Maintenant, vas, Fille des Eléments.

Il ferme les yeux. Tout s'efface, autour de la jeune fille, ne reste devant elle qu'une arche d'argent, prélude à une nouvelle vie, peut-être. Le Néant vient de relâcher une proie. Le Gardien soupire. Juste à temps.

Deux trames, encore. Juste deux. Puis...

Le Seigneur d'Obsidienne se relève, contemple ses armes brisées, tend une main décharnée. mais encore impérieuse, puis hurle dans le vide:

-DRENGI DUM! Flamme du Chaos je t'appelle! Viens à moi, que naisse l'aube de la Fin!

La puissante lame forgée par Agra Forge-Acier et lui-même apparaît dans la main tendue, qui se referme dessus avec force. La dernière mesure de la symphonie s'annonce. L'Oubli est face au Néant, enfin.

Celimbrimbor | 02/01/10 05:19

... A plus d'un titre, même.

Participez au projet d'anniversaire des 10 ans de Daifen : [Lien HTTP] !!
Venez apporter vos idées pour le scénario du roman écrit spécialement pour l'occasion : [Lien HTTP] !!

Index des forums > Rôle Play