Forum - Nastasia?

Joachim Hennans | 11/01/10 21:19

« Il est curieux que de toutes les histoires qui constituent l'Histoire que nous compilons, protégeons et faisons -parfois- advenir, la seule qui nous demeure interdite, inconnue, est la nôtre. Ce qui ne laisse pas de m'étonner. J'ai parcouru nos archives les plus anciennes, nos comptes rendus les plus vieux, sans jamais rien trouver sur nos origines ou sur le maître plan qui est censé nous animer tous. En tant que maître archiviste, je suis le dépositaire de la mémoire de mes frères du passé. Pourtant, rien dans tout cela ne m'a appris quoi que ce soit sur nos raisons d'exister ou sur notre fondateur, par exemple. Si je consigne ces choses aujourd'hui seulement dans mon journal c'est que j'en suis venu à exprimer une certaine inquiétude quant à la justesse de nos directions. A un âge avancé, perdant pied avec la réalité à mesure que le temps passe, je ne peux guère me préoccuper de rien sinon de la moralité de notre ordre. Or, ne trouvant pas de directive dans notre passé, ne trouvant pas de justification, je suis à bout de ressource. Autant formuler la question efficacement : dans quelle mesure pouvons-nous faire confiance à l'archiviste supérieur pour nous guider, sachant qu'il n'a pas plus d'indice que moi sur ce que nous devons faire ? »
Arthur Perkins, Journal.

Le vent matinal caressait les courbes de Nastasia de façon sensuelle tandis qu'elle s'éveillait lentement, les yeux encore dans un rêve étrange. Elle s'étira comme un chat, dégageant la tête de la masse de viande morte qui traînait entre ses cuisses d'un mouvement félin et doux. Toujours se débarrasser de ses victimes avant de s'endormir. L'odeur de la chair en train de se putréfier trop vite parce que privé de son sang la rebutait toujours autant. S'extirpant doucement de son lit, Nastasia secoua la tête en repensant aux événements de la nuit passée. Encore un naïf qui pensait la séduire et survivre. Il avait tenu bon trois nuits, ce qui n'était pas si mal, comparé aux autres qu'elle avait épuisé. La jeune femme étouffa un petit rire en y repensant.

La porte de sa chambre s'ouvrit, dévoilant un homme de taille moyenne au regard d'aigle, arborant un air furieux. Il faudra qu'elle l'élimine. L'archiviste dévoyé avait été un excellent outil, mais il avait fait son temps. La jalousie le dévorait, obscurcissait son esprit, son jugement, détournant sa valeur et son intellect sûr vers des sujets triviaux. Notamment les coucheries de sa maîtresse. Ou encore ses plans à très long terme. L'archiviste pensait encore vivre suffisamment longtemps pour en pouvoir faire partie.
« Que me veux-tu Nathan ? Elle avait parlé d'un ton plus sec que voulu.
-J'ai besoin d'une raison pour entrer dans la chambre de celle que j'aime ? Répondit-il d'un ton acerbe.
-Je te tuerais pour cela, tu le sais bien. Il souriait déjà moins.
-Comment ?
-Ah, ça, je verrais selon l'inspiration de l'instant. Qu'il se débrouille avec cela. Coupons court, tu m'énerves déjà. Que me veux-tu ?
-Les rapports d'espionnage de ce mois. Il tira une liasse de papier de sa veste. Je me suis dit que cela t'intéresserait. »

Il jeta les documents sur le sol, non loin de ses pieds, se rendant compte sur l'instant que cela était une erreur. En quelques pas effectués à une vitesse surhumaine, Nastasia se retrouva derrière lui, une main broyant littéralement ses testicules tandis que l'autre se refermait sournoisement sur sa gorge.
« Ne provoque pas la chance, petit homme. »

Elle libéra son étreinte et l'envoya bouler d'une prise efficace en dehors de la pièce. Il devenait lassant et agaçant. Son évolution était des plus désagréables et il pourrait lui venir l'idée de commettre des actions plus éclatantes encore, risque que Nastasia ne voulait pas courir. Elle nota mentalement qu'elle devait séduire et s'enchaîner un nouvel archiviste puis ramassa les rapports gisant sur le sol.

Son père songeait à se trouver une nouvelle épouse, semblaient-ils dire. Elle ferma les yeux un instant. La dernière femme était morte il y avait environ trente ans, ce qui était la période qu'il laissait aux villageois pour s'accoutumer au fait que leur dame était partie et allait être remplacer. Réfléchissant un peu plus, elle observa que cela correspondait presque au passage d'une génération. Le vieux grigou la surprendrait toujours avec ses plans et ses prévisions. Elle avait encore beaucoup à apprendre, même si elle était l'ainée.

Cette seule pensée suffit à Nastasia à se replonger dans des souvenirs qu'elle ne voulait pas évoquer. Elle secoua la tête et se dirigea vers la salle de bain. Le temps suffisait à tout, elle en avait plus que son content pour agir. Les plans de son père ne se contrecarrerait pas facilement.

Lancwen de Sigil | 13/01/10 22:50

une brise noix bien sympathique