Forum - L'apprenti du magicien.
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Celimbrimbor | 11/09/25 14:56
« Et c'est quoi la différence ?
─ Je suis Celimbrimbor Elanden et
─ Ton nom fait trembler le monde, ouais, ouais, ouais. »
Ah, tenez ? Il est là, lui ?
Il y avait quelque chose de fascinant à les suivre dans les rues parce qu'ils agissaient comme personne de l'association n'aurait pensé le faire. Bien loin d'une marche dissimulée et cachée, ils plastronnaient presque, se montrant, chaleureux et aimables avec tous les badauds qui croisaient leur chemin, frappant à certaines portes pour saluer des gens qui ne sortaient pas sous la pluie, ayant une plaisanterie, un bon mot rassurant pour tous, une discussion, serrant paisiblement les mains tendues, discutant quelques secondes, quelques minutes. Aux yeux des gens, ils représentaient l'espoir. Même sous la pluie, malgré la peur, si Lily et Arnaud étaient dans la rue, séduisants et souriants, alors l'espoir était permis quelque part, même un peu. Ce regard, il l'avait parfois vu, vers Balafre, dans la section, très rarement.
Clorinde ne les avait pas choisis par hasard visiblement. Ils inspiraient la confiance au premier regard, ils rassuraient, ils connaissaient. Ils étaient ce que Balafre appelait de ses vœux pour la cité. Il avait fallu qu'ils fussent chez Valdo. Éric soupira doucement. L'ironie était toujours la même, les meilleurs pousses apparaissaient sur les pires terrains et Balafre avait loupé ces trois-là. Ce qu'ils auraient pu accomplir dans sa section. Cela faisait peut-être partie d'une histoire plus vaste, d'un plan mieux réfléchi. Sans doute que non. C'était dommage. Il ne restait qu'à espérer qu'il ne leur arrivât rien de grave et qu'ils pussent continuer leur œuvre.
Ce qui devrait être possible. Un sourire fin vint flotter sur ses lèvres. Malgré tout leur empressement social, malgré tous les arrêts, toutes les discussions, ils ne l'avaient jamais lâché. À aucun moment leur surveillance douce ne s'était relâchée et, même s'il avait déployé tout son talent, il n'aurait pu leur fausser compagnie sans qu'ils ne s'en aperçussent. Non pas qu'il eut envie d'essayer mais le détail l'avait frappé. Comme l'avait frappé la façon qu'ils avaient de toujours, d'une manière ou d'une autre, l'encercler, de ne jamais, finalement, le laisser libre de ses déplacements tout en lui donnant l'impression qu'il pouvait aller où il voulait s'il le voulait. Cela non plus, ce n'était pas banal. Ils étaient dangereux. Lily en aurait remontré à Sandra sans difficulté et Arnaud lui faisait penser à Jonas d'une certaine façon, dans sa manière de parler. Ils étaient dangereux, oui. Restait à évaluer à quel point.
Lily éternua et Arnaud mit poliment un terme à sa conversation. La pluie continuait de tambouriner à leurs casques et si la nuit était encore loin, le temps fraîchissait. Lily opina discrètement. Il valait mieux arriver à l'immeuble avant chien et loup. Arnaud se mit en tête du groupe et elle ferma la marche.
« Elle ne place aucune confiance en toi, tu t'en rends bien compte ?
─ Pardon ?
─ Nous non plus, du reste. Un temps. Ni en ton histoire, d'ailleurs.
─ Et après ? Une pause. Vous allez essayer de m'abattre dans un coin et de faire passer ça sur le compte d'un sicaire de Valdo ?
─ Un rire cristallin, maîtrisé. Bien sûr que non, allons.
─ Sache seulement que si tu prends un instant de trop à choisir ton camp, nous n'hésiterons pas.
─ C'est sympa de prévenir. Rire. Nous verrons, n'est-ce pas ? »
Pas de réponse et la détente n'était sans doute pas la meilleure stratégie à adopter. Et cet enfoiré de Balafre qui ne lui avait jamais appris à lire les gens comme il savait le faire. « Cultive ton jardin, développe tes qualités, cherche pas à courir derrière des trucs que tu sauras jamais faire, ce serait une perte de temps. » Foutu mentor.
Ils le repérèrent tous les trois en même temps, sur un toit à leur droite. Il aurait puni n'importe quel homme de sa section pour une erreur aussi grossière, puis il se rappela que la confiance menait souvent à la négligence, autant en profiter. Arnaud ralentit imperceptiblement le pas, il serait sur son pied d'appel à l'entrée d'Allô, quant à Lily elle s'était rapproché de lui sur les trois derniers pas avec discrétion. Ainsi, ils voulaient savoir s'il choisirait son camp.
Sans y penser, Éric se glissa dans sa marche blanche, transparente et il entendit Lily manquer une respiration quand elle faillit le dépasser sans s'en rendre compte. Si les protocoles de surveillance de Valdo n'avaient pas changé depuis cinq ans, ils seraient quatre à sortir de l'ombre. La sentinelle, de son côté, descendrait du toit sous peu et amènerait avec elle les molosses qu'elle trouverait. En tout, ils devraient faire face à une dizaine d'opposants. Leurs chances étaient plutôt bonnes, sauf si dans le tas se trouvaient des proches de Valdo. Éric pouvait se débarrasser d'un Ajax ou d'un Malory mais pas aux prises avec cinq autres en même temps. Il faudrait que Lily et Arnaud fussent aussi bons qu'ils en donnaient l'impression.
Lily fit le premier mouvement en couvrant d'un bond impressionnant c'était ça, courir ? la distance jusqu'à l'entrée d'Allô et un gargouillis désagréable se fit entendre, suivi d'un choc sourd tandis qu'Arnaud la dépassait en courant pour s'opposer au reste des soudards du chemin. Éric continua sa marche sur les quatre mètres. Elle était partie d'un pas derrière lui, bon sang, c'était
Il tendit la jambe, par réflexe, sur la gauche et la sentinelle se prit le croche-pied. Les gens de Valdo n'avait jamais su regarder correctement, sourit-il en se redressant de sa fente, tournant sur son pied d'appui pour décocher un direct du droit dans la face du premier suiveur de la sentinelle. Il sentit avec satisfaction sa paume écraser un nez, entendit un gémissement prometteur et fit un pas supplémentaire pour faire glisser le coup qui lui était destiné sur son bras gauche et cueillir son adversaire sous le menton, sur la pomme d'Adam et faire résonner le même bruit qu'avait provoqué Lily, un pas encore pour se retrouver sur son bon pied, aller chercher la poignée de son épée une épée, ça, allons et dégainer dans le pivot parce qu'il n'y avait plus personne devant, lancer le pied droit dans la course, un autre pas, pied d'appel, bondir et littéralement planter l'épée dans le dos du quatrième homme qui n'avait pas encore atteint l'entrée du chemin. Éric s'arrêta. La sentinelle retrouvait ses esprits, celui au nez cassé pleurait de douleur. Devant
Devant, la situation finissait de se régler : Arnaud frappait un homme contre un mur pour l'étourdir tandis que Lily attachait les quatre blessés au sol avec des liens qu'elle tirait de sa tunique. Ils avaient eu de la chance, aucun de ces pécores ne savait réellement se battre. Éric ramassa la sentinelle et l'amena avec lui. Lily regarda derrière lui d'un œil critique.
« Ouais, tu te défends. Un temps. Lâche-le là. Et ramène l'autre aussi.
─ Sans le tuer. Un sourire. Dans la Ronde, nous ne tuons pas. Un temps. Sauf quand on attente à notre vie.
─ Vous allez payer, connards ! Toute la section va vous tomber dessus !
─ Ta gueule. Un coup. La section, c'est nous, la Ronde, pas Valdo.
─ Vous croyez ça ? Un crachat répugnant. Vous valez pas mieux que nous !
─ Y a du vrai dans ce que tu dis. Un temps. Y a du vrai.
─ Pose-le là, il va nous aider. Un grognement. Tu vois ton pote au nez cassé ? Bien. Tu nous connais aussi, non ?
─ Ouais ! Vous êtes les deux fils de chienne qui courent derrière Clorinde comme des mouches derrière le cul d'une vache ! Les deux diables de la section !
─ Bien. Un sourire. On va te poser quelques questions, simples. Un temps. On veut des réponses simples.
─ Allez crever !
─ Ils disent tous cela. Un craquement, un hurlement. Il lui reste neuf doigts, deux yeux. Tu comprends ?
─ Connards de merde !
─ Huit doigts. Un temps. As-tu eu pu prévenir quiconque ?
─ Bordel ! Tu crois qu'je vais dégoiser parce que ton pote lui brise les doigts, petite pute ? Réveille-toi, connasse ! Ça marche pas comme ça ! »
Éric se désintéressa de la scène, il avait suffisamment mené d'interrogatoires un peu musclés pour connaître la suite des événements. Il fit un signe à Arnaud qui opina du chef et s'éloigna vers l'entrée du chemin. Ils avaient de la chance : l'averse jouait en leur faveur. Le tonnerre des gouttes sur le sol, les murs et les carreaux dissimulait les cris, le rideau de pluie les cachait des yeux indiscrets. Il reporta le regard vers les toits des immeubles en transportant les corps vers le chemin. Normalement une ronde de Valdo devrait passer sur le toit prendre des nouvelles de la sentinelle mais
Mais il pleuvait, ils étaient en plein territoire intérieur de la section où Valdo régnait en maître presque absolu, et la confiance menait à la négligence. Ils seraient tranquilles un moment, jusqu'à ce qu'on vînt relever la sentinelle. Vue l'heure, ils avaient encore du temps devant eux. Il s'émerveilla qu'on eût pu les assaillir ainsi en plein jour. Certes, l'orage assombrissait tout et il semblait presque faire nuit mais tout de même. Il remarqua seulement alors que la rue était vide. Valdo était là depuis Alderyn, voire avant, disait la légende. Il avait eu le temps de dresser sa section. Éric pesta. Le temps que Balafre n'aurait jamais.
« Personne à signaler. Et on le relèvera pas avant un moment je pense. On est tranquille.
─ Que dalle ! On sait déjà que vous êtes là ! On Un choc sourd.
─ Il nous a indiqué la terrasse de l'immeuble. Une pause. Ça va ?
─ Ouais, j'ai rien. C'était des plantons sans intérêt. Un temps. Vous ?
─ Ça va. Allez. On bouge. »
Lily se releva et prit la tête de la marche. Éric remarqua seulement qu'elle n'avait pas dégainé son épée de toute l'anicroche et se demanda où elle cachait ses couteaux, dagues ou poignards. Quant à Arnaud, il semblait préférer les poings. Ils étaient dangereux, oui. C'était une certitude à présent.
Comme de juste, la porte de l'immeuble était fermée à clef mais la serrure ne posa pas de problème à Éric. Il leur barra cependant l'entrée.
« Gaffe. Valdo est pas un elfe pour rien, on raconte qu'il est un peu sorcier et qu'il protège
─ Ils sont tous aussi crédules que toi, dans l'association ?
─ Comment ?
─ Le département de magie de l'université ne laisse personne exercer en-dehors de son contrôle. Ils ont tout un tas d'instruments pour déceler tout contrevenant. Valdo est pas un sorcier. Juste un albinos.
─ Oh. »
C'était toujours une information de prise. Il s'effaça pour les laisser passer. Ils montèrent les premiers degrés en silence, dépassèrent le premier palier puis le second. La porte de la terrasse était fermée, Lily la poussa et passa à l'extérieur. Le patio était relativement protégé de la pluie par les toits environnants qui le surplombaient mais le sol était quand même trempé, la vieille table en paille tressée se délitait et semblait prête à disparaître sous le poids de toute cette eau. Arnaud soupira.
« Et on est censés chercher quoi, ici ? Un mégot de cigarette manufacturée dans le pot d'un arbuste ?
─ Faut vraiment que t'arrêtes de lire ces romans à la noix, toi.
─ On sait jamais, merde. Un temps. Allez, juste pour rire.
─ Franchement ? Une pause. Bon, pendant qu'il fait l'inventaire de ses pots, on cherche quoi ?
─ J'en sais rien. Une pause menaçante. Non, vraiment, je n'en sais rien, on ignore tout de son rendez-vous, le sujet ou la personne. Un temps. Le mieux, ce serait de trouver des témoins ou quelque chose dans ce genre.
─ T'es sérieux. Un soupir, de belles dents. L'immeuble appartient à Valdo, tu peux être sûr que personne n'a rien vu, ne dira rien et nous dénoncera en prime.
─ Lily ?
─ Ouais ?
─ Si je te dis qu'il y a effectivement un mégot de cigarette manufacturée dans un cendrier, tu acceptes mon invitation à dîner, ou pas ?
─ Tu plaisantes ?
─ Pour un dîner avec toi ? Rire. Jamais.
─ Ils fument ?
─ Valdo ne touche à rien, Ajax et Malory non plus, à ma connaissance. »
Ils se pressèrent autour d'Arnaud qui, dans la pénombre entre deux doigts tenaient triomphalement le ridicule petit mégot de cigarette. Lily secoua la tête et Éric peinait à ne pas rire.
« Même. On ne sait pas qui a fumé ce mégot. Il
─ On va voir alors.
─ Pardon ? »
Il n'avait même pas attendu de réponse et était retourné dans la cage d'escalier qui débordait d'eau à présent. Ils avaient perdu trop de temps et un guetteur, un badaud mal intentionné, n'importe qui aurait pu rameuter un reste de la clique de Valdo. Éric défonça une porte d'un violent coup de pied. Il ne se serait jamais permis cela avec Balafre mais il n'était pas là et, après tout, ici, il n'était pas le bras droit du plus grand chef de section depuis Alderyn, il était Louis, simple rondard. Il souriait en attrapant le pauvre homme caché derrière un paravent miteux.
« Ma question va être très simple Un moment terrifié : quand est-ce que Valdo est venu pour la dernière fois ?
─ Je
─ Un coup dans le mur, qui trembla. Quand ?
─ Y a trois nuits ! Y a trois nuits ! J'vous jure !
─ Avec qui ?
─ J'en sais rien, j'e Le mur de plâtre encore tremblant Ses deux grands machins et un troisième type !
─ Et ?
─ Et c'est tout ! Une lueur panique dans le regard. Laissez mon mur en paix ! Il avait un manteau vert, c'est tout ! Je sais rien d'plus ! »
Il lâcha l'épave et sortit retrouver les deux autres.
« Voilà. Un temps. Maintenant on sait.
─ C'était pas
─ C'était rapide et sans douleur. Et me faites pas croire que ça contrevient à des principes. On peut largement briser une ou deux portes après avoir brisé des doigts.
─ Mouais.
─ On est pressé. On a l'information. On bouge ?
─ Il a raison, Arnaud aussi mal que cela me fasse. On se tire. »
Ils refermèrent la porte du patio et descendirent les escaliers aussi sereins qu'ils les avaient montés, à ceci près que Lily tenait une dague courte à grande garde en main gauche et une longue lame en main droite et qu'Arnaud avait dégainé son épée. Éric haussa les épaules. La rondarde ouvrit le ventail et sortit dans l'obscurité, suivie de près par Éric puis Arnaud. Ils déchantèrent.
« On va la jouer courte les débiles. Mourez. »
Malory n'avait pas fini sa phrase que la dizaine d'hommes de main se jeta en avant. Éric les imita immédiatement. S'il faisait tomber le bras gauche, les autres se calmeraient. Il fut arrêté dans sa course par trois hommes mais deux ombres le dépassèrent. Lily expédia deux soudards dans un seul mouvement tandis qu'Arnaud culbutait Malory de l'épaule.
Malory était un colosse, habile et brutal. Il dominait Arnaud d'une bonne tête et ne broncha pas sous la percussion, reculant à peine d'un demi-mètre sur le pavé mouillé. D'un coup précis, il désarma le rondard et chercha à lui porter une gauche dans le foie qui plia l'homme de la ronde en deux. Le géant sourit en prenant son temps pour donner une baffe sur la nuque offerte. Il frappa fort et durement et Éric un instant imagina Arnaud tomber. À la place, il vit le regard du rondard se durcir davantage. Malory était un colosse. Arnaud était la revanche d'une suite trop longue de rondards tombés. Il serra les dents, ne laissa pas échapper un son, accepta les coups de boutoir répétés pour retrouver son assise correcte perdue dans le choc initial parce que c'était ça qui primait d'abord pour porter un coup efficace, l'ancrage dans le sol la force venait du sol alors minutieusement doucement il remit ses pieds en place et il se mit en garde ensuite endurant encore les coups de cet enfant de putain vérolé parce qu'il fallait partir correctement pour pouvoir porter une frappe efficace et d'à travers sa garde il examina enfin son adversaire pour trouver et voilà là ça y était le menton était offert comme tous les grands enfoirés de crétins de tout ce putain d'univers le menton était offert alors il se ramassa un tout petit peu et
Éric ne vit pas le coup qui abattit Malory, il se débarrassait de son dernier adversaire pour aller porter secours à Arnaud qui n'allait pas endurer beaucoup plus longtemps le barrage de force de son vis-à-vis. Il esquiva un assaut et, quand il releva les yeux du cadavre, Malory était au sol et Arnaud lui décochait un violent coup de talon sur le crâne.
Toute la ruelle, malgré la pluie, entendit un bruit mat. Lily dépassa ses adversaires stupéfaits pour rejoindre Arnaud avant un second, Éric en fit de même, allant à reculons, menaçant les soudards. L'espace d'un moment suspendu, personne ne bougea. Les hommes de Valdo n'hésitaient pas vraiment. Et puis Arnaud se retourna vers eux :
« Messieurs : nous allons la jouer courte, nous aussi. Ahaner. Nous vous arrêtons tous les six pour assaut sur agents de la ronde dans l'exercice de leurs fonctions. »
Lily fit un pas en avant, Éric aussi, les bandits reculèrent. Il fallait leur donner une sortie honorable. Éric tourna les yeux vers Lily qui secoua la tête, pas pour eux. Elle eut son sourire terrible, se pencha un peu et souffla dans le sifflet réglementaire accroché à son épaule. Une fois, deux longues encore et une dernière fois. Éric avança encore d'un pas vers leurs opposants. Et puis un nouveau sifflet retentit, derrière, à droite, puis un autre et un troisième encore et un nouveau. La Ronde arrivait.
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