Forum - [La quête des légendes, Special Reissue Edition 9/21] La mer 4/4 : Le fond.

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Celimbrimbor | 03/11/19 19:36

C'est un fier navire, c'est comme qu'il faut dire, je crois, un beau bateau. La fin du voyage approche et c'est tant mieux. Le capitaine ne me supporte plus comme l'équipage ne tolère plus ce splendide vent arrière qui nous a poussé dès la sortie du port de Fère Vive. La superstition les tient de plus en plus et il ne faudrait pas long pour que les effleure l'idée de me passer par les armes. Il est heureux que le capitaine les mène avec une belle discipline. Ils en auraient été quittes pour une sacrée surprise. Peut-être aurais-je dû lâcher un grain ou deux de plus, pour mieux donner le change. Bah. Je suis pressé et ils s'en remettront. Nous ne sommes plus bien loin, du reste.
J'entends la pulsation lente, sourde, chaque battement étroitement plus clair que le précédent. La boussole du navire donne droit dessus. Il faudra arrêter avant qu'elle ne s'enfonce dans le bois du bastingage. Ils ne toléreraient pas pareille sorcellerie. Déjà que ma présence sur le pont les rend fous. Leurs regards le transperceraient si j'étais plus jeune, me pousseraient à dégainer l'épée pour leur faire rengorger leur bêtise.
Savent-ils qu'ils me doivent leur salut ? Leur capitaine le soupçonne et l'accepte difficilement. Comme il accepte difficilement mes cartes. Trop longues par rapport aux siennes. Personne n'est jamais allé jusque-là. Ou revenu pour le dire, en tout cas. Ils créeront un précédent, je m'en assurerai quand j'aurai réussi ce que j'ai à faire. Et si j'échoue, eh bien, eux aussi, je suppose.
« Attention aux monstres géants. » Il n'y croit pas. Bienheureux pour lui. Ils ne sont pas passés loin, pourtant, et j'ai presque eu du mal à les chasser. Quant à ce qui demeure au fond, tout au fond. Il y a quelque chose de fascinant à confronter les cartes et reconstruire une géographie à partir d'elles, à découvrir que toutes les civilisations maritimes ont laissé un seul et unique point aveugle, précis, toujours le même. Certains se terrent entre nuit et jour, d'autres attendent, la fin ou le début. Peut-être prendrai-je le temps de leur demander.
Les jours se succèdent aux nuits et les étoiles tournent au-dessus de nos têtes. Ce serait curieux, tout de même, que Séli seule fût pourvue de ces quatre formes primordiales. Après tout les observations rapportent l'existence d'autres corps célestes plus ou moins semblables à celui-ci. Pourquoi aurait-il été le seul gracié par les quatre éléments originels ? Et si d'autres, alors que celui-ci posséderait de particulier ? La vérité était peut-être simple : rien. Alors, ils auraient raison et ma quête serait vouée à l'échec. Pourtant. Même là, non. Il suffirait, une fois ces quatre-là arrachés, d'aller chercher les autres, ailleurs. Comme pour celui-ci et comme pour celui d'avant et ceux d'après, le comment ne serait qu'une affaire de leviers et de poulies, d'énergie nécessaire et suffisante. Non, quoi qu'il advienne, je n'échouerai pas. Cela ne serait, tout au plus, qu'un léger retard. Un imprévu, un impondérable. Il y en a eu d'autres, ils ne m'ont pas arrêté, ils ne m'arrêteront pas. Opiniâtre, toujours, pas vrai, Dublis ?
La pulsation résonne clairement et je crois que les humains la ressentent aussi. Bien. Il est temps. Je fais signe au capitaine.
« Capitaine Leary, donnez l'ordre de jetez l'ancre, s'il vous plaît.
─ Dans l'eau, en fait ? Un sourire narquois l'envie subite d'arrêter le navire, là, sur le champ. Affalez les voiles, Monsieur Roger. Et déployez l'ancre flottante. »
C'est comme ça qu'il faut dire, alors ? Je le note et m'éloigne un peu du point pour ne pas gêner la manœuvre. J'en profite pour aller fouiller quelque part et ramener un boulet de canon. J'aurais besoin de poids, tout à l'heure. Qu'ils sont longs. J'aurais dû stopper le navire moi-même. Cela aurait été plus rapide. Plus meurtrier aussi, sans doute. S'il est vrai que les marins ne savent pas nager, alors au moins cinq, mettons six, se seraient noyés. Les autres lancés à l'eau auraient été rattrapés d'une manière ou d'une autre. En réalité, la véritable question porterait sur ceux dans le corps du navire. Nous allions assez vite pour qu'ils heurtassent les cloisons dangereusement. Une pointe de regret, maintenant que je me suis posé le problème et que je n'ai pas de solution satisfaisante. Je retourne près du capitaine.
« Alors, l'elfe ? Jamais mon nom, cela doit l'embêter. Sommes-nous arrivés ?
─ Oui, ou presque, Capitaine. Un sourire, peut-être trop fin pour être vu. L'écart, s'il existe, est négligeable. Cela m'ira.
─ Et maintenant ? »
Ah. Nous y voilà. Deux semaines de voyage vers l'inconnu pour mouiller pile nulle part, après avoir navigué sous un vent magique. Avoir transporté un sorcier qui avait presque tenu le mauvais temps à l'écart et vraisemblablement brûlé une ville garnison pour finir au milieu de rien. La vérité est souvent le meilleur mensonge. Sur le tonneau à droite, je prends le bol de thé qui m'a accompagné pendant le trajet. Un sorcier ? Mettons.
« À présent, Capitaine, vous ne bougez plus. D'un geste, lancer le bol dans l'eau, à une vingtaine de mètres, plus ou moins. Et vous ne perdez surtout pas ceci de vue.
─ Vraiment. Un bol. Dans les vagues ?
─ Pas que le bol. Pour la forme, claquer des doigts et, hop, un pilier de lumière s'étirant vers le ciel. Le signal. Vous ne vous en éloignez pas, vous ne le quittez pas des yeux.
─ Sinon ?
─ Eh bien.... Vous iriez au-devant d'ennuis sévères. »
Et c'est une vérité. Si je venais à remonter sans les voir à portée du signal, je pense que je passerai mon échec sur eux d'assez plaisante manière. Ceci seulement si, sortis du rayon d'action du sort qui les protège, ils survivaient miraculeusement aux périls que je leurs ai évités pendant la traversée. Le capitaine me regarde, vraiment, pour la deuxième fois depuis notre rencontre. Et il fait de nouveau le bon choix.
« Bien. Combien de temps ?
─ Vous avez vingt jours de vivres dans les réserves. Un sourire à son étonnement. Si, si, vingt jours. Vous m'attendrez donc cinq jours au plus, et vous rentrerez. Ou jusqu'à ce que le signal s'éteigne.
─ S'il s'éteint ?
─ Vous filez, Capitaine. Cela signifiera que je serai mort. »
Et vos dieux aient merci de vos destins dans ce cas. Enfin, ce n'est pas entièrement vrai. On pourrait aussi me circonvenir suffisamment pour couper le lien entre le bol et moi. La mort suivrait sans doute, cela dit, dans un délai variable, je suppose.
« Cinq jours, l'elfe. Pas un de plus.
─ Pas un de moins, surtout. De nouveau, sourire. Et puis, savez-vous, Capitaine, si ce que je pense est exact, il faudra bien moins que cela. »
Et si je me trompe, vous et les autres ne serez sans doute pas là pour vous en apercevoir longtemps, inutile de vous inquiéter plus avant. Allez. Il est temps. Inutile de tergiverser davantage. J'ôte ma chemise, trop ample, à la mode de ce temps, et mon pantalon, trop bouffant, les plie soigneusement et les dépose sur le tonneau qui accueillait mon bol.
« Il est évident que je les retrouverai là à mon retour, n'est-ce pas ?
─ Attendez, vous n'êtes pas sérieux, vous n'allez pas
─ Et si. Où vouliez-vous que j'allasse ? Ramasser le boulet qui traîne à mes pieds, grimacer sous le poids, pour la forme. Imaginiez-vous un rendez-vous avec quelque forban ? Allons. Un temps. À plus tard. »
L'eau n'est pas froide. Pas trop. Je consacre une partie de mon esprit à m'assurer que je n'aurais pas froid au fur et à mesure de ma descente, ainsi qu'un peu d'énergie. La pulsation vient de là-bas, mon lien au signal est bon, je sais où est le haut, c'est déjà pas mal. Les récits des plongeurs montrent bien que la confusion haut bas peut être fatale. Comme le manque d'air, mais je m'en suis déjà chargé. Un peu de magie et le tour est joué. Sans même avoir besoin de maintenir le sort, juste faire attention à le réactiver de temps en temps. Bon. Je suis à quatre mètres de profondeur, à la verticale de mon objectif, avec suffisamment d'énergie pour descendre deux fois jusqu'au centre du monde. J'espère que cela suffira et qu'ils ne tricheront pas trop avec les dimensions comme leurs cousins dragons. Enfin. Cela fait partie du jeu.
Par prudence, à part pour la chaleur, j'ai décidé de limiter au mieux l'usage de la magie. Il ne faudrait pas que j'arrivasse épuisé et dépourvu de moyens de défense. Et il faut penser au retour aussi. Le poids du boulet suffira à me faire couler et la vitesse devrait être bonne. Un dernier regard vers la surface. Allez. Il n'y a plus qu'à.
Je cesse de barboter entre deux eaux et, comme prévu, le poids suffit à lancer la plongée. Je laisse faire. Tant que la lumière passe la muraille d'eau, il n'y aura aucun problème. C'est pour plus tard que je m'inquiète. Quand j'aurais atteint le sommet des profondeurs obscures et que les choses deviendront confuses. Les récits sur ce qui s'y cache n'ont rien d'engageant. Non plus que les cadavres échoués sur les rivages ici ou là. Tout cela en vaut la chandelle. Et puis la descente me laissera le temps de réfléchir un peu plus à ce que je dirais aux êtres qui m'attendent sans doute déjà.
Il fait de plus en plus sombre et je touche le fond. Trois cent mètres. Ce fut rapide. Alors, lumière, ou pas ? Arme, ou pas ? La crevasse s'enfonce un ou deux pas devant moi. Envoyer une annonce ? Sonder ? Je tergiverse : j'ai peur. Bien. Alors nous irons sans arme et sans lumière. Concentrons-nous un peu.
Je n'avais pas prévu la pression. Bel idiot. Mage suprême, bien sûr. Pas même foutu de se souvenir que plus on plonge, plus l'eau pèse. Ce sera tenable avec un petit ajustement permanent mais cela va me coûter de plus en plus. Un demi descente d'énergie en moins cela mes calculs les plus optimistes. Évidemment, rien n'est jamais si facile. Sans doute une descente complète, même, vue la raison de l'augmentation. Et la vie marine commence à s'agiter un peu partout. Avec un peu de logique, ce devrait être, au pire, de grosses choses molles, de plus en plus molles à mesure que je descends. Mais les poissons ont des dents. Bouffé par un gros thon tout mou, voilà un destin qui serait cocasse.
Non, cela ira. Il suffira juste de faire attention et de dégager la bonne quantité d'énergie aux bons endroits, si le poisson se plaît à mordre. Ce pourrait même être un bon défi d'habileté, pas vrai Dublis ?
Je n'y vois plus rien, la sonde me dit que je suis à plus de mille mètres de profondeur. La pulsation résonne encore mais aucun signe qui montrerait que j'ai avancé ne serait-ce qu'un peu. Cela va être long. Dormir ?
Idée stupide et complaisante. Voyons. Passer le temps. Compter jusqu'à la fin ? Peut-être qu'un mastodonte des eaux aura la politesse de venir me divertir. Eh, pourquoi pas ? un peu de sport ! Je pourrais laisser le boulet, flotter là, deux kilomètres sous l'océan, et régler leur compte à un poisson ou deux, pour la forme. En guise d'échauffement, de mise en garde pour ceux d'en bas. Quel handicap serait le plus approprié pour équilibrer les choses et laisser une chance à ces pauvres morues ? Une main dans le dos ? Pas de magie ?
Je délire. Ou pas, d'ailleurs. Ce serait une vraie bonne idée. Détendre les membres, se dérouiller un peu avant le combat de l'année ? Tout du moins le plus important jusqu'au suivant. Ouais. Trois kilomètres en gros, ça ira. Laisser le boulet flotter à hauteur, pour une dépense faible, histoire de rester ferme pour occire le premier poulpe géant qui passera à portée. Quelque chose ne va pas mais je me sens tellement en forme !
Pourquoi attendre ? C'est vrai, ça. C'était un plan complètement crétin. Suivre un fichu boulet sur des kilomètres et des kilomètres de descente. J'ai autre chose à faire que laisser la gravité le disputer à la résistance de la flotte. Allez, hop, hop, on se presse. Et puis pourquoi fait-il tout noir d'abord ? J'aurais dû écarter l'eau et sauter. Ç'aurait été autrement plus simple. Le monde s'incline devant moi. Ça suffit.
Je libère une partie de l'énergie que j'avais mis de côté et je file tout droit, en piquet. Ma sonde s'éloigne trop vite et elle me raconte n'importe quoi, avec des sauts de moins dix kilomètres à moins trois toutes les minutes. Il faudrait peut-être que je m'en coupe ? Le but ne peut pas être si loin de toute façon. J'y verrai mieux avec un peu de lumière, malgré la vitesse. J'allume et tout défile et j'éclaire des profondeurs qui n'ont jamais rien connu de tel depuis jamais ! Tenez, les océans ! Envoyez-moi vos monstres ! Je leur apprendrai à craindre ma rage, eux aussi ! Qu'ils y viennent ! Me gorger de leur sang m'aidera peut-être à dissiper le mal de tête qui me prend depuis tout à l'heure. Et quoi ? J'aurais dû toucher le centre du monde ? Et bien mes calculs étaient faux, voilà tout. Et je n'ai pas envie de les refaire à présent. Ou alors est-ce ma sonde, là-haut, qui a perdu pied ? Eh, c'est amusant ça, « perdre pied », pour quelque chose qui flotte.
Je crois que c'est la dépression que je libère à force de vitesse de plongée qui effraie les bêbêtes qui pourraient rôder dans le coin. Tant mieux pour elles. Elles vivent un jour de plus. J'ai la tête qui éclate. La pression. Sans doute, mais j'avais prévu.
Il faut que je m'arrête et je n'aurais pas cru qu'il serait si difficile de vomir sous l'eau. Que se passe-t-il ? Quelque chose cloche. Je suis descendu trop vite. Où est mon boulet ? Et ma tête, nom de. Qui a allumé la lumière ? Je
Du calme, toujours. Évaluer. Le mal de tête d'abord. Qu'est-ce qui poserait problème ? Je n'ai pas pris de psychotrope, pas bu, pas changé de régime alimentaire, rien ne m'a touché pendant la descente. C'est interne. Le sang. Mon sang. Il ne charrie pas assez d'air. Il n'en charrie pas, d'ailleurs, mais j'avais. Je repense à ma sonde et elle m'indique que deux jours et demi se sont écoulés. C'est ça. Ils m'ont eu au temps et mon sort s'est délité. Impossible de le relancer, celui-ci. Je suis certain d'avoir prévu quelque chose pour ce genre d'urgence mais avec mon mal de tête c'est
La goulée d'air que je prends ne suffit pas à m'éclaircir les idées et je reste là un long moment, à respirer, simplement respirer, avant de pouvoir reprendre pied. Brillante idée. Extraire l'air de l'eau. Brillante putain d'idée. Maintenant, je ne suis même plus sûr de pouvoir remonter. J'ai bien fait de noter un emplacement sur le bateau. Les idées plus claires. Je leur tire mon chapeau. Ils ont réussi à me faire parcourir une boucle, sans doute dans le noir, quelque temps après que j'ai sauté de la falaise sous-marine. Bien joué. J'y serais resté si les réflexes de survie n'étaient pas intervenus. Bon.
Je suis à neuf kilomètres de profondeurs et j'ai gaspillé la majeure partie de mes réserver à foncer en boucle et dans une bulle osmotique ridicule, outrageusement difficile à maintenir et qui m'empêche de mourir. Bien. Une belle situation. On a connu pire, pas vrai ?
La question à présent : où m'ont-ils joué ? Je recommence à couler, attentif. S'ils m'ont tenu dans une boucle, il suffit de la repérer et de la détruire. Peut-être pas la détruire, quand même. C'était un beau coup. J'ai eu de la chance. La partie aurait pu se finir tout autrement.
Là. Environ dix kilomètres. Ma sonde ne plaisantait pas. Brillant. Je les applaudirai tout à l'heure. Je passe outre la boucle, un jeu d'enfant maintenant que je la vois, et repère la faille dans l'eau. Ils se cachent, sans se cacher. Bravo, aussi, pour ça. Onze kilomètres et du sol de nouveau, mais pas pour long. Une nouvelle falaise, impossiblement profonde. C'est superbe. Un espace si vaste, si impossible qu'il ne devrait pas exister. Et ils sont là.
« C'est folie, elfe. »
Encore cet argument ? Mais c'est folie de vivre ! Cessez vos enfantillages !
« Vous êtes le seul à jouer. »
Ouais, dites ça à vos magnifiques tours de passe-passe qui ont bien failli m'avoir.
« Vous avez tué pour arriver jusqu'ici. Comme vous avez tué pour atteindre les dragons. Votre chemin est un chemin vers la mort. »
Pour créer la vie !
« Vous n'y arriverez pas. Vous n'arriverez à rien. »
J'en serai seul juge.
« D'autres que vous ont essayé, d'autres manières, et ils ont tous échoué. »
Ils n'étaient pas moi.
« Votre folie est sans espoir et nous nous délecterons de votre chute. Ce sera votre châtiment et, quand le temps sera échu, vous vous souviendrez de nous, de nos avertissements. »
Je n'échouerai pas. Je n'échoue jamais. Il suffit juste
« Il suffit. Voici ce que vous êtes venu chercher. Disparaissez. »
Une petite sphère, de la taille d'une orange, vient flotter devant moi. Je lève les yeux vers les choses pour les remercier mais je ne suis déjà plus là. Ils ont voulu me montrer qui tenait les rênes. C'est sans importance, qu'ils s'amusent pour l'instant. J'ai ce que je voulais et ils m'ont épargné le trajet de retour. J'attire doucement le globe à moi et le tient dans la main, précautionneusement. Je prends une large goulée d'air et dissipe mon enchantement, tandis que quelques battements de jambes suffisent à me faire regagner la surface.
Le navire est toujours là. Les matelots me hissent sans question, sans effort.
Deux. Plus que deux. Il est temps de rentrer.

Celimbrimbor | 03/11/19 19:36

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