Forum - Pendel Haven
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Dame Auklèce | 03/02/08 15:37
Prologue: [Lien HTTP]
1- Tempêtes Intérieures: [Lien HTTP]
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Quelqu'un disait :" Le plus terrible secret de ce monde serait qu'il n'y ait aucun secret."
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Le ciel est clair, le soleil est pâle comme épuisé par la tempête qui a agité la terre qu'il contemple du haut de son zénith. Cette journée hivernale va sans doute se dérouler de la même façon pour Auklèce. Elle va encore profiter de la dure compagnie d'Inna qui va la soumettre à divers exercices mentaux et physiques. Même si la difficulté est grande et éprouvante et qu'elle déteste cette femme, Auklèce s'étonne elle-même de pouvoir manier si bien l'épée, jamais elle n'aurait pensé pouvoir se battre ainsi. Mais sa plus grande satisfaction et sa plus grande peur résident toujours dans son don de polymorphie. Plus les journées passent, plus elle se sent grisée par cette magnifique source de pouvoir qu'elle ressent vibrer en elle quand sa parure de tête prend place sur sa chevelure.
Depuis le 26 jour de l'Hivernium, date de sa première initiation, Auklèce n'a jamais revu ni le Sire Ladislas ni la créature ailée au nom d'Eliel. Les seuls visages qui lui sont familiers restent ceux de Jean Le Majordome, de Louise et Rose les deux femmes de chambre et surtout celle d'Inna l'Ajah.
Le bain de chaleur se prolonge encore et encore, l'air sec et chaud du sauna enrobe le corps d'Auklèce marqué par les cicatrices de ses anciennes tortures et les nouvelles ecchymoses que lui inflige l'Ajah. Toutes ses toxines s'éliminent avec la sueur qui coule le long de sa peau. Le temps de sudation est largement dépassé, rien n'est une partie de plaisir, on joint toujours l'utile au désagréable dans cette Forteresse, le dépassement de soi flirte toujours avec l'extrême. D'ailleurs cette pièce de sudation ne laisse pas assez de place pour se prélasser et se détendre, l'endroit exigu est conçu pour qu'une personne se tienne debout sur un mince rondin de bois. A elle de rester en équilibre et de maintenir sa concentration en oubliant les éléments extérieur jouant sur le physique afin d'éviter de se brûler contre les parois en bois.
La porte s'ouvre brusquement, de l'eau glacée l'asperge, elle siffle sous le choc thermique tout en se transformant en vapeur. Sa respiration se bloque, son coeur s'accélère, Auklèce descend doucement du rondin pour affronter avec prudence le sol qui tangue et dévisage Inna qui vient de signer comme à chaque fois la fin de la séance. Elle lui tend une serviette :
-Sèche toi, et prépare toi, nous partons en voyage avec le Sire.
- Où allons nous ?
- Tu poses trop de questions, contente toi de vivre ce qu'on te permet. Sans nous tu serais encore en train de pourrir dans ton cachot ou dix pieds sous terre, tu nous es redevable, et le Lord compte bien que tu lui rembourses cette dette quand le jour sera venu.
Elle la détaille de la tête au pied dans sa nudité avec un sourire narquois et froid :
- Mais il va falloir encore un peu de travail avant de faire de toi son Initié.
Auklèce se mord la joue afin de retenir des mots qui lui auraient valu un châtiment physique de plus. Elle se contente juste de la regarder sortir des salles de sudation aussi droite que sa propre justice perverse. Elle se presse d'enfiler sa chemise et son pantalon d'entraînement pour rejoindre ses appartements toujours sous escorte.
Rose et Louise s'activent dans sa chambre, elles lui préparent des effets qui remplissent une petite malle. La plus ronde lui tend des vêtements propres qui lui paraissent magnifiquement propres et soignés. Un pantalon bouffant et un bliaud sur lequel un petit emblème est brodé, une épée et une rose se croisent au niveau du coeur d'Auklèce.
-Très bien, Ma Dame vous êtes fin prête à monter à cheval comme un homme. N'oubliez de mettre votre parure de tête, le Sire le désire.
Rose lui tend le bijou tout en semblant satisfaite de sa tenue, elle ferme la malle tandis que Louise pousse Auklèce vers la sortie :
- Pressez vous un peu, ils sont tous dans la cour.
- Pourquoi dois-je la porter, je ne vais pas m'entraîner... Où allons nous ? Et pour combien de temps ?
- Vous ne le savez pas ! Mais à Pendel Haven pardi ! C'est à 10 lunes de marches et gardez votre bijou, si le Sire le veut, il ne vaut mieux pas le contrarier.
- Pendel Haven ?
Les deux femmes de chambre la quittent aussi énergiquement sans répondre à sa question. Deux commis portent sa malle en dehors de sa chambre et disparaissent avec. Il aurait été étonnant qu'elle se retrouve seule dans les couloirs de la demeure du Sire, Jean le Majordome la détaille avec snobisme avant de la conduire vers l'entrée principale puis de se retirer avec une formule de politesse.
Le brouhaha du départ résonne dans la cour, les bruits des sabots des chevaux se mélangent avec les voix des hommes. Elle s'avance vers cette troupe qu'elle doit rejoindre sans vraiment savoir vers qui elle doit aller. Auklèce se rend compte de ce sentiment étrange, celui d'être seule face à ses propres choix même si cet instant est minime, cela lui donne le désir de conquérir en peu plus de cette liberté qui lui a été si souvent enlevée depuis.
Le spectacle l'émerveille, elle se risque à faire quelque pas, seule, à observer toute cette vie alors qu'elle était si isolée, elle ne savait pas que tant de monde fourmillait dans ce lieu. Les chevaux sont parfaitement alignés et leurs cavaliers discutent entres eux sans prendre garde à sa présence. Les échanges sont animés et apparemment ce départ vers Pendel Haven est un véritable événement qui suscite beaucoup d'excitation.
Auklèce se sent observée, sa nuque lui picote, elle passe instinctivement sa main dessus et se retourne vers la source de cette gêne. A l'autre bout de la cour, elle remarque Eliel qui la fixe étrangement avant de lui désigner autre chose du regard. Auklèce en reste pétrifiée, elle voudrait tant lui parler mais son mentor le garde précieusement avec cette chaîne étrange enroulée autour de son cou tout comme la vingtaine d'autres qui subissent cette même soumission. Elle voit dans les rangs, des elfes, des nains, des humains, des orcs, des centaures et toutes autres créatures aux formes surréalistes mais si évoluées dans leur expression résignée à leur condition d'esclave. A côté de chacun d'entres eux, un mentor tient cette même chaîne noire, ils se ressemblent tous avec leur mâchoire carrée et crispée, et ce regard froid et insensible, elle remarque qu'il y a aussi des femmes dans le lot qui semblent toutes aussi chaleureuses qu'un bloc de glace.
-Auklèce !
La voix sèche d'Inna claque comme un fouet, elle sursaute et se retourne brusquement comme si elle avait surprise en faute.
-Ca te donne envie n'est-ce pas ?
Le rire glacé d'Inna dessine un sentiment de plaisir qui illumine ses prunelles de façon malveillante. Auklèce sait qu'il ne vaut mieux pas répondre à ses provocations, elle la suit en silence en veillant de ne plus observer la troupe dans laquelle se trouve Eliel.
Un palefrenier attend l'arrivée des deux femmes, Inna prend sa monture aux couleurs cuivrés tandis qu'elle demande à Auklèce de monter sur le cheval gris restant. Un sarcasme fuse encore de la guerrière mais bien vite étouffé par le silence d'Auklèce qui retrouve les gestes d'une cavalière prête à partir. Elle se souvient des courses qu'elles faisaient avec ses soeurs et son frère quand elle était encore chez elle. Ce souvenir des temps anciens, de ceux qu'elle a perdu la submerge, elle le repousse et déloge en déglutissant la boule d'émotion qui s'est logée pernicieusement dans sa gorge. Son attention est attirée par le Sire Ladislas qui prend la tête du cortège avec un autre homme habillé tout en noir...Avec cet homme qui a détruit son existence, avec celui qui l'a enlevé et bouleversé sa vie. Auklèce interpelle Inna brusquement :
-Qui est-ce ? Que fait-il ici ? Pourquoi ne montre-il pas son visage ?
Le Sire donne le départ et la troupe se met en branle comme le calme d'Auklèce. La colère l'irradie, elle ressent son pouvoir qui l'attire et l'envie de se laisser submerger par sa puissance, elle pourrait changer de forme et lacérer toutes ses gorges, elle sait mieux se maîtriser maintenant cela pourrait lui être facile. La vérité se découvre un peu, c'est à eux qu'elle doit toutes ses souffrances ! Mais Inna sent la chose venir, elle remonte sa manche et découvre cette chaîne noire enroulée autour de son poignet, elle semble prête à prendre la direction du cou de son élève
- Ne tente rien Auklèce...En route !
Lord Onance | 03/02/08 16:17
Vivement que tu arrives là bas, avant que toute la caravanne passe par le fil de ton épée.
Dame Auklèce | 04/02/08 20:45
T'inquiète! J'hésite encore à en faire des brochettes!
Merci pour ta lecture 
Xüne Syphonn | 04/02/08 21:37
je n'ai pas encore lu mais je ferais. En attendant j'ai supprimé le doublon de post.
Dame Auklèce | 04/02/08 21:47
Merci! Je me demandais quand est-ce qu'une bonne âme aurait pitié de moi pour effacer les effets de l'âge et de la tremblotte 
Rek'Laken Furiosodemonis | 06/02/08 18:24
Joli texte. J'y retrouve des soupçons de Marion Zimmer Bradley, si tu connais ?
Par contre, je me dois de contredire ton sage... Le plus terrible secret de Daifen c'est qu'il n'y a aucun secret.
Reky
Edité par Rek'Laken Furiosodemonis le 06/02/08 à 18:29
Dame Auklèce | 06/02/08 20:15
Quel compliment! Merci beaucoup! 
Elle m'a fait rêver dans ma jeunesse avec ses "Dames du Lac" 
Dame Auklèce | 17/02/08 20:59
Les paysages défilent en avalant les lieues et en tuant les heures qui s'écoulent au rythme des montures foulant en cet instant l'humus et les feuilles mortes qui parsèment le sol d'un sous bois. Des lances de lumière percent le feuillage et touchent les cavaliers qui voyagent sous une belle journée. Cela fait maintenant une semaine que le Sire Ladislas mène cette troupe à travers les contrées sauvages, Auklèce remarque qu'il prend soin de contourner les villes fortifiées.
C'est sous un ciel orangé et à la luminosité déjà sombre que les sous bois s'apprêtent à recueillir sa vie nocturne. Chacun s'affère à préparer son campement, une tente colorée est dressée dans laquelle tout le confort prend place à l'intérieur, le Sire Ladislas y pénètre en compagnie de l'Homme en Noir. Tous les soirs, c'est la même chose, leur conversation dure le temps du dîner, parfois s'étire un peu plus avant que ce dernier ne quitte la tente pour s'enfoncer dans les ténèbres de la nuit. Il échappe toujours aux lueurs tamisées des feux qui réchauffent les voyageurs, Auklèce pense qu'il fait un tour de garde, une fois, elle fut sur son chemin, la rencontre était inévitable. L'effet a été instantané, les frissons d'horreur ont vallonné sa peau quand leurs regards se sont accrochés en déchirant ses émotions comme les lames qui ont meurtries sa chair en touchant à jamais son âme. Cet homme est une bête, un prédateur qui rodent et traque sa proie et la délaisse sans aucun scrupule, sans aucune émotion même pas celle de la haine. A ses yeux, elle n'est rien, cette impression est plus terrifiante que jamais.
Nina la surveille toujours du coin de l'oeil et n'est jamais très loin d'elle, tout comme la chaîne aux éclats noirs qui semble posséder une vie propre. Ce soir, elle ne s'évadera pas avec le spectacle magique d'une nuit étoilée, ce soir autre chose attend Auklèce. Le vent est un peu frais et le sommeil se fait désirer, ses pensées tentent de pallier cette absence mais elles finissent par la rendre folle. Tant de choses lui échappent dans cette histoire, dans son état et de ceux qu'elle a vu affubler d'une laisse honteuse. Durant le voyage, elle n'a jamais vu ne serait-ce que leur ombre, pourtant ce soir, dans les cieux une ombre plane vers des horizons qui lui sont inconnus. Serait-ce enfin la fatigue qui lui donne l'impression de voir des choses se dessiner entre les branches ?
Cette créature ailée repasse encore et encore que cela devient une évidence : Eliel ! Les respirations profondes du campement donnent l'état de ceux qui l'entourent. Nina l'Ajah, semble dormir d'un sommeil profond, mais elle se méfie de cette eau qui dort et qui prend souvent soin de la noyer sous sa colère. Pourtant, elle veut suivre cet oiseau fantastique, cet homme qui lui a dit d'être « plus maline qu'eux ». Elle se lève en silence et saisit sa parure de tête que Nina a posé à côté d'elle. Auklèce à l'impression que les battements de son coeur font trop de bruit qu'ils vont réveiller l'instinct de cette guerrière qui va lui saisir le bras et la contrarier dans son projet. Pourtant le bijou est maintenant dans sa main, Auklèce se mord les lèves et se faufile derrière un buisson, elle voit quelques silhouettes de gardes qui se parent d'ombres frémissantes à cause des torches qu'ils tiennent. De l'autre côté, un autre groupe d'hommes armés semblent moins concentrés à leur tâche de surveillance mais plutôt à leur partie de dès qui roulent sur le petit tapis de cuir. Elle choisit cette direction mais avant le pouvoir l'appel, elle a soif de lui. Cette soif ne pourra s'éteindre que si elle s'y abandonne pleinement.
Le visage en argent se balance entres ses sourcils, il appelle la subtilité de l'invisible, de cette force qui noie Auklèce dans une véritable extase. Elle adopte la forme qu'elle connaît le mieux, celle de vampire, celle qui a tracé un trait sur l'ancienne jeune femme qui devait se marier dans les terres de Greer, cette forme qui lui promet de faire couler le sang de ses bourreaux, cette forme qui est née du fruit de sa colère et de sa soif de vengeance. Cette forme qui fait d'elle une fille de la nuit qui se faufile sans mal en dehors de ce cercle gardé. Elle se sent grisée et invulnérable, elle est éprise de cette liberté que lui offre cette nuit sans entrave, cette obscurité qui lui fait oublier celle de son cachot au milles souffrances.
Elle court à rompre haleine avec une agilité hors du commun, elle suit cette forme qui plane dans les cieux. Une flèche siffle près de son oreille avant de se planter sur le tronc d'un arbre. Elle sait qui est sa proie, qui est celui qui a eu l'affront de la prendre pour une biche aux aboies. La sentinelle postée plus en retrait du campement regrette son geste quand il voit cette femme se retourner et le charger en évitant ses flèches de façon surréaliste. Son cri reste étouffé dans sa gorge qui se vide peu à peu de sa substance vitale, ses yeux fixent le néant. Auklèce rit, elle exulte, cette sensation est si intense qu'elle se perd elle-même dans le pouvoir qui absorbe sa raison, son esprit et la transforme en un véritable danger.
Avec autant d'intensité, elle cherche du regard Eliel qui a prit de la distance, elle l'aperçoit quelques centaines de mètres plus loin qui disparaît dans la frondaison des arbres, elle prend cette direction et débouche sur une petite trouée au centre de laquelle Eliel l'attend avec satisfaction mais bientôt son visage lisse se transforme en une véritable inquiétude, les majestueuse ailes qu'il replie derrière lui, disparaissent sans laisser aucune trace.
- Vous êtes plus maline qu'eux, je l'avais...Qu'avez-vous fait ?!
Elle s'approche de lui, le touche, tourne autour de sa silhouette athlétique en cherchant ses ailes si impressionnantes. Elle ne relève pas sa question si bien qu'il entrave sa curiosité en l'attrapant par le bras et posant ses doigts sur sa bouche ensanglantée afin d'essuyer une partie du sang de la sentinelle
-Auklèce !!! Qu'avez-vous fait ?!!!
Elle se contente de rire aux éclats en levant les bras au ciel, satisfaite de sa nouvelle puissance qui lui permet de ne plus être une victime. Mais sa conscience la rattrape, elle le regarde en étant effrayée et tremblante, son estomac se resserre et dégurgite sous le coup de l'émotion. Elle arrache sa parure de tête qu'elle jette loin d'elle. Retombé sur de la mousse,
comme un appel, le petit visage en argent semble demander de l'aide à une force invisible tandis qu'Auklèce se redresse
-je..je ne sais plus, j'ai du le tuer... C'était moi ou lui !!!
-Ils vont le savoir ! Ce n'est plus qu'une question de temps, nous devons nous quitter, vous avez tout gâché Auklèce ! Maîtrisez vous ! Fixez les cieux, je vous appellerai de nouveau si je le peux.
Les ailes réapparaissent et se déploient de toute leur envergure :
-Vous n'allez pas repartir vers votre Mentor !!!
-Je n'ai pas le choix ! Ne les sous-estimez pas Auklèce !
-Si vous l'avez, vous êtes là, libre, et moi aussi...Partons ensemble !
-Vous ne comprenez pas ! Vous ne savez pas que...Partez !!!
Auklèce n'a pas le temps de le retenir que déjà son élément le sauve des gardes qui surgissent à la suite de l'Homme en Noir. Elle voit un loup en lui, elle ne sait pourquoi mais elle ressent cet animal chez lui. Sa meute d'hommes l'encerclent en la menaçant de pointes toutes plus acérées les unes que les autres. Il s'approche d'elle à pas souples, il sourit quand il voit qu'elle est sans son artefact. Elle a tué un de ses hommes et s'est enfuie, il peut lui faire subir le châtiment qu'il souhaite. Alors que son poing se lève et qu'une chaîne noire apparaît dans son autre main, une forme éthérée apparaît, lumineuse dans ses ténèbres si profonds, reposante, et si belle qu'elle semble être le fruit de l'imagination. Pourtant son visage est à moitié voilé par un tissu qui cache ses yeux, sa beauté est entière et pure. Auklèce a oublié sa peur, elle s'est agenouillée devant elle comme les hommes qui ont laissé tomber leur armes. Sauf l'Homme en Noir qui la dévisage avec une haine qui sort de toutes les fibres de son être. Pour lui, elle est quelqu'un !
-Pliez sous la volonté de Méresânkh !!
Cette voix est irréelle, on ne peut y résister, puis Auklèce se souvient d'une phrase prononcée dans une langue qui lui est étrangère, de l'Homme en Noir qui la menace sans que celle-ci tremble, d'une lumière qui est maintenant celle du matin. Il semblerait que ce n'était qu'un rêve. Pourtant, au campement, chacun parle d'une mort mystérieuse d'une des sentinelles.
Dame Auklèce | 23/03/08 12:20
Le vent chahute sa chevelure du haut de sa monture, elle se sent incroyablement libre et forte. Auklèce ne prête plus attention à Nina qui lui jette de temps à autre quelques oeillades acerbes et des sourires coupants, la chaîne noire est toujours enroulée autour de son poignet et luit sous les feux matinaux de cette nouvelle journée de voyage. Les immenses plaines s'offrent aux regards cernés des voyageurs qui ont foulé maintes lieues avant d'arriver enfin sur les Hautes Terres de Pendel Haven. Ils atteindraient ce village enclavé en altitude avant que le soleil ne se couche.
Il y avait quelque chose en elle qui avait mué, elle avait brisé sa chrysalide pour devenir le papillon qu'elle avait vu dans son cachot de torture, celui que s'était envolé fragilement vers la sortie, elle empruntait le même chemin de la délivrance. Son état d'élève prisonnière de ce Sire Ladislas au charme magique et hypnotique ne lui pèse plus, elle sent un changement dans sa condition. La nuit dans ses songes, elle voit souvent l'image d'une déesse qui lui insuffle quelques paroles impossibles à recomposer au réveil. Mais à chaque fois, elle se sent plus libre que jamais, plus certaine de son pouvoir, maîtresse de sa destinée.
Elle regarde droit devant elle et s'attarde de temps à autre sur la silhouette athlétique du Sire et de l'Homme en Noir qui chevauchent toujours tous deux côte à côte. Cet homme l'a enlevé à sa vie, il a détruit tout ce qu'elle était pour l'amener à lui dans des terres étrangères et inconnues où la magie est omniprésente. Nina lui a dit que ce continent ce dénommait Daifen et qu'elle pouvait oublier les Terres de Greer d'où elle est originaire. Auklèce a remarqué un changement de comportement vis-à-vis d'elle, le temps de l'ignorance, du sentiment d'être une chose transparente était révolu, L'Homme en Noir la voyait et la haïssait du plus profond de son être. Elle pouvait lire son aversion à travers son regard bleu, des piques glacials la foudroyaient à chaque fois que ses pas croisaient les siens.
Ses réflexions furent interrompues par un ordre de stopper de la part du Sire qui fixe l'horizon avec satisfaction, Au loin, des petits points noirs parsèment la crête à franchir. Une trentaine de silhouettes d'hommes et de femmes se découpent derrière la lumière d'un soleil s'inclinant en révérence. Devant eux un animal blanc fait des allées et venues, dans les cieux un rapace tournoie et semble communiquer avec la louve qui s'élance au cri perçant de l'aigle. Nina met pied à terre :
- Reste tranquille ! Si tu bouges, tu seras exécuté !
Auklèce hoche la tête plus par réflexe, elle ne l'entend pas vraiment, elle est fascinée par les inconnus qui lui font face, elle se sent happée par cette ligne qu'elle voit. Les créatures et leurs mentors se positionnent de chaque côté du Sire Ladislas qui reste aussi stoïque qu'une statue de marbre à la beauté étrange. Eliel ne regarde pas ce qui se déroule en face de lui, il fixe le sol tout comme ceux qui sont dans sa condition d'esclave. Nina a disparu l'Homme en Noir est devenu un loup aussi sombre que la nuit qui s'élance vers la louve blanche qui ne ralentit pas l'allure et semble au contraire monter en puissance. Le choc est inévitable, il se produit tout crocs ouverts à qui mieux déchiquetterait la gorge de son adversaire. Les assauts sont multiples, le noir et le blanc se mélangent dans des culbutes aux instincts meurtriers, une plainte jaillit, et le sang tache la fourrure blanche de la louve qui lutte pour se débarrasser des crocs plantés dans son flanc. Avec un soubresaut et l'attaque de l'aigle qui plonge sur le loup noir, elle s'en débarrasse et s'éloigne en restant sur ses gardes. Les deux canidés tournent en un cercle et se jauge. L'aigle est devenu un guerrier au sabre dégainé, une lumière orangée entoure la louve qui disparaît au profit d'une silhouette féminine, irréelle par sa beauté, sa blessure est toujours présente au niveau de sa hanche dévoilée. Auklèce en a le souffle coupé, cette femme est celle de ses songes, la déesse qui la visite et lui insuffle quelques mystères. Si bien qu'elle ne sait pas comment Nina est arrivée près de l'homme en Noir qui a repris lui aussi forme humaine.
Le Sire ne descend pas de son destrier pour la première fois durant ce voyage il se retourne vers Auklèce, et lui demande en souriant de venir à ses côtés. Son coeur bat la chamade, que lui veut-il ? Elle le rejoint avec une certaine excitation quand elle est à ses côtés, elle remarque qu'Eliel et son mentor se sont dégagés de la ligne des esclaves pour les encadrer. Au loin, sur la crête, la ligne d'hommes et de femmes s'est rapprochée de quelques centaines de pas. Le Sire n'y prend pas garde, il s'avance avec une nonchalance provocante et attirante. Auklèce a la respiration coupée qui s'amplifie à mesure qu'elle avance vers la Déesse de ses songes et le guerrier qui est à ses côtés.
-Taharqua ! Voilà longtemps que nous nous étions vu. Tu n'as pas changé, quant à vous Grande Prêtresse, je vous salue dignement, votre beauté est à l'égal de votre sagesse immense, je regrette toujours vous voir participer aux luttes qui abîment votre perfection.
-Sire Ladsilas je pense que vous n'êtes pas venu ici pour me faire la cour, que voulez-vous ? Tenter d'annexer encore une fois notre contrée ?
La voix de Méresânkh est douce et pourtant implacable. Auklèce la dévore du regard, elle aurait aimé que cette femme lui fasse un signe pour lui dire que c'est elle qui la visite la nuit. Mais rien ne vient de sa part, elle est transparente et pourtant elle ressent une envie fiévreuse d'exister pour elle. Le guerrier au nom de Taharqua n'a pas daigné répondre au Sire, il le dédaigne, Auklèce remarque cependant une ombre de tristesse quand il se tourne vers Nina qui semble plus dure que jamais et évite soigneusement de regarder cet homme de guerre. Son visage balafré et ses cheveux grisonnant lui confèrent une autorité naturelle.
- Très belle Meresânkh, je suis venu ici pour vous présenter Auklèce, c'est ma dernière trouvaille de changeforme. Je pensais que cela pouvait vous intéresser vous et vos Enfants.
La concernée sursaute à son nom prononcé
-Il n'était point besoin de vous battre avec votre ancien complice. Pensez aux temps anciens, à votre amitié...Mais il est vrai que toute chose à une fin ! Je viens vous présenter une merveille de la nature, voilà tout.
Auklèce regarde l'Homme en Noir qui sourit pour la première fois, mais le dessin que forme ses lèvres n'est pas chaleureux.
-Votre sagesse serait lui pardonner le fait qu'il vous a rendu aveugle. D'ailleurs cela a développé vos capacités, vous devriez lui être reconnaissante !Allons de l'avant Merveilleuse Méresânkh !
-Il suffit Ladislas !
Taharqua a une voix orageuse qui dirige l'intention de Nina vers lui, ses lèvres se pincent un peu plus mais son regard trahit une pensée. Auklèce en est sûre, il y a eu de l'amour entres eux.
-Que veux-tu que Méresânkh te dise sur Auklèce ?! C'est pour mieux l'enchaîner une fois que tu auras ta réponse, tout comme Eliel !
La peur se niche dans les entrailles d'Auklèce, voilà les projets que ce mystérieux Sire a pour elle. Nina a toujours la chaîne noire au poignet qui lui semble promise, cette femme deviendrait son mentor, elle serait sa merci pure et simple.
-Taharqua, c'est notre marché pour que le secret de votre contrée reste entière et que...
Auklèce n'entend plus la suite, ce qu'elle perçoit c'est la voix douce et ferme de la prêtresse qui lui insuffle de nouveau une force, le sentiment d'être invincible et de pouvoir prendre sa destinée en main. Pourtant, l'image qu'elle voit en face d'elle est celle d'une femme incroyablement belle mais perdue dans l'obscurité de sa cécité et le corps plié par la blessure à son flanc. Son cheval devient nerveux, il piaffe, elle regarde derrière elle, Eliel relève légèrement le visage, une immense tristesse noie son expression dans un fatalisme qui suffit à lui donner le déclic. Son cheval se cabre quand elle hurle à plein poumon et se jette sur son mentor. Une image extrêmement rapide passe dans ses pensées, la prêtresse lui offre une dague de lumière, cette arme est matérialisée dans sa main quelques secondes après. Elle sait tout de suite quoi en faire, elle coupe cette chaîne avec force puis se retourne pour l'enfoncer dans les entrailles du mentor qui fut pris par l'effet de surprise. Eliel est libre, ses ailes sombres se déploient et le propulsent dans les airs. Nina charge, Auklèce a l'impression de voir un félin qui feule de rage, la chaîne noire aux promesses infernales est déployée et ondule prise d'une propre vie. L'homme en noir est redevenu le loup ténébreux qui cherche à couper les jarrets de la monture d'Auklèce prise de panique au vu du prédateur, mais celui-ci est contrarié dans ses projets par Taharqua qui s'interpose et repousse les assauts de ce dernier qui bat en retraite pour reprendre forme humaine et se battre au corps à corps avec celui qui fut un jour son allié.
Auklèce met pied à terre, elle ne va pas fuir, elle va se battre et mettre en application ce que la guerrière lui a apprit, Nina la défie avec un certain plaisir. Une autre image passe en elle, Méresânkh lui offre une épée, elle se retrouve matérialisée dans sa main. Le Sire Ladislas se fige quand il perçoit qui est la source de cette magie. Il dégaine son sabre et talonne sa monture pour atteindre Méresânkh qui a déjà souplement changé de position. Elle tient ferment un bâton dans sa main et se met sur ses gardes, son visage reste encore et toujours serein, elle est prête à repousser les assauts du Sire. Pendant ce temps, le signal est donné, les lignes adverses se sont toutes rapprochées, la lutte va éclater, les créatures et leurs mentors chargent vers les guerriers de Pendel Haven qui semblent muer aussi par un étrange pouvoir.
La mâchoire craque, un filet de sang coule le long du menton de Nina qui a reçu un violent coup de pied au visage. Auklèce ne perd pas de temps et coupe l'air de sa lame avec de violents moulinets en cherchant à trancher la chair de celle qui veut être son Mentor. Mais Nina, l'esquive et contre attaque avec une force qu'Auklèce a du mal à canaliser, elle atteint sa cuisse qui laisse sourdre du sang le long de ses jambières. Son équilibre est compromis tandis que la chaîne noire attaque et cherche à emprisonner sa gorge, elle parvient à parer cet assaut avec sa lame mais Nina tourne sur elle-même en frôlant le sol et sabre les jambes d'Auklèce qui percute violemment le sol sur le dos, elle pense que son heure est venue, qu'elle a été stupide de faire face à cette guerrière à l'expérience inégalable. Eliel plonge vers Nina qu'il entraîne quelques mètres dans les airs avant de la propulser plus loin, Auklèce se relève, elle regarde la scène qui se déroule autour d'elle, elle est au coeur d'une bataille où l'anarchie et les esprits, les muscles sont tendus vers le seul objectif de survie. Elle claudique pour sortir de cet enfer. Eliel revient vers elle, Auklèce tend instinctivement les bras vers lui. Il l'entraîne jusqu'à sa monture effarouchée qui s'est enfuie quelques mètres plus loin.
Un fauve noir surgit de l'amas de violence pour les prendre en chasse, Auklèce sent que c'est Nina qui ne laissera pas sa proie s'échapper, elle talonne sa monture et prend le galop à bride abattue en suivant Eliel des yeux. Le ciel s'est couvert, la pluie fouette son visage et transperce sa peau. Le paysage défile à toute allure, sa jambe la fait affreusement souffrir, mais elle se cramponne pour ne pas chuter, elle n'ose pas regarder derrière elle pour savoir si le félin les prend toujours en chasse. Une page se tourne, et elle compte bien réécrire une nouvelle histoire.
Bart Abba | 25/03/08 16:27
Houlaaa, j'vais lire ce RP depuis le début moi! 
C'est vachement bien kouché sur le parchemin ! Bravo !
PSsst: En fait, je vais, à mon tour, kontredire le kontradikteur de sage et le sage lui-même. 
Le plus terrible Secret de Daifen aurait été aperçu sur Mytholodhil, il existe donk bel et bien !! 
Edit : Waw ! ça y est, j'ai tout lu !! Ekcellent RP !! Enkore bravo !!
PS2 : Juste une petite kestion... Pourkoi Inna l'Ajah est devenue Nina l'Ajah ? 
Edité par Bart Abba le 26/03/08 à 14:10
Dame Auklèce | 27/03/08 23:20
C'est pour voir si vous suiviez !
Alors je te félicite car tu dois vraiment être le seul à avoir tout lu ! Maintenant que ça c'est fait, je vais pouvoir l'appeler de nouveau Inna l'Ajah !! (C'est assez crédible comme excuse. ?
)
En tout cas merci beaucoup, c'est sympa ! 
Ps : je savais que le grand sage ferait tourner les méninges 
Celimbrimbor | 28/03/08 08:45
Bart Abba | 28/03/08 09:36
*Sort une pankarte Pas Crédible de sa musette*
- J'aurais préféré un truk dans le genre:
==> Inna est pseudomorphe ou
==> Elle est atteinte d'anagrammorphie aigüe ou
==> Elle a la haine baladeuse !! 
Edité par Bart Abba le 28/03/08 à 09:37
Vormonta | 01/04/08 17:08
Très beau Rp . Bravo 

