Forum - Et les désirs deviennent réalité.

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Dame Auklèce | 27/07/08 15:34

Prologue: Ephémère: [Lien HTTP]
1- Tempêtes Intérieures: [Lien HTTP]
2- Pendel Haven: [Lien HTTP]
3- Entre deux mondes: [Lien HTTP]

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Tout semble toujours si en paix après une bataille, les moindres bruits, les moindres odeurs se multiplient à travers les sens pour exploser de vie. On savoure le présent dans sa plus petite incarnation, dans sa plus sensible caresse aérienne pour capter toutes les informations que le vent transporte dans ses tourbillons. Ce monde sensoriel est le vôtre ou alors vous avez l'impression de faire parti de lui et de participer à sa conception, cette sensation vous donne l'impression que vous pouvez vous fondre dans chaque chose qui compose le monde dans lequel vous évoluez, d'être ce que vous voulez quand vous le désirez, de transformer le cauchemar en rêve et le rêve en réalité...

Le sol des sous-bois défile en révélant ses parfums forestiers aux sens décuplés d'Auklèce qui garde le silence aux côtés d'Eliel. Elle semble si concentrée, si présente et pourtant si absorbé que son compagnon de route ne sait comment la tirer de son état. Celui-ci la dévisage de temps à autre, observant cette étrange femme qu'il a rencontré alors qu'il était l'esclave du Sire Ladislas :
- Sais-tu que c'est un collectionneur ?

Auklèce relève la tête pour dévier son attention vers un point précis qui échappe à Eliel, elle lui répond cependant :
- Qui donc ?
- Ladislas !

Il accélère de quelques pas pour être à son niveau, et tente de capter son regard qui reste fixé droit devant elle. Auklèce reste silencieuse et détachée, il reprend la parole pour tenter de lancer sa conversation :
- Il collectionne les êtres doués de choses hors normes qui ne figurent pas dans les recensements raciaux de Daifen.
- Il a perdu deux papillons alors...

Auklèce se tourne finalement vers lui avec un sourire éclatant qui l'irrite face à tant de légèreté :
- Ne le prends pas comme ça ! Tu aurais pu toi aussi être contrainte de le servir tel un chien privé de liberté par cette chaîne qui ne te laisse pas de choix sinon celui de suivre la volonté du mentor qui la tient.
- Arrête d'être aussi sinistre, je le sais, mais maintenant nous sommes libres! Ta capacité est bien étrange, et la mienne est encore insaisissable.

Elle a perdu sa gaieté pour retourner dans son état insondable, Eliel hausse les épaules et serre les mâchoires pour ne pas lui hurler qu'elle ne connaît rien d'eux, et qu'elle devrait ne pas crier victoire aussi rapidement. L'astrian a cette étrange impression d'avoir une prédatrice à ses côtés, d'être en présence d'un fauve qui avance accompagné de son mystère et de sa grâce. C'est d'une voix lointaine qu'elle lui demande :
- Et qu'est-ce que je suis exactement ? Le sais-tu Eliel ?
- Tu es assez importante à ses yeux pour qu'il te conduise à Pendel Haven et qu'il te donne la chasse.
- Et toi ?
- Moi...Je suis un astrian.

Son froncement de sourcils marque son mécontentement face à sa réponse :
- je veux dire t'a-t-il conduit à Pendel H...

D'un mouvement de bras qu'elle tend en face de lui, Auklèce bloque son avancée en lui ordonnant de se recroqueviller derrière un bosquet. L'astrian l'imite sans discuter, les minutes passent, Eliel s'apprête à se relever, ennuyé par cette comédie. Mais des pas le plaquent une nouvelle fois ventre à terre. Il dévisage sa compagne de façon interrogatrice, se demandant comme elle a pu savoir qu'ils étaient suivis.
Le coeur d'Auklèce s'accélère quand elle sent à travers son être qu'Inna porte son attention vers l'endroit de leur cachette. Elle se risque à lever la tête pour voir si son intuition est juste, un coup de poing invisible serre maintenant son estomac quand elle voit l'Ajah mettre pied à terre pour se diriger vers eux. Son bras est en écharpe pour soulager son épaule touchée, il y a maintenant une semaine après leur rencontre dans cette grotte. Même blessée cette guerrière provoque toujours des sueurs froides à Auklèce qui serrent ses poings à en blesser ses paumes pour ne pas trahir leur présence. La main d'Eliel se pose sur son dos pour lui signifier qu'il est à ses côtés prêt à se battre s'il le faut une nouvelle fois.
Elle reste fixée sur cette paire de bottes de cuir noir, souple et impeccable qui s'avancent dangereusement vers eux, foulant le sol parsemé de brindilles et de feuilles mortes sans un bruit. Inna est à une dizaine de mètres d'eux, la respiration d'Auklèce s'accélère alors que la distance qui sépare sa main de son épée parait si longue. Une légère pression d'Eliel sur avant bras, lui dit de ne rien faire, d'attendre même si son instinct la pousse à faire le contraire.
L'astrian détaille les cinq personnes qui accompagnent Inna, deux guerrières de l'Ajah et trois hommes de la Garde composent son escorte. La seule solution pour leur échapper en vie semble être la voie des airs.

- Par ici !

Inna tourne sa tête rasée et pose ses yeux perçants vers l'homme qui désigne une direction opposée. La voix tranchante de l'Ajah lui répond tout de suite :
- Qu'avez-vous trouvé ?
- Regardez, là-bas, nous sommes prêts de Novo. Leurs traces s'arrêtent ici, cette rivière est la seule solution. S'ils la remontent, ils arrivent à cette bourgade. Croyez-moi Ajah Inna, après toute la route qu'ils ont parcouru, rien de vaut une halte dans une ville.
- Hmmm, je ne pense pas.
- Je ne vois pas d'autres solutions Inna.

C'est une femme coiffée à la garçonne aux cheveux rougeoyants qui arrive à faire céder Inna qui dévie une nouvelle fois en direction d'Auklèce et Eliel camouflés
- Soit ! Suivons cette trace, ce n'est qu'une question de temps, je les aurais!

C'est avec un soulagement inexprimable qu'elle voit Inna remonter en selle et qu'ils entendent les chevaux s'éloigner en direction de Novo, les minutes s'égrènent une nouvelle fois avant qu'ils ne se décident tous deux à se relever, leurs traits tirés marquent une réflexion profonde et nerveuse. Machinalement, elle brosse ses vêtements déjà souillés pour néanmoins chasser la terre accrochée à sa chemise.
- Nous devons aller à Novo !
- Es-tu devenu folle Auklèce ?!!
- Nous avons besoin de chevaux, et nous allons prendre les leurs!
- Tu as réellement perdu l'esprit !

Le regard bleu d'Auklèce transperce froidement celui d'Eliel, elle prend la direction de la route découverte menant directement aux enceintes de Novo. Elle répond tout en avançant sans se retourner.
- Tu n'es pas obligé de me suivre ! Si ce jour doit être celui qui nous sépare, il le sera.

L'homme ailé reste bouche bée par ce changement de comportement d'Auklèce qui navigue entre fragilité et force inexplicable. Il ne peut cependant pas risquer sa vie dans un projet flirtant avec l'inconscience, il doit retourner à Astria et agir comme il l'a souvent pensé quand cette chaîne le privait de liberté, son projet de monter une armée contre le sire Ladislas n'est plus que jamais proche, il ne va pas tout sacrifié pour cette femme qu'il connaît à peine.
- Bonne chance Auklèce ! Ne fais rien d'inconsidéré !

La voix d'Eliel se porte jusqu'à elle, mais aucun geste ne témoigne d'un regret, elle avance vers sa route nimbée de volonté. L'astrian la regarde s'avancer vers son trépas en disant que c'est peut-être mieux que leur chemin se sépare ici.

Comme c'est étrange toute cette vie qui flotte entre quelques pierres savamment maçonnées pour en faire des murailles. Chaque parcelle de Novo possède une pensée, un désir inavoué, des instincts refoulés, des rêves inaccomplis et des peurs enfouies. Chaque habitant diffuse dans l'invisible cette chose subtile qui se cogne aux perceptions d'Auklèce. Mais le plus étrange dans cet instant présent c'est que la Dame qui avance sans crainte vers ces hautes portes, est persuadée qu'elle peut incarner tout ce que l'inconscient de ces êtres envoie dans ce monde imperceptible.

Edité par Dame Auklèce le 27/07/08 à 19:49

Loxias | 27/07/08 19:40

Excellent. :)

Jynx Torquilla | 27/07/08 19:49

Toujours aussi plaisant et commercial.
Un brin populaire même.

Vormonta | 27/07/08 21:48

Très bien écrit en tout cas. J'aime bien.

Dame Auklèce | 07/08/08 16:13

La Taverne du Puits, faiblement éclairée de quelques lampes à huile, s'enfouie dans un brouhaha indescriptible. De chaque table sort une fumée à travers laquelle on distingue le visage des occupants. Si, Jinbar le patron, a baptisé son échoppe la Taverne du Puits, c'est qu'après un soir ripailles, il a décidé d'ouvrir cet établissement avec de l'or dont la provenance reste jusqu'à ce jour obscur et de se ranger avec une famille. Il est vrai qu'un puits trône au milieu de la courette desservant la taverne et les écuries de passage. Le nom pourrait faire preuve de peu d'imagination, mais selon la légende urbaine de Novo, c'est là qu'il aurait caché son butin après avoir posé cette lourde grille empêchant quelques chutes inopportunes des plus ivres. Certains affirment que Jinbar se serait mêlé dans sa jeunesse à une bande de malandrins et que ni pris et ni dénoncé, il obtint le droit d'exercer sa profession de tenancier d'auberge. Quoi qu'il en soit, les Officiers de l'Ordre, surveille étroitement son établissement, comme toutes les échoppes de ce genre ne jouissant pas d'une bonne réputation. Pourtant, aucun soupçon n'a été nourri à la Taverne du Puits, les clients viennent y boire un excellent vin qu'il fait venir du nord. Puis, le gosier bien rafraîchi, ceux qui en acceptent la dépense assouvissent leurs désirs ou leurs fantasmes entre les bras des plus jolies filles de Novo.

Ce soir là, Jinbar, regarde ces six clients étrangers d'un mauvais oeil, trois guerrières et leurs acolytes masculins s'étaient divisés en duos mixtes dans sa salle. Il sait renifler les ennuis quand ils se présentent. Et puis, quelle femme serait assez tordue pour se raser le crâne comme celle qui est aux aguets de façon redoutable ? L'homme qui lui fait face, plus placide, jette de furtifs regards obliques du côté où arrivent les clients. Il boit sans rechigner, semblant assimiler parfaitement la quantité d'alcool qu'il absorbe. De l'autre côté de la pièce , une drow à la peau noire et au cheveux blancs remontés en chignon bloqué entre deux épingles dangereusement pointues se pare d'un air dédaigneux. Son partenaire de table juge lui aussi la salle d'un air fat et suffisant, ses yeux perçants et interrogateurs s'arrêtent sur Jinbar un temps trop bref pour que l'on puisse trouver là une anomalie. Mais, le tenancier comprend qu'il ne doit pas s'occuper de leurs affaires. L'autre guerrier de grande stature au visage carré où le nez épaté prend une large place fait rouler inconsciemment ses muscles comme s'il s'apprêtait à entamer une compétition de lutte, sa force naturelle témoigne de son sang mêlé au peuple des orcs. Les gloussements des filles de joie exaspèrent la guerrière aux cheveux courts et rouges. Ses traits fins sont durs et lisses, un petit diamant scintille sur l'aile de son nez fin, plusieurs anneaux ornent ses oreilles qui l'associent à une demi-elfe.

A l'extérieur, Auklèce parcourt les rues de Novo à l'affût de ce qui pourrait contenter aussi bien ses projets que son estomac qui proteste face aux odeurs alléchantes qui flottent dans les rues animées. Elle parait avancer sans savoir où elle va vraiment, pourtant le destin à d'autres plans pour elle. Il témoigne de son projet en attirant son attention sur l'enseigne de la Taverne du Puits qui se balance lentement au grès du vent. Mais des voix fluettes dévient son regard, elle se sent étrange quand elle ressent une puissance imaginative et un désir de voir quelques rêves se réaliser dans ce groupe d'enfants âgés d'une dizaine d'années.
- J'te dis que tu n'as pas le droit de faire ça ! Proteste la fillette aux joues rebondies et parsemées de tâches de rousseurs
- Si j'peux ! Le mien est beaucoup plus fort que ta Saskia ! Argumente un garçon assis en tailleur en face d'elle.
- Nan ! Un nain peut pas tuer une vampire en l'assommant avec une choppe de bière ! T'es qu'un tricheur !
- Si regarde les dés : double six ! Hahaha ! T'es morte ! C'est son attaque spéciale !
Il se lève en riant quand la voix de sa mère le rappelle au bercail :
- Tu me dois un sac de billes !
- Tu peux courir !!!
La fillette se relève en jurant, puis elle pousse sa force imaginative quand celle-ci regarde avec plaisir la statuette de bois féminine avant de la fourrer dans sa poche. Son regard croise celui d'Auklèce qui se sent envahit du désir de cette jeune fille rêvant de voir son héroïne plus vraie que nature. Elle lui sourit et file vers la taverne rejoindre son paternel qui tient l'établissement. Auklèce lui répond de façon forcée, car au fond elle-même, l'appel de son pouvoir ressurgit, elle lutte pour ne pas se laisser aller à ce plaisir qui lui fait perdre la maîtrise de sa raison. Mais c'est déjà trop tard ! Elle la suit des yeux en ayant peur de sa propre pensée qui lui rappelle combien cette proie serait tendre et facile pour calmer la soif et la faim qui la tenaille. Elle respire profondément et prend appui sur le mur pour faire face au léger étourdissement dont elle est victime.

Elle perçoit quelques passants aux regards fuyants ou apeurés qui la dévisagent avant d'accélérer le pas. Sous le coup d'un agacement, Auklèce laisse échapper un feulement qu'elle n'a pu contrôler dévoilant de la sorte deux canines plus prononcées que le commun des mortels. Confuse et gênée par la clarté encore trop prononcée du soir qui s'annonce lentement, elle rabat la capuche de sa cape noire sur sa tête. Elle avance maintenant d'un pas assuré, mettant ce petit état de passage à vide sur le compte des récentes privations de sa vie de fuyarde. Un bon repas associé à quelques questions pourrait la remettre sur la bonne voie de ses recherches tout en lui donnant un coup de vigueur. La dame sait qu'elle se ment à elle-même, elle ne veut pas de cette nourriture grasse et cuisinée à la vite, autre chose l'attire...

La porte dévoile une touffeur moite, ou la vapeur des plats se mélange à la fumée des pipes. Le brouhaha des conversations, les rires des filles l'accueillent dans un étrange mélange disharmonieux. Son coeur bat la chamade quand elle remarque six regards torves se poser sur elle à son entrée. Elle s'est fourrée dans le nid de frôlons, ils vont lui tomber dessus avant qu'elle n'ai pu poser la main sur son épée. Mais à son grand étonnement, Inna détourne le regard en sifflant entre ses dents quelques paroles sèches à son partenaire qui vide un autre verre.

Auklèce avise une place inoccupée près d'un gaillard dégustant une choppe avec sa solitude. La table est près de la porte menant sur la cour extérieure, une fenêtre ouverte laisse la brise lui porter l'odeur d'une écurie non loin de là. Elle baisse davantage la tête pour ombrer ses traits, à sa grande horreur, une mèche d'un noir corbeau glisse le long de sa joue et tranche avec sa peau blanche presque bleutée. Son hoquet de surprise attire l'attention de son voisin de table qui prend sa réaction pour l'ambiance générale :
- N'ayez crainte des rires gras gente Dame ! Il y a assez de filles de joie ici pour que vous soyez tranquille !

Elle répond juste d'un mouvement de tête, et replace cette mèche de cheveux noirs qui ne lui appartient pas pour avoir remplacé sa blondeur naturelle. Son horreur s'accentue quand elle voit sa peau, ses mains ornées de tatouages figurant des serpents qui prennent vie au niveau d'ongles noirs effilés pour se réunir en un seul au niveau de ses poignets où il continue sa course en s'enroulant le long de chaque bras.
Elle déglutit difficilement et s'observe oubliant l'endroit où elle se trouve. Sur son décolleté, le même tatouage se termine en entrelaçant les deux serpents qui se rejoignent au creux d'une poitrine généreuse.
-Vous ne vous sentez pas bien ?! Vous devriez enlever votre cape ! C'est qu'il fait chaud ici !

Auklèce dévisage le gaillard qui se sent de façon inexplicable mal à l'aise en présence de cette femme pourtant attirante. Elle jette instinctivement un oeil inquiet vers Inna attirée par la scène alors que le gaillard tente de lancer une conversation peut-être pour masquer sa gêne :
-Moi, c'est Romuald, je ne vous ai jamais vu par ici, vous êtes de quelle contrée ?

La fillette s'approche de la table d'un air résigné mais guère joyeux, avec une mine de carbone et un bloc de papier grossier :
-B'souar M'adme ! Que voulez vous boire ? Si vous voulez dîner, nous avons...

Les mots se bloquent dans la gorge de l'apprentie serveuse, ses yeux s'écarquillent, l'instinct d'Auklèce lui dicte de se comporter comme une cliente sans histoire, d'ôter sa cape avec naturel, puis de poser un regard qu'elle veut chaleureux mais qui est impossible face à l'étrangeté de son expression froide et sans vie.
- Je voudrais une chambre et que mon repas y soit monté, en attendant, donne moi de quoi boire.

L'enfant tétanisé reste un instant encore sous le choc de sa vision, son rêve est sous ses yeux pourtant pour sa plus grande terreur, elle presse le pas vers Jinbar qui la rabroue suite aux quelques mots qu'elle lui glisse au creux de l'oreille en la montrant du doigt. Auklèce se tourne vers son voisin de table sans relever le poids des regards de la troupe d'Inna qui semble franchement s'intéresser à elle après un geste discret de leur chef.
- Je me nomme Saskia...Saskia La Noire, je viens des Royaumes Oubliés. Veuillez me pardonner.

Elle se lève et prend sa cape avant de s'engouffrer par la porte arrière l'offrant à son royaume nocturne. Dans la salle, les trois duos aux allures guerrières se lèvent à tour de rôle pour suivre le même chemin de cette inconnue qui n'est d'autre qu'Auklèce.

Edité par Dame Auklèce le 07/08/08 à 16:16

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